Voici la contribution du Parti Socialiste de la Loire au sujet de l'Inventaire du Quinquennat de François Hollande (2012-2017), dans le cadre du débat national du Parti Socialiste de novembre-décembre 2018, dans la suite des travaux de la Fondation Jean Jaurès, proche du Parti Socialiste, qui depuis juin de cette année, a travaillé sur ce thème (a auditionné François Hollande, lui-même) et a sorti un ouvrage d'analyses par un collectif dirigé par Gilles Finchelstein ( "Retour sur un Quinquennat anormal" ), directeur de la Fondation et que l'on peut commander en ligne: https://jean-jaures.org/nos-productions/inventaire-2012-2017-retour-sur-un-quinquennat-anormal
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Un Quinquennat 2012-2017 gâché
Contribution
de la Fédération du Parti Socialiste de la Loire (Inventaire du
quinquennat de François Hollande au Parti Socialiste,
novembre-décembre 2018)
Propos
introductif : Du
quinquennat passé et du Parti Socialiste actuel
Le
quinquennat de François Hollande (2012-2017) et les trois
gouvernements, Jean-Marc Ayrault (mai 2012-mars 2014), Manuel Valls
(mars 2014-décembre 2016) ont été, et c’est reconnu à
l’unanimité générale, des chemins de croix. Le dernier
primo-ministère, celui de Bernard Cazeneuve (décembre 2016-mai
2017), avec un leadership certain et des enjeux de gestion des
affaires de l'Etat et de la sécurité publique, dans une France en
état d'urgence a été plutôt correct.
Alors que la
gauche rassemblée, autour des socialistes, radicaux de gauche,
écologistes et avec une observation bienveillante des communistes et
autres élus du Front de Gauche, avait tout pour pouvoir réussir, en
termes de manettes : l'Assemblée, le Sénat, la quasi-totalité
des régions, deux tiers des départements, la majorité des grandes
villes étaient gérés par des exécutifs de gauche. Ces majorités
de gauche plurielle n’ont pas trouvé de déclinaison dans la
composition du gouvernement. Avoir réduit sa composition aux membres
du PS, EELV et quelques personnalités était sans doute la première
erreur de François Hollande.
Toutefois,
il faut bien l'avouer la question du leadership de François Hollande
mais aussi de Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls et il faut l'ajouter,
car il a en bonne partie piloté la politique économique voulue par
l'Elysée, le conseiller Emmanuel Macron devenu ministre de
l'Economie en août 2014 fait partie des raisons de l'échec du
quinquennat. Les règles de la V° République, véritable monarchie
républicaine contribue à renforcer cette faiblesse de nos
dirigeants politique par la concentration des pouvoirs alors qu’un
plus juste équilibre pourrait partager les bons… et les moins bons
résultats économiques et sociaux.
Le
texte de la Fondation Jean Jaurès insiste davantage sur la forme,
mais il s'agit bien également de juger le fond du Quinquennat.
Comme le disait Victor Hugo « La forme,
c’est le fond qui remonte à la surface ».
Il serait injuste de ne pas aborder le rôle qu'a eu le Parti
Socialiste durant cet exercice du pouvoir.
Force est de
constater que le Parti Socialiste au national n'a pas joué le rôle
qu'il aurait dû avoir comme force de gauche, c'est-à-dire, le camp
politique qui sait être critique vis-à-vis de sa propre pratique,
sait normalement se remettre en cause car , contrairement à la
droite , l'exercice du pouvoir n'est perçu à gauche comme devant
être hiératique. Incapable de peser dans les choix présidentielles
et les décisions gouvernementales, nous gardons en mémoire la
résolution du Bureau national au lendemain du congrès de Poitiers,
qui réclamait plus de justice sociale a reçu une fin de
non-recevoir du pouvoir central. A la place, et nous y reviendrons,
le quinquennat s’est terminé par la déchéance de nationalité et
la loi El-Khomri. Que dire également de toutes ces vœux,
résolutions, motions émanant des sections et des fédérations et
qui n’ont jamais trouvé réponse ? Lorsque l’on méprise à
ce point ces militants, il ne faut pas s’étonner des départs
massifs et de la méfiance dans ses propres rangs.
Le PS n'a
pas tiré la leçon des années Mitterrand est n'a pas su et pas
voulu (de même que François Hollande) agir dans un contrat concerté
de cogestion entre l'Assemblée Nationale et l'exécutif, comme sous
Lionel Jospin (1997-2002).
I)Des
points positifs, trop rares, même s’ils sont à saluer
Les points
qui nous permettent de garder notre fierté de socialistes partisans,
nous les enfants et héritiers de Jean Jaurès, existent. Ils sont au
nombre de six. Il s'agit en premier lieu du :
- Mariage
pour tous, certainement la plus grande
réussite de ce quinquennat et c'est ce à quoi on pense en premier.
Cette promesse longtemps tenue, parfois vue comme une « patate
chaude » par certain-e-s au Parti Socialiste a été tenue.
Enfin, cela a marqué l'égalité et le sentiment de honte ou de ne
pas suffisamment oser s'affirmer pour une partie des personnes LGBT+
a été balayé, par l'incroyable travail de nos députés dont le
rapporteur Erwann Binet et bien-sûr l'incomparable aura
charismatique de Christiane Taubira (qui a fait par ailleurs un gros
travail concernant la Justice). Il est dommage cependant que le débat
ait duré si longtemps, cela a malheureusement permis à la « Manif
pour tous » de s'organiser et cette grande avancée devait
aussi comprendre, promesse que nous n'avons pas tenue, la PMA
(Procréation Médicalement Assistée) pour tous, y compris les
couples de femmes lesbiennes.
-En deuxième
lieu, la globalité de la Réforme Peillon sur
l’école a assuré enfin des moyens, à
nouveau à cette institution fondatrice du lien républicain,
national et éponge (trop frêle, vu l’état de l’école depuis
une quinzaine d’années) des inégalités. Cela a été l'occasion
de pouvoir redonner des postes de professeurs, surveillants, CPE,
infirmières scolaires à l'Education Nationale pour le bien des
élèves ; de même que l'injustice faite par le ministre Darcos
et l'ancien Président Sarkozy de supprimer la Formation des Maîtres
et l'IUFM a été levée avec la création des ESPE (Ecole Supérieure
du Professorat et de l'Education). Cela aurait été étrange, que le
professorat soit le seul métier qui ne mérite pas de formation !
-La 3e
mesure d'importance est bien-sûr la COP 21,
qui a lieu en décembre 2015, mise en ordre essentielle pour la
« Bataille pour l’Organisation de la Planète » chère
à Michel Rocard, un précurseur en la matière ; COP 21 qui se
couple à la Loi de Transition énergétique, effort français plus
que nécessaire pour l’écologie (même s’il demeure à être mis
en œuvre aujourd’hui, tâche ardue avec un Gouvernement qui n’a
cure de l’écologie) et il ne pouvait en être autrement , en ce
qui concerne le pays organisateur de l’événement international,
correspondant à un véritable 3e
Sommet de la Terre (après Rio 1992 et Kyoto 1997).
-La 4e
mesure réside dans le Tiers-Payant
généralisé, mesure de la ministre Marisol
Touraine, en 2015.
-Les 5e et
6e mesures sont similaires, puisqu'il s'agit de la création de deux
socio-professionnels : le Compte de
pénibilité, qui se trouve être la
contre-partie à l'effort demandé lors de la Réforme Ayrault des
retraites en 2013 et par la création du Compte
Personnel d'Activité négocié en 2014 avec
les Conférences sociales organisées à l'initiative de François
Hollande, dans sa volonté de renouveler le dialogue social.
II)
Beaucoup trop de points négatifs: là où commence le gâchis et la
très grande déception qu'a été ce quinquennat
a)Quelques
aspects sous-estimés au sujet de l’Education
De manière
générale, le ministère Peillon a été un bon exercice. Toutefois,
une pierre d’achoppement a terni son bilan, et qui va suivre le
bilan PS comme un boulet, ce sont la gestion des moyens pour les
heures de péri-scolaire.
Il fallait
indubitablement densifier à nouveau les heures de cours, le mercredi
matin et réorganiser (de nombreux travaux de chronobiologistes ont
abondé les études des partis de gauche de 2007 à 2012) l’emploi
du temps des élèves de la primaire, dont on bouscule le rythme, ce
qui est un facteur comme un autre, des dés-apprentissages et des
inégalités socio-éco-culturelles.
A partir de
là, même si le budget devait « ne pas exploser », au
nom de quoi, une commande du Ministère, en ce qui concerne
l’organisation de l’encadrement des mairies dans les écoles
primaires (ce qui est à leur charge) devait peser sur les budgets
des collectivités municipales ?
On peut se
le demander et je dis que c’était à l’État de financer
entièrement ces heures péri-scolaires. Sûrement que le
Gouvernement Macron-Philippe aurait démonté ce dispositif, mais il
n’y aurait pas eu le pêché originel de l’État qui se défausse
sur les mairies.
On peut
aussi parler de la réforme du collège fait à la va-vite par Najat
Vallaud-Belkacem, qui a voulu réduire le nombre horaires de cours,
alors que cela comprenait des heures d’AP (Aide Personnalisée),
n’a pas su dissimuler l’objectif d’économie de postes. Une
vraie réforme des collèges aurait respecté le délai de 2 ans, le
temps que les élèves finissent leur cycle et ne soient pas « entre
deux programmes », aurait donné du temps, des heures et des
postes supplémentaires pour abonder des heures de modules
dédoublées, pour mieux travailler et aurait revalorisé le taux
horaire en langues , qui est ridicule (2h/semaine) au regard de
l’ambition européenne/internationale du
bilinguisme/multilinguisme, au lieu de pointer du doigt des matières
qui comptent (comme toutes) puisque ce sont comme les autres, des
points de Culture : l’allemand-bilangue et le latin-grec.
Comment la gauche, fille de Garcia Lorca qui amenait le théâtre et
l’art dans le moindre village andalou peut déclarer
« inégalitaire » la Culture et les langues ??
L’Ecole c’est l’ambition élitaire pour tous (le Savoir qui
n’est pas l’apanage des élites mais le moyen de l’égalité
scolaire).
De manière
générale, probablement que l'école sous François Hollande et les
différents ministres (Peillon, Hamon, Vallaud-Belkacem) a manqué de
nouvelles perspectives lui donnant un souffle nouveau. François
Hollande a agi en faveur de l'Education Nationale certes, mais comme
sous tous les gouvernements, de droite comme de gauche, certains
sujets n'ont pas été abordés. Aucune réforme, ni même la moindre
réflexion concernant les méthodes d'enseignements et la place de
l'enfant, de l'adolescent et du futur adulte au sein de l'école.
Si
le monde bouge, se transforme, évolue, l'Education Nationale reste
une institution figée. On enseigne aujourd'hui comme on enseignait
il y a cinquante ans. Pourtant, certaines méthodes font évoluées
l'éducation en faveur de l'élève, comme la méthode Montessori,
certes pratiquée quasi uniquement en école privée.
L'Education
Nationale de demain devra revoir l'approche de l'enseignement dans la
transmission des savoirs. Moins de théorie, plus de pratique. Il
faut en finir avec les journées de cours à rallonge où les
enseignants déversent leur savoir. L'élève ne doit plus être le
spectateur des cours mais l'acteur, il doit participer davantage à
travers des mises en situation et des cas pratiques.
La
transition numérique doit aussi se faire à l'école, elle a
commencé certes, mais trop lentement et dans trop peu
d’établissements. Le numérique à l’école peut permettre
d'abord à tous les élèves d'avoir accès aux outils numériques,
mais aussi de les préparer à la réalité professionnelle où le
numérique est omniprésent.
Le
dessein de cette nouvelle organisation au sein de l'enseignement est
très clair. Apprendre aux jeunes à ne plus être les spectateurs
mais les acteurs de leur apprentissage et in fine de leur vie. Il est
dommage qu’aucune réforme de l’Education Nationale lors du
quinquennat Hollande n’y ai fait référence.
b) La
déchéance de nationalité, ce moment où la cheville de la porte a
craqué…
Cette
annonce faite en novembre 2015, dans le Discours au Congrès réuni
après les Attentats de novembre 2015, inspirée par Manuel Valls en
bonne partie, non refusée par l'influent ministre Macron a
littéralement brisé l’idée d’égalité de traitement de tous
les citoyens devant la Loi : on aurait traité différemment un
terroriste uniquement de nationalité française et un terroriste de
double-nationalité n’est pas tenable une seconde face à l’adage
kantien , « Agis seulement d'après la
maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle
devienne une loi universelle », soit
c’est pareil pour tout le monde, soit on n’énonce pas un
principe partiel et partial. Certes, on ne peut occulter la difficile
période des attentats : celui contre la rédaction de Charlie
Hebdo le 7 janvier 2015 et ceux conjoints du 13 novembre 2015
touchant le Bataclan, le Stade de France et des personnes qui
dînaient ou prenaient un verre dans les rues du 10 et 11èmes
arrondissements. Ce n'était pas un contexte facile, on pouvait
facilement perdre pied. Cependant, cette proposition vient en outre
de l’extrême-droite et François Hollande a oublié que
l’Indignité nationale existe : Pétain en a subi les foudres
justes et il n'a pas voulu écouter Christiane Taubira, ministre de
la Justice qui en a tiré les conséquences en démissionnant le 27
janvier 2016 Tout cela pour finir par un blocage au Sénat, (passé à
droite en 2014), en mars 2016.
c)La
réforme territoriale
Si certaines
fusions liées à la Loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale et
Régionale) de 2014, appliquée en 2015 ont fonctionné et qu'il y a
eu quelques clarifications nécessaires au sujet des compétences, on
peut que rester pantois devant l'inefficacité de cette réforme qui
avait pour argument, de réduire les coûts liés au fonctionnement
des collectivités régionales : ce n'est pas le cas et devant
la méthode employée, celle du choix de d'abord redécouper, sans
aborder la question des échelons, des compétences majeures, des
budgets des collectivités bien trop maigres (alors que l'ambition
était de faire des « grandes régions européennes »).
La nouvelle Région Grand-Est ne dispose que d'un un budget de 1,17
milliard par an, quand la Flandre belge pour une population
équivalente et un territoire représentant la moitié du Grand Est
dispose, elle d'un budget de près de 20 milliards d'euros par an !
Certes, ce ne sont pas les mêmes niveaux de dévolution : en
Belgique, c'est un cadre fédéral, ce n'est pas le cas en France,
mais enfin tout de même, le différentiel est bien trop grand et
cela pointe les problèmes énormes de financement des collectivités
territoriales en France, qui assurent, rappelons-le, près de 75% des
investissements publics. Tout cela, sans parler des régions à la
taille de mastodonte et n'ayant pas de cohérence, notamment le
Grand-Est, la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie.
Les fusions
à marche forcée vers de plus grandes intercommunalités à éloigner
le citoyen des prises de décisions politique alors que la nature
même de la gauche est d’approfondir le souveraineté populaire et
la proximité. A l’inverse, les pouvoirs se concentrent entre les
mains de quelques-uns plutôt que d’être partagé. La commune,
cellule de base de notre démocratie, se retrouve réduite à une
gestion de la pénurie. Rien a été fait pour l’enrayer, pire le
gouvernement l’a amplifié par la baisse des dotations. Ce sont
pourtant dans les collectivités locales gérées par des majorités
de gauche plurielle que des idées novatrices avaient pu émergées
(démocratie participative, citoyen acteur de sa cité, logement,
transport, éducation etc…)
d)La
question économique et sociale, pourtant l'essence même de la
politique et du corpus idéologique socialiste , objet du reniement
de François Hollande
Plusieurs
points pourraient être évoqués, en passant par la Loi sur les
Banques incomplète n'aboutissant pas une vraie séparation des
banques de dépôt et des banques d'affaire, à la non remise en
cause de la suppression injuste par Nicolas Sarkozy de la demi-part
des veuves (dont un certain nombre n'ont que de petits et moyens
revenus et nous le savons qui pour une majorité d'entre-elles n'ont
pas pu faire toutes leurs années de cotisation ; cela est lié
à l'aspect précaire du travail des femmes, les moindres salaires et
la double charge indue aux femmes à qui la Société traditionnelle
confiait la tâche de s'occuper des enfants), du refus conjoint de
Pierre Moscovici, Michel Sapin et Emmanuel Macron, de ne pas vouloir
aborder un débat et une loi sur la Taxation des Transactions
financières et bien évidemment la grande réforme fiscale
égalitaire fusionnant la CSG et l'Impôt sur le Revenu, mesure phare
du candidat Hollande...
On va se
concentrer sur deux mesures économiques qui au minimum n'ont pas
porté leurs fruits voire, pour une des deux qui a été néfaste. A
cela, l'analyse-inventaire doit aussi évoquer le leadership
économique, politique et idéologique du Président Hollande.
Ces deux
mesures sont le CICE
(Crédit d'Impôt pour la Compétitivité et l'Emploi) lancé en
2012. Cette mesure pouvait sembler nécessaire et juste :
beaucoup d'entreprises dont une majorité sont des PME, avaient
souffert de la Crise, qui demeurait d'ailleurs à un haut niveau en
2012 et 2013 et avaient vu fondre comme neige au soleil, leur
trésorerie (essentielle pour le fond de roulement et pour redémarrer
l'activité après une crise). Pierre-Alain Muet député du Rhône,
Valérie Rabault, députée du Tarn-et-Garonne avaient d'ailleurs
proposé un cadre pour ce CICE, à savoir de flécher les aides, de
les concentrer sur les PME et les entreprises spécialisées dans
l'export et de demander en échange des contreparties en termes
d'investissements (machines nouvelles, hausses de salaires,
formations) et de créations d'emplois.
Tout cela
aurait pu fonctionner ou à peu près fonctionner si François
Hollande avait écouté ces deux députés, éminents spécialistes
de la fiscalité et de sa relation à l'économie, sauf que François
Hollande , aiguillé et conseillé par Emmanuel Macron , alors
Conseiller à l'Economie à l'Elysée, mais aussi parce que
l'atavisme de François Hollande, qui a toujours été partagé du
point de vue de son corpus idéologique en matière de politique
économique entre la méthode Jospin qui est celle de toujours mettre
en avant un aspect social dans sa politique économique et la méthode
Delors, finalement centriste et fonctionnant avec le logiciel
libéral.
En
conséquence, le CICE a été un échec, il n'a pas su faire vraiment
redémarrer la machine, même s'il faut le souligner, cela a permis
de sauvegarder (et créer pour une petite part) 280.000 emplois, mais
ayant reçu en subsides publics, près de 10 fois plus en moyenne
qu'un contrat aidé. On peut donner l'exemple notoire de Carrefour
qui sur l'exercice 2013-2018 a reçu en totalité, la somme de 144
milliards d’euros, tout cela pour le donner aux actionnaires et
supprimer 2400 emplois et de nombreux magasins de proximité.
La deuxième
mesure néfaste et qui nous a coupé de notre base électorale de
gauche, qui croit que la gauche c'est un tant soit peu un projet
d'égalité et de transformation de la société, y compris dans sa
composante économique, à savoir la Loi
Travail, au printemps 2016. Cette mesure
voulue par François Hollande, Manuel Valls (qui avait, rappelons-le
voulu que l'on supprime les 35 heures en 2010 dans une polémique
face à la Première Secrétaire de l'époque, Martine Aubry) et
Emmanuel Macron, donc le « Triumvirat » de l'Exécutif,
sort des valeurs et des limites du socialisme et
de la social-démocratie.
Rappelons
que la social-démocratie, c'est la recherche du compromis
c’est-à-dire la
réalisation de « lois sociales toujours plus mélioratives »
en faveur des travailleurs face au patronat. Remarque complémentaire,
qui forme le 3e élément de la critique socio-économique du
quinquennat, c'est la manière dont François Hollande a abordé le
leadership et la voie de décision, qui a
construit un tête-à-tête avec Emmanuel Macron libéral et
idéologiquement du centre-droite, a voulu réagir en monarque
demeurant sourd face aux députés de sa majorité qui souhaitaient
aider ce quinquennat en le ramenant vers les promesses faites au
Bourget.
Les
« Frondeurs » n'ont fait qu'aider ce quinquennat à ne
pas sombrer en voulant respecter le propre programme de campagne de
François Hollande en 2012 et s'ils ont des torts, ils sont bien
moindres face à ceux de François Hollande, Manuel Valls et Emmanuel
Macron. Cela pose le constat d'une nécessité d'une VI° République
parlementariste et primo-ministérielle, sujet sur la table depuis
1997.
e)Le
rôle néant du Parti Socialiste au national
Si les
fédérations du Parti Socialiste, les députés et sénateurs de
notre Parti, les militants ont joué leur rôle, celui d'alerter des
retours du terrain, sur le fait que cette politique présidentielle
n'était pas approuvée et appréciée, la majorité du Parti
Socialiste au national, menée d'abord par Harlem Désir (de
septembre 2012 à avril 2014) puis Jean-Christophe Cambadélis (avril
2014 à septembre 2017) n'a pas su relayer ces retours et n'a pas
voulu servir de moteur de contre-propositions pour donner une vision.
Travail idéologique et d'analyse inexistant depuis beaucoup trop
d'années au PS, délégué vaguement au think tank Terra Nova, ne
représentant pas l'étendue des courants du PS et dénaturant le
rôle d'un parti de gauche qui est de laisser à la démocratie
militante, le soin de construire un projet de société. Les
primaires ouvertes ont accentué ce phénomène remplaçant le choix
des idées par le choix des personnalités.
En
conclusion
On l’aura
compris, le bilan du quinquennat,
celui que porte la Fédération du Parti Socialiste de la Loire est
plus négatif que positif. Ce bilan se mesure
par des résultats électoraux désastreux avec un président sortant
incapable de se représenter pour défendre son bilan et un parti
socialiste victime de la perte du leadership à
gauche qui se retrouve aujourd’hui coincé
entre la France Insoumise et LREM.
Cela va de
soi, qu'il y a eu quelques avancées, mais elles ne parviennent pas à
rééquilibrer une balance qui a beaucoup trop penchée vers la
politique de l’offre. Pour la première fois
dans l'Histoire de la gauche dans la V° République,
contrairement au bilan de François Mitterrand, Michel Rocard et
Lionel Jospin, il n'y a pas eu de bilan plus
ou moins équilibré. Un juste compromis qui
permet à notre camp social de bénéficier d’une politique de
redistribution des richesses.
Pour la
première fois depuis 35 ans, l'électorat de gauche ne porte pas une
critique sur ce qui n’a pas été fait mais bel et bien sur
ce qui a été produit par la gauche au pouvoir pendant cinq ans.
Familièrement
on pouvait dire de F. Mitterrand puis L.
Jospin qu’ils n’avaient pas osé faire plus, alors que l’on
retient de François Hollande des mesures qui ont heurté notre camp
et fracturé la gauche. On est passé du « vous auriez pu faire
mieux » à « vous avez fait l’inverse de ce que vous
aviez promis ».
La
présidence Hollande est la première responsable, mais bien
évidemment les deux primo-ministères Ayrault et Valls ont largement
leur part de responsabilité. Sans oublier celle du Parti. Nous ne
pouvons considérer autrement que la Rupture avec la politique
socio-économique de ce Quinquennat, comme l'ont fait nos camarades,
partis : Benoît Hamon, Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle
Lienemann. Cela en raison de son contenu, mais aussi , et c'est le
comble , parce qu'un homme de droite , associé au pouvoir, Emmanuel
Macron a co-piloté cette politique économique de mai 2012 à août
2016.
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