A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


mercredi, décembre 05, 2018

Un gué inquiétant pour la France : la crise socio-éco-fiscale de novembre-décembre 2018 dite des "Gilets jaunes"

Depuis quelques temps, déjà, le temps s'assombrit pour la France et sa situation socio-économique.
Le chômage continue d'augmenter, les trésoreries malgré le dispositif du CICE sont pas toutes loin de là, au beau fixe car notamment le verrou bancaire des prêts continue de bloquer l'activité et du point de vue du Gouvernement Philippe-Macron, le départ fin août de cette année 2018, de Nicolas Hulot, alors Ministère de l'Ecologie a sonné le glas d'un redressement constructif de la France.

Chose inattendue, après l'affaire et la faute de la CSG et de la quasi-abolition de l'ISF, de la grève SNCF contre le démantèlement du Service public qui subit déjà et encore plus depuis, les affres de la rentabilité asséchante pour l'Aménagement du Territoire, sans compter la colère des maires qui n'a reçu que le mépris présidentiel...
Qui aurait pu croire que dans la discussion pour le Budget 2019, la mesure de hausse des taxes sur le carburant aurait été la goutte d'eau qui fait déborder le vase? Conjoncturellement , personne, pas même les premiers intéressés, les Gilets Jaunes (personnes aux avis divers, aussi bien de toutes les couleurs de droite, que celles de la gauche). Il n'en demeure pas moins que le pays vit depuis le CPE (2005) et même depuis la grève des routiers de 1995 face à Alain Juppé, le mentor d'Edouard Philippe, son mouvement de nature sociale le plus vigoureux.

Le mouvement des Gilets Jaunes est à entendre, la colère qu'il exprime ne peut être balayée d'un revers de main car il s'agit de la question du Pouvoir d'achat. Question qui taraude la France depuis 1993 et les "réformes" Balladur sur les retraites et autre, de nature austéritaire; quand le Président Macron s'apprête au printemps 2019 (réforme repoussée, par ailleurs) à faire de même , en voulant faire baisser drastiquement le niveau de reversion des pensions. Comment justifier en 25 ans, probablement ce qui sera un recul d'autour de 50% du niveau de reversion??

Olivier Faure, premier-secrétaire du PS, l'autre jour (le lundi 03/12/2018) sur Europe 1, l'a bien dit:
"La France est en état de quasi-insurrection", mots lourds pour quelqu'un qui pèse toujours ses mots.

Emmanuel Macron mais aussi Edouard Philippe, "droits dans leurs bottes", ont pêché par orgeuil en croyant que l'adage post-1986 de Jacques Chirac sur l'ISF (Impôt sur la Fortune) -rétabli par Michel Rocard, en 1988- était dépassé, ou précisément l'IGF (Impôt sur les Grandes Fortunes) à l'époque: "Ne touchez pas à l'ISF!" et en décidant de passer outre les Corps intermédiaires.

Ce point sur les Corps intermédiaires est majeur, malgré les réserves d'une partie de la droite et d'une partie des analystes de l'actualité politique, car ce n'est pas anodin dans un pays pour qui l'Egalité est pilier de la République, que l'on soit si peu syndiqué. Cela ne veut pas dire que la politisation n'existe pas, non. Le mouvement des Gilets jaunes en est la preuve la plus récente. La politique c'est s'impliquer dans la vie et les décisions concernant la Cité. Ce qui pose problème, en France et ce depuis le début de la Révolution, en 1791 (Loi Le Chapelier qui interdit les rassemblements des ouvriers), c'est que l'Aristocratie a été remplacée, place et rapports de force inclus, par la Bourgeoisie, c'est-à-dire, ne nous méprenons pas, les Grands Possédants détenteurs des grandes fortunes. En aucun cas, les PME, et c'est parfois le défaut de la gauche, ne peuvent représenter une emprise qui mériterait des Lois Somptuaires , comme sous Rome (loi Orchia, Loi des Douze Tables) chargées d'équilibrer les rapports entre patriciens (aristocrates et grands propriétaires) et les plébéiens (le peuple, historiquement plus modeste en revenus que les patriciens). La carence cruelle en représentation et en représentativité syndicale fait plus que défaut dans une démocratie moderne: comment la citoyenneté s'arrêterait-elle à la porte de l'entreprise? comment la consultation et la capacité à donner son avis en termes de stratégie (avec tous les enjeux qui vont avec: le bien de l'entreprise, la situation du marché et des commandes...) n'aurait-elle aucune légitimité?
Comme l'avait dit Jean Jaurès, la République ne sera totalement complète que quand elle sera sociale. C'est-à-dire que la démocratie sociale, mais aussi participative, liquide et horizontale pour exprimer des revendications de notre temps, ne demeurer un vain rêve, mais au contraire se réaliser et être accompagnée par les Gouvernements. Je me pose la question d'un système où les syndicats seraient incontournables: pour avoir une mutuelle,il faudrait se syndiquer, car l'on ne pourra pas soit refuser toute avancée de démocratie sociale (du point de vue d'un gouvernement hostile à l'Avancée du Progrès dans l'Histoire), soit refuser de s'impliquer soi-même dans un processus électif, d'engagement dans son milieu professionnel ( l'employé ou l'ouvrier comme représentant de ce qu'il souhaite pour son entreprise). C'est ce qui se passe en Belgique, Allemagne, Danemark, Suède, Norvège, Finlande et Islande, des pays où l'aboutissement de la démocratie va jusqu'au fond des racines, sur le terrain, par des relais ouvriers et associatifs et je ne vois pas en quoi cette mesure indispensable et méliorative constituerait un quelconque recul de société.

Le Gouvernement Philippe-Macron ne peut uniquement se contenter de l'équilibre budgétaire et de penser aux 3% demandés par l'Union Européenne (se limiter à un dépassement du déficit pour le budget, à hauteur de 3% du déficit). Cela ne veut pas dire d'ailleurs que toute politique budgétaire telle un puits des Danaïdes soit souhaitable, mais entre étendre un principe de rationalité à 5% du déficit et un principe à N % , il y a un fossé. Toutefois, à défaut de fossé, le Gouvernement actuel nous laisse , nous la France et les Français-es dans un gué.

Il ne peut s'agir de laisser s'installer le désordre, le Gouvernement sourd face aux préoccupations d'une grande majorité de Français en serait le premier responsable. Je ne sais pas si des démissions, des dissolutions immédiates serviraient à quelque chose, si on ne répond aux sujets de fond... c'est comme casser le thermomètre, mais rien faire pour lutter contre la fièvre.

Plus que les taxes, par rapport auxquelles il convient de demander un Moratoire et pour l'augmentation des taxes sur les carburants, précisément une abolition, mais aussi un retour de l'ISF tel qu'il fut pensé par Michel Rocard à Matignon, une Prime de pouvoir d'achat et une Fiscalité écologique personnalisée (selon les revenus et le lieu d'habitation de chacun : si l'on est plus aisé et habitant d'une zone métropolitaine bien desservie, on paye plus qu'une personne plus modeste et demeurant dans un espace rural ou périphérique peu desservi) et au-delà de cela un Plan de rattrapage des Services publics dans les zones rurales et périphériques, cibler le CICE pour les PME et la Convocation d'Etats Généraux sur le Pouvoir d'Achat, des Etats Généraux sur la Transition écologique et enfin des Etats Généraux sur la modernisation de nos institutions vers une VI° République parlementaire.
Car ces trois questions ne pourront plus être évitées à l'avenir: elles traînent depuis 1993, que ce soit avec la "Fracture sociale et territoriale", la question du Réchauffement climatique et la déception vis-à-vis d'un leadership français et européen.

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