Le 2 mai prochain , suite à la dissolution de la Chambre des Communes canadienne, les citoyens canadiens vont être appelés à renouveler la partie majeure du parlement fédéral. Quatre concurrents principaux sont en lice: Stephen Harper, premier-ministre de droite sortant (Conservateurs), Michael Ignatieff du centre-droite (Libéraux), Jack Layton socialiste du Nouveau Parti Démocrate et Gilles Duceppe de gauche et souverainiste (Bloc Québécois).
Notons au passage qu'aucun des quatre grands partis ne présente de femme comme meneuse de liste.
Cet article est aussi une lettre ouverte à Jack Layton et à Gilles Duceppe, les représentants de mes deux partis favoris, si j'avais à voter.
En effet ces deux partis sont de gauche et proposent un ensemble au Nord de l'Amérique de progrès et d'ouverture. Toutefois il existe un désaccord majeur, le fameux prisme fédéraliste opposé à celui du souverainisme. En effet seul le Bloc Québécois, représentant fédéral du Parti Québécois, souhaite l'indépendance du Québec.
Les Québécois et encore plus les autres francophones ont vécu depuis le XVIII° siècle une domination et une volonté de domination qui s'est souvent exprimé par la force: le Grand Dérangement acadien qui est en réalité une déportation des Acadiens hors d'Acadie produite par les autorités britanniques, la répression de la révolte des Patriotes québécois de Louis-Joseph Papineau en 1837, l'exécution sommaire de Louis Riel en 1885 parce qu'il a voulu défendre les francophones, l'interdiction de l'enseignement bilingue au Manitoba en 1890; Sans compter les renoncements du pouvoir fédéral face aux promesses faites aux Québécois: l'accord de Charlottetown en 1871 ne s'est pas suivi d'une autonomoie québécoise comme prévue ou l'accord du lac Meech en 1990, a enterré la volonté des Québécois de ne pas donner de blanc seing à la constitution canadienne.
La question de la langue est un des fondements essentiels de la volonté d'indépendance du Québec, terre francophone dans un océan anglophone.
Je m'adresse tout d'abord à M. Gilles Duceppe.
M. Duceppe, vous représentez fièrement la volonté de beaucoup de Québécois de mener leur chemin propre vers la souveraineté. Cependant , vous ne pouvez pas adopter une attitude qui fait parfois penser à l'attitude des partis flamands face aux partis wallons et bruxellois. Une attitude marquée par une certaine exclusion.Quand vous dites que vous n'êtes pas canadien , que le Canada n'est pas votre pays. Ce n'est pas tout à fait vrai. Le Canada est né sous la Nouvelle-France, les nations canadiennes (québécoise, acadienne, autochtones, anglophone) ont vécu une histoire commune depuis le milieu du XVIII° siècle, une histoire souvent douloureuse et humiliante pour les francophones et les autochtones mais tout de même une histoire commune. On a parfois l'impression que vous mettez tous les anglophones dans le même sac. Cela peut blesser des frères anglophones de bonne foi et qui croient au progrès et à l'autodétermination des peuples.
Lors de votre allocution au XVI°congrès du Parti Québécois, vous attaquez injustement Jack Layton et le NPD. Jack Layton a fait montre du respect de la nation québécoise en insistant sur le droit à l'autodétermination des Québécois et en dénonçant la très forte ambiguïté de la scandaleuse loi référendaire Dion. Jack Layton est comme vous un socialiste, un défenseur du progrès et des travailleurs. C'est sincèrement aller contre votre camp socialiste. Car le Bloc Québécois et le parti mère le Parti Québécois sont bien des partis socialistes. J'espère d'ailleurs, à ce titre, que le Parti Québécois entrera bientôt dans l'Internationale Socialiste. Le parti frère, le NPD y est déjà. Je m'étonne que le Bloc Québécois ne se déclare pas Bloc Francophone en voulant faire respecter le droit des Canadiens français, une nation multiforme qui a le droit autant au Québec, qu'au Canada "anglais" d'exister et de jouir de ses droits. J'espère qu'à la prochaine élection fédérale, il y ait des candidats dans les deux autres provinces où l'on trouve le plus de Canadiens français: l'Ontario et le Nouveau-Brunswick.
Le but de la souveraineté est aussi de proposer la citoyenneté québécoise aux francophones qui le voudront, même "hors-sol", quand bien on n'estimerait pas que le Canada n'appartienne pas également aux Canadiens français.
Je souhaite de tout mon coeur une victoire prochaine de Pauline Marois à l'Assemblée Nationale et une réalisation de la souverainété de la nation québécoise.
Je m'adresse ensuite à M.John Gilbert Layton dit "Jack" Layton
Vous êtes le représentant d'un parti qui défend réellement la dignité humaine, le droit des travailleurs et vous faites montre d'une vraie ouverture interculturelle, bien au delà du simple poncif des "communautés", vous avez en vous l'universel.
Je sais que ce n'est pas facile de penser le Québec autrement qu'en province canadienne, je sais surtout que ce n'est pas facile de convaincre parmi vos collègues anglophones ou des citoyens canadiens anglophones sur le pourquoi du besoin des Québécois de souveraineté. N'ayez crainte, cela ne peut être un adieu ni un au revoir plein de tristesse, quand on regarde les liens qui unissent les Canadiens francophones des Canadiens anglophones. La souveraineté sera nécessairement un e souveraineté-association, issu de la géniale idée de René Levesque qui a vécu en terre acadienne, qui n'a pas peur des anglophones. Sa loi 101 n'a jamais exclu les Québécois anglophones. La souveraineté-association sera comme le frère qui prend une autre chambre pas loin de la soeur , pour avoir son pré carré.Beaucoup de choses resteront en commun: la coopération économique, la monnaie, la coopération militaire. Je suis même sûr que le Québec donnera l'esprit au reste du Canada d'un Etat social, le "real welfare State". Il s'agira de l'équivalent de l'Union Européenne au Canada, une Confédération canadienne qui comprendra le Canada (probablement une république) et le Québec qui travaillera aussi bien avec l'ALENA qu'avec l'Union Européenne.
Bien évidemment cette préparation à la souveraineté ne se fera pas d'un coup de claquement de doigt, de manière non préparée et concertée. La première étape sera probablement une vraie autonomie québécoise avec la reconnaissance de la compétence exclusive québécoise concernant les questions linguistiques.
Le Canada et le Québec sont bel et bien deux pays frères (comme la République Tchèque et la Slovaquie).
J'espère de tout coeur que vous serez le prochain premier-ministre du Canada.
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