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samedi, décembre 08, 2018

Contribution du Parti Socialiste à l'Inventaire du Quinquennat de François Hollande (2012-2017) : "Un Quinquennat 2012-2017 gâché"


Voici la contribution du Parti Socialiste de la Loire au sujet de l'Inventaire du Quinquennat de François Hollande (2012-2017), dans le cadre du débat national du Parti Socialiste de novembre-décembre 2018, dans la suite des travaux de la Fondation Jean Jaurès, proche du Parti Socialiste, qui depuis juin de cette année, a travaillé sur ce thème (a auditionné François Hollande, lui-même) et a sorti un ouvrage d'analyses par un collectif dirigé par Gilles Finchelstein ( "Retour sur un Quinquennat anormal" ), directeur de la Fondation et que l'on peut commander en ligne: https://jean-jaures.org/nos-productions/inventaire-2012-2017-retour-sur-un-quinquennat-anormal
  
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Un Quinquennat 2012-2017 gâché

Contribution de la Fédération du Parti Socialiste de la Loire (Inventaire du quinquennat de François Hollande au Parti Socialiste, novembre-décembre 2018)


Propos introductif : Du quinquennat passé et du Parti Socialiste actuel

Le quinquennat de François Hollande (2012-2017) et les trois gouvernements, Jean-Marc Ayrault (mai 2012-mars 2014), Manuel Valls (mars 2014-décembre 2016) ont été, et c’est reconnu à l’unanimité générale, des chemins de croix. Le dernier primo-ministère, celui de Bernard Cazeneuve (décembre 2016-mai 2017), avec un leadership certain et des enjeux de gestion des affaires de l'Etat et de la sécurité publique, dans une France en état d'urgence a été plutôt correct.

Alors que la gauche rassemblée, autour des socialistes, radicaux de gauche, écologistes et avec une observation bienveillante des communistes et autres élus du Front de Gauche, avait tout pour pouvoir réussir, en termes de manettes : l'Assemblée, le Sénat, la quasi-totalité des régions, deux tiers des départements, la majorité des grandes villes étaient gérés par des exécutifs de gauche. Ces majorités de gauche plurielle n’ont pas trouvé de déclinaison dans la composition du gouvernement. Avoir réduit sa composition aux membres du PS, EELV et quelques personnalités était sans doute la première erreur de François Hollande.

Toutefois, il faut bien l'avouer la question du leadership de François Hollande mais aussi de Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls et il faut l'ajouter, car il a en bonne partie piloté la politique économique voulue par l'Elysée, le conseiller Emmanuel Macron devenu ministre de l'Economie en août 2014 fait partie des raisons de l'échec du quinquennat. Les règles de la V° République, véritable monarchie républicaine contribue à renforcer cette faiblesse de nos dirigeants politique par la concentration des pouvoirs alors qu’un plus juste équilibre pourrait partager les bons… et les moins bons résultats économiques et sociaux.

Le texte de la Fondation Jean Jaurès insiste davantage sur la forme, mais il s'agit bien également de juger le fond du Quinquennat. Comme le disait Victor Hugo « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface ». Il serait injuste de ne pas aborder le rôle qu'a eu le Parti Socialiste durant cet exercice du pouvoir.
Force est de constater que le Parti Socialiste au national n'a pas joué le rôle qu'il aurait dû avoir comme force de gauche, c'est-à-dire, le camp politique qui sait être critique vis-à-vis de sa propre pratique, sait normalement se remettre en cause car , contrairement à la droite , l'exercice du pouvoir n'est perçu à gauche comme devant être hiératique. Incapable de peser dans les choix présidentielles et les décisions gouvernementales, nous gardons en mémoire la résolution du Bureau national au lendemain du congrès de Poitiers, qui réclamait plus de justice sociale a reçu une fin de non-recevoir du pouvoir central. A la place, et nous y reviendrons, le quinquennat s’est terminé par la déchéance de nationalité et la loi El-Khomri. Que dire également de toutes ces vœux, résolutions, motions émanant des sections et des fédérations et qui n’ont jamais trouvé réponse ? Lorsque l’on méprise à ce point ces militants, il ne faut pas s’étonner des départs massifs et de la méfiance dans ses propres rangs.

Le PS n'a pas tiré la leçon des années Mitterrand est n'a pas su et pas voulu (de même que François Hollande) agir dans un contrat concerté de cogestion entre l'Assemblée Nationale et l'exécutif, comme sous Lionel Jospin (1997-2002).

I)Des points positifs, trop rares, même s’ils sont à saluer

Les points qui nous permettent de garder notre fierté de socialistes partisans, nous les enfants et héritiers de Jean Jaurès, existent. Ils sont au nombre de six. Il s'agit en premier lieu du :
- Mariage pour tous, certainement la plus grande réussite de ce quinquennat et c'est ce à quoi on pense en premier. Cette promesse longtemps tenue, parfois vue comme une « patate chaude » par certain-e-s au Parti Socialiste a été tenue. Enfin, cela a marqué l'égalité et le sentiment de honte ou de ne pas suffisamment oser s'affirmer pour une partie des personnes LGBT+ a été balayé, par l'incroyable travail de nos députés dont le rapporteur Erwann Binet et bien-sûr l'incomparable aura charismatique de Christiane Taubira (qui a fait par ailleurs un gros travail concernant la Justice). Il est dommage cependant que le débat ait duré si longtemps, cela a malheureusement permis à la « Manif pour tous » de s'organiser et cette grande avancée devait aussi comprendre, promesse que nous n'avons pas tenue, la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour tous, y compris les couples de femmes lesbiennes.

-En deuxième lieu, la globalité de la Réforme Peillon sur l’école a assuré enfin des moyens, à nouveau à cette institution fondatrice du lien républicain, national et éponge (trop frêle, vu l’état de l’école depuis une quinzaine d’années) des inégalités. Cela a été l'occasion de pouvoir redonner des postes de professeurs, surveillants, CPE, infirmières scolaires à l'Education Nationale pour le bien des élèves ; de même que l'injustice faite par le ministre Darcos et l'ancien Président Sarkozy de supprimer la Formation des Maîtres et l'IUFM a été levée avec la création des ESPE (Ecole Supérieure du Professorat et de l'Education). Cela aurait été étrange, que le professorat soit le seul métier qui ne mérite pas de formation !

-La 3e mesure d'importance est bien-sûr la COP 21, qui a lieu en décembre 2015, mise en ordre essentielle pour la « Bataille pour l’Organisation de la Planète » chère à Michel Rocard, un précurseur en la matière ; COP 21 qui se couple à la Loi de Transition énergétique, effort français plus que nécessaire pour l’écologie (même s’il demeure à être mis en œuvre aujourd’hui, tâche ardue avec un Gouvernement qui n’a cure de l’écologie) et il ne pouvait en être autrement , en ce qui concerne le pays organisateur de l’événement international, correspondant à un véritable 3e Sommet de la Terre (après Rio 1992 et Kyoto 1997).

-La 4e mesure réside dans le Tiers-Payant généralisé, mesure de la ministre Marisol Touraine, en 2015.

-Les 5e et 6e mesures sont similaires, puisqu'il s'agit de la création de deux socio-professionnels : le Compte de pénibilité, qui se trouve être la contre-partie à l'effort demandé lors de la Réforme Ayrault des retraites en 2013 et par la création du Compte Personnel d'Activité négocié en 2014 avec les Conférences sociales organisées à l'initiative de François Hollande, dans sa volonté de renouveler le dialogue social.

II) Beaucoup trop de points négatifs: là où commence le gâchis et la très grande déception qu'a été ce quinquennat

a)Quelques aspects sous-estimés au sujet de l’Education

De manière générale, le ministère Peillon a été un bon exercice. Toutefois, une pierre d’achoppement a terni son bilan, et qui va suivre le bilan PS comme un boulet, ce sont la gestion des moyens pour les heures de péri-scolaire.
Il fallait indubitablement densifier à nouveau les heures de cours, le mercredi matin et réorganiser (de nombreux travaux de chronobiologistes ont abondé les études des partis de gauche de 2007 à 2012) l’emploi du temps des élèves de la primaire, dont on bouscule le rythme, ce qui est un facteur comme un autre, des dés-apprentissages et des inégalités socio-éco-culturelles.
A partir de là, même si le budget devait « ne pas exploser », au nom de quoi, une commande du Ministère, en ce qui concerne l’organisation de l’encadrement des mairies dans les écoles primaires (ce qui est à leur charge) devait peser sur les budgets des collectivités municipales ?
On peut se le demander et je dis que c’était à l’État de financer entièrement ces heures péri-scolaires. Sûrement que le Gouvernement Macron-Philippe aurait démonté ce dispositif, mais il n’y aurait pas eu le pêché originel de l’État qui se défausse sur les mairies.
On peut aussi parler de la réforme du collège fait à la va-vite par Najat Vallaud-Belkacem, qui a voulu réduire le nombre horaires de cours, alors que cela comprenait des heures d’AP (Aide Personnalisée), n’a pas su dissimuler l’objectif d’économie de postes. Une vraie réforme des collèges aurait respecté le délai de 2 ans, le temps que les élèves finissent leur cycle et ne soient pas « entre deux programmes », aurait donné du temps, des heures et des postes supplémentaires pour abonder des heures de modules dédoublées, pour mieux travailler et aurait revalorisé le taux horaire en langues , qui est ridicule (2h/semaine) au regard de l’ambition européenne/internationale du bilinguisme/multilinguisme, au lieu de pointer du doigt des matières qui comptent (comme toutes) puisque ce sont comme les autres, des points de Culture : l’allemand-bilangue et le latin-grec. Comment la gauche, fille de Garcia Lorca qui amenait le théâtre et l’art dans le moindre village andalou peut déclarer « inégalitaire » la Culture et les langues ?? L’Ecole c’est l’ambition élitaire pour tous (le Savoir qui n’est pas l’apanage des élites mais le moyen de l’égalité scolaire).


De manière générale, probablement que l'école sous François Hollande et les différents ministres (Peillon, Hamon, Vallaud-Belkacem) a manqué de nouvelles perspectives lui donnant un souffle nouveau. François Hollande a agi en faveur de l'Education Nationale certes, mais comme sous tous les gouvernements, de droite comme de gauche, certains sujets n'ont pas été abordés. Aucune réforme, ni même la moindre réflexion concernant les méthodes d'enseignements et la place de l'enfant, de l'adolescent et du futur adulte au sein de l'école.

Si le monde bouge, se transforme, évolue, l'Education Nationale reste une institution figée. On enseigne aujourd'hui comme on enseignait il y a cinquante ans. Pourtant, certaines méthodes font évoluées l'éducation en faveur de l'élève, comme la méthode Montessori, certes pratiquée quasi uniquement en école privée.
L'Education Nationale de demain devra revoir l'approche de l'enseignement dans la transmission des savoirs. Moins de théorie, plus de pratique. Il faut en finir avec les journées de cours à rallonge où les enseignants déversent leur savoir. L'élève ne doit plus être le spectateur des cours mais l'acteur, il doit participer davantage à travers des mises en situation et des cas pratiques.
La transition numérique doit aussi se faire à l'école, elle a commencé certes, mais trop lentement et dans trop peu d’établissements. Le numérique à l’école peut permettre d'abord à tous les élèves d'avoir accès aux outils numériques, mais aussi de les préparer à la réalité professionnelle où le numérique est omniprésent.
Le dessein de cette nouvelle organisation au sein de l'enseignement est très clair. Apprendre aux jeunes à ne plus être les spectateurs mais les acteurs de leur apprentissage et in fine de leur vie. Il est dommage qu’aucune réforme de l’Education Nationale lors du quinquennat Hollande n’y ai fait référence. 

b) La déchéance de nationalité, ce moment où la cheville de la porte a craqué…
Cette annonce faite en novembre 2015, dans le Discours au Congrès réuni après les Attentats de novembre 2015, inspirée par Manuel Valls en bonne partie, non refusée par l'influent ministre Macron a littéralement brisé l’idée d’égalité de traitement de tous les citoyens devant la Loi : on aurait traité différemment un terroriste uniquement de nationalité française et un terroriste de double-nationalité n’est pas tenable une seconde face à l’adage kantien , « Agis seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle », soit c’est pareil pour tout le monde, soit on n’énonce pas un principe partiel et partial. Certes, on ne peut occulter la difficile période des attentats : celui contre la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 et ceux conjoints du 13 novembre 2015 touchant le Bataclan, le Stade de France et des personnes qui dînaient ou prenaient un verre dans les rues du 10 et 11èmes arrondissements. Ce n'était pas un contexte facile, on pouvait facilement perdre pied. Cependant, cette proposition vient en outre de l’extrême-droite et François Hollande a oublié que l’Indignité nationale existe : Pétain en a subi les foudres justes et il n'a pas voulu écouter Christiane Taubira, ministre de la Justice qui en a tiré les conséquences en démissionnant le 27 janvier 2016 Tout cela pour finir par un blocage au Sénat, (passé à droite en 2014), en mars 2016.

c)La réforme territoriale
Si certaines fusions liées à la Loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale et Régionale) de 2014, appliquée en 2015 ont fonctionné et qu'il y a eu quelques clarifications nécessaires au sujet des compétences, on peut que rester pantois devant l'inefficacité de cette réforme qui avait pour argument, de réduire les coûts liés au fonctionnement des collectivités régionales : ce n'est pas le cas et devant la méthode employée, celle du choix de d'abord redécouper, sans aborder la question des échelons, des compétences majeures, des budgets des collectivités bien trop maigres (alors que l'ambition était de faire des « grandes régions européennes »). La nouvelle Région Grand-Est ne dispose que d'un un budget de 1,17 milliard par an, quand la Flandre belge pour une population équivalente et un territoire représentant la moitié du Grand Est dispose, elle d'un budget de près de 20 milliards d'euros par an ! Certes, ce ne sont pas les mêmes niveaux de dévolution : en Belgique, c'est un cadre fédéral, ce n'est pas le cas en France, mais enfin tout de même, le différentiel est bien trop grand et cela pointe les problèmes énormes de financement des collectivités territoriales en France, qui assurent, rappelons-le, près de 75% des investissements publics. Tout cela, sans parler des régions à la taille de mastodonte et n'ayant pas de cohérence, notamment le Grand-Est, la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie.

Les fusions à marche forcée vers de plus grandes intercommunalités à éloigner le citoyen des prises de décisions politique alors que la nature même de la gauche est d’approfondir le souveraineté populaire et la proximité. A l’inverse, les pouvoirs se concentrent entre les mains de quelques-uns plutôt que d’être partagé. La commune, cellule de base de notre démocratie, se retrouve réduite à une gestion de la pénurie. Rien a été fait pour l’enrayer, pire le gouvernement l’a amplifié par la baisse des dotations. Ce sont pourtant dans les collectivités locales gérées par des majorités de gauche plurielle que des idées novatrices avaient pu émergées (démocratie participative, citoyen acteur de sa cité, logement, transport, éducation etc…)

d)La question économique et sociale, pourtant l'essence même de la politique et du corpus idéologique socialiste , objet du reniement de François Hollande
Plusieurs points pourraient être évoqués, en passant par la Loi sur les Banques incomplète n'aboutissant pas une vraie séparation des banques de dépôt et des banques d'affaire, à la non remise en cause de la suppression injuste par Nicolas Sarkozy de la demi-part des veuves (dont un certain nombre n'ont que de petits et moyens revenus et nous le savons qui pour une majorité d'entre-elles n'ont pas pu faire toutes leurs années de cotisation ; cela est lié à l'aspect précaire du travail des femmes, les moindres salaires et la double charge indue aux femmes à qui la Société traditionnelle confiait la tâche de s'occuper des enfants), du refus conjoint de Pierre Moscovici, Michel Sapin et Emmanuel Macron, de ne pas vouloir aborder un débat et une loi sur la Taxation des Transactions financières et bien évidemment la grande réforme fiscale égalitaire fusionnant la CSG et l'Impôt sur le Revenu, mesure phare du candidat Hollande...
On va se concentrer sur deux mesures économiques qui au minimum n'ont pas porté leurs fruits voire, pour une des deux qui a été néfaste. A cela, l'analyse-inventaire doit aussi évoquer le leadership économique, politique et idéologique du Président Hollande.
Ces deux mesures sont le CICE (Crédit d'Impôt pour la Compétitivité et l'Emploi) lancé en 2012. Cette mesure pouvait sembler nécessaire et juste : beaucoup d'entreprises dont une majorité sont des PME, avaient souffert de la Crise, qui demeurait d'ailleurs à un haut niveau en 2012 et 2013 et avaient vu fondre comme neige au soleil, leur trésorerie (essentielle pour le fond de roulement et pour redémarrer l'activité après une crise). Pierre-Alain Muet député du Rhône, Valérie Rabault, députée du Tarn-et-Garonne avaient d'ailleurs proposé un cadre pour ce CICE, à savoir de flécher les aides, de les concentrer sur les PME et les entreprises spécialisées dans l'export et de demander en échange des contreparties en termes d'investissements (machines nouvelles, hausses de salaires, formations) et de créations d'emplois.

Tout cela aurait pu fonctionner ou à peu près fonctionner si François Hollande avait écouté ces deux députés, éminents spécialistes de la fiscalité et de sa relation à l'économie, sauf que François Hollande , aiguillé et conseillé par Emmanuel Macron , alors Conseiller à l'Economie à l'Elysée, mais aussi parce que l'atavisme de François Hollande, qui a toujours été partagé du point de vue de son corpus idéologique en matière de politique économique entre la méthode Jospin qui est celle de toujours mettre en avant un aspect social dans sa politique économique et la méthode Delors, finalement centriste et fonctionnant avec le logiciel libéral.
En conséquence, le CICE a été un échec, il n'a pas su faire vraiment redémarrer la machine, même s'il faut le souligner, cela a permis de sauvegarder (et créer pour une petite part) 280.000 emplois, mais ayant reçu en subsides publics, près de 10 fois plus en moyenne qu'un contrat aidé. On peut donner l'exemple notoire de Carrefour qui sur l'exercice 2013-2018 a reçu en totalité, la somme de 144 milliards d’euros, tout cela pour le donner aux actionnaires et supprimer 2400 emplois et de nombreux magasins de proximité.

La deuxième mesure néfaste et qui nous a coupé de notre base électorale de gauche, qui croit que la gauche c'est un tant soit peu un projet d'égalité et de transformation de la société, y compris dans sa composante économique, à savoir la Loi Travail, au printemps 2016. Cette mesure voulue par François Hollande, Manuel Valls (qui avait, rappelons-le voulu que l'on supprime les 35 heures en 2010 dans une polémique face à la Première Secrétaire de l'époque, Martine Aubry) et Emmanuel Macron, donc le « Triumvirat » de l'Exécutif, sort des valeurs et des limites du socialisme et de la social-démocratie.
Rappelons que la social-démocratie, c'est la recherche du compromis c’est-à-dire la réalisation de « lois sociales toujours plus mélioratives » en faveur des travailleurs face au patronat. Remarque complémentaire, qui forme le 3e élément de la critique socio-économique du quinquennat, c'est la manière dont François Hollande a abordé le leadership et la voie de décision, qui a construit un tête-à-tête avec Emmanuel Macron libéral et idéologiquement du centre-droite, a voulu réagir en monarque demeurant sourd face aux députés de sa majorité qui souhaitaient aider ce quinquennat en le ramenant vers les promesses faites au Bourget.

Les « Frondeurs » n'ont fait qu'aider ce quinquennat à ne pas sombrer en voulant respecter le propre programme de campagne de François Hollande en 2012 et s'ils ont des torts, ils sont bien moindres face à ceux de François Hollande, Manuel Valls et Emmanuel Macron. Cela pose le constat d'une nécessité d'une VI° République parlementariste et primo-ministérielle, sujet sur la table depuis 1997.


e)Le rôle néant du Parti Socialiste au national
Si les fédérations du Parti Socialiste, les députés et sénateurs de notre Parti, les militants ont joué leur rôle, celui d'alerter des retours du terrain, sur le fait que cette politique présidentielle n'était pas approuvée et appréciée, la majorité du Parti Socialiste au national, menée d'abord par Harlem Désir (de septembre 2012 à avril 2014) puis Jean-Christophe Cambadélis (avril 2014 à septembre 2017) n'a pas su relayer ces retours et n'a pas voulu servir de moteur de contre-propositions pour donner une vision. Travail idéologique et d'analyse inexistant depuis beaucoup trop d'années au PS, délégué vaguement au think tank Terra Nova, ne représentant pas l'étendue des courants du PS et dénaturant le rôle d'un parti de gauche qui est de laisser à la démocratie militante, le soin de construire un projet de société. Les primaires ouvertes ont accentué ce phénomène remplaçant le choix des idées par le choix des personnalités.



En conclusion

On l’aura compris, le bilan du quinquennat, celui que porte la Fédération du Parti Socialiste de la Loire est plus négatif que positif. Ce bilan se mesure par des résultats électoraux désastreux avec un président sortant incapable de se représenter pour défendre son bilan et un parti socialiste victime de la perte du leadership à gauche qui se retrouve aujourd’hui coincé entre la France Insoumise et LREM.
Cela va de soi, qu'il y a eu quelques avancées, mais elles ne parviennent pas à rééquilibrer une balance qui a beaucoup trop penchée vers la politique de l’offre. Pour la première fois dans l'Histoire de la gauche dans la V° République, contrairement au bilan de François Mitterrand, Michel Rocard et Lionel Jospin, il n'y a pas eu de bilan plus ou moins équilibré. Un juste compromis qui permet à notre camp social de bénéficier d’une politique de redistribution des richesses.
Pour la première fois depuis 35 ans, l'électorat de gauche ne porte pas une critique sur ce qui n’a pas été fait mais bel et bien sur ce qui a été produit par la gauche au pouvoir pendant cinq ans. Familièrement on pouvait dire de F. Mitterrand puis L. Jospin qu’ils n’avaient pas osé faire plus, alors que l’on retient de François Hollande des mesures qui ont heurté notre camp et fracturé la gauche. On est passé du « vous auriez pu faire mieux » à « vous avez fait l’inverse de ce que vous aviez promis ».
La présidence Hollande est la première responsable, mais bien évidemment les deux primo-ministères Ayrault et Valls ont largement leur part de responsabilité. Sans oublier celle du Parti. Nous ne pouvons considérer autrement que la Rupture avec la politique socio-économique de ce Quinquennat, comme l'ont fait nos camarades, partis : Benoît Hamon, Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann. Cela en raison de son contenu, mais aussi , et c'est le comble , parce qu'un homme de droite , associé au pouvoir, Emmanuel Macron a co-piloté cette politique économique de mai 2012 à août 2016.

mercredi, décembre 05, 2018

Un gué inquiétant pour la France : la crise socio-éco-fiscale de novembre-décembre 2018 dite des "Gilets jaunes"

Depuis quelques temps, déjà, le temps s'assombrit pour la France et sa situation socio-économique.
Le chômage continue d'augmenter, les trésoreries malgré le dispositif du CICE sont pas toutes loin de là, au beau fixe car notamment le verrou bancaire des prêts continue de bloquer l'activité et du point de vue du Gouvernement Philippe-Macron, le départ fin août de cette année 2018, de Nicolas Hulot, alors Ministère de l'Ecologie a sonné le glas d'un redressement constructif de la France.

Chose inattendue, après l'affaire et la faute de la CSG et de la quasi-abolition de l'ISF, de la grève SNCF contre le démantèlement du Service public qui subit déjà et encore plus depuis, les affres de la rentabilité asséchante pour l'Aménagement du Territoire, sans compter la colère des maires qui n'a reçu que le mépris présidentiel...
Qui aurait pu croire que dans la discussion pour le Budget 2019, la mesure de hausse des taxes sur le carburant aurait été la goutte d'eau qui fait déborder le vase? Conjoncturellement , personne, pas même les premiers intéressés, les Gilets Jaunes (personnes aux avis divers, aussi bien de toutes les couleurs de droite, que celles de la gauche). Il n'en demeure pas moins que le pays vit depuis le CPE (2005) et même depuis la grève des routiers de 1995 face à Alain Juppé, le mentor d'Edouard Philippe, son mouvement de nature sociale le plus vigoureux.

Le mouvement des Gilets Jaunes est à entendre, la colère qu'il exprime ne peut être balayée d'un revers de main car il s'agit de la question du Pouvoir d'achat. Question qui taraude la France depuis 1993 et les "réformes" Balladur sur les retraites et autre, de nature austéritaire; quand le Président Macron s'apprête au printemps 2019 (réforme repoussée, par ailleurs) à faire de même , en voulant faire baisser drastiquement le niveau de reversion des pensions. Comment justifier en 25 ans, probablement ce qui sera un recul d'autour de 50% du niveau de reversion??

Olivier Faure, premier-secrétaire du PS, l'autre jour (le lundi 03/12/2018) sur Europe 1, l'a bien dit:
"La France est en état de quasi-insurrection", mots lourds pour quelqu'un qui pèse toujours ses mots.

Emmanuel Macron mais aussi Edouard Philippe, "droits dans leurs bottes", ont pêché par orgeuil en croyant que l'adage post-1986 de Jacques Chirac sur l'ISF (Impôt sur la Fortune) -rétabli par Michel Rocard, en 1988- était dépassé, ou précisément l'IGF (Impôt sur les Grandes Fortunes) à l'époque: "Ne touchez pas à l'ISF!" et en décidant de passer outre les Corps intermédiaires.

Ce point sur les Corps intermédiaires est majeur, malgré les réserves d'une partie de la droite et d'une partie des analystes de l'actualité politique, car ce n'est pas anodin dans un pays pour qui l'Egalité est pilier de la République, que l'on soit si peu syndiqué. Cela ne veut pas dire que la politisation n'existe pas, non. Le mouvement des Gilets jaunes en est la preuve la plus récente. La politique c'est s'impliquer dans la vie et les décisions concernant la Cité. Ce qui pose problème, en France et ce depuis le début de la Révolution, en 1791 (Loi Le Chapelier qui interdit les rassemblements des ouvriers), c'est que l'Aristocratie a été remplacée, place et rapports de force inclus, par la Bourgeoisie, c'est-à-dire, ne nous méprenons pas, les Grands Possédants détenteurs des grandes fortunes. En aucun cas, les PME, et c'est parfois le défaut de la gauche, ne peuvent représenter une emprise qui mériterait des Lois Somptuaires , comme sous Rome (loi Orchia, Loi des Douze Tables) chargées d'équilibrer les rapports entre patriciens (aristocrates et grands propriétaires) et les plébéiens (le peuple, historiquement plus modeste en revenus que les patriciens). La carence cruelle en représentation et en représentativité syndicale fait plus que défaut dans une démocratie moderne: comment la citoyenneté s'arrêterait-elle à la porte de l'entreprise? comment la consultation et la capacité à donner son avis en termes de stratégie (avec tous les enjeux qui vont avec: le bien de l'entreprise, la situation du marché et des commandes...) n'aurait-elle aucune légitimité?
Comme l'avait dit Jean Jaurès, la République ne sera totalement complète que quand elle sera sociale. C'est-à-dire que la démocratie sociale, mais aussi participative, liquide et horizontale pour exprimer des revendications de notre temps, ne demeurer un vain rêve, mais au contraire se réaliser et être accompagnée par les Gouvernements. Je me pose la question d'un système où les syndicats seraient incontournables: pour avoir une mutuelle,il faudrait se syndiquer, car l'on ne pourra pas soit refuser toute avancée de démocratie sociale (du point de vue d'un gouvernement hostile à l'Avancée du Progrès dans l'Histoire), soit refuser de s'impliquer soi-même dans un processus électif, d'engagement dans son milieu professionnel ( l'employé ou l'ouvrier comme représentant de ce qu'il souhaite pour son entreprise). C'est ce qui se passe en Belgique, Allemagne, Danemark, Suède, Norvège, Finlande et Islande, des pays où l'aboutissement de la démocratie va jusqu'au fond des racines, sur le terrain, par des relais ouvriers et associatifs et je ne vois pas en quoi cette mesure indispensable et méliorative constituerait un quelconque recul de société.

Le Gouvernement Philippe-Macron ne peut uniquement se contenter de l'équilibre budgétaire et de penser aux 3% demandés par l'Union Européenne (se limiter à un dépassement du déficit pour le budget, à hauteur de 3% du déficit). Cela ne veut pas dire d'ailleurs que toute politique budgétaire telle un puits des Danaïdes soit souhaitable, mais entre étendre un principe de rationalité à 5% du déficit et un principe à N % , il y a un fossé. Toutefois, à défaut de fossé, le Gouvernement actuel nous laisse , nous la France et les Français-es dans un gué.

Il ne peut s'agir de laisser s'installer le désordre, le Gouvernement sourd face aux préoccupations d'une grande majorité de Français en serait le premier responsable. Je ne sais pas si des démissions, des dissolutions immédiates serviraient à quelque chose, si on ne répond aux sujets de fond... c'est comme casser le thermomètre, mais rien faire pour lutter contre la fièvre.

Plus que les taxes, par rapport auxquelles il convient de demander un Moratoire et pour l'augmentation des taxes sur les carburants, précisément une abolition, mais aussi un retour de l'ISF tel qu'il fut pensé par Michel Rocard à Matignon, une Prime de pouvoir d'achat et une Fiscalité écologique personnalisée (selon les revenus et le lieu d'habitation de chacun : si l'on est plus aisé et habitant d'une zone métropolitaine bien desservie, on paye plus qu'une personne plus modeste et demeurant dans un espace rural ou périphérique peu desservi) et au-delà de cela un Plan de rattrapage des Services publics dans les zones rurales et périphériques, cibler le CICE pour les PME et la Convocation d'Etats Généraux sur le Pouvoir d'Achat, des Etats Généraux sur la Transition écologique et enfin des Etats Généraux sur la modernisation de nos institutions vers une VI° République parlementaire.
Car ces trois questions ne pourront plus être évitées à l'avenir: elles traînent depuis 1993, que ce soit avec la "Fracture sociale et territoriale", la question du Réchauffement climatique et la déception vis-à-vis d'un leadership français et européen.

lundi, novembre 26, 2018

In Memoriam: Christian Avocat (1943-2018)

Christian Avocat, éminent militant et élu du PS roannais et de la Loire, nous a quittés, ce dimanche 25 novembre 2018, je présente mes condoléances à sa famille et ses proches. Il a été un premier adjoint précieux de Jean Auroux à la Mairie de Roanne (1983-2001), conseiller régional de 1998 à 2010, longtemps président du groupe socialiste, il est devenu de 2008 à 2014, le Président de Roanne Agglomération. Christian Avocat , soucieux de l'avenir de Roanne et du Roannais suivait les affaires locales à la section du PS de Roanne-Mably.

Voici différents textes lui rendant hommage:

Celui de la Section de Roanne-Mably:
"DECES DE CHRISTIAN AVOCAT
La FEDERATION SOCIALISTE DE LA LOIRE,
Les Sections du PARTI SOCIALISTE DE ROANNE-MABLY, de L’OUEST ROANNAIS, de CHARLIEU
Nous venons d’apprendre le décès de Christian Avocat.
Le Parti Socialiste de Roanne est triste et présente ses sincères condoléances à son épouse, ses enfants et ses petits-enfants ainsi qu’à toute sa famille.
Christian Avocat a été un leader du Parti Socialiste roannais : engagé au PSU, rocardien fidèle, après avoir refondé la section de Roanne du Parti Socialiste en 1974 et y avoir accueilli son collègue enseignant Jean Auroux, il conduit les campagnes victorieuses de 1977 à 1981. Simple conseiller municipal lors du premier mandat de Jean Auroux, il devient son adjoint de 1983 à 2001. Elu Conseiller Régional en 1998, Vice-Président du groupe socialiste, il participe activement à la lutte contre l’alliance de Charles Million avec le Front National. En 2004, Jean-Jack Queyranne lui confie la présidence du groupe socialiste qu’il conservera jusqu’à son élection au poste de Président de Roannais Agglomération en 2008.
Passionné par son mandat régional, il s’investira particulièrement dans l’aménagement du territoire et le développement économique.
Chef de l’opposition à Roanne de 2011 à 2007, il a su mettre en place les bases de la reconquête en ouvrant la vie municipale à la société civile.
Président visionnaire de l’agglomération élargie, il a inscrit ses mandats dans la continuité des politiques menées par Jean Auroux avec une complémentarité intellectuelle qui les liaient dans l’action.
Sa réflexion, son travail au service de toutes et tous ont été d’une importance capitale pour Roanne et le roannais. Pédagogue, soucieux d’expliquer et de faire comprendre « la vie de la cité », il a formé de nombreux élus et militants. Après avoir choisi de se retirer de ses mandats en 2014, il a continué à nourrir la réflexion des socialistes grâce à la finesse et à la rigueur de ses analyses.

Pour ses funérailles se reporter à l’avis de décès de la famille"  

Message de Jean-Jack Queyranne, Président du Conseil régional de Rhône-Alpes (2004-2015):
"Je ressens une grande peine à l’annonce du décès de Christian qui s’est battu pendant des années contre le cancer. J’éprouvais envers lui un profond respect. J’appréciais sa rectitude, son intégrité, sa sagesse. Il en fallait aux différentes époques que nous vécues à la Région : l’affrontement avec Millon et le Front National en 1998, puis les suites de notre victoire en 2004. Il a alors été un Président de notre Groupe disponible, soucieux d’assurer la cohésion de notre majorité tout en permettant à chacun d’exprimer sa sensibilité. 
Ses interventions étaient toujours empreintes d’une grande hauteur de vue. Il ne s’était pas représenté en 2010 pour laisser leurs chances aux plus jeunes, mais il avait conservé une certaine nostalgie des combats que nous avons menés ensemble.

Pour lui, la Région devait être une opportunité pour la ville de  Roanne dont il craignait qu’elle se trouve reléguée par son déclin industriel. Il avait été fier de la victoire municipale à laquelle il avait contribué en 2007, renouant avec le fil d’une histoire qu’il avait partagée avec Jean Auroux. Il s’était investi avec une grande jeunesse d’esprit dans ses fonctions de Président de Roanne agglomération. Je me souviens de sa fierté lors de l’inauguration de la Halle Vacheresse dédiée à la glorieuse Chorale de Roanne, symbole d’une ville qui a conservé le goût d’entreprendre et de gagner.

Son engagement au sein du Parti Socialiste, reposait sur de solides convictions : il était un militant de la justice sociale, solidaire des travailleurs et des milieux populaires. Jusqu’à la fin de sa vie, il a été fidèle à ses idéaux qui l’ont conduit à être pleinement un homme de gauche.
"

Communiqué de presse du Sénateur de la Loire, Jean-Claude Tissot:
"J’ai appris hier matin avec tristesse le décès de Christian Avocat survenu dans la nuit de samedi à dimanche.
Je tiens à saluer son engagement au sein du Parti Socialiste de la Loire, et son parcours d'élu comme conseiller régional puis Président de Roannais Agglomération.
Nous n’avions pas la même vision de l’aménagement de notre territoire…nous en avons souvent débattu mais toujours dans le respect des positions de chacun. Il m’avait fait l’honneur d’être présent à mon bilan de mandat à Riorges le mois dernier et ce malgré nos différends.
Après le départ de Jean Claude Frécon en décembre 2016, c’est une nouvelle personnalité politique de notre département qui nous quitte.
Je présente à son épouse, ses enfants, sa famille mes plus sincères condoléances.
Jean-Claude TISSOT, Sénateur de la Loire."




vendredi, novembre 23, 2018

Ma contribution au débat sur l'Inventaire du PS

Ce texte est l'écrit personnel, mon point de vue sur l'Inventaire, qui marque clairement un avis beaucoup plus négatif que positif sur le Quinquennat de François Hollande. Je l'ai présenté  en Conseil Fédéral du PS de la Loire, il sera amendé, un peu plus consensuel (je respecte les différents points de vue). Mais je voulais que mon propre texte soit court, incisif et cash, car c'est mon analyse et mon ressenti.


« Nature morte du Quinquennat 2012-2017 »

ou étude d’un mandat raté :
Ma contribution à l’analyse de l’Inventaire (novembre 2018-décembre 2018) au Parti Socialiste

par Pierre-Marie Chevreux,
militant à la section de Roanne-Mably et secrétaire fédéral du PS Loire


Propos introductif : Du Quinquennat passé et du Parti Socialiste actuel

Le quinquennat de François Hollande (2012-2017) et les trois gouvernements, Jean-Marc Ayrault (mai 2012-mars 2014) , Manuel Valls (mars 2014-décembre 2016) et Bernard Cazeneuve (décembre 2016-mai 2017) ont été , et c’est reconnu à l’unanimité générale, des chemins de croix. Il faut toutefois nuancer le propos concernant le primo-ministère de J.M. Ayrault qui a été marqué par l’affaire Cahuzac et un certain nombre de couacs et exclure du passif le bref passage mais rassérénant (de ce qui pouvait être encore sauvé, c’est à dire deux fois rien) de Bernard Cazeneuve.

Certes la forme et l’Institut Jean Jaurès a beaucoup insisté dessus compte , et c’est certain, mais c’est bien du fond politique dont il s’agit en premier lieu et qui doit être analysé en son for intérieur, mais même plus décortiqué, critiqué et disons-le franchement jugé. Comme le disait Victor Hugo « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface »  . On l’aura compris, le jugement sur ce Quinquennat ne peut-être que globalement négatif (par points précis, c’est autre chose)
et pour une fois, contrairement au Bilan de François Mitterrand, Michel Rocard (soulignons ce Premier-Ministre qui a apporté sa patte à la gauche, par un travail constructif, social et finalement reconnu de tous, alors qu’à l’époque, les mitterrandistes le conspuaient) et Lionel Jospin, il ne s’agit pas de critiquer ce qui n’a pas été fait mais bel et bien ce qui a été produit par la gauche au pouvoir pendant cinq ans.

Le propos comprend aussi la direction du PS actuel, qui certes, malgré quelques efforts (trop timorés à mon sens), continue d’être fuyant (et je précise cela vaut pour le Secrétariat de Jean-Christophe Cambadélis d’avril 2014 à septembre 2017, mais pourquoi n’a t-il pas démissionné dès juin 2017 ??), à la hollandaise, en noyant le poisson, vis-à-vis d’un passage sur le gril de l’aile droite du Parti Socialiste et le PS ne pourra pas se reconstruire en profondeur sans cette introspection critique et cette remise en cause. Le départ des camarades Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann le 13 octobre 2018 n’en est que le dernier symbole en date. La faute originelle du Parti a été d’esquiver l’Inventaire au crépuscule du parti de gouvernement , ce dès juin 2018. L’Inventaire, souhaité, on le prend, arrive quand même tard, trop tard (on se dit que vu l’éclatement de la gauche, on aurait pu s’éviter un départ de Benoît Hamon puis d’Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann si on avait mis le coup de collier salutaire d’un parti qui réagit quand même, au bon moment)
La question de la Nature morte du Parti , momifiée après le souffle d’un volcan explosif tel le Vésuve à Pompéi, se pose effectivement.

I)Des points positifs, trop rares, même s’ils sont à saluer

Les points majeurs, même si les doigts d’une main suffit largement à les compter, au nombre de trois permettent de garder un instant, un sourire crispé et un souffle de fierté comme socialistes partisans, nous les enfants et héritiers de Jean Jaurès. Ce sont en premier lieu, le Mariage pour tous, la globalité de la Réforme Peillon sur l’école qui a assuré enfin des moyens, à nouveau à cette institution fondatrice du lien républicain , national et éponge (trop frêle, vu l’état de l’école depuis une quinzaine d’années) des inégalités et la COP 21, mise en ordre essentielle pour la « Bataille pour l’Organisation de la Planète » chère à Michel Rocard, un précurseur en la matière ; COP 21 qui se couple à la Loi de Transition énergétique, effort français plus que nécessaire pour l’écologie (même s’il demeure à être mis en œuvre aujourd’hui, tâche ardue avec un Gouvernement qui n’a cure de l’écologie) et il ne pouvait en être autrement , en ce qui concerne le pays organisateur de l’évènement international, correspondant à un véritable 3e Sommet de la Terre (après Rio 1992 et Kyoto 1997).

II)Une kyrielle de points négatifs : comment s’y retrouver , si ce n’est en se focalisant sur les curseurs essentiels ?

a)Quelques aspects sous-estimés au sujet de l’Education
De manière générale, le minstère Peillon a été un bon exercice. Toutefois, une pierre d’achoppement a terni son bilan, et qui va suivre le bilan PS comme un boulet , ce sont la gestion des moyens pour les heures de péri-scolaire.
Il fallait indubitablement densifier à nouveau les heures de cours, le mercredi matin et réorganiser (de nombreux travaux de chronobiologistes ont abondé les études des partis de gauche de 2007 à 2012) l’emploi du temps des élèves de la primaire, dont on bouscule le rythme , ce qui est un facteur comme un autre, des dés-apprentissages et des inégalités socio-éco-culturelles.
A partir de là, même si le budget devait « ne pas exploser », au nom de quoi, une commande du Ministère , en ce qui concerne l’organisation de l’encadrement des mairies dans les écoles primaires (ce qui est à leur charge) devait peser sur les budgets des collectivités municipales ?
On peut se le demander et je dis que c’était à l’État de financer entièrement ces heures péri-scolaires. Sûrement que le Gouvernement Macron-Philippe aurait démonté ce dispositif, mais il n’y aurait pas eu le pêché originel de l’État qui se défausse sur les mairies.
On peut aussi parler de la réforme du collège fait à la va-vite par Najat Vallaud-Belkacem, qui a voulu réduire le nombre horaires de cours, alors que cela comprenait des heures d’AP (Aide Personnalisée), n’a pas su dissimuler l’objectif d’économie de postes. Une vraie réforme des collèges aurait respecté le délai de 2 ans, le temps que les élèves finissent leur cycle et ne soient pas « entre deux programmes », aurait donné du temps, des heures et des postes supplémentaires pour abonder des heures de modules dédoublées, pour mieux travailler et aurait revalorisé le taux horaire en langues , qui est ridicule (2h/semaine) au regard de l’ambition européenne/internationale du bilinguisme/multilinguisme, au lieu de pointer du doigt des matières qui comptent (comme toutes) puisque ce sont comme les autres, des points de Culture : l’allemand-bilangue et le latin-grec. Comment la gauche, fille de Garcia Lorca qui amenait le théâtre et l’art dans le moindre village andalou peut déclarer « inégalitaire » la Culture et les langues ?? L’Ecole c’est l’ambition élitaire pour tous (le Savoir qui n’est pas l’apanage des élites mais le moyen de l’égalité scolaire).

b)La Déchéance, ce moment où la cheville de la porte a craqué…
Cette annonce qui a brisé l’idée d’égalité de traitement de tous les citoyens devant la Loi : on aurait traité différemment un terroriste uniquement de nationalité française et un terroriste de double-nationalité n’est pas tenable une seconde face à l’adage kantien , « Agis seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle », soit c’est pareil pour tout le monde, soit on n’énonce pas un principe partiel et partial. Cette proposition vient en outre de l’extrême-droite et François Hollande a oublié que l’Indignité nationale existe : Pétain en a subi les foudres justes.

c)Le social-économique, le coeur de la politique et le coeur de la politique de gauche bafoués dans une gouvernance hétérodoxe et autoritaire
On ne peut rejeter la faute, comme le fait en partie l’Inventaire de l’Institut Jean Jaurès sur l’aile gauche qui n’aurait pas compris qu’elle devait muter et aller dans le sens de l’aile droite. Plusieurs points dont la Loi El Khomri a été le point d’orgue de la politique blairiste et schröderienne, alors que le Quinquennat ne l’a pas toujours été.
François Hollande, idéologiquement, et Manuel Valls par la mise en pratique et sa volonté de faire le coq social-libéral , orné du titre pompeux de « Réformateur » en sont les principaux responsables. Les « Frondeurs », le terme est un peu injuste et impropre, même s’ils ont effectivement fait tanguer le bateau, n’ont fait qu’être fidèles au Programme du PS et de François Hollande de 2012.
Outre la jurisprudence jospinienne pratique qui veut que l’on fasse concerter le groupe majoritaire , les partenaires de gauche et l’Exécutif, qui n’a pas été appliqué pendant ces cinq années, le « Changement de Cap » et surtout disons-le bien la Loi Travail a été un renoncement à une logique de « lois sociales toujours plus mélioratives », ne cédant jamais dans la marche des Droits sociaux. Michel Rocard, fut-il social-démocrate n’en pensait pas moins. C’est bien là le Mur idéologique de François Hollande et du PS majoritaire d’alors : avoir cru que l’on pouvait faire passer Blair et Schröder au sein du socialisme français.

dimanche, novembre 04, 2018

Mise à jour de ma proposition pour un drapeau de Montréal.


Le 13 septembre 2017, Denis Coderre, ancien maire de Montréal (depuis novembre 2017 c'est Valérie Plante qui est mairesse de Montréal) avait porté un geste symbolique important, mettre le pin mohawk sur le drapeau et les armoiries de Montréal, pour rappeler que ce sont bien les Premières Nations qui sont les premiers habitants du Québec et du Canada.

Ainsi , ma proposition pour un drapeau de Montréal plus québécois et moins anglais (car la base du drapeau est le drapeau anglais: croix rouge de Saint-Georges sur fond blanc) s'adapte donc au nouveau drapeau montréalais.

Le voici:




lundi, septembre 24, 2018

Analyse du texte "La Gauche est l'avenir de l'Europe" (majorité fauriste du PS servant de base pour la négociation européenne et le vote interne du 11 octobre)

Pour référence , voici le texte présenté par la majorité fauriste du Parti Socialiste, (et voici où en est l'état des négociations avec les autres courants): La Gauche est l'avenir de l'Europe


Prémisse de mon analyse en Préambule
Le texte dont le lien est supra, croise les remarques et l'analyse des députés européens, des différents grands élus, des participants à la Ruche et de la commission interne pour piloter la préparation des élections européennes de 2019 (composée des 4 courants). On peut d'ores-et-déjà assumer que c'est un texte très lucide sur la situation de l'Europe/UE.


Enfin, après dix ans de retard et le Congrès de Reims, le début de la crise et le vote du Traité de Lisbonne au Parlement, on a une véritable évolution de la position du Parti Socialiste.
Rappelons que le vote sur le Traité de Lisbonne a nié l'expression solennelle du Peuple français , qui s'est exprimé contre le Traité établissant une Constitution Européenne (TCE) en 2005 avec près de 55% et qu'on nous l'a refait passé, comme si le Peuple français était mineur. Ceci demeure un véritable scandale démocratique (ce qu'un référendum a fait, un référendum doit le casser)!


Le Parti Socialiste a décidé de réviser ses horloges et de donner l'heure juste, c'est un texte réaliste (sans lyrisme fédéraliste à 27), tout en étant combattif sur les valeurs et critique sur l'Union Européenne telle qu'elle est aujourd'hui, sans enjoliver.


L'introduction
L'entrée en matière du texte revient sur les travers que subit l'UE. Le libéralisme est clairement identifié comme le revers , certes démocratique, du nationalisme, tout en maintenant la hiérarchie (libéralisme étant une doctrine scandaleuse mais démocratique; le nationalisme étant le fruit de l'extrême-droite). Le libéralisme est vu comme un écueil à éviter à tout prix et le texte parle même de remise en cause de "la concurrence sans limite", admettant par là qu'on aurait pas dû toucher à nos services publics monopolistiques (et rappelons que même Michel Rocard voulait le maintien d'entreprises publiques, d'intervention directe dans l'économie et du Plan consultatif mais donnant une vraie perspective). Sont pointés du doigt les libéraux comme adversaires et les nationalistes et autocrates comme ennemis: Erdogan, Xi Jing Pei, Poutine. Trump est également cité pour sa présidence irraisonnée donc dangereuse contre la "Bataille pour l'Organisation de la Planète" pour reprendre un vocable rocardien.


Il y a un oublié: la catastrophe du Brexit, qui menace aussi bien la Grande-Bretagne que l'Europe. Ce processus fou a déstabilisé l'économie et l'unité du pays et secoue malgré tout l'Europe. Le Brexit donne un argument justifié à l'indépendance de l'Ecosse (on avait promis avec le Non de l'Union que la perspective européenne de l'Ecosse, serait respectée en 2014... peine perdue) et tout aussi sensible, la menace de la cohésion de l'île d'Irlande qui a de bonnes relations entre ses deux parties depuis 1998 et les Accords du Vendredi Saint.


Le Parti Socialiste bat sa coulpe et par entremise, celle du Parti Socialiste Européen (PSE) en avouant que le socialisme européen a été naïf avec l'idée du centre-droite et les alliances avec la droite. Il s'agit là en effet d'un poison mortel de décomposition de la gauche car cela casse la véritable possibilité d'alternative (soit la grande coalition , soit l'extrême-droite) en mettant de facto en valeur l'extrême-droite nationaliste et populiste.


Le corpus central du texte: les quatre parties
-> Les quatre parties sont l'Europe puissance, l'Europe pour les Européens (buts de l'UE), l'Europe par les Européens (démocratisation) et une série de propositions


*L'Europe puissance
Force est de constater que ces dernières années, le PS s'est plié ces dernières années, à la vision allemande du SPD qui renâcle de la vision d'une Europe puissance , par atavisme (peur d'un impérialisme incontrôlable type Bonaparte voire fasciste) et par intérêt: le maintien des autres pays sous l'influence de l'Allemagne, par son économie exportatrice, permet à l'Allemagne de dominer l'ensemble européen, si on fait de la Realpolitik et de l'analyse de cas géopolitique. La sphère d'influence large de l'Allemagne dans l'UE est là pour le prouver: Pays d'Europe Centrale et Orientale (PECO) + l'Autriche et les Pays-Bas. C'est aussi pour cela que l'on a humilié la Grèce, il ne fallait pas, Ô Grands Dieux, toucher aux intérêts des banques allemandes et montrer que le duo Merkel/Schäuble était inflexible et intraitable (pour servir d'exemple), aidé de l'adjoint alors travailliste (il est passé dans le camp de la droite désormais) le Ministre des Finances néerlandais et de l'Euro, Dijsselbloem!
La manière dont a on a traité la Grèce a été un véritable scandale démocratique , cela a violé sa souveraineté! Les Européens se sont bandés les yeux sur leur propre responsabilité: qui a accepté la Grèce dans l'Euro, si ce n'est la Commission et les autres chefs d'Etats? On aurait fait cela à la France ou l'Allemagne, l'un des deux pays serait parti de l'UE et aurait lancé des représailles économiques et financières contre l'UE et ses membres en propre. Elle est loin l'idée qu'on avait humilié la France en 1815 et l'Allemagne en 1919... (pour les résultats que cela a donné en 1939, concernant l'Allemagne)
Le Parti Socialiste ose donc, dans ce texte passer à autre chose: affirmer l'Europe puissance, oser l'Europe des cercles et estimer que les traités commerciaux de Libre-échange sont à bloquer si les critères sociaux, climatiques et environnementaux ne sont pas strictement pris en compte. Pourquoi avoir attendu dix ans pour voir ces évidences? ... On se le demande!


*L'Europe pour les Européens
Cette partie est plus classique, car elle aborde l'idée d'impôts européens et d'une ambition véritable à donner pour le budget européen (investissements dans la Transition écologique, le numérique et la jeunesse)
*L'Europe par les Européens
Egalement classique, cette partie se borne à demander le renforcement du Parlement européen, en faisant de lui toutefois, un Parlement de plein droit égal du Conseil européen (vieille revendication du TCE).
*Les propositions
La proposition phare, qui n'est pas dans les 2e et 3e parties, est la création d'un Office de l'immigration européen, qui vise à traiter humainement les migrants et à sanctuariser le droit d'asile en Europe.


Au final, mon analyse du texte
Comme dans tout texte partisan politique, il y a l'apparent, le concédé et la zone dure (celle que ne veut pas concéder l'auteur). Olivier Faure avec l'aide de son adjoint Boris Vallaud ont infléchi sensiblement la position traditionnelle du Parti Socialiste. Va t-on vers du néo-aubrysme? Est-ce un faux semblant? En quelle mesure les lefolliens (beaucoup plus Troisième Voie, position exogène vis-à-vis du socialisme français; la Troisième Voie est anglo-saxonne ou allemande, pas française; la France demeurera toujours un Etat universaliste, étatiste et colbertiste) ont-ils une influence sur l'appareil et la ligne? On peut faire le pari qu'Olivier Faure va vers le retour aux sources mitterrandistes (l'aspect nationalisations en moins; l'aspect d'Europe des cercles par exemple en est une illustration) ou plutôt d'ailleurs jospiniennes. On reste certains qu'Olivier doit réussir cette synthèse entre Première et Deuxième Gauches et replacer sur l'échiquier le keynésianisme militant pour une économie publique et dirigiste. S'il n'y arrive pas, ce sera une fin du PS à la SFIO et sa mort, car le Parti ne survivra pas à une quatrième claque de force "intersidérale" (après les hécatombes de 1993, 2002 et 2017). Cela veut dire qu'avec les quatre autres partis majeurs de la gauche, en entamant un vrai dialogue avec les partenaires de gauche, dans le but, à terme, d'amorcer un nouveau Programme Commun (France Insoumise, Europe Ecologie Les Verts , Générations, Parti Communiste Français) , il faut qu'Olivier Faure affirme le leadership de la gauche plurielle française en Europe, en cassant la règle des 3% (en demandant au moins un rehaussement de la barre à 5%), en sanctuarisant les budgets de l'éducation et de la santé, en reprenant la main sur les Services publics (l'exception sociale française du monopole) et en demandant au SPD de provoquer des élections législatives anticipées dans les deux ans, car ils n'ont pas à être la courroie de transmission de la CDU. Olivier Faure va t-il arriver à réaliser cette feuille de mission, bien chargée et pourtant indispensable?










mardi, septembre 11, 2018

Ma contribution à la Ruche socialiste: "L'Europe pour les Européens"



L'Union Européenne est , on le sait , d'abord une confédération à coloration et avec des buts économiques (la construction européenne suit cette trajectoire: CECA en 1951, CEE et Traité de Rome en 1957, Traité de Maastricht instituant une Union Européenne, avec notamment en ligne de mire, la monnaie européenne). C'était sûrement nécessaire, pour la reconstruction et la Paix, même si Robert Schuman disait que la Culture aurait pu être une autre amorce pour la construction européenne. La crise politique et institutionnelle que vit l'Union Européenne depuis le traité de Nice et renforcée par la gestion de la Commission Barroso, qui avait une vision hors-sol de l'Union, mais aussi par des intérêts particuliers de la France et l'Allemagne qui ont préféré défendre les intérêts des banques privées et humilier la Grèce en obligeant à instituer le Triumvirat et le chaperonnage du FMI, plutôt que la solidarité intereuropéenne et en l'occurrence avec la République Hellénique , ont creusé un fossé entre l'UE et les Européens.


Cette stagnation politique et dans sa relation avec les citoyens européens, qui ont pour l'Union Européenne une véritable défiance dans ses pratiques, sa manière d'aborder les choses (approche technocratique,...), qui peut s'exprimer dans le vote voire l'adhésion pure et simple à l'idéologie d'extrême-droite (qu'elle soit classique ou populiste- le populisme étant de l'extrême-droite qui reprend des thèmes sociaux par électoralisme) ou encore pour la majorité des Européens (pour combien de temps encore?) dans une forte déception vis-à-vis des dossiers majeurs: environnement, contrôle des frontières, approche sociale défectueuse car ordo-libérale.
C'est ainsi qu'on peut se demander comment redessiner les contours des prérogatives de l'Union Européenne, qui à défaut de réaliser le fédéralisme (et encore moins à 27 ou 28), peut passer par une approche fédérative (aller un peu plus loin que le confédéral et supranational fondé sur la volonté des Etats membres seuls, mais ne pas aller jusqu'à la logique d'un super-Etat) et surtout concrète.




Plusieurs thématiques, hormis l'économie et la Politique Agricole Commune peuvent et doivent concerner l'Europe: l'environnement, la culture, la question des migrants et régler enfin la question de l'approche sociale, qui manifestement pose problème en Europe (les échos négatifs des Directives des travailleurs détachés, sont là pour le prouver).


*S'agissant de l'environnement, il ne peut plus être envisagé, une autre échelle que l'Europe, car même à vrai dire, c'est bien à l'échelle du monde que se réglera la question de la Transition/Révolution écologique et l'élaboration de solutions pérennes pour limiter les effets du Réchauffement climatique. Il n'est pas normal que les pays de l'Union Européenne, et en premier lieu la France, n'avancent pas au rythme du galop sur ces questions. Nous en connaissons la raison: le modèle économique mondialisé, financiarisé et hyper-libéral échevelé ne fonctionne plus, le logiciel de Hayek et Friedman est à abandonner. Bien-sur il y aura toujours une forme d'économie ouverte, mais on se doit de réguler l'économie et de la transformer littéralement en logiciel écologique, ayant pour axiome le respect absolu du Développement durable (qui je le rappelle doit assurer à la fois le Développement économique, des conditions de vie fondamentalement améliorées et un respect véritable de l'environnement). C'est ainsi que je mets sur la table quatre propositions concrètes applicables rapidement:
-la Règle Verte, qui consiste dans le respect obligatoire (avec contrôle et sanctions si besoin) des critères décidés dans les Accords internationaux sur l'Environnement;
-la création d'une Eco-Taxe européenne, qui constituera l'Impôt européen et qui s'appliquera à tout transport de marchandises commerciales dans un rayon au-delà de 100 km, afin de favoriser les circuits courts;
-l'instauration d'une Taxe Carbone aux frontières de l'Union Européenne pour les marchandises commerciales, afin de taxer les transports qui utilisent beaucoup d'énergie fossile et qui en conséquent polluent beaucoup;
-la création d'un Corps de l'Inspection Européenne de l'Environnement qui vérifieront et pourront faire appliquer des mesures coercitives pour les entreprises dépassant un certain seuil de pollution, pour la dégradation/délaissement qui amène à la destruction d'un espace protégé et reconnu par l'Union Européenne (cela pourra toucher les Etats ou les collectivités locales qui dégradent ou laissent se dégrader un espace naturel protégé).


*Concernant la culture, l'Union Européenne aidera à mettre en place un Festival européen et citoyen, avec l'aide à la création de Sociétés de la Journée Européenne (association à caractère public) sur le modèle des Sociétés de la Saint-Jean Baptiste québécois, permettant d'organiser ce Festival le jour de l'Europe, le 9 mai, devenant désormais un jour férié dans toute l'Union Européenne.


*Le social ne peut plus être abimé par l'Union Européenne, l'UE s'est mêlé de ce qui ne la regardait pas, elle a cassé notre vision des Services publics sous forme de monopole d'utilité publique et qui permettant la cohésion sociale et territoriale, tout cela parce qu'il fallait passer ces Services publics sous l'angle de la commercialisation et de la concurrence (Pour aboutir à quoi? A des monopoles structurels privés), c'est ainsi que désormais tout ce qui relève des Services publics, l'Education et la Santé seront sanctuarisés, c'est la Règle d'Airain, qui empêche non seulement d'y toucher (interdiction de les soumettre à la concurrence) mais aussi de ne pas compter l'Education et la Santé dans la Règle des 3% .


*La question des migrants et notamment du droit d'asile est devenu un nœud gordien politique en Europe, il convient de mettre fin à cela en créant un Office Européen du Droit d'Asile.


*Une nouvelle vision de l'économie, doit advenir en Europe, cela passe notamment par deux éléments:
-Mettre en place une Loi européenne sur l'ESS (Economie Sociale et Solidaire) , reprenant la Loi Hamon, la généralisant et en l'approfondissant.
-Pouvoir à nouveau construire des partenariats de capitanat industriel européens (du type d'Airbus) et donc autoriser à nouveau les joint-ventures (entreprises 50/50 publiques/privées).

*Enfin, à terme, une Défense européenne est incontournable pour protéger les Européens et par nous-mêmes, initier enfin une Défense européenne, y compris avec la Grande-Bretagne, qui pourra y s'intégrer, mais aussi l'Ukraine.













Ma contribution à la Ruche socialiste : "L'Europe par les Européens"



L'Union Européenne demeure encore une organisation supranationale et l'avancée fédérale n'est pas prêt de venir, en tout cas, pas à 27 ou 28. L'Europe depuis le traité de Nice en 1999 est bloquée institutionnellement est bloquée et n'avance plus, ou alors par de très petits pas.


Finalement, on peut dire que seul le Traité de Lisbonne a permis quelques avancées notables, du point de vue de la clarté et la simplification du fonctionnement et un peu du point de vue démocratique, en octroyant quelques prérogatives de plus au Parlement européen. Il existe une tension entre deux logiques qui se valent : celle des Etats souverains qui sont représentés par les chefs d'Etat ou de gouvernement au Conseil européen et donc détenteurs , par leur élection de la souveraineté directe de chaque Etat (et des intérêts nationaux) et le Parlement élu , chambre de l'expression démocratique de tous les Européens, mais cette fois-ci mélangés et exprimant l'intérêt général européen.


Ce que l'on peut dire, sans changer l'architecture des deux réels pouvoirs exécutifs et législatifs qui sont de facto partagés entre le Conseil européen et le Parlement, et avec un poids plus important donné aux gouvernements des Etats membres, c'est qu'il persiste la nécessité d'un approfondissement de la démocratie européenne et notamment par l'introduction de la démocratie participative.


Pourquoi la démocratie participative? Parce que les peuples européens se sentent à tort ou à raison dépossédés , par l'Union Européenne de la souveraineté nationale des états membres, qui il est vrai, pour le moins doivent assurer un minimum de compromis pour faire avancer certains dossiers à l'échelle européenne. Dossiers dont le teneur est décidée en Conseil européen (mais ne représentant pas nécessairement la coloration politique majoritaire d'un ou plusieurs Etats membres).


C'est ainsi que l'on peut envisager deux moments dans le temps pour améliorer et proposer un cadre plus démocratique et qui prend en compte l'envie d'horizontalité des Européens, par la démocratie participative: immédiatement et à terme.




*Dans l'immédiat, il convient de prendre en compte la thématique majeure qui concerne l'Europe et même le monde (donc l'UE est l'échelle minimum pour obtenir des résultats), à savoir l'environnement. Nul besoin de revenir sur l'urgence écologique qui est déjà là depuis au moins dix ans et donc l'Europe ne peut passer outre l'élaboration d'un agenda et d'objectifs précis concernant la Transition écologique , pour ne pas dire la Révolution écologique (plus vite et plus fort). La proposition phare à adopter au sujet de la démocratisation horizontale environnementale est la création d'un Conseil Economique Social et Environnemental Européen , qui regroupera représentants de syndicats, entreprises, associations. La logique consultative institutionnalisée permet l'information du public, le fait d'avoir l'avis des citoyens européens. L'Europe ne pourra plus passer outre l'avis direct des citoyens.


Dans la même logique , la démocratie participative veut responsabiliser les citoyens sur les questions budgétaires et les faire participer au budget, au moins sur une partie de ce dernier. C'est ainsi que la proposition sur le budget consiste sur 10% du Budget européen, à demander où doivent aller les lignes budgétaires et les logiques d'investissement sur cinq ans (planification) , et la décision prise vaudra décision politique officielle. L'Europe prendra vraiment en compte la décision des citoyens. L'instance de décision sera le Conseil pour le Plan européen et le Budget européen, comprenant des représentants des syndicats, des économistes universitaires, des représentants de l'ESS et des coopératives, des citoyens tirés au sort.


Enfin, l'Europe, c'est également une présence physique qui passe déjà par des investissements d'infrastructures et quelques Maisons de l'Europe, toutefois, ces Maisons de l'Europe ne sont pas suffisantes pour respecter un maillage un temps soit peu resserré , alors la généralisation des Maisons de l'Europe dans chaque capitale régionale va de soi , de même qu'une simplification des démarches pour les dossiers européens. Ces Maisons de l'Europe réparties sur tous les territoires donneront accès au Guichet unique européen gratuit: une aide pour avoir accès sans frais, à la manière de constituer le dossier (+ accompagnement) concernant les agriculteurs, les associations et les communes de moins de 10.000 habitants davantage désavantagées que les plus grandes villes pour des dossiers techniques de financement.


On ne doit pas oublier que le Parlement puisse être enfin maître absolu de son calendrier législatif, ce sera le Parlement et lui seul qui décidera de son ordre du jour et des priorités à choisir pour rédiger, penser, voter les Directives.


Le Sud de l'Europe, délaissé du fait d'un noyau économique autour de l'Allemagne (Pays-Bas, Autriche, Europe centrale, Scandinavie, Pays Baltes) a besoin de se structurer, cela aurait permis sûrement davantage de solidarité s'il s'était structuré avant et on aurait évité l'isolement punitif de la Grèce, pointée du doigt , par exemple au Sommet de 2015, ainsi autour de la France, l'Italie et l'Espagne et de la Belgique, doit pouvoir se constituer une solidarité sud-européenne, qui prend forme dans la Commission interparlementaire Sud-Europe regroupant 11 pays (Portugal, Espagne, Belgique, France, Italie, Croatie, Malte, Grèce, Chypre, Bulgarie et Roumanie).






*A terme, l'Europe ne pourra pas éviter du fait de l'inertie liée à un nombre important d'Etats membres ou d'autres problèmes structurels:


-la création d'un Parlement de la Zone Euro et l'arrêt de l'adoption obligatoire de l'euro pour tous. Seuls des critères objectifs faisant le constat que les pays émergents , en cours de développement économique finalisé, c'est-à-dire, au niveau de l'Allemagne, la France, l'Italie; permettront de faire entrer un Etat membre de la zone euro.


-La réforme de la BCE, après l'échec politique qui a amené à l'humiliation de la Grèce et du peuple grec (si on voulait faire dégoûter un peuple de l'Europe, il ne fallait pas s'y prendre autrement) sera incontournable , avec dedans, l'autorisation de prêter à un Etat à taux zéro et la création d'eurobonds pour créer une dette souveraine européenne.
-La création d'un groupe Sud-Europe institutionnalisé car les économies à exportation des pays d'Europe du nord n'ont pas la même logique que celles d'Europe du sud davantage économies de consommation, avec des réunions de concertation avant chaque Conseil européen et avant la préparation de chaque nouveau Traité, la commission interparlementaire Sud-europe continuera à avoir lieu et s'appuyer sur ses rapports.

mardi, août 28, 2018

La bataille acharnée des deux gauches concernant la laïcité: finissons-en! (A moins qu'on souhaite l'atomisation de la gauche?)

Cela fait plusieurs mois que j'avais envie d'écrire cet article, constatant depuis près de deux ans, la reprise d'un débat essentiel, mais qui dans des formes de combat, entre les partisans des deux lignes, ne peut s'avérer que fratricide et laisser la voie libre, pour dire même une autoroute à la droite et à l'extrême-droite.

*Tout d'abord replaçons cette question de la gauche, la laïcité et la question des enjeux de la laïcité. C'est une vieille question mais aussi une vieille polémique.
Sans remonter à la Loi de 1905 qui a été un consensus à gauche, les choses se sont corsées à partir des années 60-70, Mai 68 qui marque l'entrée en jeu de l'influence de la gauche américaine.

*En pleine guerre du Vietnam, des combats féministes et pour l'abolition de la Ségrégation, les milieux étudiants progressistes, Martin Luther King, les militants de gauche parfois révolutionnaires mais tous favorables au multilatéralisme: ils remettent en cause la logique de leur Etat: celle d'un Etat impérialiste,  rejoints ensuite par le Parti Démocrate. Les Démocrates ont en effet pris conscience -après avoir soutenu longtemps les paysans et les propriétaires moyens WASP (Américains d'origine britannique et protestante) du problème de la Ségrégation. Les WASP des classes populaires et moyennes avaient subi de plein fouet la récession des Etats du Sud qui ont vu leur économie détruite, du fait que ces Etats n'ont pas su s'occuper des secteurs forts de l'époque: le coton en particulier. Afin de faire marcher leur système,  les descendants d'aristocrates britanniques exploitaient pour le coton la main d'œuvre servile, marquant du prix du sang, de la sueur et des sévices, leur système de plantations.
La Ségrégation, elle était inscrite dès l'Indépendance et confirmé par le compromis du Missouri en 1820, nouvel Etat à l'époque et qui a été sujet de débat si ce nouvel Etat devait être esclavagiste ou non.
C'est donc cette inégalité confirmée par la Loi qui a été abolie par les Démocrates au nom de l'égalité des droits constitutionnelle , mais aussi moralement, en conformité avec l'esprit de la Révolution américaine portée par les Lumières et le système parlementaire britannique libéral (dans le sens des libertés).

*Et ainsi, l'énergie de la gauche américaine, son mode de vie alternatif ont attiré la jeunesse d'Europe de l'ouest, dont celle de France. Cela passait par les hippies, la musique alternative, les combats marquants: anti-impérialisme et opposition à la Guerre du Vietnam, féminisme, combat pour les minorités, et un vent frais d'un esprit plus individuel. Tout cela contrastait avec nos sociétés guindées, aussi bien nord-américaines que ouest-européennes, marquées par la religion chrétienne, un fort contrôle social, notamment de la jeunesse et la volonté de conserver coûte que coûte le patriarcat, pilier de bons nombres de sociétés humaines. Patriarcat, auxquelles n'ont pas échappé nos sociétés européennes depuis la Grèce et Rome et jusque dans l'exportation par la colonisation et le peuplement d'origine européenne de l'Amérique du Nord à partir du XVII° siècle.

*Cette influence anglo-saxonne a eu une conséquence importante dans le débat d'idées en Europe et en France: les Anglo-Saxons sont régis par le droit britannique ou dérivé de ce dernier, qui insiste sur la jurisprudence et la priorité de la liberté individuelle sur l'Etat et ne souhaite surtout pas proclamer de vérité universelle et les sociétés anglo-saxonnes, de part les frasques et pire les tendances tyranniques de plusieurs rois anglais puis britanniques, de se méfier de l'Etat; Tandis que l'Europe continentale, fondée sur le droit romain écrit (donc laissant peu de place traditionnellement à la jurisprudence) ayant pris des éléments de tradition germanique à partir des années 500, mettant en priorité l'autorité de l'Etat (au-delà même des souverains, c'est héritage de Rome où les principes et la notion d'imperium= pouvoir et autorité, dépassaient la question des personnes) , a développé l'universalisme s'appliquant aux sociétés puis aux Nations tout entières, mettant en priorité l'avancée de droits collectifs, pour assurer l'égalité de tous. Or la gauche européenne et continentale, notamment avec le marxisme, et dans la lignée des révolutions européennes inspirées par la France: 1789 et 1848 en particulier, a toujours affirmé que son modèle et son programme ne pouvaient qu' être  universels et même selon le vocabulaire marxiste: internationalistes, ce qui a amené des chocs par la suite, comme entre les deux formes de féminisme: le féminisme universel d'égalité versus le féminisme , combat des sexes, mettant en relief les spécificités du combat des femmes, minorées et traitées comme des minoritaires.

*Bien évidemment, au-delà de la nécessité d'universalisme, qui traite d'égal à égal, les personnes et les citoyens dans leurs droits et leurs différences, on ne peut gommer la spécificité de certains combats: le féminisme ne se comprend pas sans prendre en compte le patriarcat et la situation de domination sociale des hommes sur les femmes (exemple: les hommes peuvent avoir tendance à couper la parole aux femmes en assemblée publique, car consciemment ou inconsciemment, ils trouvent le discours porté par les femmes comme "non-valable",...), l'antiracisme ne peut gommer le rapport numérique, pour ne pas dire de force entre culture et apparence dominantes/ cultures et apparences minoritaires, le militantisme LGBT+ est une réaction à l'appropriation sociale et spatiale d'un modèle hétérosexuel de la société, avec souvent des tendances machistes... on peut donc dire que le point positif de l'arrivée d'influences intellectuelles anglo-saxonnes est l'apport d'un autre regard sur la réponse sociologique, politique et militante concernant les combats militants, le point négatif étant la dérive individualiste, le refus ou au moins la minoration de l'universalisme et une certaine tendance à classer en communauté, comme l'organisation sociétale américaine ou canadienne-anglophone (le Québec est davantage un entre-deux).


*Après cette mise au point, développée mais nécessaire, venons-en au cœur du sujet: comment penser la laïcité?
Depuis les années 80, le mouvement antiraciste, en réaction aux meurtres de résidents étrangers en France dans la fin des années 70 et début 80 et bien-sûr face à la montée du Front National depuis 1983 (et l'arrivée d'une majorité frontiste à Dreux, avec une coalition extrême-droite/droite), des mouvements comme la Marche pour l'Egalité en 1983, puis la création de SOS Racisme en 1986 ont voulu mettre au centre du débat l'intégration de populations françaises aux racines extra-européennes: Maghreb, Afrique de l'Ouest, notamment et la question d'une visibilité croissante de la religion musulmane. Le questionnement étant :
-Est-ce une religion comme les autres? (Ma réponse est très logiquement oui) ,

-Comment aborder l'expression affirmée d'une partie des musulmans, avec le port du voile, la volonté de s'organiser et de construire une communauté religieuse sur la place publique avec la revendication de constructions de mosquées (ne pouvant être financées par les deniers publics, en conformité aux principes de 1905) ou la demande de carrés musulmans dans les cimetières? (Ma réponse étant qu'il est légitime que les musulmans prennent leur place dans la société française)

-Est-ce une atteinte à la culture et de l'ingérence dans l'intime et ce qui relève de la liberté de conscience que de rappeler que la loi civile/de l'Etat/humaine est prioritaire dans son application par rapport à la loi religieuse, et notamment dans la thématique de la reconnaissance et affirmation de l'égalité femmes-hommes, l'aspect très sécularisé de la société française dans l'expression de règles strictes de la laïcité (neutralité des fonctionnaires,...)? (Le primat de la loi civile et laïque est pour moi un des fondements essentiels de la République)

Et le premier choc a eu lieu en 1989, quand en octobre, deux filles, au collège Gabriel-Havez à Creil (Oise), se sont présentées dans l'enceinte de l'établissement , voilées. Le Conseil d'Etat a jugé en 1992 que la loi n'était pas assez claire pour affirmer que les élèves devaient se conformer eux aussi à la neutralité laïque, quand bien même la Loi Ferry de 1881-1882 faisait de l'école publique, une école laïque donc neutre pour tous (on a toujours demandé aux jeunes élèves et garçons juifs pratiquants , d'enlever leur kippa en classe). A l'époque Lionel Jospin n'a pas vraiment su quoi répondre, coincé entre sa conviction laïque et sa volonté de ne pas entrer dans le jeu d'un conflit communautaire (les "Français de racine européenne et chrétienne" face aux "minorités bafouées"). Il a fallu la commission Stasi lancée par le président Chirac en 2003 et la Loi de 2004 sur les signes ostensibles pour régler la question de la clarification de la loi et de l'esprit de la loi.
Deux éléments se sont interférés en réalité:
-La volonté légitime de prendre place dans la société pour les Français de tradition musulmane. Rappelons que l'Hexagone connait depuis les années 1900, une immigration maghrébine donc aussi de tradition musulmane, cela fait donc plus d'un siècle, une partie de la droite et toute l'extrême-droite l'a "oublié" que l'islam est présent en France métropolitaine, il va sans dire que les colonies françaises d'Afrique dont Mayotte et la Réunion avaient de longue date des populations musulmanes.
-Le deuxième élément qui s'est interféré avec le premier est la montée de l'"islam politique", ou dit autrement et je préfère ce terme: la théocratie musulmane militante, la Révolution islamique en Iran, en 1979, étant le début de ce réveil idéologique et politique. Les théocrates ou les pro-théocrates revendiquent que la loi religieuse est la seule loi qui puisse être appliquée sur Terre et ils sont favorables à un système dictatorial où les prélats domineraient la société. Ces personnes font passer le message médiatiquement, que seul cet islam serait le vrai. Ceci est évidemment beaucoup plus complexe et c'est oublier qu'une multitude de madahib (tendances religieuses) existent en islam: d'abord la division chiisme/sunnisme et à l'intérieur du chiisme et du sunnisme, plusieurs conceptions différenciées. Il existe en outre depuis les années 80-90 l'émergence d'un islam libéral et moderniste affirmant la concordance entre valeurs de la République et valeurs musulmanes, on peut citer les philosophes Malek Chebel et Abdennour Bidar.

*Ces dernières années deux tendances semblent émerger à gauche, en plus des partisans du statu quo et des relativistes culturels:
-la tendance laïque militante, souhaitant même pour certains, renforcer la Loi de 1905: Caroline Fourest, Manuel Valls (de gauche jusqu'en 2017), le Printemps républicain (avec notamment des personnalités comme le professeur d'université Laurent Bouvet et l'adjoint à la maire d'Avignon, Amine El Khatmi),...
-la tendance "décoloniale" à l'américaine, s'inspirant des combats d'Angela Davis, les Black Panthers et les écrits du philosophe Frantz Fanon: Rokhaya Diallo, le Parti des Indigènes de la République,...

Les tenants d'une laïcité correspondant au statu quo de la Loi de 1905, finalement au milieu, se prenant pas mal de "coups symboliques" dans la figure, comme Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire de la Laïcité, vertement critiqué , notamment par certains laïques militants, sous prétexte, selon eux , qu'il prônerait une version "molle" de la laïcité, donc pas assez défenderesse. Benoît Hamon , à l'époque candidat aux primaires en 2016, du fait d'un propos un peu confus mais non ambigu sur les banlieues et le rapport femmes/islam (à propos d'une femme interpellée dans un bar parce qu'on jugeait qu'elle n'y avait pas sa place) a été pas mal critiqué par les partisans de Valls et une partie des partisans de Montebourg, comme relativiste culturel  (argument dont les opposants aux militants de SOS Racisme fustigeaient ces derniers). Benoît Hamon est en réalité un partisan du statu quo. On voit là que les gauches à l'intérieur d'un parti ou d'une tendance élargie (gauche internationaliste et pro-européenne) se déchirent,  ce qui est dommageable car une position médiane de compromis est possible.

On peut citer deux moments où ces deux gauches se sont pris le bec: en novembre 2017, quand Edwy Plenel critique fortement le journal Charlie Hebdo (dont la rédaction a été décimée par l'attentat de janvier 2015), parce qu'il estime que les caricatures qui critiquent la religion portent atteinte aux convictions des croyants et en mai 2018 quand la syndicaliste, responsable UNEF de la section de Paris IV est prise à partie par le Printemps républicain.

QUELLE POSITION ALORS ADOPTER? UN ENTRE-DEUX CONFORME A L'ESPRIT DE LA GAUCHE FRANCAISE UNIVERSALISTE ET EMANCIPATRICE EST-IL POSSIBLE?
Oui , c'est la position de la synthèse historique, position que je vais expliquer ci-dessous:

L'intimité religieuse ou mystique n'est pas forcément un mal en soi car cela relève du choix de la personne. Il est vrai qu'un certain nombre de militants de gauche estiment que la spiritualité serait une forme de superstition et de conte, car ils sont convaincus par l'athéisme. Personne en réalité n'a la réponse absolue et unique à cette question. L'essentiel étant que les croyants n'imposent rien à la société.
Ensuite, il y a une tendance qui a toujours existé à gauche, dans la conception de l'Histoire, celle de la Tabula Rasa. Cela est lié à l'idée que la Révolution prolétarienne balayerait tout le monde ancien et les "Quatre Vieilleries" et en France, elle tire son fondement de l'histoire révolutionnaire  de 1792-1793. Or, croire que l'histoire commence en 1792-1793 et que la Loi de 1905 découle de cet athéisme militant est un sophisme doublement faux. C'est oublier la continuité du parcours des personnes qui ont vécu la Révolution, qui ont transmis pour beaucoup des valeurs chrétiennes à leur enfants, c'est faire fi de la construction étatique des Rois, poursuivie par Bonaparte puis la République. C'est mettre de côté , enfin, la position d'équilibre d'Aristide Briand qui a fait de cette loi, un instrument et un compromis entre athées, agnostiques et croyants.
Certains laïques militants voulaient interdire la soutane dans la rue, lors des débats à la Chambre, Aristide Briand a écarté et a convaincu la représentation nationale que c'était aller trop loin de commander la tenue des citoyens et que l'Eglise trouverait toujours un moyen de se distinguer des non-clercs.
Tiens, on retrouve la même question avec le voile. La question est close par la loi, depuis l'interdiction du niqab en 2010 et on ne pourra pas aller plus loin. Seuls la nudité totale et le couvrement total du corps (donc en l'occurrence, le visage), sont des dérogations constitutionnelles, vouloir régenter plus loin l'habillement dans la rue, viole les principes fondamentaux des libertés.

Et dans le même temps, l'État est neutre et ne reconnaît aucune religion mais protège la liberté de culte, de conscience et la libre pensée tout en même temps. La France, la société française et la République forment alors, en conséquence une synthèse historique entre 1789, la Révolution, la République de 1792 et ses suites: 1848, Commune, mais aussi son histoire royale, son origine médiévale et chrétienne, l'aventure controversée/ambiguë de Bonaparte...
Il en va de même pour le Peuple français : le noyau originel celte/romain/germanique mais aussi bien-sûr la diversité des Outremers: Amérindiens, descendants d'esclaves africains, métis, Polynésiens, Canaques... et le creuset de l'immigration, nous la France, premier pays historiquement lié à l'immigration depuis les années 1840: Italiens, Belges, Polonais, Espagnols, Arabo-berbères du Maghreb, Portugais, Chinois, Cambodgiens, Vietnamiens, Sénégalais et Maliens, Turcs... Sans oublier et j'y tiens la diversité de nos 25 langues autochtones régionales et minoritaires de Métropole et de nos 50 langues autochtones régionales et minoritaires des Outremers.

En conclusion, on peut dire que:
-les tenants de la laïcité juridique ont raison sur le fait qu'il ne faut pas toucher à la Loi de 1905, car elle est un joyau de compromis et de consensus et que la laïcité est égale à la Loi de Séparation des Eglises et de l'Etat;
-les laïques militants ont raison de dénoncer le communautarisme des militants décoloniaux, car il n'existe qu'une seule communauté: la Nation française, sans aucune autre distinction;
-la gauche marxisante et la gauche républicaine (davantage aile droite) a raison de rappeler que le combat à gauche réside dans l'émancipation, l'égalité et la fin du patriarcat;
-Rokhaya Diallo a raison de souligner le combat spécifique de chaque lutte (féminisme, antiracisme, LGBT+, ...);
-la position d'équilibre à la fois militante et émancipatrice et à la fois consciente de la continuité historique et des rapports interculturels, donc le "synthétisme historique" correspond à ce que devrait défendre les partis à gauche.