Il y a plus de sept ans, à la fin novembre 2008 ... l'organisation dans laquelle j'avais porté un espoir se déchirait.
A l'époque, j'avais signé la contribution de Reconquêtes puis la motion Un Monde d'Avance, portée par le jeune Benoît Hamon, ancien dirigeant, sous Balladur, du MJS. Le Parti avait été défait, mais dans l'honneur, Ségolène avait été sa candidate, mal comprise.
https://www.youtube.com/watch?v=BDLbrqSl4o8
(Magnifique discours de Ségolène Royal, le soir du second tour des présidentielles, mai 2007)
Moi-même, à l'époque, sa stratégie de jouer l'opinion contre le parti me dérangeait. Certains de Désirs d'avenir (pas tout le monde) pouvaient avoir un style de groupies de Ségolène, et ce n'était pas (ce n'est pas) ma conception de la politique, mais c'est vrai qu'elle avait (qu'elle a) du charisme. Sa défaite m'avait déçue. Mais son sourire, face à Strauss-Kahn qui n'en pouvait plus de la voir radieuse, m'a consolé. Plus que la défaite en rase campagne de Lionel, cinq auparavant. Lui qui avait fait les 35 heures, la CMU, l'APA, le PACS, avait travaillé sur le thème du logement, ... il avait réalisé de grandes choses. Pas assez pour les électeurs, manifestement, mais probablement avait-il sous-estimé la fracture sociale et territoriale, la précarité qui ne reculait pas et avait produit une campagne désastreuse...
même que François Hollande, son conseiller et premier-secrétaire du PS depuis 1997, s'était fâché tout rouge, engueulant Lionel "parce qu'il ne fendait pas l'armure"...
Donc après avoir pu avoir l'opportunité d'aller à Reims même, de retour dans la région où j'ai débuté mon militantisme au MJS (l'Aisne), je vis le soir du second tour, le ciel prendre des tournures noires... veillant devant la télévision pour avoir les résultats du premier tour, téléphonant à des camarades pour avoir leur ressenti... pour constater que le vote était contesté, car on parlait de tricheries...
Je n'avais pas voté, car Martine Aubry, malgré toute l'admiration que j'avais pour elle, ne me disait rien
comme candidate et j'ai déjà expliqué la réserve que j'avais pour Ségolène Royal. Comme si je pressentais l'orage en préparation.
https://www.youtube.com/watch?v=pmfkYogf0Ns
(Aurélie Filipetti, soutien de Ségolène Royal, contestant la victoire de Martine Aubry au 12/13 de France 3, novembre 2008)
Cela faisait 6 ans que je militais au PS, j'ai eu envie de faire une longue pause de militantisme au PS. Je me suis investi dans le militantisme au MJS. D'abord membre de TAG (la majorité tendance socialiste démocratique), je me suis rapproché des hollandais d'ERASME, pour militer. J'ai redécouvert, celui qui avait été mon premier-secrétaire, comme blanchi par l'épreuve, ayant compris, là où il avait commis des erreurs (c'est toujours ce qu'on se dit quand on commence à soutenir quelqu'un en politique). Il a travaillé beaucoup sur la question de la fiscalité. Comme un echo de ce que disait Piketty. Je me rappelle même être allé le voir en 2010, depuis Lyon, à Limoges, traversant le Massif Central et sa Haute-Corrèze d'adoption pour une conférence de presse pour le quotidien local Le Populaire.
François Hollande était encore en retard... (son habitude). On l'a attendu deux heures, 2 ou 3 élus locaux le soutenant étaient là. J'ai discuté avec les journalistes, étonnés de voir un jeune militant venu de si loin pour écouter un ancien premier-secrétaire atteignant à peine 3% d'intentions de vote!!
Un exposé brillant, comme bien souvent avec François Hollande.
J'étais redevenu actif au PS après la veste cinglante de Martine Aubry aux européennes en mai 2009, un an et demi après la "nécessaire pause d'après Reims".
J'ai milité dans son groupe de soutien "Répondre à Gauche", j'ai pris souvent le train pour aller le voir en meeting et puis un jour de mars 2011, le 31 mars 2011, François Hollande a déclaré, enfin sa candidature (ce qui était une évidence) à la primaire socialiste pour la présidentielle
https://www.youtube.com/watch?v=rGaILXeMR6c
(Discours de candidature de François Hollande à la primaire socialiste, 31 mars 2011)
Je me souviens des camarades du MJS, de la majorité qui me charriaient, à la Convention ouverte du MJS (les Conseils nationaux étaient ouverts aux militants sous Laurianne Deniaud), présidée par Laurianne, dirigeante d'alors du MJS : "heureusement qu'il ne s'est pas présenté un 1er avril!" mais c'était bon enfant, on s'entendait bien et quand finalement en octobre 2011, François Hollande a gagné les primaires, j'avais la conviction que sa ligne, pas si éloignée que cela que celle d'Aubry, portant une social-démocratie de type scandinave mais adaptée à la France pouvait être la solution.
J'étais là ce dimanche de janvier au Bourget en janvier 2012, mon coeur a battu fort sous les paroles enflammées du tribun socialiste, portant l'alternative (c'est ce que je croyais), avec le célèbre "Mon véritable adversaire, il n'a pas de nom, [...] il ne se présentera jamais sa candidature... mon adversaire c'est le monde de la finance!"
https://www.youtube.com/watch?v=bb9cKK9kn0A
(Extrait du discours du Bourget, 23 janvier 2012)
Après la victoire claire de François Hollande face à Nicolas Sarkozy, nous avons célébré avec les camarades en liesse, le retour de la gauche, après 10 ans d'absence. C'était sûr, on allait voir ce qu'on allait voir, même si certains camarades étaient dubitatifs: "oh non, il ne va pas mettre Ayrault, premier-ministre??!" . La crise depuis 2008, ne passait pas et 2012, ainsi que 2013 furent des années difficiles pour l'économie française. Le gouvernement fraichement nommé commençait à faire couac sur couac.
Ayrault ne semblait pas annoncer le plan d'investissement de 20 milliards que j'attendais, que beaucoup d'entre nous attendaient, pour faire pendant au "redressement budgétaire" . Et toujours pas de réforme fiscale... on l'a attendue celle-là...
Entre temps, François Hollande n'avait pas renégocié le Traité de Stabilité Européen (le fameux "Merkozy") , n'a pas fait la grande réforme fiscale, arrivait l' insupportable affaire Cahuzac, la désastreuse affaire Léonarda et le jeu de méli-mélo de François Hollande entre Ayrault et Montebourg sur le sort d'Arcelor à Florange... que des réjouissances...
Jean-Marc Ayrault, dans un reportage diffusé en 2015 a expliqué comment François Hollande n'a pas été clair et aurait du ordonner à Arnaud Montebourg de ne pas faire cavalier seul, sans avoir l'aval de Jean-Marc Ayrault, son premier-ministre.
2013, c'est la première grande avancée du quinquennat de François Hollande, le Mariage pour tous, superbement défendu par la brillante et attachante Christiane Taubira (une de mes chouchous envers et contre tout !! ^^) et aussi Erwann Binet contre les très conservateurs de la Manif pour tous!!!
(mais pas d'avancées sur la PMA, la FIV pour les femmes homosexuelles,alors que c'était un engagement de François Hollande)
https://www.youtube.com/watch?v=N56EKzis1DM
(Discours final de Christiane Taubira, après le vote de la loi du Mariage pour tous, avril 2013)
31 décembre 2013, comme la courbe du chômage "ne s'infléchit" toujours pas, François Hollande propose son "Pacte de Responsabilité", je reste dubitatif, mais je me dis "pourquoi pas, si c'est équilibré et qu'il y a des contreparties" . Après la défaite claire et nette aux départementales, Manuel Valls devient Premier-Ministre et ...Emmanuel Macron, ministre de l'Economie... un libéral aux affaires... chic! [ironique]
https://www.youtube.com/watch?v=qrvKeGs6neI
(Emmanuel Macron parlant des "rigidités" du monde du travail en octobre 2014)
Tout ce qu'il faut pour un gouvernement socialiste, même social-démocrate... enfin comme le CICE (aides aux entreprises) de 40 milliards est sans contreparties aucunes, on est en train de faire face à un gouvernement social-libéral, inspiré par le centre-droit et non par la Suède social-démocrate.
Martine Aubry, Anne Hidalgo, Valérie Rabault, Yann Galut,... protestent, disent qu'il faut au moins des contreparties. Et toujours près de 170.000 chômeurs de plus en 2014-2015... au total, on est à plus de 500.000 chômeurs de plus depuis mai 2012 ... on est loin des 400.000 emplois directs crées par les 35 h + les 600.000 indirects ...
si François Hollande avait écouté Thomas Piketty et Pierre Larrouturou qui propose avec Michel Rocard les 32h (que Rocard proposait du temps du PSU) , dès le début, peut-être l'amélioration aurait été plus visible, plus vivace, plus durable? 2014, autre défaite cinglante aux européennes, menée par Martin Schulz en qui je voyais un centre du SPD, mais qui pendant la Crise grecque de juillet 2015 s'est révélé tout autant ordolibéral que le CDU Wolfgang Schäuble... tu parles!
N'oublions pas la "réforme n'importe quoi" territoriale NOTRE, qui ne fait pas avancer l'autonomie des régions qui n'ont aucun budget propre et n'obtiennent pas l'emploi comme prérogatives, sans compter le découpage ubuesque qui ne consacre pas la Bretagne à 5 départements, Poitou-Charentes avec la Vendée et qui dilue l'Alsace dans le Grand-Est. Et la Charte des langues, qui n'intéresse plus tellement François Hollande (pourtant l'Engagement 56).
J'essaye quelques mois le militantisme à Nouvelle Donne courant 2014, mais cela ne me dit rien. Je me réamarre au PS en 2015 pour faire avancer la motion de la Fabrique portée par Karine Berger, Valérie Rabault, Yann Galut et Alexis Bachelay, au Congrès de Poitiers. Le score est honorable, 10%, mais le désormais premier-secrétaire Jean-Christophe Cambadélis (ah oui, j'allais oublier le congrès de Toulouse en 2012, un non-congrès avec le premier-secrétaire Harlem Désir!) n'écoute pas les recommandations de la Fabrique du PS (CICE ciblé, contreparties, réforme fiscale, transparence financière, ...) et encore moins le gouvernement de Manuel Valls.
2015: c'est le bouquet ...,
la loi Macron adopté de force avec le 49-3 pour que Manu montre ses muscles au groupe socialiste,
la non franchise de Marisol Touraine sur le don du sang pour les homosexuels (à qui on demande pour les homosexuels masculins une abstinence de 12 mois...)
et la goutte d'eau qui fait déborder le vase, l'acceptation de la déchéance de nationalité pour les binationaux issus du droit du sol le 24 décembre, c'est pour moi le déni du droit du sol et de la position contre cela, prise en 2010 face à Sarkozy... tout ça face à seulement le bon résultat de la COP 21, c'est trop peu.
Donc depuis plus de sept ans, quelles leçons n'avons-nous pas retenue? (et même depuis 2002?):
-Que le socialisme scientifique est toujours à construire et à renouveler, si on veut que le socialisme fonctionne comme changement de la société, il faut penser la mondialisation, l'Europe, l'internationalisme, contrer la dérégulation et pas juste des mots...
-Que la V° République est malade du centralisme et de la verticalité, de la non-exemplarité, du "ne faîtes pas ce que je dis" et que nous socialistes, globalement n'en tirons pas la leçon...
-Qui'il y ait la cohérence face à des principes, mais aussi face à une réalité économique, sociale, sociologique du terrain est à prendre en compte: PME, précarité, sentiment de déclassement, fracture sociale et territoriale
Depuis 20 ans et plus, le PS n'a pas réfléchi à tout cela, on s'est laissé porter en croyant que l'élection suffit ou que le modèle industriel du XX° n'aurait besoin que de quelques rustines, au lieu de s'engager pleinement dans la social-écologie (même si la loi Royal de Transition écologique est un bon début, il faut le dire). Alors continuer au PS avec tout ça... non "partir quand même" comme disait Françoise Hardy.
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