A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


mercredi, juillet 03, 2019

C'est plus qu'un au revoir, mais ce n'est pas un adieu à la Gauche!


C'EST PLUS QU'UN AU REVOIR, MAIS CE N'EST PAS UN ADIEU A LA GAUCHE !


J'ai passé 17 ans au Parti Socialiste (de 2002 à 2019), le parti de ma jeunesse. Celui qui me faisait déjà rêver enfant et adolescent avec notamment la « belle époque » de Lionel Jospin au Gouvernement. J'avais l'impression que tout était possible et que le socialisme (la gauche en somme) était une machine inarrêtable. Après le 21 avril 2002, j'ai franchi le pas, puis j'ai adhéré, une fois installé dans mon travail, au Mouvement des Jeunesses Socialistes où j'ai été actif de 2006 à 2013.

Après des hauts et des bas, des gros coups au moral : l'épisode terrible du Congrès de Reims, l'énorme déception par rapport à François Hollande alors que je m'étais investi dans son équipe fin 2009, tenant le pari bien naïf qu'il allait faire dominer sa tendance jospinienne en lui et non la deloriste (plus libérale et centre-droit), la colère vis-à-vis de la Déchéance de nationalité des bi-nationaux et de la Loi Travail en 2015 m'avaient éloigné de la « Vieille Maison » pour revenir en janvier 2017 avec la victoire incroyable et tellement belle de Benoît Hamon à la Primaire socialiste de 2016-2017. Après un premier bilan du dernier Congrès (et l'ultime que j'aurais vécu) et les Européennes désastreuses pour toute la gauche (malgré le score correct d'EELV à 13,48%) et encore plus pour le Parti Socialiste qui réitère un trop bas 6% (précisément 6,19%) , j'ai vraiment attendu que le Parti évolue dans le bon sens, jusqu'au dernier moment possible.


Est-ce une mise au clair ?
En effet. J'ai adhéré au Parti Socialiste avec cette question : « à gauche (ce qui est assurément ma famille), peut-on être encore marxiste ou bien social-démocrate ? »

J'ai mis du temps à répondre à cette question et me trouver politiquement.Je me suis rendu compte avec le temps que j'étais bel et bien une personne dite de « l'aile gauche » mais que je rassemblais toute une histoire d'influences françaises et internationales :

le socialisme paysan métayer du Centre et du Sud-Ouest de mes grands-parents (Berry et Bourbonnais, les « portes » du « Midi Rouge »), le républicanisme social et bienveillant de Georges Danton et des Girondins, bien évidemment toute l'histoire du mouvement ouvrier et marxisant, l'ouverture d'esprit d'un Pierre-Joseph Proudhon, socialiste utopique et anarchiste , révolutionnant l'idée de propriété, de coopérative et même de la structure étatique (Communes et Fédération) me faisant penser au « Socialisme à visage humain » d'Alexander Dubček , un de mes modèles, mais aussi évidemment Olof Palme au destin tragique et son idée inachevée de fonds salariaux et bien-sûr le Michel Rocard du PSU, contre la Guerre d'Algérie, pour l'auto-gestion et le réformateur social et non-libéral de 1988, à Matignon.


Passée 17 ans, une histoire sous laquelle il y a le mot « fin » ?
17 ans... cela me fait penser aux premiers vers de Rimbaud, ce poème : « On n'est pas sérieux quand on a 17 ans. / Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, / Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! / On va sous les tilleuls verts de la promenade ! [...] »

Je vais vers le vert, du moins je lie le vert, le rouge et le rose mais même si je dois admettre que désormais, mon ancien Parti, va aussi vers le vert. Il y a plusieurs raisons qui me le font quitter définitivement : le quinquennat de François Hollande nonobstant quelques points positifs a été catastrophique de mon point de vue, car il a signé définitivement le choix de la stratégie centriste et blairiste de l'aile droite de 2012 à 2017, l'élection d'Olivier Faure comme premier-secrétaire qui n'a abouti qu'à une trop légère « re-gauchisation » (l'on ne constate que l'Inventaire, tardivement arrivé en janvier 2019, Olivier Faure a été élu secrétaire en avril 2018). Je ne vois donc plus de perspectives dans cette organisation ; même si les camarades comptent beaucoup pour moi. Je l'ai toujours pensé depuis tant d'années, j'attendais et j'attends de ce parti qu'il revienne au dirigisme économique - grosso modo la ligne Montebourg - et abandonne ses scrupules para-libéraux ; Finalement, la mandature Jospin était la limite de ce qu'il fallait faire en terme d'ouverture sur le monde économique et il a quand même fait des erreurs (privatisation de France Télécom, signature de l'accord de Barcelone sur la privatisation du Service public de l'énergie). Qui plus est, l'aile droite est encore trop influente au Parti Socialiste.
De manière plus générale, je fais le constat , comme bien d'autres (comme des universitaires, de différents pays, par exemple Rémi Lefebvre) que le Parti à la fois s'est trop technocratisé (il est devenu hors-sol, une machine à élire avec beaucoup d'élus et de collaborateurs, en terme de sociologie des organisations) et s'est trop éloigné de la priorité pour les classes populaires et les classes moyennes modestes et moyennes (finalement la fin de l'idée de lutte des classes et pendant trop longtemps une relativisation de la précarité et de la paupérisation en banlieue ou dans le rural). Ceci a fait perdre de vue au Parti, qu'il est un atelier d'idées ; ainsi quand Edouard Philippe fait son 2e discours d'investiture, alors que l'on sait qu'à la droite gouvernementale ils sont en train de penser une loi de sanction sociale sur les retraites , nous, nous n'avons pas travaillé sur une loi alternative clé en main et ne savons dire uniquement que LREM est à droite.
A ce double titre, c'est compréhensible, qu'il ait probablement perdu, pour longtemps sinon définitivement, sa place du parti leader de la gauche, capable de rassembler autour de lui seul (comme du temps du Programme Commun en 1972, en 1981, en 1997).
Cela ne m'empêche pas de souhaiter bonne chance à Olivier Faure et au Parti Socialiste, qui sont des partenaires de la gauche et de l'écologie.


Vers où se tourner finalement ?
Mon choix s'est porté sur Générations.Cela s'est avéré difficile de franchir le pas. Le Parti Socialiste et les « 
mais si, reste, on va pouvoir peser au prochain congrès ! » , j'ai donné ! Le congrès d'Aubervilliers était pour moi le Congrès de la dernière chance pour se gauchiser économiquement, socialement, comme je l'ai indiqué et pour franchir un pas vers une fusion avec EELV par exemple et se départir de la logique de coalition européenne voulue par le SPD au sein du Parti Socialiste Européen (PSE). On aurait dû se mettre officiellement en retrait du PSE et je dois dire que j'ai très mal vécu la scission d'une bonne partie des maurellistes , qui représentaient ce qu'il restait d'aile gauche au Parti. Aujourd'hui, il n'y a quasiment plus d'aile gauche au Parti et je le regrette.
Je salue amicalement Régis Juanico qui représente pour moi un excellent et brillant exemple de ce qu'il faut faire à gauche : être soi-même, travailler dur (c'est un énorme bosseur), travailler avec les autres issus des gauches et de l'écologie. Cela ne m'e détournera pas de ce que je suis, toujours à gauche, socialiste (et éco-socialiste), ouvert à la discussion, en faveur passionnément pour l'union (une confédération des gauches, de l'écologie, du mouvement social, associatif et des engagements individuels).


Un mot pour les camarades
Beaucoup de camarades ont toujours fait la différence entre le national et le local (section et fédération départementale), pour souvent préférer l'ambiance locale. Je remercie infiniment et chaleureusement Johann Cesa, qui accomplit un travail extraordinaire, de même que son équipe fédérale, dans la foulée de Régis (Johann et Régis sont deux athlètes hors-pair !) à la Fédération de la Loire, qui m'a donné le grand honneur et permis de travailler avec lui au sein du Bureau Fédéral et je sais qu'avec Johann, le travail de l'union à gauche n'est pas un vain mot. Je voudrais aussi remercier le Sénateur Jean-Claude Tissot qui fait un excellent travail de terrain, d'approfondissement des thématiques nationales et européennes qui l'intéressent (agriculture, économie et aménagement ruraux ainsi que de la Loire, écologie,...). Je remercie enfin les camarades de la section de Roanne-Mably qui sont des amis et avec qui je compte bien travailler pour le bien des gauches et de l'écologie. Quand je vois ce qui commence à être accompli du point de vue de l'union des gauches à Saint-Etienne, Roanne , Lons le Saunier ou Beauvais,... je me dis que la saison des fleurs qui « germinent » (un vieux verbe, tellement symbolique) peut toujours advenir, même quand on ne s'y attend pas ! L'ambition de porter une alternative forte et crédible localement et nationalement.


lundi, juin 17, 2019

Point de vue bref sur la Loi 21 (loi sur la laïcité et neutralité des fonctionnaires) au Québec

Ce jour 17 juin 2019, après une procédure de bâillon (blocage de la procédure par le Gouvernement), l'Assemblée Nationale du Québec a voté la Loi 21. Loi sur la laïcité, qui requiert la neutralité sans "signes ostensibles" des juges, polciers et enseignants mais d'autres agens de la fonction publique et ceci sans caractère rétroactif  (les fonctionnaires déjà embauchés avec un signe dit "ostensible" ne seront pas licenciés).
La loi sur la laïcité suscite de très vives polémiques , au Québec et je le comprends. On passe d'un système britannique de droits individuels à un petit retour du droit romain/romain dérivé (monarchique annonçant le Code civil) de droits collectifs et universels. 

Deux types de partis se sont opposés à cette Loi 21:
-Le Parti Libéral du Québec (PLQ), canadianiste et en faveur de Droits individuels avant tout avec les deux Chartes: celle du Québec de 1976 et celle du Canada de 1982, liée à la Constitution rapatriée et que le Québec n'a pas signée; mais que les autres provinces ont fait adopter malgré le refus du Québec 
-Une partie de la gauche (proche des néo-démocrates et de Québec Solidaire; Québec Solidaire qui a la base, il y a quelques mois avait évoqué une loi de neutralité uniquement pour les juges et les policiers, mais pas les enseignants car n'étant jugés par les Solidaires comme "métier d'autorité" a évolué et s'est mis avec le PLQ sur cette question).

On passe de l'idée que l'Etat est a priori source de méfiance à un Etat, source du droit pour et par lui-même (et donc d'une certaine Raison). La CAQ (Coalition Avenir Québec, droite conservatrice, au pouvoir) et le PQ (centre indépendantiste) ont réalisé un compromis, tous les fonctionnaires ne seront pas soumis à la neutralité et il n'y aura pas de rétro-activité (fort heureusement). Oui il y a des extrémistes au Québec qui veulent interdire l'islam et le voile, renvoyer les immigrants. Oui il y a aussi ce contexte-là (racisme prétextant des origines catholiques du Québec français). Mais ce compromis justement vise à installer des jalons clairs et donc applicables. Le fait que le Crucifix va partir du Salon Bleu fait également partie de ce compromis et qu'il ne s'agit pas d'une loi "à identité chrétienne". 

Finalement cette Loi 21 va devenir d'ici une vingtaine d'années ce qu'est la Loi 101 linguistique (seul le français est officiel depuis 1977, alors que la Constitution canadienne reconnait comme Loi fédérale deux langues officielles à part égale, depuis 1969 et les canadianistes du Québec estimaient que seul la copie du bilinguisme fédéral était juste et légale; ce qui n'est plus le cas aujourd'hui; en revanche pas mal de canadianistes anglophones hors-Québec estiment que la Loi 101 va contre la Loi fédérale de 1969), un des piliers du Québec. On comprend pourquoi on a mis en jeu la Clause Québec car les canadianistes veulent à tout prix rattacher le Québec au droit anglo-saxon de type nord-américain.

jeudi, mai 16, 2019

Ma réponse à Jean-François Forest: Point de "trahison", mais de la Réflexion! Pour un nouvel Eco-Socialisme scientifique.

Jean-François Forest a écrit un texte très intéressant. L'ayant lu, je me suis dit que cela nourrirait le Débat d'Idées que de lui répondre.

(Voici son texte: "Jean-Luc, Benoît, Emmanuel, j'ai 56 ans de militantisme au PS et pour moi vous nous avez trahis"

POINT DE "TRAHISON", MAIS DE LA REFLEXION!
Pour un nouvel Eco-Socialisme scientifique

Je ne suis que militant depuis près de 17 ans et n'ai jamais été élu, je ne recherche rien, sinon la Raison, un éclairage le plus précis pour le monde et un porte-voix à la fois politique, syndical et citoyen pour que notre pays, notre continent, notre monde puisse mieux se porter et progresser.
D'autres  élus, issus de l'aile droite et ont pu trahir le Parti, ou agir de manière totalement inconsidérée, alors ne blâmons pas que des camarades élus venus de l'aile gauche et regardons ce qui est un désaccord sur le fond et sur la ligne politique. Toujours la ligne.


Il est vrai et il est certain, surtout aux vues de comment se porte la Gauche, après une défaite la ramenant à la situation législative de 1893, bien avant les expériences gouvernementales de 1924 et 1936, a besoin d'unité ; mais rassurons-nous sur l'état du mal, chacun et je dis bien chacun a voulu jouer en solo pour ces Européennes, y compris les dirigeants actuels de notre Parti. Tous sont à blâmer pour cette raison.


Objectivement, le Parti a connu des hauts et des bas, mais jusqu'en 1997, il n'était pas si mal géré. Lionel Jospin comme Secrétaire, puis comme Premier-Ministre a su mettre à égalité la Première Gauche et la Deuxième Gauche, qui se querellaient depuis l'arrivée de Michel Rocard au Parti Socialiste en 1974. Et ce qu'il faut comprendre d'Epinay, du Parti Socialiste, 2e mouture (mais en fait c'était à peu près pareil au Congrès du Globe en 1905), c'est que notre Parti a été conçu comme un condominium entre Première et Deuxième Gauches. La marxiste et la socialiste-républicaine. Les deux influences. La Première venant de Blanqui, de Marx et du mouvement ouvriériste et mutuelliste ; la Deuxième venant des socialistes utopiques (Fourier, Blanc, Proudhon) et s'étant structurée en deux temps : avec Jaurès, venu des socialistes indépendants (en somme le courant radical de gauche) et après le Congrès de Tours quand Blum a voulu garder la « Vieille Maison ».


L'apogée et la quintessence de la bonne synthèse s'est située et s'est déroulée lors du Gouvernement de Lionel Jospin de 1997 à 2002, Dominique Strauss-Kahn regardait plus Clinton, Martine Aubry elle tenait à un cadre législatif sur les Lois sociales, se rappelant sans doute du bienfait essentiel des Lois Auroux, sur lesquelles elle a travaillé en 1982, comme membre du Cabinet de Jean Auroux. Ils ont fait les 35h. On a eu l'action de Marie-Noëlle Lienemann au logement et de la communiste Marie-Georges Buffet à la Jeunesse et Sports tout en ayant Laurent Fabius à l'Economie et aux Finances. C'était donc possible et ce fut social, sans être libéral sauf pour France Télécom et la signature de l'accord européen de Barcelone sur la libéralisation et donc la privatisation à terme du secteur public de l'énergie.
Et puis Lionel Jospin a voulu mener une campagne de second tour tout de suite, pensant qu'une manière clintonienne conviendrait. Cela n'a pas convaincu notre électorat, manifestement.


Tout s'est déréglé avec notre camarade François Hollande qui a l'ADN centriste, celui de la Troisième Voie, avec une Gauche qui ne ressemble pas à ce qu'est la France : colbertiste, dirigiste, keynésienne, étatiste. Alors que François voyait les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'aile droite du Parti social-démocrate de Suède... Il n'y a eu aucun Travail idéologique.


Dire que seule l'action de Michel Rocard, qu'il faut saluer, là où il est, après la Chute du Mur de Berlin, celle des Etats Généraux de la Gauche en 1993, quand il fut brièvement Secrétaire, a été l'unique pierre à l'édifice post-URSS, post-économies des années 60-80 quand la Division du Travail favorisait à plate couture la Triade... Aujourd'hui et depuis Reagan et Thatcher , le Capitalisme a muté en Capitalisme financier et volatile. Nous, nous n'avons rien écrit. Pas de Capital, pas de recherche sur le Socialisme scientifique pour trouver les armes adaptées contre ce nouveau Capitalisme, rien pour le nouveau Prolétariat précarisé, au chômage de longue durée...


La 3e flèche a perdu de son piquant, durablement pendant ce quart de siècle. Celle des intellectuels.
Il a fallu attendre 2011 et la Troisième Révolution Industrielle de Jeremy Rifkin puis 2013 et le Capital au XXI° siècle de Thomas Piketty pour commencer à avoir de la matière. Mais ne soyons pas trop sévères, en 2000, Jean-Luc Mélenchon et un collectif issus de responsables de la Gauche Socialiste a écrit « Le Nouvel Age du Capitalisme ». Si nous l'avions lu...


Donc on parlerait des chapelles, j'attends de voir les dômes des controverses en sciences humaines et sociales théorico-pratiques. L'aile gauche a fourni du travail, sûrement pas assez. L'aile droite s'est contentée de mimer Clinton, Blair et Schröder...
L'aventure collective, elle se mène aussi en réflexion, pas en cartons de vote de Congrès tous aussi colorés les uns que les autres pour cacher d'une mer d'habits d'Arlequins, l'impuissance du Verbe et de l'Action. Pour partir de l'Idéal pour aller au Réel, il vaut mieux partir d'un existant idéel, cela peut toujours aider !


Bien-sûr qu'un niveau de représentativité tel que celui de la Législative de 1893 requerrait une prise de conscience sur l'unité, que le soufflet était déjà tellement sec qu'il aurait été plus intelligent de partir des Radicaux de Gauche à la France Insoumise. Il est vrai, mais n'oublions pas les cohortes en masse de l'aile droite, que ce soit des dirigeants ou des militants sans mandat partis chez Emmanuel Macron, lacérant la Gauche, comme jamais.


Ce qui prouve que les partis sont mortels et que la Gauche, elle est bien fondée sur l'historicisme de ses idées (marxisme, lutte des classes, dirigisme économique, coopérativisme, mouvement internationaliste et européen; il faut désormais rajouter écologie ), le travail réflexif et théorique qui se doit de devenir concret, pratico-pratique pour répondre aux attentes des ouvriers, des précaires, des chômeurs et des classes moyennes. Nous avons oublié que nous servons en premier les Non-Possédants; de même, comme l'a toujours souligné Pierre-Joseph Proudhon puis Jean Jaurès, il convient aussi de se préoccuper du sort des petits patrons (TPME, PME et PMI), les autres, les grandes patrons peuvent bien se débrouiller, sauf conversion sincère et rarissime, ils n'ont jamais voté et ne voteront jamais pour nous. Nos camarades du PSE en sont fort loin pour beaucoup, de cette réflexion, avec ces termes-là et fondements du débat. Le choix de Frans Timmermans ne correspond pas à ce que nous sommes, en France. Lui serait LREM , dans notre pays; il est de facto au centre-droite.


L'unité est la conséquence des idées (ou autrement dit un programme structuré), pas l'inverse. C'est l'envie de Programme commun qui a poussé le PS et le PC à s'unir en 1972. C'est l'envie de Gauche Plurielle, écologique, très sociale et réformatrice dans le sens mélioratif qui a fait le Gouvernement Rouge-Rose-Vert de Lionel Jospin. Michel Rocard n'en a pas fait moins en unifiant la pensée autogestionnaire du PSU et celle venue de l'aile gauche du Parti social-démocrate de Suède (Tage Erlander, Olof Palme).


L'avenir immédiat et indispensable, ce devra être des Etats Généraux de la Gauche, amenant à des Convergences (FI qui devient plus européenne, le Parti Socialiste redevenant dirigiste économique) et préparant le Programme Commun pour 2022 et 2027. Ensuite, nous verrons bien, mais le 3e parti de l'Histoire de la Gauche, un parti unitaire, qui ne portera pas le nom de parti socialiste, résolument anti-libéral et unifiant socialistes, radicaux de gauche, communistes, insoumis, écologistes, serait une très bonne chose. Ce serait un nouveau 1905, un nouveau 1920 (à l'envers, il va de soi! Mais remarquons à l'époque, l'exaltation de l'aventure communiste) , un nouveau 1971, un nouveau 1972.

jeudi, mai 09, 2019

Ma réponse à Elisabeth (deux ans après)


Je n'ai jamais compris comment on pouvait voir en positif des anti- Jean Auroux, à ceux qui veulent une logique contraire à Léon Blum, à la vision réformatrice sociale et méliorative de Michel Rocard par des coupes, une vision froide de la gestion budgétaire et donc le choix de l'anglo-saxonisme, le choix d'un thatchérisme, même plus ou moins édulcoré.

C'est ainsi que je ne fais pas entrer de loup ou de renard dans la bergerie. Le Ministre de l'Economie, après Montebourg, Emmanuel Macron, mais non plus le Conseiller élyséen pro-City n'ont pas un ADN de gauche. Je mets donc une barrière, une frontière, certes respectueuse avec ces gens-là. Et je ne vote pas pour eux, les gens de droite. En apprenant dans le film dans le film de Patrick Rotman qu'un tel personnage était au cœur du pouvoir, en 2013, j'en fus perplexe puis paniqué.

Les chiffres étaient là, la Crise qui a commencé en 2008, allait durer jusqu'en 2013. On pouvait voir certaines mesures immédiates de redressement, tel Jospin en 1997, pour faire passer l'euro mais aussi déjà, donner une perspective sociale, une nationale à défaut d'une autoroute : hausse du SMIC, 34 heures payées 35.

Il est important de bien s'entourer. En voyant la mine de mes camarades se tordre d'insatisfaction en disant que ce serait Jean-Marc Ayrault, au lieu de Martine Aubry comme Première-Ministre, il y a eu déjà une forme de scepticisme dans une partie de la gauche; et donc en choisissant Jérôme Cahuzac (donc sans faire d'enquêtes internes préalables), bien-sûr en prenant E.Macron, en mettant plus tard Manuel Valls. Il y a eu une ligne dans ce Quinquennat, celui du mauvais entourage.

Je savais donc déjà au premier tour, qu'E.Macron serait la droite néo-giscardienne et néo-thatchérienne, je me doutais de son monarchisme et le Louvre n'a fait que le confirmer. Je n'oublie pas l'insulte faites aux ouvrières bretonnes de Gad, celle du mépris de classe, inconcevable pour un autre ministre dans un gouvernement de gauche;
Je n'ai donc pas pris le chemin des urnes, à l'instar de  2002, ayant eu l'intuition (fausse) qu'il y aurait à l'époque, un gouvernement d'union nationale (temporaire, de 2 ans) en associant gauche et droite car c'est cela qu'il faut quand on fait barrage à l'extrême-droite, on n'est pas élu pour faire sa politique.

Je souriais des électeurs originellement à bâbord, telle cette dame qui se disait de gauche, directrice d'association théâtrale me faisant la leçon sur Benoît Hamon, sur un marché, je lui parlai franchement et lui dit qu'elle pouvait voter centre-droite en dormant tranquillement sur ses deux oreilles.

J'ai vu la volonté d'E.Macron, de se construire un parcours, dès sa première sortie sur les 35 heures, la visite aux universités d'été du MEDEF, j'ai vu qu'il se voulait en candidat préparant au moins 2022. J'ai vu à Lyon, la construction de son équipe, ce ne pouvait être plus clair. Lui, ayant pris en compte, la rupture qu'il a en partie provoqué, mais bien-sûr par également F.Hollande et M.Valls et le Parti, avec un gros morceau de l'électorat de 1er et 2nd tours.

Ayant suivi la pré-primaire avec François Hollande, allant à ses meetings,réunions de travail. Il y avait un mélange en François Hollande, de Jospin, de Piketty et de social-démocrate suédois mettant en priorité l'amélioration sociale. Parfois quelques accents deloriens et strauss-kahniens, mais davantage pour ancrer sa politique dans la durabilité. Jamais dans le blairisme ou le schröderisme, donc.

Là je dois avouer que je me suis trompé. Et lourdement.
Avait-il déjà en tête cela ? Peut-être . A t-il pris en roue de secours son logiciel centriste-deloriste, en cours de route ? Possible .

Emmanuel Macron, ayant vu F.Hollande et M.Valls laminés politiquement après la Déchéance et la Loi Travail, n'a pu qu'accélérer sa course et confirmer dès 2016-2017 son envie. F.Hollande, trop sûr de lui-même a dû penser qu'il retomberait sur ses pattes, tel un chat leste et acrobate, lui le génial politique en campagne. Oui mais pas avec un bilan aussi symboliquement lourd.

J'ai apprécié grandement l'humanité, la personnalité de François Hollande. Il a su ou a pu faire œuvre de bons points. Que n'a t-il attelé Bernard Cazeneuve plus vite ? Que n'a t-il appelé Martine Aubry ?  ; et tant pis pour les piques, puisque son armure était coriace. L'essentiel était l'allant, la ligne, la manière.

Oui il fallait redresser vite, sans pause à l'été mais il fallait donner tout de suite (SMIC réhaussé fortement, 34h payées 35 donc une hausse de salaire de fait). La crise grave qui continuait le requerrait. Oui il fallait revoir la fiscalité mais trancher probablement sur le maintien au moins un temps de la hausse de la TVA (et voir après).
Ne jamais oublier que la finalité de la gauche, c'est quand même , à la fin changer le monde et que le socialisme n'est que de la révolution en tranches (Léon Blum) et/ou comme disait Olof Palme s'attaquer à deux problèmes seulement par mandat mais les traiter à fond.

Rassembler son camp, toute la gauche, plutôt que de vouloir pinailler. Trouver une ligne tenable, mais sociale et s'y tenir. Ecouter le Parlement et en faire un co-rédacteur des lois, c'était la méthode Jospin, elle ne pouvait qu'être reprise.

Il ne fallait pas penser à soi, mais penser aux autres. Le plus important, ce sont les Idées, ensuite l'Appareil qui est fort et légitime de ces Idées et enfin les personnes dont l'Art personnel sait orchestrer la feuille de route. Avec tout cela, François Hollande se serait représenté. Peut-être n'aurait-il pas gagné, mais la Gauche aurait gardé la tête haute, probablement au second tour face à la droite. Peut-être aurait-il gagné de justesse, donc la Gauche.

dimanche, avril 28, 2019

Grand Est?

Proposition pour un logo provisoire du Grand Est
(Armoiries issues du site "Un blason pour ma région" http://unblasonpourmaregion.over-blog.com/2018/06/grand-est-le-logo-qui-marche-sur-des-oeufs.html )


samedi, avril 27, 2019

Ma lecture des "Leçons du pouvoir " de François Hollande

Critique littéraire politique du livre de :
FRANÇOIS HOLLANDE, Les leçons du pouvoir (2018, 407 pages, éditions Stock)
Ce livre est organisé en 18 chapitres, correspondant à 18 verbes, étant pour François Hollande, le révélateur de ce qu’ont été ses leçons du pouvoir de 2012 à 2017.
Organisation de l’ouvrage
Les 18 verbes sont les suivants (Table des matières) : présider, décider, voyager, faire face, vivre, négocier, choisir, parler, réformer, réagir, regretter, punir, nommer, rompre, faire confiance, renoncer, affronter, espérer
Dans un premier temps, François Hollande explique l’organisation du pouvoir présidentiel en France et des aspects de politique extérieure, avant d’aller dans le vif du sujet, à savoir l’analyse de son quinquennat. De son point de vue, il ne reconnaît comme seule grande erreur, la tentative pour la Déchéance de nationalité pour les bi-nationaux nés en France en cas de terrorisme, après les attentats de Paris en novembre 2015. Il reconnait un problème de forme, d’organisation autour de la Loi Travail, mais pas sur le fond.
Mon analyse
François Hollande estime avoir fait pour le mieux et demande une forme d’indulgence, à savoir de comprendre que ce ne fut point facile et automatique. Cela, on peut lui concéder. Toutefois, je remarque que François Hollande ne comprend pas un certain nombre de choses et il est vrai, de son point de vue, il défend ce qu’a été l’aile droite du Parti Socialiste qui a dominé le Parti après la période jospinienne de 1997 à 2018 pour le moins. Lionel Jospin correspondant à une phase de transition entre un parti mitterrandien, peu à peu ouvert après 1982 aux idées du rocardisme et qui a su dans les années 90 trouver un équilibre en Première Gauche (post-marxiste) et Deuxième Gauche (social-démocratie). François Hollande remet donc toute la faute sur Martine Aubry , Arnaud Montebourg et les frondeurs, alors que le choix des personnes : Jean-Marc Ayrault, Emmanuel Macron, Manuel Valls vient de lui, qu’il avait toutes les mains sur le pouvoir et qu’on ne lui a jamais fait céder, ni pu faire céder sur ses décisions, hormis peut-être et c’est la seule exception, la Déchéance. François Hollande ne comprend pas que la logique de gouvernement à gauche est davantage parlementariste, quand bien même il décide et arbitre à la fin et que toute forme de décision « cheffée », donc monarchisante et en outre pas sur une ligne de compromis Première/Deuxième Gauches ne pouvait pas être acceptée par l’aile gauche du Parti et même une petite partie du centre du Parti, devenu plus droitisante depuis le Congrès de Brest en 1997, a commencé à voir un malaise. Si François Hollande parle d’écologie comme souhait à la fin, il ne remet pas en cause le logiciel économique hyper-productiviste et favorable au libéralisme grand-patronal (c’est cela qui a posé problème pour la Loi Travail). Il en vient, comme il le faisait avant 2012 à commettre des raccourcis simplistes sur les idées post-marxistes dirigistes de l’aile gauche.
Trois éléments parmi d’autres m’ont interloqué :
« Je comprends ce jour-là qu’Emmanuel Macron s’inscrit pas dans l’histoire de la gauche… », page 352, E.Macron a-t-il été jamais de gauche ? Si cela n’était pas clair pour F.Hollande , on comprend le déphasage idéologique de F.Hollande
Et dans le même ordre d’idée, page 356 : « Emmanuel Macron a déjà déclaré sa candidature, Jean-Luc Mélenchon aussi. C’est la certitude pour la gauche d’être éliminée dès le premier tour si j’y vais aussi » On ne sait pas dans la phrase, au niveau du sens, si E.Macron est compris ou non dans la gauche.
Et enfin, page 381 : « Dans ce contexte, la social-démocratie-ou le socialisme, c’est pour moi la même chose comme ces termes l’étaient à l’origine du mouvement ouvrier » ; Oui enfin, sauf que depuis la révision idéologique de Karl Kautsky et de la controverse Jaurès/Guesde, ce n’est plus le cas.

vendredi, mars 22, 2019

Ma lettre à Laurent Berger, secrétaire confédéral de la CFDT


Cher Laurent Berger,



Je suis adhérent et militant à la CFDT, précisément au SGEN depuis l'année 2008, soit plus de 10 ans et je me suis toujours reconnu dans ce syndicat, certes j'ai pu et j'ai par moments des désaccords, j'en ai eu d'importants lors de la Loi Travail , parce que j'estimais que cette loi n'apportait rien en avancées sociales pour les travailleurs, et la seule chose que l'on cite à savoir le Compte-pénibilité existait déjà car le Compte Pénibilité a été la compensation sociale de la réforme Ayrault des retraites en 2013 (le compte-Epargne-Temps existe depuis Michel Rocard, 1989 et a remodelé plusieurs fois ensuite).

J'ai constaté comme toi, une radicalisation du mouvement social à l'issue de cette Loi Travail, globalement désastreuse même si les versions ultérieures, après le brouillon de la V.1 étaient meilleures, le fait est que ni les petites compensations , ni le contexte dans lequel le Gouvernement de l'époque dans lequel il a voulu avec hâte, précipiter cette loi, fut-elle incomplète (son volant social) pour montrer que la politique suivie , ne faisait réussir forcément l'économie de notre pays et la création d'emplois.

Cette radicalisation s'est malheureusement poursuivie jusqu'à aujourd'hui et le mouvement de révolte sociale des Gilets Jaunes est logique à comprendre, puisque , comme tu le reconnais dans ton interview au Parisien du 20 mars 2019, que tout était là pour susciter une telle colère, vis-à-vis du terreau des inégalités sociales. A vrai dire l'on traîne cette fracture sociale depuis les années 90 et le pic de crise des années 1992-1994.

Il était logique, à l'avènement de ce nouveau Gouvernement Philippe-Macron, d'attendre et de voir, de continuer notre logique d'obtention de nouvelles avancées, de nouveaux droits sociaux et il est certain que la stratégie du "en avant toute!" de notre camarade syndicaliste Philippe Martinez n'est pas couronnée de succès. 
Néanmoins, je trouve que depuis le début de ce quinquennat, tu pourrais parfois, davantage taper du poing sur la table, il faut savoir équilibrer entre l'écoute véritable pour faire avancer un dossier, quelque soit l'interlocuteur gouvernemental et montrer à la fois notre détermination et notre désaccord profond et résolu devant telle ou telle politique.

J'apprécie grandement tes gestes, que tu as portés récemment, la signature intersyndicale du mouvement unitaire du 9 octobre 2018, car oui , le point d'indice doit être dégelé et l'on doit tenir en outre, compte de la hausse du coût de la vie dans nos salaires. De même que la tribune dynamique et inspirante que tu a signée avec Nicolas Hulot, récemment, le 5 mars 2019 , le Pacte social et écologique.

Je pense que le temps et le ton sont venus, désormais, à près de deux ans du quinquennat du Président Macron, de dire au Président, dans ton interview au Parisien (du 20 mars 2019) non pas"je veux la réussite de ce quinquennat" ni bien-sûr "je veux mettre à bas ce quinquennat" mais "je n'attends plus rien de ce Gouvernement qui est sourd aux attentes sociales, il ne sera jamais social". Il est quand même étonnant que vous ne vous êtes point rencontré longuement depuis le 10 décembre 2018. Nous sommes à 19 semaines de révolte sociale et en vérité il n'y a toujours rien de concret! 

Il est temps de réaffirmer que nous sommes un mouvement syndicaliste social-démocrate et progressiste, et pas d'une social-démocratie timorée; Mais bien d'une social-démocratie exigeante et de proposer au Gouvernement un Agenda social fait de lois et de réformes, refusant l'austérité, visant à améliorer les conditions sociales et économiques des travailleurs, de la situation générale de l'emploi et de la formation, ce que nous voulons pour les retraites (davantage parler des hausses de cotisation, de taxes sur les dividendes et les hyper-riches, de plafonnement des plus hautes retraites...), de même de remettre sur la table les 32h, la question de la co-gestion et même remettre au goût du jour l'auto-gestion d'Edmond Maire, proposition identitaire de la CFDT.

Veux-tu bien recevoir mes salutations amicales syndicalistes, cédétistes et social-démocrates

mardi, mars 19, 2019

On parle de la Gauche en France et en Europe?

Il y a un mois, j'avais écris un article, "Des convergences à gauche. Utiles, nécessaires, indispensables. daté du 10 février. Il y avait encore une chance, Place Publique think tank de rassemblement de la gauche avec plusieurs partis, Benoît Hamon de Générations parlait de "Votation citoyenne", il y avait encore une possibilité de n'y aller qu'avec qu'une liste, le 25 mai prochain.

Malheureusement, même si les cinq pôles (PC, Générations, FI/GRS, PS, EELV) reconnaissaient que les dix priorités de Place Publique étaient un minimum, il n'y a eu aucun accord car ce qui pouvait être la concrétisation de l'acceptation de ces dix points, de fait, la Votation citoyenne, lancée par Benoît Hamon, aucun des quatre autres pôles n'a voulu répondre en positif à la concrétisation de ces dix points de Place Publique en union quintipartite. Le nouveau secrétaire du Parti Communiste, Fabien Roussel, lors du Congrès le 25 novembre à Ivry sur Seine, a été élu sur une base indépendantiste du PC par rapport au reste de la gauche et Yannick Jadot, leader européen d'EELV en France a depuis le lancement du Mouvement de Benoît Hamon, le 1er juillet 2017 été refroidi par des perspectives d'union, suite à la défaite de la gauche (+ le fait qu'EELV a l'habitude de se compter aux Européennes).

A partir de là , l'union de la gauche est devenue lettre morte. J'avais déjà évoqué , un moment crucial manqué, celui de l'année dernière où l'ancien premier parti de la gauche, le Parti Socialiste, pouvait jouer les arbitres de bienveillance. A Aubervilliers, on a vu et entendu dans la campagne, une envie de renouveau de la gauche , de "Renaissance" et même de Gauche Arc En Ciel.
Luc Carvounas, il faut souligner son courage, sa clairvoyance et sa justesse d'analyse a le premier, depuis août 2017, parlé de convergences nécessaires à gauche, ne fermant même pas la porte à la France Insoumise, au moins au début.
Mais bon, à peine quelques mois après les 19,58%, Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise se croyaient devenus hégémoniques et qu'il suffirait de ramasser les miettes des autres partis agonisants pour faire à lui son Epinay.
Même si, il faut le dire, lors des AmFIs (universités d'été de la FI à Marseille en août 2018), Jean-Luc Mélenchon a reconnu que le courant frexiste/frexeuro était dominant en 2017 dans son Plan B et que dorénavant, cela désignait davantage un rapport de force de type Chaise vide voire suspension de la contribution française à l'UE en cas crise gravissime. 

Et donc, Olivier Faure, élu Premier-Secrétaire élu par les militants le 29 mars 2018 et dont l'élection a été entérinée par le Congrès d'Aubervilliers le 7 avril 2018, a préféré vouloir reconstruire le Parti Socialiste sur une base identitaire et ne pas chercher à construire des passerelles avec les autres partis de la gauche, et pas même les deux courants et personnalités qui représentaient cette volonté d'ouverture sur l'extérieur du PS: Luc Carvounas de la Gauche Arc en Ciel et l'Union et l'Espoir d'Emmanuel Maurel. Le premier Secrétariat National n'a d'ailleurs été ouvert ni aux carvounassiens, ni aux maurellistes (et bien-sûr ni aux lefolliens). On a même assisté à une déchirure douloureuse du Parti Socialiste le mois d'octobre 2018, qui s'est terminée le 12 et 13 octobre par le départ d'Emmnauel Maurel puis de Marie-Noëlle Lienemann parce que le désaccord sur le PSE était trop fort:
-Olivier Faure soutenant le PSE malgré les choix politiques du SPD allemand et la candidature de Timmermans (issu de l'actuelle Commission Juncker)
-Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann disant à Olivier Faure qu'il fallait un PSE de gauche, ayant un candidat antilibéral ou bien suspendre la présence du PS au PSE.

Ce point est crucial car le PSE, le SPD (qui devra sortir vite de la Grosse Koalition), Timmermans représentent un centre-gauche et un centre (le SPD et le PvdA, parti de Timmermans seraient à droite en France) qui veulent bien s'allier au centre-droite, ne pas contester la politique austéritaire et libérale en Europe. Rappelons que Frans Timmermans, malgré le vote du PSE sur l'Intergroupe (volonté de confédérer les 3 groupes de gauche au Parlement européen) a dit qu'il ne serait pas contre une alliance avec l'ALDE et E.Macron.
Or cela est une barrière à la convergence, pour l'aile gauche du Parti Socialiste, le Parti Communiste, Générations, EELV, la France Insoumise. Ces partis font le constat que la triangulation, la centrisation et la blairisation de la social-démocratie ont tué électoralement les partis socialistes en Europe, or les ailes droites, elles disent "oui, mais on ne gère qu'au centre, avec un tant soit peu de libéralisme". Désaccord total. Donc en France, Olivier Faure a raté l'occasion d'écouter Luc Carvounas, d'aller voir Benoît Hamon, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon pour trouver une solution avec eux et converger en extirpant cette illusion de stratégie et donc de fait d'idéologie du centre-gauche.
Ce n'est pas avec l'hypothèse de l'ancienne socialiste de tendance centriste Ségolène Royal que ça pouvait marcher (proposition de novembre-décembre 2018). On se demande d'ailleurs que fait la présence de Cap 21, parti de centre-droite dans l'alliance avec le PS et Place Publique (qui a préféré un seul parti à tous).

Michel Rocard en 1993 avait montré la Méthode pour réunir la gauche, celle des Etats Généraux de la gauche pour aplanir nos différends et trouver des convergences. Convergences qui sont logiquement: Transition écologique à fond y compris dans l'économie (régulation étatique et européenne publique sur les entreprises), fin de l'austérité et fin de la stratégie du centre-gauche, politique de l'Etat acteur, interventionniste dans l'économie autour d'une stratégie planificatrice, dirigiste et avec des Services publics-monopoles publics et des possibilités de nationalisations, révision des Traités européens sur une base de l'intervention publique directe des Etats dans l'économie et Plan B uniquement sur une éventualité de Chaise vide voire de suspension de la contribution française à l'UE en cas de crise politique gravissime dans l'UE. La gauche européenne doit suivre ce chemin avec des Etats Généraux de la gauche européenne.

En dernière nouvelle, nous avons appris que le 18 mars 2019, une 6e liste issue de la gauche modérée, en la présence de Génération Ecologie, désormais présidée par l'ancienne ministre socialiste Delphine Batho. Nous allons donc et il n'y a plus de frein possible, tous les 6 pôles, dans le mur, le 26 mai 2019, nous allons, sauf miracle tous faire moins de 10 % et plutôt osciller en moyenne entre 5 et 7% par liste, alors que la gauche réunie représente pas loin de 26% et alors que le combat social (Gilets Jaunes...) et le combat écologique (Affaire du Siècle , Marche du Siècle, Grève pour le Climat...) n'ont jamais été mieux portés en France et en Europe (il y a des tensions sociales de partout, même si elles expriment à son plus haut point, actuellement en France). Nous sommes tous éco-socialistes et nous allons d'une manière ou d'une autre échouer. C'est triste et déroutant.

dimanche, février 10, 2019

Des convergences à gauche. Utiles, nécessaires, indispensables.

Récapitulatif des événements récents de la gauche, autour de l'idée d'unité:

Acte 1:
25 Août 2018, à Marseille, pour les journées d'été de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, à Marseille avoue que son Plan B, symbole de Frexit et de Frexeuro n'est pas opérant et que sortir tout de go de l'Union Européenne serait une folie. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas pour une sortie, une révision très poussée des Traités qui veulent ceinturer avec une vision de droite libérale la moindre politique. Ainsi, appliquer la politique de la Chaise vide du Général De Gaulle
(qui peut fonctionner pour un grand pays clé de l'UE, mais malheureusement pas pour un petit Etat comme Malte ou Chypre, terrible constat de la Realpolitik)
Vous savez la fameuse "Règle d'Or" qui veut centriser et droitiser la politique en Europe, parce que ce serait la "Raison". Qui disait déjà qu'être contre le libre-échange, c'était "être pour le Mal"? Ah oui, un membre de la Commission Européenne.

Acte 2:
6 novembre 2018, Raphaël Glucksmann,  Thomas Porcher et Claire Nouvian créent le mouvement "Place Publique", suite à un premier appel en août 2018 puis en octobre 2018 et souhaitent rassembler toute la Gauche sauf la France Insoumise dans une liste unique pour les Européennes car il estime sur le fond, que le clivage populiste de gauche n'est pas opérant.

Acte 3:
24 novembre 2018, Olivier Faure, après une rupture fracassante et inutile avec Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann, se rend compte que le PS est seul et que la gauche va à la catastrophe, dans On N'est Pas Couché, il en appelle à une démarche commune pour les élections européennes entre le PS, le PC, Générations et EELV, à l'époque en attendant et en proposant la candidature de Ségolène Royal. Il met à part, alors, la France Insoumise mais n'exclut pas le dialogue avec cette formation, pour plus tard, constatant de trop forts désaccords au sujet de l'Europe.

Acte 4: 
27 Novembre 2018. Jean-Luc Mélenchon met à l'écart, après une forte pression du courant gauche/communiste/néo-communiste de la France Insoumise Djordje Kuzmanovic qui pensait que le nationalisme de la gauche d'Europe de l'Est, pouvait venir en Europe de l'ouest et nourrir le débat idéologique, qui en tire les conséquences et quitte le Mouvement.Jean-Luc Mélenchon s'étant probablement souvenu des mots éternels de François Mitterrand "Le nationalisme, c'est la guerre."

Acte 5:
28 janvier 2019
Place Publique, voyant que la question n'avance pas, lance dans un meeting à Toulouse, "10 Combats communs": écologie prioritaire, suspension de tous les traités européens-bilatéraux de libre-échange dont le CETA, société respectueuse du vivant, rendre le pouvoir aux citoyens et aux parlements, contre les GAFAM et les paradis fiscaux, contre l'Europe lobbyiste de la finance, solidarité européenne envers les migrants, ISF européen, service civique européen de la jeunesse et contre les grandes coalitions avec la droite.
De quoi satisfaire les cinq parties prenantes des Européennes à gauche (FI-GRS, PS, Générations, PC, EELV). Olivier Faure reprendra le premier ce message.

Acte 6:
8 février 2019
Benoît Hamon, se rendant compte que sa stratégie soliste, ne suffit pas soit à être une évidence incontournable, soit à unifier autour de son mouvement Générations, lance sur France Inter, la proposition de la Votation Citoyenne (concertation fin février, vote en mars 2019) qui n'est pas une primaire mais un vote préférentiel, prenant en compte tout le monde de la FI jusqu'au PS et permettant d'arbitrer autour de l'union et autour de la ligne européenne à suivre.

...

La situation d'aujourd'hui , quelle est-elle? 
En lice, il y a cinq pôles qui souhaitent présenter, chacun, une liste et les estimations montrent que les scores possibles pour le 26 mai vont de 3% à 8% , désormais pour les listes de gauche, alors qu'en septembre, la France Insoumise était créditée de 14%, EELV de 9% . Certes, nous serons d'accord, les jeux ne seront faits que le dimanche 26 mai au soir, toutefois, force est de constater qu'il n'y a pas une envie énorme, une poussée de la gauche actuellement en France et que le débat est polarisé entre le centre-droite et l'extrême-droite. La gauche ne se remet toujours pas de sa défaite le 23 avril 2017 quand les insoumis et communistes ont certes réalisé une "Bayrou" avec plus de 19%, en 4e position, mais sans savoir que faire de cela= c'était le maximum d'un pôle néocommuniste et populiste de gauche indépendant du reste de la gauche. Sans parler des 6,3% de la gauche non FI (socialistes, écologistes et radicaux) qui ont clos le Quinquennat catastrophique.
A partir de là, l'intelligence collective aurait voulu que les deux pôles communiquent ensemble, mettent à plat leurs divergences, quitte à passer du temps sur le constat commun et un Inventaire pan-gauche et en organisant plusieurs sessions des Etats Généraux de la Gauche. Cet outil lancé par Michel Rocard en 1993, après une claque monumentale du PS aux Législatives (claque, comme en 2017, attendue de manière résignée) est le bon outil pour remettre les choses en ordre.
Il est vrai qu'à l'époque, l'Union apparaissait comme davantage "nécessaire" que les pôles politiques ne le pensent aujourd'hui. Du moins, les dirigeants et une portion de militants, car bon nombre d'électeurs non encartés et même une bonne partie des militants des 7 partis de la gauche (Radicaux de Gauche, PS, EELV, Générations, PC, GRS et FI) estiment à raison que seule l'unité, l'union permettra de dépasser cette entre-ouverture sur le Styx. Il va de soi que la ligne politique est bien différente parmi le PS, Générations, le PC ou la France Insoumise par exemple.
Objectivement les quatre partis qui se ressemblent le plus sont Générations, le PC, la GRS et EELV et si on dépasse la question stratégique (qui a son importance), on remarque que:
-les 4 partis ne veulent plus du PSE (Parti Socialiste Européen)
-les 4 partis veulent sortir des traités
-les 4 partis veulent la fin des traités de libre-échange UE/bilatéraux
-les 4 partis veulent donner une priorité à l'investissement, au social et à l'écologie
-les 4 refusent les coalitions avec la droite
-les 4 partis ont la position qu'il faut accueillir en urgence les réfugiés et autre migrants
-les 4 partis veulent que les parlements nationaux, ainsi que le Parlement européen aient plus de pouvoirs face à une Commission qui ne pourrait plus imposer une ligne libérale
-les 4 refusent les 3% austéritaires (maximum de déficit d'un budget national équivalent à 3% du PIB).
En réalité, on peut même parler de coeur de la gauche, le PS d'Olivier Faure s'accrochant encore au PSE, le PC mettant égal à égal l'industrie/le nucléaire face à l'économie écologique et la France Insoumise ne voulant pas , du moins, son dirigeant , Jean-Luc Mélenchon et une partie de la direction, abandonner la ligne populiste et la possibilité malgré tout d'un Plan B "Quitte ou Double".

Ces 3 positions sont donc idéologiquement et politiquement les trois freins à l'union: 
-le départ du PS du PSE (à cause de la droitisation du SPD allemand, actuellement en coalition avec la CDU d'A.Merkel et étant sur une ligne économique libérale)
-la priorité de l'écologisation des process économiques et énergétiques, car le PC défend et estime que ce sont des emplois et trouve qu'il n'y a pas encore d'alternatives à l'énergie nucléaire (sur ce point précis, il est vrai que les alternatives de masse et sur un grand territoire national sont balbutiantes)
-la fin d'une position de rupture à la dynamite en préférant une ligne action de choc à la Bakounine en mettant en exergue une révolution permanente , que ce soit sur la notion de Chantal Mouffe sur Peuple vs Elites ou bien Frexit/Frexeuro vs Europe du statu quo.

Pourquoi ces 3 positions sont à dépasser et à abandonner? La clarification du clivage gauche-droite doit traverser tous les partis et tous les groupements de partis européens, or le SPD a un positionnement de centre-droite, donc de droite alors que les électeurs de l'Europe entière, quand ils ont des positions de gauche revendiquent un protectionnisme solidaire et une Europe-providence; la question écologique est désormais plus qu'une urgence, et quand bien même il faut réindustrialiser, cela doit passer par des process vraiment verts et pas "green-washés" (illusion trompeuse de faire "vert"), cela veut dire que l'Europe et les Etats ont leur rôle à jouer dans l'élaboration d'un Traité européen de l'énergie, quitte à refaire un processus type CECA et dans le financement à haut niveau de la recherche non-carbonée et non-atomique (par exemple, l'hydrogène) et enfin établir que la priorité des partis puis des gouvernements de gauche arrivant au pouvoir est la sortie des traités actuels (car rappelant à chaque fois les passages libéraux de Rome, Maastricht, Barcelone et du TSCG) , quitte à faire la politique de la Chaise vide, comme le Général De Gaulle l'a fait mais aussi toujours en ayant en tête la logique proactive de lancer un Forum européen sur l'Economie et une UE alternatives, remettre sur le tapis à chaque fois la discussion en Conseil européen, lancer des consultations auprès des peuples en Europe (= quand les peuples disent quelque chose en référendum, cela compte, même si Sarkozy a osé contourner le Non au TCE de 2005 en faisant voter Lisbonne au Parlement; il n'en demeure pas moins que ce sont bien les mentalités des dirigeants politiques qui importent que ce soit :
-dans une logique technocratique et autoritaire ("on est là pour "dire le droit" et nos concitoyens n'ont rien à redire"): Sarkozy, Barroso, Juncker, Schäuble, Merkel, ...
-dans une logique du laisser-faire: Hollande,...
-dans une logique de volontarisme politique pour une Europe alternative et solidaire: Tsipras, Varoufakis, Magnette, Montebourg, Costa, Sanchez, Corbyn,... et au-delà de l'Europe: Sanders, Ocasio-Cortez, Mujica, Gillard, ... )

Donc je reviens à ma marotte, mais TARA (There Are Real Alternatives) est bien présente en opposition à TINA (There Is No Alternative). Les convergences sont possibles autour des 10 points de Place Publique, autour des 7 points communs que j'ai soulignés entre le PC, la GRS, EELV et Générations et en ayant bien conscience que les 3 points de blocage sont à prendre en compte afin d'aller sur une position centrale (donc en abandonnant ces 3 positions).
C'est ainsi que je juge très positif , 
le discours sur l'Inventaire d'Olivier Faure du 28 janvier 2019,
qui a enfin dépassé la volonté de ne pas déplaire aux lefolliens et hollandais aile-droite du PS,
mais aussi saluons la naissance le 2 et 3 février derniers à Valence de la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS),
qui apporte ce plus au débat, reprenant les idées d'Arnaud Montebourg, du protectionnisme solidaire et servant d'aiguillon socialiste marxiste (Lutte des classes, clivage gauche-droite) à la France Insoumise qui en a bien besoin
et enfin la proposition de Benoît Hamon du 8 février 2019, de "Votation citoyenne".

Ce qui reste à faire est qu'Olivier Faure continue la gauchisation du Parti Socialiste et que les lefolliens éclaircissent leur positionnement, soit en acceptant cela, soit en partant fonder un parti "constructif" de centre-gauche, ouvert au dialogue au centre-droite. On aura bien compris que la clarification à gauche passe par une mise de côté de la stratégie et la logique de centre-gauche qui n'est plus assez claire vis-à-vis de la réaffirmation du clivage gauche-droite que souhaite le peuple de gauche. Le PRG et les lefolliens ne sont plus majoritaires à gauche (car ceux et celles , en bonne partie, qui pouvaient soutenir cette ligne, sont partis au centre-droite chez LREM et ne reviendront pas), c'est l'abandon progressif de la stratégie populiste de la part de France Insoumise et c'est l'acceptation par l'entièreté de la gauche de la logique de Transition écologique. Les Radicaux de Gauche (RDG), ce dimanche 10 février 2019, viennent d'ailleurs d'annoncer leur participation à la "Votation citoyenne".
On voit bien que seule une Confédération de la gauche, avec les étapes de convergences de la ligne, de lancement d'Etats Généraux de la Gauche assurera le retour sur le champ de bataille de la Bataille culturelle sociale, solidaire et égalitaire en France d'abord et espérons en Europe et au-delà! 



vendredi, janvier 04, 2019

La Lorraine et les Lorrain-e-s, une Nation et un pays qui s'ignorent

Ce matin, sur Facebook, je regardais les publications et je suis tombé sur cela: https://www.facebook.com/RegionsetPeuplesSolidaires/photos/a.1697677736911921/2437247999621554/?type=3&theater ,
une publication de bonne année du Parti confédéral européen, confédération de différents partis autonomistes, Régions et Peuples Solidaires, allié aux Verts au Parlement européen.

Ma première réaction fut le contentement et une certaines satisfaction de voir ces messages en différentes langues de France, le fait que je respecte et que j'apprécie les travaux de ce parti confédéral qui agit pour une meilleure reconnaissance des langues minorisées, pour faire avancer l'idée d'autonomie. Ce qui en tant que fédéraliste pour la France (et pour l'Europe) me correspond assez.
Je précise que le fédéralisme est une manière d'aborder la décentralisation et la régionalisation que je trouve importante, car cela permettra , dans le cadre de notre culture nationale et politique française, d'avoir des vraies régions fortes dans un Etat et une République girondines et je pense que l'autonomie doit d'adresser à tous les territoires et pas spécifiquement aux territoires à particularismes régionaux ( que les autonomismes estiment être des Nations politiques), c'est en cela que je parle de fédéralisme et non pas d'autonomie.

J'avais écris un article à ce sujet en 2016 où je mettais en point de mire les points communs et les différences entre l'approche fédéraliste et l'approche autonomiste: Ma réponse à Roccu Garoby, Président de l'Alliance Libre Européenne Jeune sur « Pourquoi la France n'est ni "une" ni "indivisible" » .

Puis j'ai eu une deuxième réaction quand j'ai vu, plus précisément, le fait qu'il y avait un message de bonne année en luxembourgeois, pour mentionner la Moselle.
-La Moselle, département français de l'ancienne région Lorraine, aujourd'hui faisant partie du Grand Est, compte en effet plusieurs langues autochtones et régionales (en plus du français), au nombre de cinq: le luxembourgeois (région du Thionvillois et du Sierckois, soit en Moselle-Ouest), 
le franconien mosellan (de la région de la Nied, soit en Centre-Moselle), 
le franconien rhénan (en Sarre lorraine: région de Sarrebourg-Sarreguemines-Forbach-Bitche, soit en Moselle-Est), 
l'alsacien à Dabo et bien-sûr le  lorrain roman au sud du département.-
Celle qui m'a fait penser que la Moselle n'est pas "une région" à part ou bien encore qui n'est pas dans "l'Alsace-Moselle" mais bien en Lorraine.

Il existe en effet deux approches de la question mosellane:
-soit estimer qu'elle fait partie de la Lorraine, ce qui est la pensée majoritaire des Mosellans et des autres Lorrains (il suffit de voir les nombreuses références économiques, entrepreneuriales, associatives, culturelles, touristiques à la Lorraine en Moselle et bien-sûr à Metz, qui je le rappelle était la capitale régionale de 1982 à 2015 et demeure toujours la préfecture référence en Lorraine en ce qu'il s'agit de l'organisation régionale grand-estienne (nom quelque peu barbare, s'il en est); le drapeau lorrain flotte, non par hasard à côté du drapeau messin, français et européen sur la façade de l'Hôtel de Ville à Metz) ;

-soit estimer que le passé récent de la Moselle comme composante de l'Alsace-Lorraine comme territoire de l'Allemagne (1871-1918) avec son héritage: droit local, communauté de destin, existence d'une culture germanique et germanophone ancestrale font que la Moselle devrait aller avec l'Alsace et former une région (et pourquoi pas autonome, d'Alsace-Moselle; position du parti autonomiste "Parti des Mosellans") [A noter que quand ils utilisent le vocable germanophone, le Parti des Mosellans se sert d' "Elsass-Lothringen", qui est le nom historique de ce qui fut un territoire autonome de 1911 à 1918 : on voit là, la contradiction, avec l'usage du vocable allemand de Lorraine (Lothringen) comme s'il y avait deux Lorraines, parce que deux domaines linguistiques] .

Ma position va vers celle de l'unité de la Lorraine. Pourquoi?
Ceci pour quatre raisons :
-historiquement la Lorraine est née de la scission du premier royaume de Lotharingie, dit de Lothaire (qui a d'ailleurs donné son nom à la Lorraine, étymologiquement; royaume de 843 à 855), redivisé dès 855 (Traité de Prüm), cédant le royaume de Bourgogne (correspondant à la Vallée du Rhône et aux provinces la jouxtant) pour finir "mangée" par la Francie et la Germanie en 870 au Traité de Meersen (donc sa partie septentrionale, allant de la Suisse aux Pays-Bas actuels) et la naissance officielle de la Lorraine se fait lors du partage de la Lotharingie entre Haute et Basse-Lotharingie en 959.
La Basse-Lotharingie correspond aux Pays-Bas et à la Belgique actuelle, sans peu ou prou la province du Luxembourg belge; la Haute-Lotharingie, c'est la Lorraine mais plus grande qu'actuellement puisqu'elle se composait de la Lorraine, de la Sarre allemande, du Luxembourg indépendant, de la province belge du Luxembourg et du pays de Coblence et Trèves;

-l'argument du morcellement de la Haute-Lotharingie au fil des siècles, ne crée immédiatement ou nécessairement de nouveaux pays, cela va être le cas du Grand-Duché du Luxembourg , mais que bien plus tard, comme le démontre l'historien luxembourgeois Michel Pauly, professeur à l'Université Libre de Bruxelles (ULB) dans son ouvrage sous forme de précis, publié aux éditions de l'ULB (1ère édition en 2011, 2è édition en mai 2017) qui montre que jusqu'au Traité de Londres en 1839, que le Luxembourg aurait pu basculer du côté belge et à partir de là, ce nouvel Etat amputé de la province belge du Luxembourg (et qui n'a plus le Thionvillois, conquis par la France en 1659) a construit alors patiemment et indéfectiblement son identité.
Ceci est l'exception luxembourgeoise, car ni l'Etat de la Ville libre de Metz, ville d'Empire depuis 1180 (c'est-à-dire qui ne dépend plus juridiquement du Duc de Lorraine mais de l'Empereur directement lui-même, lui conférant une qualité d'Etat), ni l'Etat ecclésiastique des Princes-évêques de Trèves-Coblence ne vont imposer durablement leur identité, si ce n'est comme identité communale. Pour prendre l'exemple messin, nombreux des évêques de Metz, mais aussi de Verdun sont issus de la Famille Ducale de Lorraine. Metz se trouve donc économiquement, culturellement, historiquement en Lorraine et même à certains égards politiquement sous une relative influence ducale lorraine jusqu'à son annexion par la France en 1552 et quand la province française de Lorraine est formée en 1766, à la mort accidentelle du dernier duc de Lorraine, Stanislas Leszcynski, Metz, Verdun et Toul rejoignent alors la Province qui retrouve son unité.
La question du Duché de Bar (correspondant au sud-Meuse et au centre-Meurthe-et-Moselle, ainsi qu'un petit bout des Vosges, à Bleurville et Lamarche) est celle d'un duché non souverain d'apanage pour une branche cadette des Ducs de Lorraine, qui perd son autonomie en 1419.

-le fait que la situation de bilinguisme (parlers oïl/parlers germaniques) n'est pas juste un héritage ou une conséquence logique qui a amené les Prussiens à réclamer l'Alsace-Lorraine de 1871 à 1918, mais bel et bien l'héritage de l'Etat souverain bilingue de Lorraine, car ce qu'on appelait le Baillage d'Allemagne, correspondant à la partie germanophone et dialectophone du Duché souverain de Lorraine (Centre-Moselle et Est-Moselle actuels, de Boulay à Bitche) montrait que l'Etat lorrain avait intégré et accepté le bilinguisme officiel car la langue administrative pour ce Baillage était l'allemand à l'écrit et les franconiens mosellan et rhénan à l'oral.

-la Lorraine germanophone est très principalement franconienne (parlers moyens-allemands), tandis que l'Alsace est très principalement alémanique (parlers hauts-allemands), c'est une différence culturelle et régionale de taille, correspondant à la même différence qui existe en Bade alémanique et en Palatinat franconien, imagine t-on faire un Land Palatinat-Bade-Wurtemberg du fait de liens historiques qui sont réels? Non, il en va de même pour la Lorraine qui n'a pas tout à fait le même passé ni étatique, ni socio-culturel que celui de l'Alsace. Ainsi, quand on voit que le drapeau utilisé pour différencier la Moselle de l'Alsace sur la carté illustrée de Régions et Peuples Solidaires, est le drapeau du Reichsland autonome d'Alsace-Lorraine, à savoir le Rot un Wiss alsacien avec une Croix de Lorraine jaune en haut à gauche (ce qu'on appelle le canton en héraldique et en vexillologie), on voit immédiatement la contradiction. C'est avant tout le drapeau de l'Alsace et la référence à la Moselle passe par la Croix de Lorraine, symbole de la Lorraine unie, étant le symbole de Croisade du Duc de Lorraine (et reprise ensuite par la branche royale des Anjou en Hongrie, car il y a eu des mariages entre les deux familles, angevine et lorraine). La référence officielle de la "Lorraine" (c'est-à-dire la partie lorraine prise par l'Allemagne en 1871) demeure les trois merles lorrains blancs sur bande diagonale rouge allant de gauche à droite sur fond jaune dans les armoiries d'Alsace-Lorraine allemande. Le drapeau de la Moselle reste donc celui de la Lorraine et le drapeau armorié du département de Moselle (reprenant les différents fiefs historiques).

                                                                 
Cela veut donc dire que la Lorraine et les Lorrain-e-s sont une nation culturelle et historique, qui a même correspondu à un Etat de 959 à 1766 (contrairement à l'Alsace, ce qui ne l'a pas empêchée d'être dès l'origine, un pays différent), progressivement rogné et affaibli par les velléités seigneuriales ou des pouvoirs locaux (comtes de Luxembourg, ville d'Empire messine, cousins ducaux de Bar) mais surtout convoité dès 1552 par la France qui a dépecé progressivement cet Etat pour l'annexer totalement en 1766. Rappelons que la France de Louis XIII a envahi la Lorraine, de 1633 à 1641 puis sous la France de Louis XIV de 1670 à 1697. Qu'après on ait des souhaits pour elle d'autonomie ou pas, c'est un choix mais il est certain que si sortie du Grand-Est il y a, ce qui est à mon sens, préférable, cela se fera en tant que Lorraine à quatre départements.

Rappel vexillologique: 

Drapeau lorrain








Drapeau armorié de Moselle







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Drapeau (officieux) de l'Alsace-Lorraine autonome
(1911-1918)