A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


mercredi, janvier 31, 2018

Présentation et avis sur le Texte d'orientation de Luc Carvounas (Congrès PS 2018 d'Aubervilliers)

Texte d'orientation "Un progrès partagé pour faire gagner la Gauche "
(mené par Luc Carvounas )

Motion 1 de Luc Carvounas

Présentation synthétique 
Ce texte d'orientation entame son appel aux militants par la proclamation du besoin d'être libéré(e)s. Libérés dans nos choix, nos actions,  car ce texte place comme matrice, la nécessité d'un nouveau logiciel idéel autour des valeurs qui rassemblent tous les socialistes et les énonce explicitement : justice sociale, resdistribution,  droit du travail et de la dignité et internationalisme. Ceci dans le but de refermer la plaie liée à la volonté de dépassement de la pratique jospinienne après 2002 mais encore plus l'idée que la Parenthèse de 1982 dure toujours, l'idée que la Deuxième Gauche doit dominer ad vitam aeternam la Première Gauche. Là,  le texte souhaite refermer le cercle et réunir les deux gauches avec le primat de la Première  (le fait que l'idée amène à l'action et pas simplement l'empirisme : essayer pour voir puis théoriser).


C'est ainsi que le texte rappelle que le clivage gauche-droite existe bel et bien et non un clivage centres-extrêmes de Macron ou bien encore de notre côté, laisser le prétexte du masque de la "Gauche du Gouvernement" qui nous obligerait à renoncer à ce que nous sommes. Cela n'empêche pas l'ouverture à la société voulue par la Deuxième Gauche. Alors, la Gauche Arc en Ciel réunit toutes les gauches, non pas uniquement partisanes mais de même associatives, syndicales, citoyennes.
Un seul élément sera mis comme sine qua non: l'idée d'être pro-européen et de ne pas jouer au chantage de quitter l'UE.

Avant d'aborder les cinq axes, le texte collectif des forces rassemblées autour de Luc Carvounas  (ex-hollando-vallsistes, ex-aubrystes, ex-hamonistes, ex-montebourgeois) pointe trois urgences: les 3 domaines que le gouvernement Macron-Philippe attaque : l'école, la démocratie équilibrée (équilibre des pouvoirs vs l'approche "jupitérienne) et l'écologie selon la loi-guide de Transition énergétique de 2015 (remise aux calendes grecques de l'objectif de 50% du nucléaire dans le mix énergétique).


*La première partie se penche sur l'avenir du Parti. Le constat est fait, au-delà d'un parti très malade et d'un échec plus que cuisant au national voire au régional et bien-sûr dans la bascule des exécutifs départementaux en 2015 que le PS demeure trop centralisé et personnalisé autour du Premier-Secrétaire tandis que les militants, les fédérations, les élus locaux représentent les forces vives depuis plus d'un siècle (socialisme municipal). Luc Carvounas et les signataires proposent une série de mesures de démocratisation (élection au suffrage direct des membres du CN, des présidents des 3 commissions nationales statutaires, droit d'avoir une séance d'analyse d'idées militantes à l'Assemblée nationale ) et de décentralisation  (20 % de la vente de Solférino répartis entre toutes les fédérations pour leur donner des moyens). Le texte constate des nouvelles moeurs de la société : Plateforme +tutoriels sur internet,  3 degrés d'implication militante selon les envies d'investissement,  création d'une chaîne TV et radio internet. La parole sera donnée aux militants pour la plateforme constituée pour la Gauche Arc en Ciel pour les européennes.


*Le deuxième axe aborde les politiques publiques et se focalise évidemment sur la plus problématique : les inégalités.
Diverses manières sont possibles,  le choix ici est de les prendre toutes de front : école, fracture territoriale + discriminations, logement,  type de modèle économique et industriel, fiscalité, droits à la dignité. Les mesures possibles sont nombreuses mais on peut en citer trois par item;
-école: maternelle dès 2 ans, remplacement des professeurs dès 48h en REP,  1 milliard par an sur 5 ans dans le Plan Étudiant

-fracture territoriale + discriminations: panier de Services publics à 15 mn en voiture, priorité donnée aux villes moyennes,  instaurer des peines plus sévères pour les détenteurs d'autorité publique qui discrimine

-logement: réviser la fiscalité immobilière favorisant la construction dans un sens plus redistributif, création d'une Agence Nationale du Logement Social,  revenir sur la baisse de Macron sur les APL

-type de modèle économique et industriel : urgence donnée aux PME-PMI-TPE (notamment quant au crédit bancaire) , conditionnement des baisses d'impôts sur les entreprises à l'investissement dans la production et la masse salariale, favoriser l'ESS et les coopératives

fiscalité: supprimer les niches fiscales qui ne créent pas assez d'emplois ou qui ne sont pas accessibles à tous (100 milliards par an pour 457 niches), impôt sur le revenu pour tous mais suppression de la TVA sur le gaz/électricité/eau/certains produits alimentaires de 1ère nécessité,  introduire la notion de patrimoine universel dès la naissance

Au-delà de cela, l'interdiction des perturbateurs endocriniens,  la lutte contre les particules fines ou la réflexion sur l'automatisation des métiers forment des étapes pour se libérer de ces inégalités diverses  (en matière de santé, en matière d'inégalités professionnelles).


*Le troisième axe concerne la Transition énergétique comme nouveau modèle de développement : l'État doit se positionner en stratège,  car lui seul peut avoir la volonté première d'impulser une telle politique,  cela passe par un Pôle national de l'Énergie,  le soutien massif à la Recherche dans ces domaines et le passage aux régions/métropoles de mesures environnementales différenciées mais aussi par l'élaboration d'une vraie fiscalité écologique.


*Le quatrième axe se situe dans la lutte contre la Mondialisation sauvage via l'idéal européen de la gauche : renforcer et démocratiser l'UE,  armer la gauche européenne en matière idéologique contre la pensée libérale;
Ceci signifie que la première étape avant toute chose réside dans l'élaboration de contre-pouvoirs.
Face au Conseil européen des Chefs d'État : le Président du Conseil européen élu au suffrage universel direct ;  face à la Commission : un droit d'initiative parlementaire qui donne la priorité au Parlement européen et peut potentiellement court-circuiter les Chefs d'État.
L'objectif quant à la bataille culturelle face au libéralo-conservatisme sera de s'occuper des Traités de Libre-Echange inéquitables, de renégocier la Directive Travailleurs Détachés , de demander une Politique européenne humanitaire commune et une relance/accélération de l'Union Pour la Méditerranée et du Partenariat Europe-Afrique.

*Le dernier axe parle de l'approfondissement démocratique  (démocratie participative, droit d'initiative citoyenne au Parlement,  droit de vote à 16 ans,  droit de vote local pour tous, rééquilibrage du Parlement face à l'exécutif)



Points positifs/points négatifs 
Points positifs 
-Texte très complet sur les questions économiques, écologiques et sociales
-Propositions concrètes appuyées sur l'idéal socialiste et européen
-Réunion complète de la Première Gauche et la Deuxième Gauche avec un primat de la Première Gauche

Point négatif 
-La question de la négociation avec le SPD n'est pas évoquée donc pas étayée



Mon analyse
Ce texte d'orientation est certainement celui qui lie le mieux l'idéal et le réel concret et qui ose dire les choses tout en recherchant à unifier les sociaux-démocrates et les socialistes démocratiques. Il s'agit donc d'un opus dense,qui compte forcément quelques rapidités d'analyse (pour 16 pages) mais qui peut servir de pierre angulaire dans la reconstruction du mouvement socialiste.

Présentation et avis sur le Texte d'orientation d'Olivier Faure (Congrès PS 2018 d'Aubervilliers)

Texte d'orientation: "Socialistes, le chemin de la renaissance"
(mené par Olivier Faure)
Présentation synthétique
La logique du texte d'Olivier Faure est collective, l'accent est mis en premier sur le contexte personnel, le ressenti du militant après l'expérience du quinquennat de notre parti et de F.Hollande ayant mené à un lourd échec.
La première chose à faire pour Olivier Faure est de retrouver "le goût de militer ensemble", de dialoguer, de se respecter et il accueille les militants selon où ils veulent aller et non là d'où ils viennent. C'est ainsi que le Parti pensé par O.Faure se veut avant tout un parti-plateforme ouvert sur le militant, le bénévole d'association, l'élu local.
Pour le président du groupe PS à l'Assemblée, par cette manière l'on dépassera notre cadre ancien de crise française du socialisme (doublée d'une crise européenne de la social-démocratie) et que le PS deviendrait le "parti des solutions".
Ensuite le texte d'orientation définit longuement l'identité du Parti en devenir, associé à des propositions:
Olivier Faure revient sur la notion de parti eurosocialiste. Selon ce qu'il dit dans le texte, le Parti a à cœur de nombreux chantiers (affirmer une Europe puissance, s'opposer sous conditions aux Traités de Libre-Echange, influencer les décisions quant aux investissements en faveur de la jeunesse, des emplois, de l'innovation... , lutter contre les paradis fiscaux et l'évasion fiscale comme avec les GAFA, aider au développement de l'Afrique et de la Méditerranée);
De même il y est fait mention d'un parti social-écologique, et Olivier Faure insiste sur la fin programmée du diesel, à la limitation d'ici 2025 de la part du nucléaire à 50% dans le mix énergétique, la création de nouveaux emplois dans les domaines environnementaux et surtout l'élaboration d'un Etat-Providence social-écologique qui pourvoirait à la couverture des risques écologiques;
Le texte d'orientation rappelle en outre l'identité du Parti comme pro-égalité et féministe, avec la création d'un secrétariat à l'égalité femmes-hommes dépendant directement du Premier-Secrétaire, l'accélération dans la lutte contre les discriminations et les inégalités notamment patrimoniales et l'acceptation d'expériences comme celle du Revenu de base;
Pour le candidat au secrétariat général, , il va de soi que le PS doit s'occuper du renforcement des droits du travail, en s'assurant des droits individuels et collectifs (création d'autres comptes autre le compte-pénibilité ou leur optimisation), la reconnaissance de la société comme "apprenante" (nécessité de se former à tout moment) et plante le clou de la Sécurité Sociale Professionnelle.
En outre , ce texte rappelle l'importance de l'autonomie stratégique du PS, avant fin 2018, Olivier Faure met sur la table l'idée d'une convention sur les raisons de la défaite  et insiste que le projet d'idées est prioritaire à l'alliance d'appareils (pour s'allier la position eurogauchienne, donc anti-souverainiste semble primordiale).
Bien évidemment les questions de la santé , l'éducation et la recherche, la démocratie et la rénovation du Parti sont abordées. On peut citer entre autres: la reconnaissance du rôle spécifique des mutuelles et du secteur non-lucratif dans la santé, la lutte contre le décrochage et la priorité budgétaire portée sur l'Enseignement supérieur et le soutien aux doctorants, le renforcement du Parlement et
plusieurs idées pour rénover le Parti:
-nouveaux statuts
-référendum d'initiative militante
-possibilité pour les militants de lancer des Chantiers nationaux
-création du Conseil des Territoires associant directement les élus locaux à la refondation du PS
-droit d'interpellation de la direction nationale

Points positifs/points négatifs
Points positifs:
-nombreuses propositions thématiques
-prise en compte du militant dans la refondation
-reconnaissance des points négatifs du quinquennat (déchéance et Loi-Travail)
-volonté d'ouverture à la société et de constituer un nouveau socle idéologique
Points négatifs:
-on évite de trop parler de la ligne économique (notamment sur la Loi-Travail)
-on évite de parler du rapport positif à la gauche "plurielle": communistes, écologistes, radicaux de gauche
-on sous-estime le poids de l'aile droite du SPD en Europe

Mon analyse
C'est un texte très positif et qui change de ce qu'on pouvait lire des dirigeants de l'ancienne majorité du temps du quinquennat (où l'on devait forcément adouber les mesures gouvernementales ou alors se voir contester ses propositions dans les actes du gouvernement; alors qu'elles avaient été adoptées par vote en Congrès). Ce texte d'Olivier Faure a le mérite de rappeler que tout vient du Parlement, lui même formé par des militants élus venant du Parti et qui se nourrissent logiquement des réflexions de tous les militants. L'on peut observer dans cet écrit, nombre de propositions de bon aloi, qui globalement renouent avec la logique jospinienne et mitterrandienne. Ce qui signifie le retour d'un équilibre entre Première gauche et Deuxième gauche, mais également un retour à la logique de plateforme décisionnelle des origines, fondée sur le terrain et le local, cherchant la transformation sociale. Toutefois, entre les lignes, il est logique de se dire que les arbitrages vont être compliqués et crispants au sujet de l'économie, des alliances et du sujet avec le SPD.

Présentation et avis sur le Texte d'orientation de Stéphane Le Foll (Congrès PS 2018 d'Aubervilliers)

Texte d'orientation : "Cher(e)s camarades"
(par Stéphane Le Foll)
Présentation synthétique:
Le texte de Stéphane Le Foll se veut d'abord comme un texte personnel où il se voit comme une voix forte, qui assume le quinquennat de F.Hollande et qui revendique une vraie expérience gouvernementale. Stéphane Le Foll revient sur les échecs des deux Primaires et la désunion suscitée pour lui, par la fronde de l'aile gauche. Il pointe Benoît Hamon pour son inconséquence car S.Le Foll, il n'était pas possible d'instituer une alternative au sein du gouvernement et du PS pendant le quinquennat.
C'est ainsi que "la bannière du renouvellement" qui se veut collective et clarifiée, place au cœur la social-démocratie selon la version de S. Le Foll: avec la réalité du monde tel qu'il est, non-radicale et dépassant la priorité à une ou deux classes mais s'adressant à tous. Les références sont certes Jean Jaurès mais par ailleurs sont multiples, du moment où elles affirment un progrès (c'est redécouvrir "toutes les Humanités). De cette manière, le socialisme social-démocrate lefollien reprend la lutte contre les inégalités, la solidarité, l'internationalisme et le combat contre les nationalismes. Toutefois, dans son esprit d'ouverture, il est fait référence à la liberté d'entreprendre et de produite. Stéphane Le Foll revient sur l'aspect économique du quinquennat et assume les coupes budgétaires et la hausse de la fiscalité "pour redresser la France", ainsi que la Loi Travail.
Il se penche à nouveau sur la création de 300.000 emplois en 2017 , de même que sur les 55.000 postes de professeurs de 2012 à 2017. S.Le Foll reconnait l'erreur de la déchéance de nationalité et une erreur de calendrier (formelle) sur la Loi Travail.
Il se place aussi bien dans l'opposition à E.Macron (et L.Wauquiez, M.Le Pen) que celle à la France Insoumise; Stéphane Le Foll précise que l'opposition à E.Macron ne devra pas "verser dans la caricature" (il s'opposera à la fin de la retraite à 60 ans pour les carrières longues).
Le député sarthois voit cinq défis: l'écologie qui est une question internationaliste, l'Europe qui doit être forte, la lutte contre les inégalités patrimoniales, la laïcité et l'approfondissement démocratique.
S.Le Foll propose différentes conventions sur ces thèmes, ainsi que le développement de l'agroforesterie, la taxe sur les flux financiers dans le Budget européen, que l'Etat donne à la jeunesse 1% de la richesse pour qu'elle puisse constituer son patrimoine, un rééquilibrage exécutif-législatif avec la proportionnelle, des dispositions pour une grande décentralisation et le retour des syndicats dans les entreprises (fin de la disposition limitative dans les Ordonnances Macron).
L'ancien ministre de l'agriculture souhaite enfin lancer un débat sur le nom du Parti et à partir de 2020, créer une "fédération de la gauche de gouvernement".
Points positifs/points négatifs
Points positifs:
-fin des primaires
-taxe sur les flux financiers au profit du Budget européen (ce qui , comme il le dit , allègera les budgets nationaux et permettra des politiques de développement de l'Afrique et pour la jeunesse)
-repenser des nouveaux emplois (écologie, santé, vie associative, culture)
-que l'Etat donne 1% de la richesse à la jeunesse (j'espère hors CSP+, et donc en faveur des classes populaires et moyennes) pour constituer son patrimoine
-rééquilibrage parlementariste (+proportionnelle) et décentralisation sur les domaines économiques
Points négatifs:
-"la bannière du renouvellement" cache mal la volonté de social-libéralisme
-l'acceptation de la Loi-Travail
-la timide opposition à E.Macron
-la structure du Parti ne change pas fondamentalement
-"la fédération de gauche de gouvernement" est peu ouverte aux communistes, EELV et fermée à la France Insoumise, tandis qu'elle peut laisser entrevoir une ouverture au centre pro-européen (vague)
Mon analyse
Le texte de S.Le Foll a des propositions intéressantes, toutefois la volonté d'ancrage économique dans un keynésianisme qui place en priorité le rapport favorable du Travail sur le Capital et dans un proudhonisme qui prône l'égalité entre un ouvrier et un patron, n'est pas là. Ce qui fait que des références finalement nationales françaises sans clivage, hormis Jean Jaurès (presque plus pour la forme) montrent bien que le socialisme social-démocrate de S.Le Foll est certes teinté de social, mais ne récuse ni le social-libéralisme ni clairement une alliance avec le centre-droite. Je reprendrais alors, dans la foulée les exemples du combat de Lionel Jospin contre Tony Blair, celui de l'aile gauche du SPD contre la Loi Hartz IV de Gerhard Schröder et l'isolement par les motions du Congrès de 2005 , de la motion de Jean-Marie Bockel (parti à droite ensuite). Le socialisme social de France n'est pas et ne sera pas le centrisme de Blair, Schröder et Bockel.


jeudi, janvier 25, 2018

Aubervilliers: une nouvelle page pour la famille socialiste

LIONEL, MON AMOUR
Depuis quinze ans que j'ai un parcours socialiste (avec des trous, suite aux déceptions logiques qu'a pu procurer le parti), la cour est loin d'être pavée et rectiligne au sein de cette "Vieille Maison".

Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, le quinquennat qui a suivi, sans être sur le papier, catastrophique, s'est révélé être un chemin de croix et pire encore un oubli de nos engagements primordiaux.
Là où le quinquennat primo-ministériel de Lionel Jospin avait les 3/4 des cases de cochées, quant aux objectifs et la réussite de l'entreprise politique de la Gauche Plurielle (même si les électeurs n'ont pas renouvelé leur confiance en 2002), le quinquennat précédent de François Hollande, n'a rempli que 2 cases sur 10, si on veut donner un ordre de grandeur et comparaison avec l'ancien Premier-Ministre de 1997 à 2002.


RETOUR A L'ENVOYEUR!
Comment alors obtenir , même 15 ou 16%? C'était peine perdue! (Il est impossible de se hisser avec un score correct au second tour, ou aux portes de celui-ci avec au moins trois candidats à 18% assurés)
Benoît Hamon porte une part, personnelle et non négligeable dans la claque monumentale, mais les électeurs ont soldé , dans le même colis, tous les dirigeants socialistes et en premier lieu, le président sortant.

 "RETOUR A L'ENVOYEUR!"

Les législatives, si certaines et certains avaient encore un doute, ont prouvé ce constat de rejet total de "socialisme dit DE GOUVERNEMENT". Les fiefs historiques d'Isère, de Bretagne et du Sud-Ouest n'ayant pas tenu. Le cycle d'Epinay s'est donc définitivement refermé ce soir du 18 juin 2017.


AUTOPSIE OU REINCARNATION?
Cependant, semble t-il juste intellectuellement de porter pour mort cliniquement le second parti socialiste (celui de 1971, le premier étant né en 1905 et mort en 1971: la SFIO)? Stricto sensu, l'organisation spinalienne, oui, est décédée et avance tel saint Denis, la tête à la main.

De manière plus large, si l'on étend le sens à l'acception de l'obédience socialiste, non.
On peut trouver très malade, la famille socialiste, il n'en demeure pas moins que dans une société démocratique, attachée à l'individu, aux libertés publiques, à la propriété privée et à une certaine forme (disons jugulée) de l'économie de marché, c'est bien les sociaux-démocrates et les socialistes démocratiques non-révolutionnaires et non néo-communistes (nom fastidieux mais précis pour l'aile gauche socialiste) qui formeront la base d'un troisième parti dans l'histoire de la gauche démocratique. Cela entend, pareillement, les militants et sympathisants du nouveau né de la gauchosphère: "Générations".

Cela fait des mois que je lis "Gauche de gouvernement" et une réaction épidermique d'un twitto non socialiste, mais de gauche à cette expression, m'a fait prendre conscience qu'il convient mieux de parler en terme de "Gauche parlementaire". En effet, nous les socialistes, nous ne sommes pas révolutionnaires, nous portons le Parlement et la Loi comme principe d'action, là où les Syndicats ont le Rapport de force et la Mesure sociale;
Qui plus est, la raison profonde de ce choix sémantique réside dans le refus d'un habillement, pour ne pas dire d'un travestissement d'une politique libérale de centre-droite. Non, il n'existe pas qu'une seule doxa économique! Dussé-je me répéter, mais TARA est notre alliée, non TINA!!
(TARA: There Are Real Alternatives ; TINA: There Is No Alternative).
L'économie de marché , oui bien-sûr, mais d'abord la régulation, le cadre et la recherche d'égalité, avant le profit personnel. D'abord l'investissement , ensuite les dividendes.
Autrement dit "Colbert 2.0" .

Enfin, il est grand temps de se concentrer à nouveau sur l'approche politique du Parlement prioritaire dans la V° République, et un gouvernement responsable devant le Parlement. En attendant que le fruit pourri tombe et advienne la VI° République. Comme Jules Grévy avait déprésidentialisé la III° République en son temps.
A mon sens, instaurer la proportionnelle intégrale serait une erreur, de même que de ne pas garder un lien territorial entre le député et sa circonscription (les députés, de mon point de vue, même si la loi en fait des élus nationaux, demeurent, pour le 2e pays en superficie de l'Europe, peu dense: 115 habitants au km2, un relais du local vers Paris. Surtout pour les circonscriptions rurales), mais cela ne signifie pas qu'il ne faudrait pas instaurer une dose de proportionnelle, véritable aération de l'expression démocratique.

AUBERVILLIERS
Ce congrès représente une catharsis, en plus d'être, c'est malheureux, mais il en est ainsi, une assistance respiratoire. Le premier travail à faire sur l'Ordre du jour du Parti Socialiste est le Droit d'Inventaire du quinquennat de François Hollande.
La seconde tâche vitale est la révision totale, de fond en comble de nos pratiques depuis le Congrès de Grenoble en 1997 , ainsi que de notre socle idéologique depuis Liévin 1994.

Je pose des questions là à brûle pourpoint:
-Voulons-nous dire "non ce n'est pas si grave l'échec de 2012-2017"?
-Voulons-nous affirmer que le Parti doit rester tel quel: pyramidal, centralisé, technocratique et hyper-centré sur le grand élu?
-Voulons-nous oser dire que le libéralisme c'est l'avenir et qu'il n'y a pas d'autre choix (question subsidiaire: remplacer les élus par des comptables?!)?
-Voulons-nous nous éloigner du keynésianisme, de la recherche d'égalité dans l'économie et l'entreprise, des associations et de l'écologisme?

Trois grandes personnes me viennent à l'esprit (et non, je ne vais pas citer Jaurès!): Pierre-Joseph Proudhon, John Meynard Keynes et Léon Bourgeois.
Proudhon pour la coopérative et le fédéralisme démocratique, Keynes pour la priorité sur les investissements publics et la régulation de la monnaie (et donc la finance), Bourgeois pour la belle idée de solidarisme.

Coopérativisme économique, fédéralisme démocratique, avantage du travail sur le capital, solidarité: voilà un début bien prometteur de socle idéologique pour le socialisme scientifique!
Concernant le Parti, s'inspirer des notions de mouvement horizontal, de décentralisation, de militants-intellectuels et sympathisants-intellectuels (Ecoles du Parti, agenda de travail sans cesse renouvelé) et bien-sûr se rapprocher et reprendre les idées des associations et de l'écologisme.
Si l'organisation d'Epinay est morte, ce n'est absolument pas le cas du vivier de la gauche!

Je tiens à dire que j'aurais préféré étant issu du courant de la Fabrique Socialiste, Valérie Rabault, pour porter mes idées, car je sais qu'elle est une militante inventive, concrète, une sacrée bosseuse, proche de tout le monde. Valérie Rabault, c'est son choix et son droit le plus strict, a décidé de ne pas tenter de porter l'oriflamme des Partageux, comme sa Représentante nationale.
Ce qui fait que sur les cinq candidats, j'en retiens trois:
-Luc Carvounas, qui fait oeuvre de volontarisme politique et qui a compris l'enjeu de l'unité de la gauche
-Emmanuel Maurel qui reprend le flambeau du Made in France et de la fibre sociale, qui ne confond pas "socialisme" avec "libéralisme"
-Olivier Faure qui sait qu'il faut rassembler aile gauche et centre du Parti pour former une politique keynésienne.

Vous l'aurez compris, je souhaite que le Parti, après les 6 et 7 avril , porte les qualités politiques de ces trois candidats. Je ferai mon choix , courant fin janvier/début février et le ferai savoir.

samedi, janvier 06, 2018

Le Parti Socialiste, parti de gouvernement: entre autonomie et imitation (d'E.Macron)- ma réponse à Henri Weber

(Article du 22 novembre 2017)

Voici ma réponse à Henri Weber, directeur des études européennes au Parti Socialiste,  ancien sénateur et député européen, et à son texte "Parti socialiste : entre marginalisation et refondation".
http://www.parti-socialiste.fr/parti-socialiste-entre-marginalisation-refondation/

Personne ne peut nier qu'Emmanuel Macron,  du fait du vide à gauche comme à droite,  a pu devenir le seul candidat aux idées partisanes de gouvernement,  donc le seul candidat présidentiable en mesure de gagner, ce par défaut.

François Hollande n'a pu se représenter, car lui savait et il l'avait dit, que seule une conjoncture très favorable,  au beau fixe et une baisse de près de deux points de chômage pouvait le faire gagner à nouveau en 2017. Le tout, évidemment dans un contexte de relance économique, sociale et societale ayant fonctionné.
François Fillon, lui, avait bénéficié dans un premier temps de la machine à étêter les anciens de la droite  (Nicolas Sarkozy, Alain Juppé) lors de la Primaire, mais il s'est fait rattrapé par cette même machine. Conjonction du vieux logiciel thatchérien avec une grosse pointe d'hyper-conservatisme victorien et les affaires, furent-elles symboliques, cependant coûteuses politiquement.
La France,  on le sait est un pays légitimiste et n'a pu,  sauf à ne pas se préoccuper de l'instabilité, adopter l'idée d'une cohabitation  (pourtant légitime et correcte démocratiquement). Qui sait si Emmanuel Macron réussira? C'est possible, peut-être a t-il le champ libre? Toutefois, est-ce que le thatchérisme soft est compatible avec la France colbertiste et amoureuse du lien avec le Service public (sa présence)? Difficile de le dire. Il pourra y avoir hiatus en effet.

Lionel Jospin et le droit d'inventaire positif 
Je dois avouer que je n'ai pas compris en 2002, le rejet à ce point, qui s'est atténué après, du bilan de la mandature Jospin qui fut brillant, prospère économiquement et social. Il est vrai que nous pouvons avoir tendance à gauche, de part notre perfectionnisme, à tout peindre en noir. Il en va de même , à propos du bilan de François Hollande qui n'est pas éclatant et même très décevant -soyons lucides-. Avouons que certaines mesures, nonobstant,  furent des avancées pour notre pays  (soit totalement, soit dans le fondement): le CICE  (comme fondement), la réforme Peillon de l'école  (à 60%), le tiers-payant généralisé,  la réussite franche de la COP 21 et de la loi sur la Transition énergétique et bien-sûr le mariage pour tous.

Le pays à droite 
Bien avant l'arrivée d'E.Macron comme candidat et l'annonce du retrait de François Hollande de la vie publique élective, la droite se plaçait clairement en tête de cortège  (que ce soit Alain Juppé ou François Fillon).
Emmanuel Macron, profondément chrétien-démocrate, humaniste et européen de droite, bien qu'il ait participé à un gouvernement de gauche, ne pouvait ne pas être à droite dans la campagne et au pouvoir. Parce que c'est sa conviction profonde et parce que cela a été sa tactique pour gagner. Le pays étant passé à droite, dans les esprits, au cours du mandat 2012-2017.

Et nous à gauche? 
Si nous devons être constructifs intellectuellement à  gauche, je parle ici de la gauche non-révolutionnaire ou non-insurgée, nous devrons reconnaître les points positifs de la mandature Hollande déjà cités supra. Nous avancerons  dans la foulée que le CICE aurait dû être ciblé, comme l'ont soutenu Pierre-Alain Muet et Valérie Rabault ;  que la loi El Khomri telle quelle a été une erreur fondamentale (certains diront une faute), comme l'a affirmé récemment Olivier Faure; et enfin que le réforme fiscale, ainsi que la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales auraient dû se faire plus fermement comme l'ont fait remarquer Karine Berger, Yann Galut et Olivier Faure (sans parler de l'impasse sur la déchéance pour les bi-nationaux et la Réforme territoriale ratée).
La rationnalité et l'esprit critique équilibré nous obligent à un devoir d'inventaire de la présidence Hollande. Tout ceci nous pousse à la prise de conscience du chemin hasardeux pris par Jean-Luc et la France Insoumise. J'ai l'impression que bon nombre de camarades dits de "l'aile gauche" et même au-delà du PS se rendent compte de cette voie sans issue.
Le ou les partis de gauche non-révolutionnaires choisit, c'est son ADN et sa feuille de route,  de gouverner, de construire et reconstruire son corpus idéologique et de prendre la voie de l'autonomie. Puisque nous sommes autonomes,  nous ne serons pas les alliés d'Emmanuel Macron.
Nous ne possédons pas, en effet la même cosmogonie, la même conception du monde.

Il veut le libéralisme sans obstacles. 
Nous voulons l'égalité et l'équité entre entrepreneurs et travailleurs.
Ce, dans  un monde plus juste et plus respectueux de l'environnement.