A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


vendredi, novembre 23, 2018

Ma contribution au débat sur l'Inventaire du PS

Ce texte est l'écrit personnel, mon point de vue sur l'Inventaire, qui marque clairement un avis beaucoup plus négatif que positif sur le Quinquennat de François Hollande. Je l'ai présenté  en Conseil Fédéral du PS de la Loire, il sera amendé, un peu plus consensuel (je respecte les différents points de vue). Mais je voulais que mon propre texte soit court, incisif et cash, car c'est mon analyse et mon ressenti.


« Nature morte du Quinquennat 2012-2017 »

ou étude d’un mandat raté :
Ma contribution à l’analyse de l’Inventaire (novembre 2018-décembre 2018) au Parti Socialiste

par Pierre-Marie Chevreux,
militant à la section de Roanne-Mably et secrétaire fédéral du PS Loire


Propos introductif : Du Quinquennat passé et du Parti Socialiste actuel

Le quinquennat de François Hollande (2012-2017) et les trois gouvernements, Jean-Marc Ayrault (mai 2012-mars 2014) , Manuel Valls (mars 2014-décembre 2016) et Bernard Cazeneuve (décembre 2016-mai 2017) ont été , et c’est reconnu à l’unanimité générale, des chemins de croix. Il faut toutefois nuancer le propos concernant le primo-ministère de J.M. Ayrault qui a été marqué par l’affaire Cahuzac et un certain nombre de couacs et exclure du passif le bref passage mais rassérénant (de ce qui pouvait être encore sauvé, c’est à dire deux fois rien) de Bernard Cazeneuve.

Certes la forme et l’Institut Jean Jaurès a beaucoup insisté dessus compte , et c’est certain, mais c’est bien du fond politique dont il s’agit en premier lieu et qui doit être analysé en son for intérieur, mais même plus décortiqué, critiqué et disons-le franchement jugé. Comme le disait Victor Hugo « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface »  . On l’aura compris, le jugement sur ce Quinquennat ne peut-être que globalement négatif (par points précis, c’est autre chose)
et pour une fois, contrairement au Bilan de François Mitterrand, Michel Rocard (soulignons ce Premier-Ministre qui a apporté sa patte à la gauche, par un travail constructif, social et finalement reconnu de tous, alors qu’à l’époque, les mitterrandistes le conspuaient) et Lionel Jospin, il ne s’agit pas de critiquer ce qui n’a pas été fait mais bel et bien ce qui a été produit par la gauche au pouvoir pendant cinq ans.

Le propos comprend aussi la direction du PS actuel, qui certes, malgré quelques efforts (trop timorés à mon sens), continue d’être fuyant (et je précise cela vaut pour le Secrétariat de Jean-Christophe Cambadélis d’avril 2014 à septembre 2017, mais pourquoi n’a t-il pas démissionné dès juin 2017 ??), à la hollandaise, en noyant le poisson, vis-à-vis d’un passage sur le gril de l’aile droite du Parti Socialiste et le PS ne pourra pas se reconstruire en profondeur sans cette introspection critique et cette remise en cause. Le départ des camarades Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann le 13 octobre 2018 n’en est que le dernier symbole en date. La faute originelle du Parti a été d’esquiver l’Inventaire au crépuscule du parti de gouvernement , ce dès juin 2018. L’Inventaire, souhaité, on le prend, arrive quand même tard, trop tard (on se dit que vu l’éclatement de la gauche, on aurait pu s’éviter un départ de Benoît Hamon puis d’Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann si on avait mis le coup de collier salutaire d’un parti qui réagit quand même, au bon moment)
La question de la Nature morte du Parti , momifiée après le souffle d’un volcan explosif tel le Vésuve à Pompéi, se pose effectivement.

I)Des points positifs, trop rares, même s’ils sont à saluer

Les points majeurs, même si les doigts d’une main suffit largement à les compter, au nombre de trois permettent de garder un instant, un sourire crispé et un souffle de fierté comme socialistes partisans, nous les enfants et héritiers de Jean Jaurès. Ce sont en premier lieu, le Mariage pour tous, la globalité de la Réforme Peillon sur l’école qui a assuré enfin des moyens, à nouveau à cette institution fondatrice du lien républicain , national et éponge (trop frêle, vu l’état de l’école depuis une quinzaine d’années) des inégalités et la COP 21, mise en ordre essentielle pour la « Bataille pour l’Organisation de la Planète » chère à Michel Rocard, un précurseur en la matière ; COP 21 qui se couple à la Loi de Transition énergétique, effort français plus que nécessaire pour l’écologie (même s’il demeure à être mis en œuvre aujourd’hui, tâche ardue avec un Gouvernement qui n’a cure de l’écologie) et il ne pouvait en être autrement , en ce qui concerne le pays organisateur de l’évènement international, correspondant à un véritable 3e Sommet de la Terre (après Rio 1992 et Kyoto 1997).

II)Une kyrielle de points négatifs : comment s’y retrouver , si ce n’est en se focalisant sur les curseurs essentiels ?

a)Quelques aspects sous-estimés au sujet de l’Education
De manière générale, le minstère Peillon a été un bon exercice. Toutefois, une pierre d’achoppement a terni son bilan, et qui va suivre le bilan PS comme un boulet , ce sont la gestion des moyens pour les heures de péri-scolaire.
Il fallait indubitablement densifier à nouveau les heures de cours, le mercredi matin et réorganiser (de nombreux travaux de chronobiologistes ont abondé les études des partis de gauche de 2007 à 2012) l’emploi du temps des élèves de la primaire, dont on bouscule le rythme , ce qui est un facteur comme un autre, des dés-apprentissages et des inégalités socio-éco-culturelles.
A partir de là, même si le budget devait « ne pas exploser », au nom de quoi, une commande du Ministère , en ce qui concerne l’organisation de l’encadrement des mairies dans les écoles primaires (ce qui est à leur charge) devait peser sur les budgets des collectivités municipales ?
On peut se le demander et je dis que c’était à l’État de financer entièrement ces heures péri-scolaires. Sûrement que le Gouvernement Macron-Philippe aurait démonté ce dispositif, mais il n’y aurait pas eu le pêché originel de l’État qui se défausse sur les mairies.
On peut aussi parler de la réforme du collège fait à la va-vite par Najat Vallaud-Belkacem, qui a voulu réduire le nombre horaires de cours, alors que cela comprenait des heures d’AP (Aide Personnalisée), n’a pas su dissimuler l’objectif d’économie de postes. Une vraie réforme des collèges aurait respecté le délai de 2 ans, le temps que les élèves finissent leur cycle et ne soient pas « entre deux programmes », aurait donné du temps, des heures et des postes supplémentaires pour abonder des heures de modules dédoublées, pour mieux travailler et aurait revalorisé le taux horaire en langues , qui est ridicule (2h/semaine) au regard de l’ambition européenne/internationale du bilinguisme/multilinguisme, au lieu de pointer du doigt des matières qui comptent (comme toutes) puisque ce sont comme les autres, des points de Culture : l’allemand-bilangue et le latin-grec. Comment la gauche, fille de Garcia Lorca qui amenait le théâtre et l’art dans le moindre village andalou peut déclarer « inégalitaire » la Culture et les langues ?? L’Ecole c’est l’ambition élitaire pour tous (le Savoir qui n’est pas l’apanage des élites mais le moyen de l’égalité scolaire).

b)La Déchéance, ce moment où la cheville de la porte a craqué…
Cette annonce qui a brisé l’idée d’égalité de traitement de tous les citoyens devant la Loi : on aurait traité différemment un terroriste uniquement de nationalité française et un terroriste de double-nationalité n’est pas tenable une seconde face à l’adage kantien , « Agis seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle », soit c’est pareil pour tout le monde, soit on n’énonce pas un principe partiel et partial. Cette proposition vient en outre de l’extrême-droite et François Hollande a oublié que l’Indignité nationale existe : Pétain en a subi les foudres justes.

c)Le social-économique, le coeur de la politique et le coeur de la politique de gauche bafoués dans une gouvernance hétérodoxe et autoritaire
On ne peut rejeter la faute, comme le fait en partie l’Inventaire de l’Institut Jean Jaurès sur l’aile gauche qui n’aurait pas compris qu’elle devait muter et aller dans le sens de l’aile droite. Plusieurs points dont la Loi El Khomri a été le point d’orgue de la politique blairiste et schröderienne, alors que le Quinquennat ne l’a pas toujours été.
François Hollande, idéologiquement, et Manuel Valls par la mise en pratique et sa volonté de faire le coq social-libéral , orné du titre pompeux de « Réformateur » en sont les principaux responsables. Les « Frondeurs », le terme est un peu injuste et impropre, même s’ils ont effectivement fait tanguer le bateau, n’ont fait qu’être fidèles au Programme du PS et de François Hollande de 2012.
Outre la jurisprudence jospinienne pratique qui veut que l’on fasse concerter le groupe majoritaire , les partenaires de gauche et l’Exécutif, qui n’a pas été appliqué pendant ces cinq années, le « Changement de Cap » et surtout disons-le bien la Loi Travail a été un renoncement à une logique de « lois sociales toujours plus mélioratives », ne cédant jamais dans la marche des Droits sociaux. Michel Rocard, fut-il social-démocrate n’en pensait pas moins. C’est bien là le Mur idéologique de François Hollande et du PS majoritaire d’alors : avoir cru que l’on pouvait faire passer Blair et Schröder au sein du socialisme français.

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