A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


mercredi, janvier 06, 2016

Ma réponse à Roccu Garoby, Président de l'Alliance Libre Européenne Jeune sur « Pourquoi la France n'est ni "une" ni "indivisible" »

Ma réponse à Roccu Garoby, Président de l'Alliance Libre Européenne Jeune sur « Pourquoi la France n'est ni "une" ni "indivisible" »

Je suis de gauche, social-démocrate de gauche et progressiste. Je suis fédéraliste et girondin et certainement pas jacobin. Fédéraliste pour la France, fédéraliste pour l'Europe. Je ne suis pas indépendantiste pour quelque nation culturelle, historique et linguistique que ce soit mais bien fédéraliste, c'est-à-dire l'autonomie pour tous, pour toutes ces nations.
Tout d'abord, il y a bien des nations culturelles, historiques et linguistiques de langues d'oïl, contrairement aux cartes que montrent régulièrement l'Alliance Libre Européenne et non pas une nation française équivalent à une « seule nation d'oïl » et les autres groupes nationaux de langues régionales.
Ensuite je ne discute pas de l'unité de la langue d'oc, même si par ailleurs elle peut être discutée par certains linguistes ou certains groupes culturels et culturalistes, mais même si je reconnais l'unité de la langue d'oc dans sa diversité (auvergnat, limousin, marchois, guyennais, gascon, languedocien, vivarais, dauphinois d'oc, provençal, nissart), il y a bel et bien pour moi 10 nations d'oc en France (je ne compte pas les Aranais et les Occitans d'Italie), parlant la même langue mais avec des formes linguistiques différenciées au sein de la langue d'oc dont au moins une qui est associée au Pays arpitan (la nation dauphinoise d'oc). Je pose la question ouverte d'une double nation languedocienne et catalane, puisque le Languedoc d'Aragon (maritime) a longtemps été associé à la partie catalane du Royaume d'Aragon et de la Couronne d'Aragon et dont les deux langues sont très proches.


Un même constat d'assimilation culturelle et de linguicide

Les rois de France, puis l'Etat moderne français (que ce soit le Premier-Empire et le Second-Empire, la Monarchie restaurée et la Monarchie de Juillet ou bien la République, notamment la I° et la III° République) ont cherché à faire reculer les identités mais aussi les droits et libertés publiques régionales et bien-sûr les langues de France. L'Abbé Grégoire aussi vertueux fut-il dans sa volonté abolitionniste de l'esclavage, fut obtus et funeste dans sa volonté d'éradiquer les langues de France. Ainsi il déclare en 1794, devant la Convention : « Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton [breton]; l'émigration et haine de la République parlent allemand [alsacien et les trois langues mosellanes]... La Contre-révolution parle l'italien [corse] et le fanatisme parle basque. Cassons ces instruments de dommage et d'erreurs»
Les armées républicaines n'ont pas respecté les populations locales et le droit à l'intégrité physique en perpétuant des massacres de masse dans le Nord-ouest de la France, fut-il davantage contre-révolutionnaire (noyades dans la Loire dans la région nantaise, colonnes infernales en Vendée, Anjou,...) mais aussi contre les régions fédéralistes, c'est-à-dire républicaines et pro-révolutionnaires mais soutenant les Girondins opprimés et persécutés politiquement (Lyon, Marseille,...).
La III° République a humilié les jeunes écoliers non-francophones en leur forçant à parler uniquement le français à l'école et en leur donnant le Symbole (équivalent du Bonnet d'âne) et en les punissant de coups ou de punitions plus classiques et surtout en leur donnant honte de parler les langues de France et leur exhortant à les oublier. Cela a duré jusque dans les années 60.
Certains de ces mécanismes ressemblent aux mécanismes de génocide culturel pratiqué contre les Amérindiens au Canada britannique puis souverain et aux Etats-Unis. Cela a causé une énorme dépréciation de soi et de sa culture, des dépressions, de l'alcoolisme et des suicides. Ces linguicides et ces humiliations à portée culturelle (avec l'idée qu'il y avait un standard culturel et même « de civilisation ») ont touché aussi bien les pays d'oïl que les autres langues régionales de Métropole, aussi bien les langues de France Métropolitaine que les langues d'Outremers colonial (puisqu' avant 1946, tout Outremer était colonial, avant la départementalisation des futurs Outremers toujours rattachés à la France).
La question coloniale et de l'esclavagisme se rajoute évidemment à cette question de linguicide.

Un même constat de diversité toujours aujourd'hui dans la France et République Française de 2016

Il existe bel et bien des statuts différents sur la laïcité avec le Concordat d'Alsace-Moselle, des statuts d'autonomie en Polynésie Française et en Nouvelle-Calédonie, des statuts territoriaux dérogatoires particuliers avec la Collectivité Territoriale de Corse et la Collectivité Territoriale de Saint-Pierre et Miquelon, des langues régionales reconnues comme co-langues d'enseignement : le tahitien, le marquisien, le paumotu (îles Tuamotu) et la mangarévien (îles Gambier) avec le français, une reconnaissance publique de l'utilisation du droit coutumier kanak en Nouvelle-Calédonie.

Bien évidemment , il demeure depuis toujours, une richesse exceptionnelle des langues régionales, des langues de France :
-langues d'oïl (j'en compte 15 : angevin, berrichon et bourbonnais, bourguignon-morvandiau, champenois, français en tant que langue régionale du Parisis c'est-a-dire Paris et le 92, 93 et 94, franc-comtois, gallo, lorrain roman, mainiot, normand et percheron, picard, poitevin-saintongeais, solognot-gâtinais-beauceron, tourangeau, wallon) ;
-autres langues régionales de Métropole : arpitan, alsacien, basque, breton, catalan, corse, langues mosellanes (luxembourgeois, palatin et triérois) , langue d'oc dans sa diversité, parlers liguriens (royasque et mentonasque);
-langues régionales des Outremers : langues amérindiennes de Guyane (6), les créoles de Guadeloupe, Guyane, Martinique et de la Réunion, les créoles à base anglo-portugaise de Guyane (5), futunien (Wallis et Futuna), hmong en Guyane, langues kanak (28), mahorais de Mayotte, malgache de Mayotte, langues polynésiennes (4) , wallisien (Wallis et Futuna).
Cela fait en tout 79 langues régionales, ce qui est un patrimoine et une richesse culturelle hors du commun !

L'acadien n'est malheureusement plus parlé à Saint-Pierre et Miquelon, ni Belle-Ile en Mer (Bretagne)


Oui les langues de France, les langues régionales, les langues des nations culturelles, historiques et linguistiques, ces 89 nations culturelles, historiques et linguistiques (en comptant les 9 autres nations de langue d'oc, autre que la nation languedocienne + la nation acadienne à Saint-Pierre et Miquelon, ainsi qu'à Belle-Ile en Mer) ont bien atteint l'Universel, aussi bien que la Nation politique et souveraine française (les Citoyennes et Citoyens français de la République Française), aussi bien que la langue française et les autres langues du monde !!

Louis Delgrès et Toussaint Louverture , de même que Solitude (et d'autres femmes anciennes esclaves) ont magnifié les peuples de nations créolophones en s'opposant à l'esclavage à la fin du XVIII° siècle et au tout début du XIX° siècle, en pleine Révolution Française qui n'a pas daigné abolir l'esclavage avant 1794 (puis rétabli en 1802 et aboli définitivement en 1848 par Louis Schölcher). Christiane Taubira nous le raconte magnifiquement dans son livre « L'esclavage raconté à ma fille » , oui Pascal Paoli , le corse a bien accepté la Constitution pour la Corse de Jean-Jacques Rousseau, le genevois , oui des milliers de Bretons, Alsaciens et Occitans,... se sont battus pour la Liberté et donc la République à Valmy en 1792,...

Il est vrai aussi que la France a annexé plusieurs Etats ou des morceaux d'Etats, qui avaient leur propre équilibre politique et leur usage de leurs langues : le royaume de Provence en 1481, le duché de Bretagne en 1532, le royaume de Basse-Navarre (dont le Béarn) en 1589 , la République de la Décapole (en Alsace, dont Strasbourg) en 1648, la Corse (Gênes) en 1768, la Savoie et le Comté de Nice (Piémont-Sardaigne) en 1860 , Tende et Brigue (Italie) en 1947, …

Ma différence majeure d'approche

Je suis Français , mais aussi Berrichon et Breton, et bien d'autres choses encore. Je parle français, berrichon et bourbonnais, anglais, allemand, espagnol et italien, je ne parle malheureusement pas breton mais je comprends assez bien la langue d'oc et le catalan, je lis un peu l'alsacien. Je suis de mes régions, je suis de France, donc citoyen français, citoyen européen et citoyen du monde, tout à la fois et sans exclusive.
Je pense que la République ne doit pas se morceler, je pense que la Liberté et l'Egalité sont notre socle révolutionnaire et républicain, je suis en faveur du fédéralisme, de l'autonomie pour tous car je suis girondin. Je souhaite bien évidemment la reconnaissance des Langues de France, par la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, ainsi que la co-officialité dans les collectivités territoriales des langues régionales. Au niveau national, de l'Etat, le français doit demeurer la seule langue officielle. Pour moi la Nation française n'est ni ethnique, ni historique, ni culturelle, ni linguistique, elle est Souveraine, c'est le Peuple Souverain français. Elle est donc politique. (Je mets un N majuscule pour souligner le caractère politique et souverain, comme on met un E majuscule à Etat et pour signifier que ce n'est pas ethnique ou historico-culturel). Ce qui n'empêche pas, par exemple le peuple et la nation corses d'exister et d'être un peuple et une nation.
L'uti possidetis juris à savoir le droit à l'intégrité territoriale pour les Etats est tout aussi important que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes en droit international, si ce n'est un peu plus dans la pratique.
Ainsi, il me semble que le chemin pour les nations minoritaires en Europe à suivre, c'est celui de la nation suédoise des îles Aland appartenant à la République de Finlande (Statut d'autonomie de 1920), celui de l'autonomie mais aussi du fédéralisme.
Je suis en outre pour un fédéralisme européen.

Comment je vois le fédéralisme français et européen
(ce qui me permet de parler d'une vision plus harmonieuse pour moi pour une vraie Réforme territoriale et non ce qui a été fait avec les restrictions budgétaires depuis les lois Raffarin de 2003, la Loi Territoriale Sarkozy de 2010 et la loi NOTRe du gouvernement Valls, votée en juillet 2015 et évidemment cela suppose qu'on ait pu faire les évolutions constitutionnelles permettant cela)

-Les communes gardent leurs compétences mais certaines (voire un certain nombre) vont fusionner
-Les communautés de communes, d'agglomération, urbaines et les Métropoles (hormis l'exception de la Métropole de Lyon à la fois «communauté urbaine et département ») sont élargies territorialement aux Pays d'aménagement (il faudra voir les modalités techniques) et prennent en plus de leurs compétences actuelles les offices HLM, la prévention de la délinquance, mais aussi pour les cinq collectivités ci-dessous, la compétence des langues régionales conjointement avec la Région.

La Collectivité Territoriale basque rassemble le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule.
La Collectivité Territoriale savoyarde rassemble les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie.
La Collectivité Territoriale de Catalogne-nord correspond au département des Pyrénées-Orientales.
La Collectivité Territoriale nissarde correspond au département des Alpes-Maritimes.
La Collectivité Territoriale flamande correspond à l'arrondissement de Dunkerque (département du Nord).

LES DEPARTEMENTS SONT SUPPRIMES mais les Services Départementaux Incendie Secours (SDIS) sont maintenus en l'état.

-Les régions ne gardent pas les tracés votés lors de la loi de novembre 2014 mais deviennent des entités fédérées , prennent en charge les compétences actuelles des départements (hormis les offices HLM, la prévention de la délinquance et les SDIS), gardent en outre leurs compétences actuelles et obtiennent en outre comme compétences fédérées les compétences actuelles du Ministère de l'Economie, l'autorité sur Pôle Emploi (qui devient des Pôles Emplois régionaux), l'autorité sur tous les types de ports y compris ceux d'intérêt national, la compétence des langues régionales et la possibilité de pouvoir lever un impôt régional propre, calculé par elles

Il faut noter que les différentes collectivités territoriales ont le droit de faire d'une ou de plusieurs langues régionales des langues co-officielles à leur niveau de compétence, sans que toutefois cela donne obligation aux fonctionnaires territoriaux de devoir parler (et ou d'apprendre) telle ou telle langue régionale ou de devoir répondre obligatoirement en langue régionale quand on s'adresse à eux en langue régionale , car on a le droit de muter d'une région à une autre, sans discrimination concernant la non-connaissance d'une ou plusieurs langues régionales.

Il y a un enseignement obligatoire de langue régionale d'au moins 3h/semaine en école primaire pour les régions non concernées actuellement par l'enseignement 50/50, sans empêcher ceux qui le veulent d'aller dans les écoles publiques bilingues à parité horaire ou des écoles d'immersion (Diwan,...) reconnues publiques, gratuites, laïques et financées par les Régions. On peut suivre en option, en collège-lycée bilingue 50/50 ou en enseignement immersif, les langues régionales dans le secondaire. Ces lieux d'apprentissage bilingues 50/50 et d'immersion linguistique, de même que l'option LVR (Langue Vivante Régionale) en école classique, doivent être davantage développés et mailler le territoire.

Saint-Pierre et Miquelon reconnait et promeut l'acadien comme co-langue officielle régionale.

Les 19 régions métropolitaines fédérées (Source du fond de carte: Daniel Dalet)
[Les régions fédérées des Outremers ne sont pas représentées: Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, Saint-Pierre et Miquelon]


-L'Etat garde la plupart de ses compétences sauf celle du Ministère de l'Economie mais prend la coordination des politiques économiques régionales, vérifie l'harmonisation et la péréquation pour les impôts régionaux (afin d'assurer l'égalité sur tout le Territoire)


-L'Union Européenne conserve ses compétences actuelles.


-On crée un niveau fédéral au sein de l'Union Européenne, à savoir la Fédération Européenne, qui est formé de 8 Etats (les 6 Etats fondateurs de la CEE : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas + l'Espagne et le Portugal ; cette Fédération européenne a vocation à s'étendre dans le futur, sur l'Union Européenne). La Fédération Européenne obtient les compétences suivantes : coordination des politiques économiques, coordination des politiques diplomatiques, environnement.

La Fédération Européenne a signé en outre le Traité de l'Europe sociale qui vise à l'harmonisation des lois et conditions sociales sur le mieux-disant (et jamais sur des conditions moins favorables)
et les postes politiques suivants : -le (/a) Premier(e)-Ministre européen(ne), dirigeant de la Fédération européenne préside le Gouvernement Européen formé d'un(e) Ministre européen(ne) de l'Economie et des Finances, d'un(e) Ministre européen(ne) des Affaires Etrangères et d'un(e) Ministre européen(ne) de l'Environnement. Le Gouvernement Européen travaille en concertation avec les gouvernements de la Fédération Européenne, le Premier-Ministre est issu de l'élection de l'Assemblée de la Fédération Européenne , au scrutin de listes européennes proportionnelles mixte le même jour dans les 8 pays pour un mandat de 5 ans, le (/a) Premier(e)-Ministre est responsable, de même que le Gouvernement Européen devant l'Assemblée de la Fédération européenne. On ne peut être élu (e) qu'une seule fois (mandat unique dans le temps et sans cumul) à l'Assemblée de la Fédération Européenne, de même comme Premier(e)-Ministre ou Ministres de la Fédération Européenne. Le siège du Gouvernement européen et l'Assemblée de la Fédération Européenne est à Turin, en Italie.

 La Fédération Européenne au sein de l'Union Européenne (Source du fond de carte: Daniel Dalet)
En bleu foncé: les 8 Etats membres de la Fédération Européenne et aussi membres de l'UE, en bleu clair les autres membres de l'UE, en jaune doré: le siège de la Fédération Européenne à  Turin (Italie)

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