Pour référence , voici le texte présenté par la majorité fauriste du Parti Socialiste, (et voici où en est l'état des négociations avec les autres courants): La Gauche est l'avenir de l'Europe
Prémisse de mon analyse en Préambule
Le texte dont le lien est supra, croise les remarques et l'analyse des députés européens, des différents grands élus, des participants à la Ruche et de la commission interne pour piloter la préparation des élections européennes de 2019 (composée des 4 courants). On peut d'ores-et-déjà assumer que c'est un texte très lucide sur la situation de l'Europe/UE.
Enfin, après dix ans de retard et le Congrès de Reims, le début de la crise et le vote du Traité de Lisbonne au Parlement, on a une véritable évolution de la position du Parti Socialiste.
Rappelons que le vote sur le Traité de Lisbonne a nié l'expression solennelle du Peuple français , qui s'est exprimé contre le Traité établissant une Constitution Européenne (TCE) en 2005 avec près de 55% et qu'on nous l'a refait passé, comme si le Peuple français était mineur. Ceci demeure un véritable scandale démocratique (ce qu'un référendum a fait, un référendum doit le casser)!
Le Parti Socialiste a décidé de réviser ses horloges et de donner l'heure juste, c'est un texte réaliste (sans lyrisme fédéraliste à 27), tout en étant combattif sur les valeurs et critique sur l'Union Européenne telle qu'elle est aujourd'hui, sans enjoliver.
L'introduction
L'entrée en matière du texte revient sur les travers que subit l'UE. Le libéralisme est clairement identifié comme le revers , certes démocratique, du nationalisme, tout en maintenant la hiérarchie (libéralisme étant une doctrine scandaleuse mais démocratique; le nationalisme étant le fruit de l'extrême-droite). Le libéralisme est vu comme un écueil à éviter à tout prix et le texte parle même de remise en cause de "la concurrence sans limite", admettant par là qu'on aurait pas dû toucher à nos services publics monopolistiques (et rappelons que même Michel Rocard voulait le maintien d'entreprises publiques, d'intervention directe dans l'économie et du Plan consultatif mais donnant une vraie perspective). Sont pointés du doigt les libéraux comme adversaires et les nationalistes et autocrates comme ennemis: Erdogan, Xi Jing Pei, Poutine. Trump est également cité pour sa présidence irraisonnée donc dangereuse contre la "Bataille pour l'Organisation de la Planète" pour reprendre un vocable rocardien.
Il y a un oublié: la catastrophe du Brexit, qui menace aussi bien la Grande-Bretagne que l'Europe. Ce processus fou a déstabilisé l'économie et l'unité du pays et secoue malgré tout l'Europe. Le Brexit donne un argument justifié à l'indépendance de l'Ecosse (on avait promis avec le Non de l'Union que la perspective européenne de l'Ecosse, serait respectée en 2014... peine perdue) et tout aussi sensible, la menace de la cohésion de l'île d'Irlande qui a de bonnes relations entre ses deux parties depuis 1998 et les Accords du Vendredi Saint.
Le Parti Socialiste bat sa coulpe et par entremise, celle du Parti Socialiste Européen (PSE) en avouant que le socialisme européen a été naïf avec l'idée du centre-droite et les alliances avec la droite. Il s'agit là en effet d'un poison mortel de décomposition de la gauche car cela casse la véritable possibilité d'alternative (soit la grande coalition , soit l'extrême-droite) en mettant de facto en valeur l'extrême-droite nationaliste et populiste.
Le corpus central du texte: les quatre parties
-> Les quatre parties sont l'Europe puissance, l'Europe pour les Européens (buts de l'UE), l'Europe par les Européens (démocratisation) et une série de propositions
*L'Europe puissance
Force est de constater que ces dernières années, le PS s'est plié ces dernières années, à la vision allemande du SPD qui renâcle de la vision d'une Europe puissance , par atavisme (peur d'un impérialisme incontrôlable type Bonaparte voire fasciste) et par intérêt: le maintien des autres pays sous l'influence de l'Allemagne, par son économie exportatrice, permet à l'Allemagne de dominer l'ensemble européen, si on fait de la Realpolitik et de l'analyse de cas géopolitique. La sphère d'influence large de l'Allemagne dans l'UE est là pour le prouver: Pays d'Europe Centrale et Orientale (PECO) + l'Autriche et les Pays-Bas. C'est aussi pour cela que l'on a humilié la Grèce, il ne fallait pas, Ô Grands Dieux, toucher aux intérêts des banques allemandes et montrer que le duo Merkel/Schäuble était inflexible et intraitable (pour servir d'exemple), aidé de l'adjoint alors travailliste (il est passé dans le camp de la droite désormais) le Ministre des Finances néerlandais et de l'Euro, Dijsselbloem!
La manière dont a on a traité la Grèce a été un véritable scandale démocratique , cela a violé sa souveraineté! Les Européens se sont bandés les yeux sur leur propre responsabilité: qui a accepté la Grèce dans l'Euro, si ce n'est la Commission et les autres chefs d'Etats? On aurait fait cela à la France ou l'Allemagne, l'un des deux pays serait parti de l'UE et aurait lancé des représailles économiques et financières contre l'UE et ses membres en propre. Elle est loin l'idée qu'on avait humilié la France en 1815 et l'Allemagne en 1919... (pour les résultats que cela a donné en 1939, concernant l'Allemagne)
Le Parti Socialiste ose donc, dans ce texte passer à autre chose: affirmer l'Europe puissance, oser l'Europe des cercles et estimer que les traités commerciaux de Libre-échange sont à bloquer si les critères sociaux, climatiques et environnementaux ne sont pas strictement pris en compte. Pourquoi avoir attendu dix ans pour voir ces évidences? ... On se le demande!
*L'Europe pour les Européens
Cette partie est plus classique, car elle aborde l'idée d'impôts européens et d'une ambition véritable à donner pour le budget européen (investissements dans la Transition écologique, le numérique et la jeunesse)
*L'Europe par les Européens
Egalement classique, cette partie se borne à demander le renforcement du Parlement européen, en faisant de lui toutefois, un Parlement de plein droit égal du Conseil européen (vieille revendication du TCE).
*Les propositions
La proposition phare, qui n'est pas dans les 2e et 3e parties, est la création d'un Office de l'immigration européen, qui vise à traiter humainement les migrants et à sanctuariser le droit d'asile en Europe.
Au final, mon analyse du texte
Comme dans tout texte partisan politique, il y a l'apparent, le concédé et la zone dure (celle que ne veut pas concéder l'auteur). Olivier Faure avec l'aide de son adjoint Boris Vallaud ont infléchi sensiblement la position traditionnelle du Parti Socialiste. Va t-on vers du néo-aubrysme? Est-ce un faux semblant? En quelle mesure les lefolliens (beaucoup plus Troisième Voie, position exogène vis-à-vis du socialisme français; la Troisième Voie est anglo-saxonne ou allemande, pas française; la France demeurera toujours un Etat universaliste, étatiste et colbertiste) ont-ils une influence sur l'appareil et la ligne? On peut faire le pari qu'Olivier Faure va vers le retour aux sources mitterrandistes (l'aspect nationalisations en moins; l'aspect d'Europe des cercles par exemple en est une illustration) ou plutôt d'ailleurs jospiniennes. On reste certains qu'Olivier doit réussir cette synthèse entre Première et Deuxième Gauches et replacer sur l'échiquier le keynésianisme militant pour une économie publique et dirigiste. S'il n'y arrive pas, ce sera une fin du PS à la SFIO et sa mort, car le Parti ne survivra pas à une quatrième claque de force "intersidérale" (après les hécatombes de 1993, 2002 et 2017). Cela veut dire qu'avec les quatre autres partis majeurs de la gauche, en entamant un vrai dialogue avec les partenaires de gauche, dans le but, à terme, d'amorcer un nouveau Programme Commun (France Insoumise, Europe Ecologie Les Verts , Générations, Parti Communiste Français) , il faut qu'Olivier Faure affirme le leadership de la gauche plurielle française en Europe, en cassant la règle des 3% (en demandant au moins un rehaussement de la barre à 5%), en sanctuarisant les budgets de l'éducation et de la santé, en reprenant la main sur les Services publics (l'exception sociale française du monopole) et en demandant au SPD de provoquer des élections législatives anticipées dans les deux ans, car ils n'ont pas à être la courroie de transmission de la CDU. Olivier Faure va t-il arriver à réaliser cette feuille de mission, bien chargée et pourtant indispensable?
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