« Nature
morte du Quinquennat 2012-2017 »
ou
étude d’un mandat raté :
Ma
contribution à l’analyse de l’Inventaire (novembre 2018-décembre
2018) au Parti Socialiste
par Pierre-Marie Chevreux,
militant à la section de Roanne-Mably et secrétaire fédéral du
PS Loire
Propos introductif :
Du
Quinquennat passé et du Parti Socialiste actuel
Le quinquennat de François
Hollande (2012-2017) et les trois gouvernements, Jean-Marc Ayrault
(mai 2012-mars 2014) , Manuel Valls (mars 2014-décembre 2016) et
Bernard Cazeneuve (décembre 2016-mai 2017) ont été , et c’est
reconnu à l’unanimité générale, des chemins de croix. Il faut
toutefois nuancer le propos concernant le primo-ministère de J.M.
Ayrault qui a été marqué par l’affaire Cahuzac et un certain
nombre de couacs et exclure du passif le bref passage mais
rassérénant (de ce qui pouvait être encore sauvé, c’est à dire
deux fois rien) de Bernard Cazeneuve.
Certes
la forme et l’Institut Jean Jaurès a beaucoup insisté dessus
compte , et c’est certain, mais c’est bien du fond politique dont
il s’agit en premier lieu et qui doit être analysé en son for
intérieur, mais même plus décortiqué, critiqué et disons-le
franchement jugé. Comme le disait Victor Hugo « La
forme, c’est le fond qui remonte à la surface »
. On l’aura compris, le jugement sur ce Quinquennat ne peut-être
que globalement négatif (par points précis, c’est autre chose)
et pour une fois, contrairement
au Bilan de François Mitterrand, Michel Rocard (soulignons ce
Premier-Ministre qui a apporté sa patte à la gauche, par un travail
constructif, social et finalement reconnu de tous, alors qu’à
l’époque, les mitterrandistes le conspuaient) et Lionel Jospin, il
ne s’agit pas de critiquer ce qui n’a pas été fait mais bel et
bien ce qui a été produit par la gauche au pouvoir pendant cinq
ans.
Le
propos comprend aussi la direction du PS actuel, qui certes, malgré
quelques efforts (trop timorés à mon sens), continue d’être
fuyant (et je précise cela vaut pour le Secrétariat de
Jean-Christophe Cambadélis d’avril 2014 à septembre 2017, mais
pourquoi n’a t-il pas démissionné dès juin 2017 ??), à la
hollandaise, en noyant le poisson, vis-à-vis d’un passage sur le
gril de l’aile droite du Parti Socialiste et le PS ne pourra pas se
reconstruire en profondeur sans cette introspection critique et cette
remise en cause. Le départ des camarades Emmanuel Maurel et
Marie-Noëlle Lienemann le 13 octobre 2018 n’en est que le dernier
symbole en date. La faute originelle du Parti a été d’esquiver
l’Inventaire au crépuscule du parti de gouvernement , ce dès juin
2018. L’Inventaire, souhaité, on le prend, arrive quand même
tard, trop tard (on se dit que vu l’éclatement de la gauche, on
aurait pu s’éviter un départ de Benoît Hamon puis d’Emmanuel
Maurel et Marie-Noëlle Lienemann si on avait mis le coup de collier
salutaire d’un parti qui réagit quand même, au bon moment)
La question de la Nature morte
du Parti , momifiée après le souffle d’un volcan explosif tel le
Vésuve à Pompéi, se pose effectivement.
I)Des
points positifs, trop rares, même s’ils sont à saluer
Les
points majeurs, même si les doigts d’une main suffit largement à
les compter, au nombre de trois permettent de garder un instant, un
sourire crispé et un souffle de fierté comme socialistes partisans,
nous les enfants et héritiers de Jean Jaurès. Ce sont en premier
lieu, le Mariage pour tous,
la globalité de la Réforme Peillon sur l’école
qui a assuré enfin des moyens, à nouveau à cette institution
fondatrice du lien républicain , national et éponge (trop frêle,
vu l’état de l’école depuis une quinzaine d’années) des
inégalités et la COP 21,
mise en ordre essentielle pour la « Bataille pour
l’Organisation de la Planète » chère à Michel Rocard, un
précurseur en la matière ; COP 21 qui se couple à la Loi de
Transition énergétique, effort français plus que nécessaire pour
l’écologie (même s’il demeure à être mis en œuvre
aujourd’hui, tâche ardue avec un Gouvernement qui n’a cure de
l’écologie) et il ne pouvait en être autrement , en ce qui
concerne le pays organisateur de l’évènement international,
correspondant à un véritable 3e
Sommet de la Terre (après Rio 1992 et Kyoto 1997).
II)Une
kyrielle de points négatifs : comment s’y retrouver , si ce
n’est en se focalisant sur les curseurs essentiels ?
a)Quelques aspects
sous-estimés au sujet de l’Education
De manière générale, le
minstère Peillon a été un bon exercice. Toutefois, une pierre
d’achoppement a terni son bilan, et qui va suivre le bilan PS
comme un boulet , ce sont la gestion des moyens pour les heures de
péri-scolaire.
Il fallait indubitablement
densifier à nouveau les heures de cours, le mercredi matin et
réorganiser (de nombreux travaux de chronobiologistes ont abondé
les études des partis de gauche de 2007 à 2012) l’emploi du temps
des élèves de la primaire, dont on bouscule le rythme , ce qui est
un facteur comme un autre, des dés-apprentissages et des inégalités
socio-éco-culturelles.
A partir de là, même si le
budget devait « ne pas exploser », au nom de quoi, une
commande du Ministère , en ce qui concerne l’organisation de
l’encadrement des mairies dans les écoles primaires (ce qui est à
leur charge) devait peser sur les budgets des collectivités
municipales ?
On peut se le demander et je dis
que c’était à l’État de financer entièrement ces heures
péri-scolaires. Sûrement que le Gouvernement Macron-Philippe aurait
démonté ce dispositif, mais il n’y aurait pas eu le pêché
originel de l’État qui se défausse sur les mairies.
On peut aussi parler de la
réforme du collège fait à la va-vite par Najat Vallaud-Belkacem,
qui a voulu réduire le nombre horaires de cours, alors que cela
comprenait des heures d’AP (Aide Personnalisée), n’a pas su
dissimuler l’objectif d’économie de postes. Une vraie réforme
des collèges aurait respecté le délai de 2 ans, le temps que les
élèves finissent leur cycle et ne soient pas « entre deux
programmes », aurait donné du temps, des heures et des postes
supplémentaires pour abonder des heures de modules dédoublées,
pour mieux travailler et aurait revalorisé le taux horaire en
langues , qui est ridicule (2h/semaine) au regard de l’ambition
européenne/internationale du bilinguisme/multilinguisme, au lieu de
pointer du doigt des matières qui comptent (comme toutes) puisque ce
sont comme les autres, des points de Culture :
l’allemand-bilangue et le latin-grec. Comment la gauche, fille de
Garcia Lorca qui amenait le théâtre et l’art dans le moindre
village andalou peut déclarer « inégalitaire » la
Culture et les langues ?? L’Ecole c’est l’ambition
élitaire pour tous (le Savoir qui n’est pas l’apanage des élites
mais le moyen de l’égalité scolaire).
b)La Déchéance, ce
moment où la cheville de la porte a craqué…
Cette
annonce qui a brisé l’idée d’égalité de traitement de tous
les citoyens devant la Loi : on aurait traité différemment un
terroriste uniquement de nationalité française et un terroriste de
double-nationalité n’est pas tenable une seconde face à l’adage
kantien , « Agis
seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en
même temps qu'elle devienne une loi universelle »,
soit c’est pareil pour tout le monde, soit on n’énonce pas un
principe partiel et partial. Cette proposition vient en outre de
l’extrême-droite et François Hollande a oublié que l’Indignité
nationale existe : Pétain en a subi les foudres justes.
c)Le social-économique,
le coeur de la politique et le coeur de la politique de gauche
bafoués dans une gouvernance hétérodoxe et autoritaire
On ne peut rejeter la faute,
comme le fait en partie l’Inventaire de l’Institut Jean Jaurès
sur l’aile gauche qui n’aurait pas compris qu’elle devait muter
et aller dans le sens de l’aile droite. Plusieurs points dont la
Loi El Khomri a été le point d’orgue de la politique blairiste et
schröderienne, alors que le Quinquennat ne l’a pas toujours été.
François Hollande,
idéologiquement, et Manuel Valls par la mise en pratique et sa
volonté de faire le coq social-libéral , orné du titre pompeux de
« Réformateur » en sont les principaux responsables. Les
« Frondeurs », le terme est un peu injuste et impropre,
même s’ils ont effectivement fait tanguer le bateau, n’ont fait
qu’être fidèles au Programme du PS et de François Hollande de
2012.
Outre la jurisprudence
jospinienne pratique qui veut que l’on fasse concerter le groupe
majoritaire , les partenaires de gauche et l’Exécutif, qui n’a
pas été appliqué pendant ces cinq années, le « Changement
de Cap » et surtout disons-le bien la Loi Travail a été un
renoncement à une logique de « lois sociales toujours plus
mélioratives », ne cédant jamais dans la marche des Droits
sociaux. Michel Rocard, fut-il social-démocrate n’en pensait pas
moins. C’est bien là le Mur idéologique de François Hollande et
du PS majoritaire d’alors : avoir cru que l’on pouvait faire
passer Blair et Schröder au sein du socialisme français.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire