Voici ma réponse à Henri Weber, directeur des études européennes au Parti Socialiste, ancien sénateur et député européen, et à son texte "Parti socialiste : entre marginalisation et refondation".
http://www.parti-socialiste.fr/parti-socialiste-entre-marginalisation-refondation/
Personne ne peut nier qu'Emmanuel Macron, du fait du vide à gauche comme à droite, a pu devenir le seul candidat aux idées partisanes de gouvernement, donc le seul candidat présidentiable en mesure de gagner, ce par défaut.
François Hollande n'a pu se représenter, car lui savait et il l'avait dit, que seule une conjoncture très favorable, au beau fixe et une baisse de près de deux points de chômage pouvait le faire gagner à nouveau en 2017. Le tout, évidemment dans un contexte de relance économique, sociale et societale ayant fonctionné.
François Fillon, lui, avait bénéficié dans un premier temps de la machine à étêter les anciens de la droite (Nicolas Sarkozy, Alain Juppé) lors de la Primaire, mais il s'est fait rattrapé par cette même machine. Conjonction du vieux logiciel thatchérien avec une grosse pointe d'hyper-conservatisme victorien et les affaires, furent-elles symboliques, cependant coûteuses politiquement.
La France, on le sait est un pays légitimiste et n'a pu, sauf à ne pas se préoccuper de l'instabilité, adopter l'idée d'une cohabitation (pourtant légitime et correcte démocratiquement). Qui sait si Emmanuel Macron réussira? C'est possible, peut-être a t-il le champ libre? Toutefois, est-ce que le thatchérisme soft est compatible avec la France colbertiste et amoureuse du lien avec le Service public (sa présence)? Difficile de le dire. Il pourra y avoir hiatus en effet.
Lionel Jospin et le droit d'inventaire positif
Je dois avouer que je n'ai pas compris en 2002, le rejet à ce point, qui s'est atténué après, du bilan de la mandature Jospin qui fut brillant, prospère économiquement et social. Il est vrai que nous pouvons avoir tendance à gauche, de part notre perfectionnisme, à tout peindre en noir. Il en va de même , à propos du bilan de François Hollande qui n'est pas éclatant et même très décevant -soyons lucides-. Avouons que certaines mesures, nonobstant, furent des avancées pour notre pays (soit totalement, soit dans le fondement): le CICE (comme fondement), la réforme Peillon de l'école (à 60%), le tiers-payant généralisé, la réussite franche de la COP 21 et de la loi sur la Transition énergétique et bien-sûr le mariage pour tous.
Le pays à droite
Bien avant l'arrivée d'E.Macron comme candidat et l'annonce du retrait de François Hollande de la vie publique élective, la droite se plaçait clairement en tête de cortège (que ce soit Alain Juppé ou François Fillon).
Emmanuel Macron, profondément chrétien-démocrate, humaniste et européen de droite, bien qu'il ait participé à un gouvernement de gauche, ne pouvait ne pas être à droite dans la campagne et au pouvoir. Parce que c'est sa conviction profonde et parce que cela a été sa tactique pour gagner. Le pays étant passé à droite, dans les esprits, au cours du mandat 2012-2017.
Et nous à gauche?
Si nous devons être constructifs intellectuellement à gauche, je parle ici de la gauche non-révolutionnaire ou non-insurgée, nous devrons reconnaître les points positifs de la mandature Hollande déjà cités supra. Nous avancerons dans la foulée que le CICE aurait dû être ciblé, comme l'ont soutenu Pierre-Alain Muet et Valérie Rabault ; que la loi El Khomri telle quelle a été une erreur fondamentale (certains diront une faute), comme l'a affirmé récemment Olivier Faure; et enfin que le réforme fiscale, ainsi que la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales auraient dû se faire plus fermement comme l'ont fait remarquer Karine Berger, Yann Galut et Olivier Faure (sans parler de l'impasse sur la déchéance pour les bi-nationaux et la Réforme territoriale ratée).
La rationnalité et l'esprit critique équilibré nous obligent à un devoir d'inventaire de la présidence Hollande. Tout ceci nous pousse à la prise de conscience du chemin hasardeux pris par Jean-Luc et la France Insoumise. J'ai l'impression que bon nombre de camarades dits de "l'aile gauche" et même au-delà du PS se rendent compte de cette voie sans issue.
Le ou les partis de gauche non-révolutionnaires choisit, c'est son ADN et sa feuille de route, de gouverner, de construire et reconstruire son corpus idéologique et de prendre la voie de l'autonomie. Puisque nous sommes autonomes, nous ne serons pas les alliés d'Emmanuel Macron.
Nous ne possédons pas, en effet la même cosmogonie, la même conception du monde.
Il veut le libéralisme sans obstacles.
Nous voulons l'égalité et l'équité entre entrepreneurs et travailleurs.
Ce, dans un monde plus juste et plus respectueux de l'environnement.
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