A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


jeudi, novembre 13, 2014

Proposition pour un drapeau de Gascogne

C'est un fait, l'Auvergne a l'étendard de Saint-Géraud, le Languedoc a la croix toulousaine, la Provence et la Catalogne les bandes rouges et or, la Bretagne l'hermine, la Corse la tête de Maure et l'Alsace le Rot und Wiss, mais la Gascogne n'a pas de symbole marquant, alors que la Gascogne est une partie majeure des régions d'oc, avec une identité particulière.
Aucun symbole proprement gascon, alors que les autres grands ensembles d'Oc (Languedoc , Provence, Auvergne) en ont un.

Les Gascons parlent une langue romane, le gascon d'oc avec des formes particulières comme le béarnais, le parlar negue, le parlar clar, ... Ils descendent du peuple vascon, qui correspondait à l'extension maximale du peuple basque. Leur territoire, au V° siècle correspondait au duché de Novempopulanie, puis au duché de Gascogne au IX° siècle
et a ensuite été très disputé entre Français et Anglais ... jusqu'en 1453.

Il y a eu le royaume de Navarre puis de Basse-Navarre qui a marqué le sud gascon, avec la famille royale d'Albret dont descend Henri IV. La Gascogne a tout pour montrer au monde une histoire très riche et très intéressante.

Je fais donc une proposition afin de donner à la Gascogne, un drapeau iconique pour montrer à nouveau l'intérêt de cette culture et cette région.
Ce drapeau qui symbolise l'image d'un "Pays basque roman" (ainsi que les couleurs gasconnes et le symbole gascon de la croix de Saint-André) s'appelle "Lou Senhau": le Signal, parce que c'est un signe de ralliement et parce qu'on le remarque tel un signal montagneux (un pic qui sert de repère).



vendredi, octobre 31, 2014

Ma contribution aux Etats généraux du Parti socialiste, "La sociéquité" (Catégorie émancipation et progrès)

"La sociéquité"

Après 25 ans de sommeil intellectuel, le PS, parti historique de l'unification ouvrière et premier parti de la gauche doit reprendre le flambeau de l'idée de société alternative.
La chute du système communiste en 1989, nous a fait croire que seule la "société de marché" avait gagné, alors que Lionel Jospin l'avait dénoncée. La notion de sociéquité s'inspire du courant nord-américain, "la nouvelle nouvelle gauche", elle est fondée sur le respect prioritaire de la "common decency".
Ce mot valise fait de social et d'équité est un véritable projet de civilisation qui n'est pas dans l'esprit de résignation. Loin du "TINA" (There Is No Alternative), il lui préfère TARA (There Are Real Alternatives). C'est un retour au socialisme véritable (associationniste) et cela correspond à l'esprit de cette "nouvelle nouvelle gauche". La sociéquité affirme qu'une dose d'utopie est nécessaire et ne cède pas à un gestionnarisme plat et insipide. Quid de la différence avec les autres partis, alors? On fait bien de la politique, en n'oubliant pas ses valeurs, en sachant qui l'on est et où l'on va. La sociéquité s'oppose au 1% qui possède le plus de richesse accumulée, mais n'oppose personne. Aussi le/la employé(e), chômeur(-se), retraité(e), entrepreneur(e) y est convié. Simplement, le projet sociéquitable refuse une mainmise socio-économique ainsi que culturelle d'une infime minorité et parie sur la responsabilité et la solidarité de CHACUN.
La sociéquité rappelle qu'en Europe, notre modèle c'est le modèle franco-rhénan, l'Abolition des Privilèges, mais aussi l'Arrêt de la Cour d'Empire en Saxe en 1783 qui rappelle que la grande priorité n'a pas à écraser la petite propriété. A nous de revisiter la co-gestion. Sociéquité est synonyme d'un compromis équitable et acceptable.

Six points structurent le projet sociéquitable:
-la Démocratie d'Atelier défendue et mise en place par les syndicats sociéquitables (CFDT, UNSA)
-la logique de circuits courts et du Commerce équitable avec une Charte équitable à toutes les échelles géographiques
-Les entreprises coopératives et fédérations coopératives promues et défendues par un gouvernement de gauche
-La social-écologie comme tamis axiomatique de chaque politique
-Une démocratie rénovée où la démocratie participative a toute sa place, car les citoyens sont aussi experts
-Un parti sociéquitable: le PS qui devient une organisation horizontale, un parti numérique, faisant de la place aux classes populaires et moyennes, acceptant d'accélérer le turnover politique, formant chaque militant prêt à s'engager dans les affaires publiques

mercredi, juin 04, 2014

Le pourquoi de ces deux articles Dada. La réforme territoriale dans le Centre-ouest

Ces deux articles loufoques et Dada, réaction de forme surréaliste, issus d'un monde imaginaire
peuvent étonner ou faire sourire.
Bien évidemment que le centre-ouest ne proclamera pas son indépendance! Je dois avouer toutefois que le sentiment d'être la cinquième roue du carrosse, en tant que centrien d'origine est vivace.

Nous faisons partie de la fameuse "Diagonale du vide", même si du point de vue de l'épistémologie géographique, le terme "vide" ou "désert humain" soit exagéré car relatif, il n'en demeure pas moins qu'une moindre densité équivaut trop souvent à un certain manque d'intérêt.
Comme de juste, l'Etat ne peut pas s'occuper plus de régions moins denses que les régions très peuplées comme l'Ile de France ou Rhône-Alpes, là n'est pas le problème, mais il est vrai que des infrastructures attendent encore et toujours.

C'est le cas des LGV Paris-Orléans-Bourges-Clermont, Paris-Limoges-Poitiers. C'est aussi le cas du renforcement du lien routier entre Poitiers et Limoges, la N 147 ne suffit pas à relier et développer deux capitales de région.
De manière générale, l'Ancien Régime avait construit des routes royales traversant le Massif Central, tandis que les infrastructures modernes ont mis du temps à vouloir le traverser. Depuis combien de temps attendait-on le Viaduc de Millau?

Il est donc impératif d'avoir toujours quelques projets pour nos régions centrales, car les villes moyennes attendent d'être densifiées, que les jeunes de ces régions attendent de travailler au pays et pas devoir aller à Paris, Lyon, Bordeaux ou grossir le flot de l'étalement urbain, qui gaspille notre réserve de territoires et de terres agricoles, ainsi que de zones dites "naturelles".
La question agricole et le fait que les paysans puissent décemment vivre de leur travail est en filigrane. Ces paysans sculptent nos paysages, leur donnant cette beauté tant recherchée de part le monde et célèbre (volcans d'Auvergne, forêt de Tronçais, montagne corrézienne, bocages poitevins, Marais Poitevin,...). Ils produisent des biens agricoles d'extrême qualité: le froment de la Champagne berrichonne ou de la Beauce, la race bovine limousine ou Salers, les fromages tels le Saint-Nectaire, le beurre de Surgères,... Nos paysans en France méritent donc d'être respectés et d'être rémunérés à la hauteur de la qualité de leur travail.

Et la proposition de découpage Centre-Poitou-Charentes-Limousin ? Comme je l'ai souligné, ce découpage est un découpage par défaut. Nos régions doivent mériter plus d'intérêt qu'un découpage par défaut! Je comprends tout à fait que c'est une proposition sur la table, qu'elle est négociable et qu'on ne puisse pas faire un découpage qui satisfasse tout le monde à 100%. Néanmoins je m'étonne qu'on y ait mis du sien à faire si loufoque! Dommage que les intérêts politiciens et de stratégie politique comptent plus que les destins de communauté...
A vrai dire, le découpage du 1er juin 2014, du Journal du Dimanche qui apparaissait comme un pronostic était le meilleur relativement, dans la mesure où les Pays de la Loire ont affiché leur préférence pour une fusion avec la Bretagne. Donc une fusion Centre et Poitou-Charentes et une fusion Limousin et Aquitaine.
J'entends, en outre que les deux départements des Charentes se sentent plus reliés à Bordeaux. Après, j'estime que la discussion département par département est audible, mais en revanche cela risque de multiplier les possibilités et aussi les requêtes et les oppositions.

J'espère que ma démarche, parmi nombre de réactions sur cette région "grande comme l'Autriche" sera entendue.

Tribune dans "Le Sganarelle": "Notre réforme territoriale pour le Médian" (Centre, Poitou-Charentes, Limousin)

"Le Sganarelle", 03 juin 2014

Tribune rédigée par Josiane Diat (Parti Ouvrier Médian), Marie Laterre (Parti Vert Médian), Charles Leblond (Parti Libéral Médian),Barthélémy Restons (Parti Conservateur Modéré Médian) et Evelyne Saint-Nectaire (Parti Social-Démocrate Médian)

Nous avons pris acte de l'annonce de la carte de la réforme territoriale, annoncée par l'Elysée et le président de la République française et cela confirme que l'on ne prend pas en compte véritablement les intérêts des centres. Non pas qu'ils soient plus importants que ceux des autres régions, mais ils n'en sont pas moins importants.
Nous savons que nos régions, n'étant pas sur les axes majeurs de la France: l'axe Le Havre-Paris-Lyon-Marseille, l'axe Paris-Lille, l'axe Paris-Nantes-Bordeaux et depuis quelques années l'axe Paris-Nancy-Metz-Strasbourg. Nous sommes à l'état de périphérie tout en étant à l'intérieur. Nous sommes très souvent, trop souvent considérés comme la "cinquième roue du carrosse" et cela ne peut plus durer.
C'est pour cela, le journal "La Délivrance" en a rendu compte, nous avons proclamé "l'Archiduché du Médian" et l'indépendance des trois régions centrales. Le découpage de la grande région centre-ouest a clairement été le dernier, une fois que tous les autres ont été faits, le découpage par élimination, un peu par hasard. Un découpage "bateau" comme on dit souvent.
Nous trouvons dommage que pour des raisons politiciennes, on en vient à dessiner le destin de populations pourtant au coeur de la France, presque à l'origine du pays: l'Orléanais a appartenu depuis toujours au domaine royal, le Berry fut la première province annexée au domaine royal et les territoires poitevins et limousins furent intégrés au cours du XIII° siècle au domaine royal français. Sans parler de la Vallée des rois, celle de la Loire qui compte parmi les châteaux et les résidences prestigieuses des rois: Chambord, Amboise, Chenonceaux,...
A la fin du XVIII° siècle, ces territoires se sont convertis à la Révolution française, ont adhéré au républicanisme et ont formé le bastion républicain radical-socialiste du Midi rouge.

Nous comprenons que tout découpage nouveau suscite des insatisfactions, mais force est de constater que là, l'illogisme a dépassé l'intérêt général et le bon sens. Soit d'unir le Centre aux Pays de la Loire, d'unir le Poitou-Charentes et le Limousin à l'Aquitaine ou bien encore le Poitou-Charentes demeurant région à proprement parler avec pour ajout la Vendée et le Limousin à l'Aquitaine.
Nous avons constaté que les Pays de la Loire préféraient la fusion avec la Bretagne. Nous en avons pris acte. Après tout, Nantes est la métropole polarisante du Mans, Angers , La Roche sur Yon et Laval, tout en demeurant polarisante pour le sud-Ille et Vilaine et l'est du Morbihan. Nantes est tout de même la capitale ducale bretonne et fut la capitale de l'Etat indépendant et souverain de Bretagne.

Ce qui veut dire qu'il restait la possibilité de fusionner seulement la région Centre avec Poitou-Charentes. Nous aurions compris ce choix.
Quel est le sens de cette région immense? Où aurait-on mis la capitale de région? Poitiers? Tours? Alors que nous demandons une liaison depuis des années , une liaison Paris-Orléans-Bourges-Clermont et Paris-Limoges-Poitiers ainsi que Limoges-Bordeaux dignes de ce nom. Certes les crédits manquent, nous le comprenons, mais nos régions perdent du terrain et cela pèse sur l'économie.

Nous avons pourtant des régions riches, l'agriculture, l'élevage, des villes aux tailles respectables, une densité relativement correcte. Mais nos régions sont marquées par le départ quand on veut trouver un travail de service bien rémunéré, du fait que nos espaces de vies, les villes moyennes ne soient pas suffisamment autonomes économiquement.

Nous demandons un vrai girondinisme, pas une assistance de l'Etat, par l'Etat et pour l'Etat. Nous demandons une capacité de forger nos moyens de vie, de pouvoir lever l'impôt (en concertation nationale des régions et avec une vraie péréquation).
Faire une région aussi grande veut dire que l'Etat serait intervenu directement. En gros, cela veut dire qu'il aurait fallu créer des "districts" régionaux dans la nouvelle grande région: quelle en aurait été l'utilité? Tout ça pour ça?

C'est pourquoi, nous avons pris la décision de partir. Nous annonçons notre propre réforme territoriale. Nous gardons nos trois régions au sein de l'Archiduché du Médian! Parce que ces régions ont la taille minimale à l'échelle européenne.
Nous annonçons un caractère fédéral pour l'Archiduché du Médian: un gouvernement fédéré par région, avec un Parlement régional fondé sur les départements. Nous annonçons que le chef de l'Etat, l'Archiduc ou l'Archiduchesse (résidence à Poitiers), sera élu(e) par le Congrès fédéral du Médian sans aucun pouvoir. Notre régime sera donc une monarchie parlementaire élective avec pour chef de l'exécutif, la ou le Premier-Ministre responsable devant le Congrès fédéral (qui sera situé à Tours), élu par scrutin de liste à deux tours, à la proportionnelle partielle (comme en Allemagne).

Nous proclamons enfin, comme langues co-officielles: le français (langue de travail et de communication), l'oïl berrichon, le poitevin-saintongeais et l'occitan limousin langues régionales (le français demeurant la langue générale de l'éducation) qui seront apprises à raison de deux heures par semaine de l'élémentaire au baccalauréat.

Nous porterons dans les prochaines semaines, notre candidature à l'Union européenne et bien évidemment nous gardons l'euro.

La décision d'indépendance sera ratifiée par référendum. Nous avons pris contact avec le président de la République française qui rendra au Médian sa première visite officielle. Suivie de celle d'Angela Merkel, chancelière de la République fédérale allemande. Les forces militaires seront assurées par une communauté franco-germano-britannique de la Défense.

Nous accordons au président de la France, le titre honorifique de Marquis et co-Archiduc, cela lui fera un titre de plus, avec celui de co-Prince d'Andorre et de Chanoine du Latran! De même que nous accordons à l'ancienne présidente de région Poitou-Charentes, le titre honorifique de Baronne sérénissime, du aux services qu'elle a rendus à sa région!

mardi, juin 03, 2014

Article issu de "La Délivrance": "l'indépendance du Médian est venue!"



La Délivrance, 02 juin 2014

C'est fait! Les régions Centre, Poitou-Charentes et Limousin ont profité de la Réforme territoriale française pour proclamer leur indépendance. Le mécontentement couvait et on entendait encore dans les rues, les manifestations: "Le Médian au coeur! Le Médian au coeur!"

Retour sur un indépendantisme
Depuis plusieurs années, les mouvements autonomistes, culturels et indépendantistes avaient germé dans les 3 anciennes régions. Il était apparu "La Marche des fiertés des Centres humaniste et sociale" (interdite aux extrêmes, aux ultra-conservateurs, aux réacs de tout poil) où sociaux-démocrates, conservateurs modérés, écologistes, libéraux et communistes se cotoyaient, dépassant les clivages.
Egalement, on s'est mis à fêter l'anniversaire du décès de la duchesse et reine Aliénor d'Aquitaine ayant vécu au XIII° siècle, parce qu'on ne connait pas la date de sa naissance. On fête Aliénor le 31 mars, en souvenir de la duchesse et reine morte le 31 mars 1204. Elle est appelée ici "Aliénor du Poitou"  (puisque née à Poitiers et de langue occitane, parler limousin) et en 2004, lors du huitcentenaire les rues de Poitiers, La Rochelle, Angoulême, Limoges, Bourges, Orléans et Tours
ont vu fleurir les drapeaux rouges et jaunes aux fines bandes bleues. L'indépendantisme était apparu, à partir de la parole de l'ancien Premier-Ministre français libéral Pierre-Louis Redondant, en 2002: "Le centre, c'est où le centre, c'est à Paris?" ou son célèbre "Sans les côtés dans une assiette, il n'y a pas de centre et c'est pour cela que le centre a besoin des côtés pour vivre, même si les côtés ont besoin du centre pour manger" [en référence aux riches terres à blé et à l'élevage florissant des centres]
Le célèbre slogan était né, "On n'est pas la cinquième roue du carrosse! Le Médian au coeur!"
S'en était suivi une crise politique, à l'instar des partis flamands vis-à-vis des partis wallons en Belgique, le PSDM (Parti Social-Démocrate Médian) s'était séparé du PS, le PCMM (Parti Conservateur Modéré Médian) de l'UMP, le PLM (Parti Libéral Médian) du Nouveau Centre, le POM (Parti Ouvrier Médian) du PCF et le PVM (Parti Vert Médian) des Verts; les hommes et femmes politiques pro-Médian n'ayant pas souhaité de créer un parti d'extrême-droite. Depuis lors, les pro-Médian avaient rencontré les partis catalans et le SNP écossais mais jusqu'à présent parlaient d'une région Centre indépendante, Poitou-Charentes indépendante et Limousin indépendant
 car trop différentes et seulement d'une fédération d'Etats-Nations pour mutualiser les coûts, jamais d'un pays uni. Déjà on entendait parmi la population "Non mais vous nous voyez faire 500 km entre Dreux et Brive? Faut pas pousser!" ou encore "Ca serait bien qu'on ait le TGV entre Poitiers et Limoges, déjà, parce que le TER entre deux capitales régionales qui traverse la moyenne montagne, ça le fait moyen. Alors imaginez, un pays!"
Ces trois régions ont toujours milité pour le TGV Paris-Centre-Clermont et Paris-Limoges-Poitiers mais elles ont été déçues depuis 12 ans, du fait des restrictions budgétaires.
Mais tout le monde savait que la région "mastodonte" était dans les cartons ou sinon la région "Centre-Auvergne-Limousin" et ne voulait pas de cette solution technocratique.

Colère
"Quand on a vu sur Internet hier soir, vers 21h30 que l'on nous mettait les trois régions, sans savoir la capitale de région, sans lien entre La Rochelle et la Beauce ou encore le Limousin et le Poitou, oui , on a été en colère. Surtout que la Bretagne à 4 départements demeure... Vraiment, ce n'est pas logique!" raconte une jeune étudiante à La Rochelle.

A vingt-deux-heures, les gens sont sortis dans la rue et les responsables ont proclamé "L'archiduché du Médian" avec une pointe d'ironie et d'humour, car les trois régions ont la taille de l'Autriche, même si elles regroupent un PIB équivalent à PACA.
"On ne sait pas si on deviendra une monarchie parlementaire ou une République, mais l'humour a toujours été notre arme face à l'absurdité d'Ubu la technocratie!" s'exprime la première-secrétaire du PSDM, Evelyne Saint-Nectaire, de Niort.
"On est soulagé, au moins, on va pouvoir s'organiser et dans les prochains jours, on va déclarer langues officielles, l'occitan limousin, le poitevin-saintongeais et l'oïl berrichon, avec le français." déclare Barthélémy Restons, président du PCMM, de Chartres.

mardi, mai 27, 2014

Elections européennes, quelles perspectives pan-européennes? Analyse personnelle

Les élections européennes ont rendu leur bilan. Voici le nouveau mandat 2014-2019 ouvert.
Quelques chiffres pour poser le débat: plus de 57% d'abstention à l'échelle européenne, soit à peu près le même score qu'en 2009, à noter que la Slovaquie voit atteindre les 80% d'abstention, dans une démocratie indépendante née il y a 21 ans, cela fait de la peine.
L'UE n'attire plus comme objectif, moteur et support d'optimisme en Europe, cela fait 15 ans que cela dure pour le bloc ouest-européen et plus de cinq pour les PECO (Pays d'Europe Centrale et Orientale), alors qu'on connait une Dépression économique, que l'UE n'a pas vraiment réglé la crise monétaire, même si elle l'a stoppée (notamment grâce à Mario Draghi)...
Au final, le PPE gagne par avantage, mais non pas réelle victoire avec 212 sièges, le PSE obtient 190 sièges (en léger recul), l'ALDE obtient 72 sièges, les Verts 55 sièges, le GUE 43, les souverainistes et nationalistes divers 179. Les nationalistes sont en hausse, de même que les communistes/gauche de la gauche.

Les gouvernements en place qui ont été battus sont: le gouvernement britannique (conservateur), français (socialiste), néerlandais (libéral), autrichien (social-démocrate), bulgare (social-démocrate), croate (social-démocrate), danois (social-démocrate), suédois (conservateur), portugais (conservateur), grec (conservateur), polonais (libéral),estonien (libéral), letton (conservateur), lituanien (social-démocrate), tchèque (social-démocrate), roumain (libéral).



Cela s'explique par la déception plus ou moins forte des équipes en place au pouvoir, mais aussi par de relatifs échecs ou véritables économiquement, davantage pour les pays d'Europe du sud, ou bien par une stabilisation haute de la peur de l'immigration en Europe du nord.
A noter que la Grèce et la Lettonie ont répondu non massivement à l'austérité en donnant une large victoire aux communistes/gauche de la gauche. Les sociaux-démocrates ont gagné sur la droite au Portugal, en Suède et en Roumanie. Ils ont obtenu de bons scores en Grande-Bretagne et en Allemagne sans pour autant gagner la 1ère place.

Plusieurs nouveautés ont de l'importance dans ce nouveau Parlement européen 2014-2019:
-la place que prend les souverainistes et les nationalistes (le Front National à 25% - extrême-droite-, le UKIP-United-Kingdom Independence Party (souverainiste) et le Parti Populaire Danois (extrême-droite) à 20%; sans compter l'arrivée de quelques députés néo-nazis Aube dorée en Grèce et un député du parti allemand néo-nazi NPD)
-la montée du néo-communisme, suite aux plans d'austérité, surtout en Grèce où Syriza et Alexis Tsipras dépassent les 26%
-la baisse assez importante des conservateurs (PPE), qui maintiennent leur place de premier parti mais perdent plusieurs dizaines de sièges, notamment du au maintien des sociaux-démocrates (moyenne européenne), notamment en Allemagne où le SPD prend 6 points sur la CDU.

Face à cette nouvelle configuration, il y a plusieurs défis sur lesquels l'Union Européenne doit se pencher:
-la démocratisation de l'UE, tant attendue. Les dirigeants de l'UE doivent comprendre que les citoyens européens ne s'intéresseront davantage à cette dernière que si la démocratisation, le renforcement du Parlement et davantage de transparence dans les débats soient mis en oeuvre. Les citoyens attendent que les politiques viennent devant les gens, parler en province, dans les médias sur les choix qu'ils veulent prendre et accepter de les soumettre au débat et à l'avis des citoyens. Cela passe par des votes de confiance dans les Parlements nationaux. Cela passe aussi par le fait que le Parlement européen pourra proposer également des débats et des projets de directive, directives pouvant être soumises aux Parlements nationaux. Bien évidemment Angela Merkel doit se plier à l'élection parlementaire et accepter Jean-Claude Juncker (gagnant) comme candidat de la Commission et que les sociaux-démocrates puissent influer la politique européenne, puisque rien ne passera sans eux.
-approfondir la Construction européenne: l'élargissement à 28 est le maximum que peut l'UE pour 20 ans. Le reste des Balkans devra attendre. La Turquie pour des raisons de manque de démocratisation et de pluralité politique/représentation politique des minorités, reconnaissance du Génocide arménien ne peut pas rentrer dans l'UE. Comme la Turquie ne semble pas changer pour tout de suite, son adhésion n'en est que remise aux calendes grecques. Les questions d'un gouvernement économique, d'une vraie politique publique de l'énergie et d'une construction d'une CED (Communauté Européenne de la Défense) sont les nouveaux chantiers de l'UE.
L'UE ne peut plus être une organisation naïve du point de vue du libéralisme commercial, puisque les USA, le Brésil, l'Australie, la Chine, l'Inde etc... sont protectionnistes, ne pas assumer une préférence européenne est une erreur, cela nous a empêché depuis 15 ans de fonder des champions européens de rang mondial (ex: Pechiney revendu à la pièce à Alcan puis racheté par Rio Tinto), cela veut dire aussi que le dumping fiscal et social dans l'Europe n'a jamais été une assurance de la vraie concurrence, mais davantage une tiers-mondisation des travailleurs européens, mis en concurrence entre eux, avec pour viseur les payes chinoises ou brésiliennes.
Un approfondissement de la construction européenne passe par une Directive Services remettant en cause ces dumpings fiscaux et sociaux, puis une harmonisation par le médian-haut des fiscalités ouest-européennes.
Bien évidemment la question de l'impôt européen sur les bénéfices se posera, pour que l'UE ait un vrai budget, digne de ce nom.
Angela Merkel doit comprendre qu'une Europe conservatrice-libérale à l'allemande type CDU ne marchera pas et entendre les revendications socio-économiques (gouvernement économique de l'euro, traité social) et François Hollande doit entendre- ce que n'ont fait ni Chirac, Jospin et Sarkozy- la volonté allemande d'une Europe politique et François Hollande doit enfin taper du poing sur la table sur les revendications d'investissement et d'approfondissement social et pas faire comme en juin 2012 ou Michel Sapin en avril 2014 "je vais négocier".
Une UE sans une France à l'aise en Europe, mais au-delà de la France, sans des Européens progressistes et sociaux à l'aise en Europe ne fera que renforcer l'affrontement stérile, car le clivage gauche/droite existe bel et bien. La France doit savoir utiliser la "politique de la chaise vide".

-écouter les peuples européens et répondre aux peurs: La Grèce, mais aussi la Lettonie ont dit non à l'austérité. De nombreux Européens de gauche comme de droite ne souhaitent pas un sacrifice de leur Etat-providence aux bénéfices d'une politique monétariste. Le bien-être social et l'apport de nouveaux droits socio-économiques n'est pas négociable et fait partie de l'évolution et progrès des démocraties modernes. Certaines populations dans les pays ont exprimé des peurs face à l'immigration. Ce sont des peurs irrationnelles, ces personnes nouvellement venues ne sont en rien des "hordes militaires attentant aux pays". Toutefois on peut constater que Frontex (politique des frontières de l'UE) n'a pas de moyens, l'UE doit se doter d'une vraie police des frontières, avec des moyens continentaux qui contrôle efficacement les frontières méditerranéennes, les frontières d'Europe de l'est et les aéroports internationaux.
En même temps, la vraie solution de fond, c'est que les pays de départ aient une situation politique et économique stable, la France le fait en ce moment au Mali et en Centrafrique, mais il faut que toute l'UE mette en œuvre un programme de stabilisation et de développement économiques de l'Afrique, en renforçant les accords ACP-Lomé et en les européanisant.
Du point de vue de la Roumanie, Bulgarie et Slovaquie qui n'offrent pas de perspectives dignes de ce noms à leurs ressortissants roms, l'UE doit mettre les moyens financiers pour le développement des quartiers roms, leur dé-ghettoïsation, la lutte contre la discrimination anti-rom et s'assurer sur place (agents de l'UE) et véritablement que les fonds ne soient pas détournés et/ou non-utilisés, sous peine de sanction financière vraiment dissuasive pour les gouvernements se fichant de cette question et fermant les yeux sur la corruption des aides européennes aux populations roms.

-parler à la Grande-Bretagne: la Grande-Bretagne avec son vote UKIP, mais au-delà de cela les conservateurs et un peu les travaillistes n'ont pas pris conscience que l'UE est incontournable pour le pays. En effet, les USA sont en train de quitter l'Europe comme zone stratégique prioritaire et la Grande-Bretagne n'intéressera plus les USA. Ce sera la Chine, l'Inde, le Nigéria, l'Afrique du Sud et le Brésil. Donc les Britanniques vont être abandonnés dans leur "alliance et relation très spéciale". Et la Grande-Bretagne seule, comme l'Allemagne seule ou la France seule ne vaut plus rien face aux mastodontes asiatiques actuels et futurs et africains futurs. Il ne restera donc à la Grande-Bretagne que l'UE.
Immédiatement, on peut comprendre que d'aller dans un processus un peu global et tirant vers le fédéralisant fasse peur et donc que le souverainisme soit roi au pays de la Reine. On peut comprendre que le pays veuille garder pour longtemps sa Livre sterling. Soit, mais le pays, tout en restant dans l'UE, ne doit pas empêcher un troisième cercle d'approfondissement européen et doit renoncer à son 'I want my money back'.
De plus, rien que pour son intérêt vital propre, le pays ne semble pas encore avoir compris que le refus de l'Europe mènera à la partition du pays et à l'indépendance de l'Ecosse, irrémédiablement suivie du Pays de Galles et de la réunification entre l'Irlande du nord et la République d'Irlande. Le pays aura tout perdu, même son drapeau et ne sera plus que "l'Angleterre". Avouons et gageons que la réduction du Royaume-Uni à l'Angleterre soit pris comme une catastrophe par le pays.
C'est ainsi qu'à terme la Grande-Bretagne fera partie de la Communauté Européenne de Défense, vraiment autonome d'abord de l'OTAN puis remplaçant l'OTAN.
Pour notre pays frère, germanisation d'une France du nord (par rapport au caractère saxo-normand), c'est "l'Europe ou la mort."

samedi, mars 15, 2014

Emettons une hypothèse à fond renversé: l'autonomie du Québec?

Cette campagne anticipée 2014 au Québec est partie de la question du leadership et l'obtention d'une majorité par le gouvernement minoritaire péquiste du Québec pour arriver assez vite , avec l'arrivée du candidat "vedette" Pierre-Karl Péladeau sur la question de la souveraineté.
Encore, me direz-vous? Certainement, mais c'est ainsi. Le vieux monde du clivage indépendantisme/fédéralisme au Québec n'en finit pas de ne pas laisser la place au clivage gauche/droite.
Rappelons que les élections et l'enjeu principal des gens, même au Québec, toujours plus en temps de crise, c'est 'It's the economics, stupid!' tel le mot de Bill Clinton en 1992. Les gens veulent qu'on leur assure qu'ils continueront d'avoir un emploi, ou qu'ils vont pouvoir en retrouver un grâce à une conjoncture correcte pour l'économie.
Mais bon, ce serait également incomplet de gommer que la majorité des Québécois, même les Libéraux en bonne partie sont nationalistes (au sens québécois: se sentir une nation). Cependant le candidat principal du Parti Libéral du Québec a du mal à comprendre que le PLQ doit redevenir bourassien pour séduire les régions francophones qui le sont autour des 90/95%.

Alors, pourquoi parler d'autonomie? Tout d'abord précisons ce qu'est une vraie indépendance. Une vraie indépendance au Québec, c'est avoir le dollar québécois, une vraie indépendance au Québec c'est avoir l'armée et la diplomatie complète québécoises.
Ce qui est bizarre, c'est que peu de personnes au Québec sont sur cette ligne-là. La ligne Parizeau en somme. Etonnant, non?!

En réalité, ça ne l'est pas tout à fait. D'une part, j'ai rappelé l'impératif absolu de la défense et la promotion de l'emploi, d'une économie prospère et bien-sûr sociale avec une redistribution de services pour les Québécois (Carte Soleil,...). D'autre part, même si ça ne fait pas plaisir à mes amis souverainistes, au moins plus de la moitié des Québécois n'est pas rassuré par une perspective de "couper les ponts", parce qu'il n'est pas prévu de déménager le Québec et de le faire dériver près de l'île de Ré. Ils le savent pertinemment bien, même s'ils ne veulent pas l'avouer! Donc une coopération pan-canadienne est inévitable et c'est reconnu et le gros bon sens que l'instabilité d'un territoire quant à son avenir politique n'est pas un gage de confiance quant aux entreprises et les patrons.

Quand le PQ et Pauline Marois disent: "On va garder le dollar canadien, le passeport canadien et on demandera un siège à la Banque du Canada"... ça s'appelle l'autonomie, pas l'indépendance.

La CAQ est autonomiste, puisqu'elle a repris là dessus, les positions de l'ADQ.

Le NPD en parlant de fédéralisme asymétrique dit en substance qu'une province (et peut-être toutes les provinces) peut bien avoir plus de pouvoirs qu'aujourd'hui face à l'échelon fédéral... ça s'appelle aussi l'autonomie.

Nota: quand on compare la souveraineté-association avec l'Union Européenne, cela n'est pas pertinent , une UE à la canadienne fonderait une nouvelle monnaie ou du moins la renommerait, appelons là "boréal". Une UE à la canadienne ne mettrait en commun que la coopération économique/les douanes mais pas le reste. Enfin une UE à la canadienne qu'on pourrait appeler "Confédération boréale" proposerait au Groënland, peut-être futur Etat souverain de les rejoindre.
Précisons aussi qu'un entité non souveraine, si l'Etat souverain le lui accorde peut avoir un siège à l'ONU, comme les RSS d'Ukraine et de Biélorussie de 1945 à 1991, en remerciement de l'URSS à la résistance à l'occupant allemand.

Que le PQ le dise franchement, qu'il est autonomiste. C'est probablement l'équilibre pour beaucoup de Québécois: oui ils sont une nation, oui ils se sentent quand même différents des Canadiens anglophones mais non, ils n'ont pas plus envie que cela de devenir indépendant. Et encore moins de devoir se coltiner un 3e référendum, puis un 4e, puis un 5e etc...
Et parlons des sujets concrets , d'ici et de maintenant qui intéressent la majorité des Québécois: l'emploi, les services...



dimanche, février 23, 2014

Comprendre la seconde révolution ukrainienne à travers le prisme de son histoire culturelle et politique

L'Ukraine semble être un personnage sorti de l'Antiquité romaine, sous les traits de la divinité Janus, le dieu aux deux visages et cela renforce le mystère ukrainien.
L'Ukraine est-elle simplement ukranophone ou totalement russifiée? L'Ukraine est-elle divisée en deux, tels deux blocs où elle-est unie au-delà de tous les périples? Se sent-elle proche de la Russie et des Russes ou est-elle foncièrement nationaliste?
Un simple oui ou non, une vision en noir et blanc ne saurait décrire la complexité du troisième pays de l'ex-URSS après la Russie et le Kazakhstan.

En premier lieu, pour répondre aux questions qui introduisent cet article et que tous les commentateurs se posent quand on aborde la question ukrainienne, on peut dire que l'Ukraine est majoritairement ukranophone (65% de la population), même à l'est mais que le taux de bilinguisme usuel dans la vie de tous les jours est l'un des plus élevés dans un même et seul pays. En 1991, au sortir de l'URSS, 54% des Ukrainiens (dont 83% sont de nationalité ethnique ukrainienne) apprenaient le russe comme 1ère langue d'étude et même si ce chiffre a baissé à 23,9% en 2004, il n'en demeure pas moins qu'avec le sourjik, langue populaire mélangeant le russe et l'ukrainien, en plus d'un bilinguisme classique ukrainien/russe, on estime que le taux de bilinguisme monte jusqu'à atteindre la moitié de la population.
Même dans les grandes villes de l'ouest nationaliste ukrainien de Galicie et de la Podolie, on utilise autant le russe que l'ukrainien. L'ukrainien n'était pas réellement reconnu comme langue au XIX° siècle parce que c'était un instrument d'un potentiel nationalisme ukrainien, quand le deuxième grand poète ukranophone Tarass Chevtchenko (après Ivan Kotliarevski, à la fin du XVIII° siècle) écrit le poème "Le Fils" en 1847, il critique à la fois le panslavisme et la personne du tsar Nicolas Ier, il est arrêté et exilé dans les montagnes de l'Oural. Il faut attendre le recensement de 1897 pour que l'on parle pour la première fois de nationalité "ukrainienne". La politique était à la russification pendant le tsarisme.
Avec la Révolution d'Octobre 1917 et la Loi des Nationalités en janvier 1918 (donnant des droits aux ethnies autres que russe slave en Russie) va changer un peu la donne, une politique d'ukranisation est officiellement proclamée, mais à laquelle, il sera mis un terme par Staline en 1932, parce qu'il craignait la montée du nationalisme ukrainien antirusse. De 1932 à 1933, Staline va d'ailleurs organiser la Grande Famine du Holomodor qui est un mot-valise en ukrainien qui signifie "extermination par la faim", parce que les koulaks (paysans) ukrainiens refusaient en masse la collectivisation par les kolkhozes (coopératives tenues par les sections locales du Parti Communiste) et les sovkohzes (fermes d'Etat). Famine organisée qui va causer la mort de 2,4 millions de morts à 7,5 millions de personnes. Ceci est un épisode tragique mis en exergue par la diaspora ukrainienne qui était foncièrement antisoviétique.
L'ukrainien était tout de même la seule langue officielle de la République Socialiste Soviétique d'Ukraine, mais de facto le russe était la seconde langue et la langue de relation avec le Comité Central du Parti Communiste d'Union Soviétique (PCUS). En 1991, 90,5% des Ukrainiens votent pour l'indépendance dont une très forte majorité d'Ukrainiens de nationalité ethnique russe (17%) et en 2003, un sondage montrait que 75% des Russes et Ukrainiens russophones d'Ukraine (25% de l'ethnie ukrainienne) estimaient que l'Ukraine était leur patrie. Donc l'Ukraine n'est pas réellement divisée en deux blocs, même si en 2003-2004 , les Ukrainiens russophones et Russes d'Ukraine ont voté massivement pour Viktor Ianoukovitch , de même en 2010, tandis que le centre et l'ouest votait pour Viktor Iouchtchenko en 2003-2004 et pour Ioulia Timochenko en 2010 (voire Vitali Klitchko).

Comment doit-on percevoir cette partition politique? En réalité, les Ukrainiens russophones et les Russes d'Ukraine souhaitent maintenir un lien économique avec la Russie, car l'est du pays a davantage gardé des vieilles usines venant des combinats industriels de l'ex-URSS et qui sont "perfusées" par le "grand frère russe", ou bien à Odessa et en Crimée (à majorité russe ethnique), la présence des soldats russes amènent un certain nombre de dividendes à ces régions. Donc se couper de la Russie, c'est se couper en bonne partie de ce partenaire vu comme généreux. Sans compter la menace russe de couper le gaz, ressource énergétique principale pour le chauffage, alors qu'à l'indépendance, l'Ukraine possédait de vieilles centrales nucléaires non réellement sécurisées de type Tchernobyl, que la communauté internationale a poussé à démanteler.

En août 2013 quand Viktor Ianoukovitch a annoncé publiquement qu'il allait signer l'accord de partenariat (et non d'adhésion) avec l'Union Européenne, il a été plébiscité par la grande majorité des Ukrainiens, car les Ukrainiens constatent bien la nécessité de diversification des partenariats et de ne plus dépendre du seul "grand frère russe", qui a tout de même coupé le gaz en 2009 en accusant les Ukrainiens de priver les Bulgares et les Slovaques de chauffage! La virevolte du président Ianoukovitch en novembre 2013 a provoqué l'ire d'une partie des Ukrainiens dont notamment les Kiéviens, car il n'a pas tenu sa parole et comme beaucoup d'autres personnalités de la classe politique ukrainienne, il était mêlé à des affaires ou des soupçons de corruption et a en définitive signé son départ de la vie politique, quand la Rada (Parlement) ukrainienne a voté le 22 février la destitution du président Ianoukovitch, par sa propre majorité (Parti des Régions + les partisans de Ioulia Timochenko et Vitali Klitchko). On ne peut dire ce que sera l'Ukraine demain, si elle va maintenir son cap d'indépendance et de relations équilibrées entre Russie et Union Européenne ou si la seconde révolution ukrainienne (après la Révolution Orange de 2004) va échouer. L'avenir est dans les mains des Ukrainiens.

dimanche, janvier 26, 2014

Plaidoyer pour les langues d'Oïl et l'arpitan














(DRAPEAU DU BERRY, ancienne province qui avait comme langue traditionnelle, une des langues d'Oïl, le berrichon)


                                 (SYMBOLE ARPITAN: L'EDELWEISS A 6 PETALES)

Dans le cadre de la discussion à l'Assemblée Nationale sur le proposition de loi de Jean-Jacques Urvoas n° 1618 visant à ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires (cf. l'article- "Charte européenne des langues régionales et minoritaires: arrêtons avec le catastrophisme!!"- : http://lunettesdumonde.blogspot.fr/2014/01/charte-europeenne-des-langues.html 
, je voulais aborder un point qui ne l'est pas souvent à savoir, "quid de l'espace entre les langues régionales particularistes de la métropole?" (qui ne concerne donc ni le alsacien-mosellan, basque, breton, catalan, corse, flamand, langues d'Oc), donc ce qu'on appelait avant les "parlers" ou les "dialectes" et pour la région rhônalpine essentiellement, le franco-provencal.

Les langues d'Oïl
Les langues d'Oïl sont les langues qui sont nées, suite à la disparition du vieux roman (entre 800 et 1000 environ), première autre langue que la langue latine en France, après la chute de Rome et l'installation du royaume franc. Ce ne sont pas des dialectes du français, mais des dialectes du vieux roman, or comme le vieux roman a disparu, il s'agit bien de langues.
Qui plus est, Bernard Cerquiglini insiste bien dans son rapport demandé à Lionel Jospin en 1999, pour la signature de la "Charte européenne des langues régionales ou minoritaires", sur le fait que dorénavant, la morphologie linguistique (la forme de la langue) et le lexique étant différents à l'oreille, il s'agissait bien de langues.
Bernard Cerquiglini entérine donc l'idée qu'une langue essentiellement orale se différencie par le son, la forme, les mots, le fait que la compréhension ne soit pas transparente à quelqu'un qui ne parle pas cette langue. C'est ainsi que le sociologues, ethnologues et linguistes ont démontré que la littérature (donc ici, la capacité de produire et transmettre des histoires) pouvait être orale.
Une langue n'a donc pas besoin d'être l'émanation d'un Etat/pays pour être (la langue comme idiome) ou bien d'un peuple clairement défini ayant vocation ou non à devenir par le futur, autonome voire indépendant.
Ces langues ont perduré jusqu'ici mais sont bien mal en point et sont très souvent reléguées pour la plupart d'entre-elles, au musée comme "patois" (terme devenu péjoratif assez souvent, parce que ces langues n'étaient pas vues comme "légitimes" ou de "vraies langues")  ou au mieux "dialectes".
Selon le rapport demandé en 2013 par le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, il n'y aurait plus que 580.000 personnes qui parleraient régulièrement ces langues, essentiellement des personnes âgées, soit seulement 0,87% de la population française, tandis que si l'on ajoute à ces personnes ceux qui l'utilisent occasionnellement, soit 150.000 donc 730.000 personnes en tout, l'on atteint 1,10% de la population française (66 millions).

Les langues d'Oïl ont été très vivaces dans les campagnes, jusqu'au cours du XIX° siècle et même du début du XX° siècle, il a fallu attendre longtemps les effets de la loi du Décret du 30 Vendémiaire, an II (17 novembre 1794) stipulant que "dans toutes les parties de la République, l'instruction ne se fait qu'en langue française", les langues d'Oïl ont bien résisté dans les campagnes,comme langues familiales et des conversations informelles jusque dans les années 50-60 du XX° siècle (au moins jusque dans les années 20 comme langue maternelle et années 50-60 comme langue occasionnelle). La modernité, la télévision, les discours négatifs sur les "patois" qui tirent leur source de l'Abbé Grégoire qui estimait que "la réaction parlait bas-breton" (1794) et du premier décret révolutionnaire de francisation qui voulait pourchasser les langues autres que le français et qui instituait la "Terreur linguistique": le décret du 2 Thermidor, An II (20 juillet 1794).

Comme dans les zones de langues particularistes, les locuteurs des langues d'Oïl et de l'arpitan ont connu les brimades et le fameux bonnet d'âne, les coups de bâton, les disputes des professeurs à l'école parce que c'était interdit de parler "patois".
Certainement qu'il a fallu passer par l'unification, le fait d'insister de parler français, mais cela aurait pu se produire en épargnant aux élèves les remarques dégradantes, les châtiments corporels et par une République généreuse dans son désir d'unité: en instituant une heure de langue locale par semaine (voire deux), afin de patrimonialiser, pour le moins, les langues de France.

Les langues d'Oïl en France, autres que le français, sont: l'angevin (ainsi que le mayennais et le sarthois), le berrichon, le bourbonnais, le bourguignon-morvandiau, le briard-percheron, le champenois (ainsi que l'ardennais), le franc-comtois, le gallo, le lorrain, le normand, l'orléanais, le picard (dont le wallo-picard au sud: Amiens, Saint-Quentin) et le chti (Nord-Pas-De-Calais)), le poitevin-saintongeais et le tourangeau.

Zoom sur la langue berrichonne
Le berrichon est la langue d'Oïl située au centre géographique de la France, zone qui regroupe historiquement une partie du Bourbonnais (le sud du Cher actuel), parce que les habitants se reconnaissent comme "berrichons" depuis la Révolution française: dans les départements du Cher et de l'Indre. Il est vrai que la zone de Saint-Amand-Montrond (Saint-Amand-Montrond, Sancoins) sont historiquement liés à la zone bourbonnophone (langue bourbonnaise), mais la proximité des deux langues et la nouveau découpage départemental d'alors, en 1790, ont transformé les habitants du sud du Cher en berrichons. On constate la même chose à Culan, qui se trouve traditionnellement dans le Croissant (Crescent) occitan du Bourbonnais, mais qui se trouve désormais rattaché à la tradition berrichonne, ce d'autant que les traditions, costumes (la berribiaude bleue et le foulard rouge pour les hommes avec le légendaire "chapiau" noir à grands bords et la grande robe à tablier avec une coiffe ronde de dentelle pour les femmes), coutumes, danses (la fameuse bourrée berrichonne à quatre temps, au son de la vieille), gastronomie (pâté à la viande, pâté aux patates,..).
Le berrichon post-1790, s'il l'on peut dire (!) est donc, y compris dans la partie de la Champagne Berrichonne (Bourges, Issoudun) et la Sologne berrichonne (Vierzon), mais bien-sûr de manière un peu plus marquée dans le Sud-Cher, une langue de transition entre l'oïl et l'oc (tout comme le bourbonnais), un entre-deux en somme.
Du temps des Gaulois, le peuple biturige cube dominait les actuels départements du Cher et de l'Allier , y compris Sancoins (Tincontium). Ensuite le Berry fut la première province de France a être rattachée au domaine royal en 1101, le vicomte de Bourges Eudes Ier, cédant son vicomté (allant jusqu'au nord inclus du département de l'Allier, donc Sancoins y était), pour aller dans les ordres.
Donc vers les années 800/850, le parler roman du Berry a commencé à se séparer du latin du Haut-Moyen-Age. On sait qu'au XIII° siècle, Macé de la Charité, un moine de Sancoins traduit la Bible en langue d'Oïl. Le Berry connait ses "Riches Heures" sous l'apanage du duc Jean de Berry (duc de 1360 à 1416, possédant les actuels Cher, Indre, Allier, le reste de l'Auvergne historique et le Limousin), prince royal, frère du roi Charles V, tandis qu'au XV° siècle, le théâtre oral des Mystères (liés à la religion chrétienne) se produit en langue d'Oïl, à Bourges.
Il faut attendre les oeuvres et travaux de George Sand (romans champêtres comme "François le Champi"-"champi" voulant dire enfant travaillant aux champs en berrichon), Henri Lemeuthe qui rassemble au XIX° siècle des poèmes ruraux du Berry, Jean Tissier qui produit en 1884 son "Dictionnaire berrichon", ainsi que le sancoinais (alors que théoriquement locuteur de bourbonnais) Hugues Lapaire qui rédige son "Glossaire berrichon" en 1925.
Plus récemment, les linguistes Pierrette Dubuisson et et Marcel Bonnin ont sorti en 1993, le "Dictionnaire du français régional du Berry-Bourbonnais" et le journaliste issoldunois Pierre-Valentin Berthier a publié en 1996 le "Glossaire de la Champagne berrichonne". On dit que le berrichon n'a pas de grammaire, mais toute langue a premièrement une structure inhérente à elle-même et deuxièmement, le bourbonnais possède une grammaire, il est bien évident que ces deux langues partagent, à peu de choses près, une grammaire commune.
Je vais me permettre un néologisme, je suis un fier français et européen, mais également un fier berrichonnant.

L'arpitan
L'arpitan est une langue, mais les parlers ne sont pas unifiés, on peut donc parler également de "langues arpitanes", cependant les linguistes et les locuteurs ayant progressivement changé le nom de cette langue, autrefois appelée "franco-provencal", sont assez satisfaits de promouvoir le terme tel quel dans sa globalité. Le terme arpitan a été crée dans les années 70 parce que "franco-provencal" pourrait paraître réducteur, sous l'influence du terme "occitan", l'arpitan vient de la racine "arpa" qui donné le mot "Alpes" et qui désigne la langue des montagnes. L'arpitan est parlé en Rhône-Alpes nord (Loire, Rhône, Ain, extrême nord de l'Ardèche et de la Drôme, nord de l'Isère dont Grenoble, les deux Savoies, la région de Macon, de Louhans, le sud de la Franche-Comté, mais aussi presque toute la Suisse romande, sauf le canton du Jura, le Val d'Aoste en Italie et des vallées piémontaises dans la région de Suse, mais aussi par le biais d'une migration italo-arpitane au XIV° siècle dans les Pouilles (à 1500 kms au sud de l'Italie) dans les communes de Faète et Celles de Saint-Vit(!).
L'arpitan est né parce que vers l'an  880, le royaume de Bourgogne est crée correspondant à la Bourgogne, la plus grande partie de Rhône-Alpes, la Suisse romande et la Savoie. Ensuite peu à peu la Suisse romande s'est libérée peu à peu du duc de Savoie pour rejoindre les cantons suisses allemands de la fin du XV° siècle au début du XVI° siècle, l'Ain actuel a longtemps été possédée par la Savoie (rattaché à la France, seulement en 1601) et l'archevêché de Lyon n'a été rattaché à la France qu'en 1307. Le Forez (correspondant à la Loire) a été rattaché à la France, bien plus tôt au XII° siècle.
Bien évidemment le duché de Savoie n'a été rattaché à la France qu'en 1860. C'est d'ailleurs en Savoie que la langue arpitane est demeurée la plus vivante.
Dans la plupart des zones arpitanes, la langue est en recul fort, liées aux mêmes causes que pour les langues d'oïl: uniformisation, modernité qui fait que les Valdôtains, Suisses romands et Français arpitanisants se mettent à parler en priorité les langues officielles nationales: italien et français (même le français est en recul au Val d'Aoste, mais à une moindre mesure, comme langue seconde apprise à l'école). Le rapport demandé par Vincent Peillon, montre que seuls 80.000 locuteurs français utilisent régulièrement l'arpitan, soit ... 0,0001% , à cela s'ajoute 50.000 locuteurs occasionnels, donc en tout 130.000 arpitanisants, ce qui correspond à  0,19% de la population française.

Un plaidoyer pour la diversité et la richesse linguistique et culturelle
Ces langues, selon l'UNESCO sont sévèrement en danger et les voir disparaître serait une perte énorme pour la richesse culturelle de la France.
Il est temps de réagir, de constater, que non il n'y a pas que le français , là où sont les langues d'Oïl et l'arpitan mais bien un certain nombre de langues, en plus du français. Encore plus que pour l'alsacien, le basque ou le breton, il ne s'agit bien évidemment pas de revenir à une chimère romantique de monolinguisme d'Oïl et d'arpitan mais à donner la possibilité à ceux qui le souhaitent de rester ou devenir bilingues français/langues d'Oïl ou arpitan, tout au moins d'avoir une bonne connaissance et une conscience culturelle de son identité française par le local dont la langue régionale.
Il est bien clair que cette démarche ne vise qu'à mettre fin à l'injustice de l'ignorance de l'existence de dizaines de langues et non la recherche d'un quelconque séparatisme qui serait plus que vain.
Il est vrai, qu'heureusement la survivance des expressions régionales a permis de prendre conscience qu'il existe bel et bien des langues, des parlers originaux, différents et en complément du français dit "académique" ou "classique" dans nos vies! Ce sont des trésors cachés de chaque instant, légués par nos grands-parents ainsi que nos parents. Comme un rayon de soleil individuel dans une masse informe, celle de la société de consommation. Autrefois cela nous faisait rire, parce que nous en avions horreur, nous ne voulions point revenir à la vie paysanne de nos grands-parents, désormais, nous savons que c'est un marqueur familial précieux.

En 1990, la Communauté française de Belgique reconnait le brabançon, le champenois, le lorrain, le luxembourgeois, le picard et le wallon comme langues régionales endogènes de la Communauté française de Belgique. En 2004 la région Bretagne a reconnu comme langues de Bretagne le breton et le gallo et en 2009, la région Rhône-Alpes a reconnu l'arpitan et l'occitan comme langues de Rhône-Alpes, le conseil régional soutient d'ailleurs le site Arpitania.eu.

Il ne serait pas possible que la République reconnaisse le mosellan, le corse ou les créoles et délaisse les langues d'Oïl et l'arpitan, comme des êtres tombant sans fin dans un précipice et dont la chute sera rude. Nous, locuteurs réguliers ou occasionnels des langues d'Oïl et de l'arpitan, amoureux de la France, de la République et de nos régions, nous ne pouvons abandonner ces mots précieux au feu et s'en aller sans se retourner. La renaissance des langues d'Oïl et de l'arpitan comme langues culturelles, comme une connaissance relativement approfondie et pourquoi pas comme un mode de bilinguisme avec le français, doit pouvoir se faire. Oui, nous pouvons nous affirmer comme apprenants de ces belles langues, tel un miroir qui différencie le français de ces parlers, finalement assez proches.
C'est ainsi que les grammaires des langues d'Oïl qui existent déjà, mais qui peuvent, par le travail des universitaires êtres remises à jour ou complétées si besoin est, en tout cas ces langues peuvent faire l'objet de davantage d'études linguistiques et universitaires. Ensuite, les associations culturelles en pays d'Oïl et en pays arpitan peuvent s'approprier l'existant: la langue dans sa diversité, son caractère parfois brut, à travers de glossaires, des contes, des récits transcrits et les faire vivre auprès de la population et bien-sûr, on ne peut faire l'économie, car c'est là que passera la survie des langues d'Oïl et de l'arpitan de cours au sein de l'Education nationale.
Tout d'abord, par le biais du retour de l'initiation à la langue régionale, à raison d'une heure par semaine en CM2, comme avant 2007, mais cette fois-ci de manière obligatoire, inscrite dans le programme. Il est vrai que les langues d'Oïl ou l'arpitan n'en avaient que très rarement bénéficiés car on ignorait trop souvent la réalité de langue de ces parlers anciens, quand bien-même les grands-parents le parlaient ou le parlent encore, même occasionnellement.

A moyen terme, la République et l'Education nationale, grâce au concours de la Charte des langues régionales doit promouvoir les langues d'Oïl et l'arpitan, au même titre que le catalan ou le flamand, en créant un CAPES de langues d'Oïl et un CAPES d'arpitan avec une option facultative de Langue Vivante Régionale (LVR). Ces langues, par le biais du vieux roman, du vieux français et les écrits médiévaux et Renaissance en langues d'Oïl, ainsi que les transcriptions de contes, poèmes, pièces de théâtre,... ont tout le matériau pour remplir une LVR, il en va de même pour l'arpitan comme le montrent les travaux des chercheurs suisses et italiens.

J'ai fouè enlavenir dla d'versité enl' berrichon, mez ossy enl' françouè et enl' arpitan, dounque en la richesse dez Hoummes. Viv la République et viv la Franç!



jeudi, janvier 23, 2014

Charte européenne des langues régionales et minoritaires: arrêtons avec le catastrophisme!!

Cela fait 22 ans que la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires 
(parce que pour certains pays à l'est, les langues régionales autochtones sont celles de "nationalités" minoritaires, face à la "nationalité" majoritaire; ex: en Roumanie, on a des "nationalités" hongroise, allemande, roumaine-latine,... alors qu'il n'existe qu'une "citoyenneté" roumaine qui rassemble tous les Roumains, habitants de la Roumanie)
 a été rédigée et quinze ans que la France l'a signée: 39 articles sur 98 articles en tout.
Et bien cela fait plus de vingt ans que l'on fait mouvoir l'épouvantail des langues régionales comme possible danger vers une "communautarisation" et un pro-montoir pour les séparatismes.
Il n'en est absolument rien. Rappelons que parmi les républicains les plus éminents et les plus patriotes, Jean Jaurès commençait ses discours en occitan et les finissait en français. Langue régionale maternelle, apprise, promue, valorisée dans la société y compris publiquement n'a rien d'un danger face à la République.

Tout d'abord, effaçons un préjugé et une erreur d'appréciation historiquement parlant.
Oui, il a fallu unifier la France , administrativement, judiciairement et linguistiquement. De Villers-Cotterêts en 1539 (ordonnance royale qui fait du français, la langue de juridiction) au Ministère de l'Instruction Nationale, après 1870, avec des cours 100% en français, sans oublier l'unification des droits médiévaux et locaux dans un droit français moderne, après la Révolution (Code Civil); il a bien fallu unifier cet ensemble, autrefois disparate. Et bien justement la France, malgré les Rois et la République a toujours été diverse: sous les Rois, les justices locales existaient et la majorité des Français parlaient autre chose que le français; on estime que le français n'est devenu véritablement et profondément langue de société après 1914-1918. La France a majoritairement adhéré à la création des régions avec plus de pouvoir qu'auparavant pour les collectivités locales en 1982 et dans les années 70, il y a eu une renaissance des courants culturels liés aux régions: Alan Stivell pour la Bretagne, développement des ikaskolas basques, découverte des chants corses,...
Quand on parle de la diversité linguistique, on oublie toujours les créoles antillais, guyanais, réunionnais (et les langues amérindiennes en Guyane) qui forment la langue vernaculaire de ces territoires ultramarins, même chose pour les langues kanak en Nouvelle-Calédonie, les langues polynésiennes en Polynésie française ou le mahorais à Mayotte. Donc la France n'est pas uniforme, elle ne l'a jamais été, elle ne le sera pas dans l'avenir. C'est la force de notre pays, c'est la force de nombre de pays européens.

Cette Charte fait polémique pour certains, elle est en fait mal comprise dans les 39 articles seulement sur 98 de signés par la France. La France n'est engagée que sur les articles qu'elle a signés, il était bien entendu hors de question que la France signe en 1999 (ou même dès 1992) des dispositions menant à la fédéralisation intensive de la France ou de donner des droits collectifs visant à une autonomie élargie de certaines régions. Les 39 articles ne sont donc pas "ethniques" ou "racistes", quant aux 61 autres, rappelons qu'ils concernent les pays fédéraux ou à minorités nationales.
Explication: le Ministère de la Culture avait publié sur son site en 1999 (puis diffusé), suite à la signature de la Charte par le gouvernement Jospin, un fascicule montrant quels articles la France avait signés.
http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/lettre/dossiers/dossier-49.pdf
Sur la justice, seul l'alinéa 3 est repris: "Les Parties s'engagent à rendre accessibles, dans les langues régionales ou minoritaires, les textes législatifs nationaux les plus importants et ceux qui concernent particulièrement les utilisateurs de ces langues, à moins que ces textes ne soient déjà disponibles autrement."
Ce que l'Etat et les régions font déjà, des publications à titre d'information dans une autre langue (donc régionale) que la langue de la République, la langue de référence et de publication première demeurant le français.
Quant à l'administration, il s'agit de l'alinéa 2 qui est repris;
"En ce qui concerne les autorités locales et régionales sur les territoires desquels réside un nombre de locuteurs de langues régionales ou minoritaires qui justifie les mesures ci-après, les Parties s'engagent à permettre et/ou à encourager 
c -la publication par les collectivités régionales des textes officiels dont elles sont à l'origine également dans les langues régionales ou minoritaires;
d -la publication par les collectivités locales de leurs textes officiels également dans les langues régionales ou minoritaires;
g -l'emploi ou l'adoption, le cas échéant conjointement avec la dénomination dans la (les) langue(s) officielle(s), des formes traditionnelles et correctes de la toponymie dans les langues régionales ou minoritaires."
Donc en clair la traduction de certains textes de décision ou de publications des mairies, des conseils généraux ou régions à titre informatif et des panneaux bilingues: ce qui est déjà fait depuis plusieurs années.
  
MAIS PAS d'obligation pour les fonctionnaires à s'exprimer dans telle langue régionale, à recruter des fonctionnaires parlant également la langue régionale concernée et à tout faire dans la langue régionale dans les conseils locaux.
Le français demeure bel et bien la seule et unique langue des décisions, délibérations et publication en premier et en priorité des textes régissant telle collectivité.

A partir de là les arguments visant à la "fédéralisation"  ou à la "transformation de la France en régions autonomes prêtes à se séparer" à marche forcée tombent d'eux-mêmes, ainsi que ceux qui voudraient que les groupes linguistiques organisés et politisés fassent pression sur la République pour obtenir des droits administratifs et politiques.
Jean-Jacques Urvoas a même rajouté un texte explicatif de clarification à l'usage des juridictions pour baliser le texte et ne pas permettre de potentielles dérives fédéralistes et autonomistes. Non le texte de Jean-Jacques Urvoas et Bruno Le Roux:
http://www.assemblee-nationale.fr/14/propositions/pion1618.asp
qui vise à la ratification de la Charte dans la Constitution, n'a que comme but de promouvoir les langues et les cultures régionales de France. Parce que c'est une richesse qui a longtemps été dédaignée, méprisée et délaissée, que la liberté d'expression dans une autre langue que le français (mais avec le français, comme de bien entendu) est tout à fait possible et même déjà protégée par la Constitution. En clair de transformer les ikastolas, écoles Diwan, Calandretas... en écoles sous contrat d'Etat, de permettre des expérimentations et la possibilité d'avoir un enseignement d'immersion, d'aider davantage les associations visant à valoriser et promouvoir les régions, leur culture, leur patrimoine et les langues régionales dans un esprit d'unité de la France, sans séparatisme ou séparation possible. En clair, permettre au girondinisme d'émerger après plus de deux siècles de jacobinisme rigide, tout en assurant un cadre national (Education Nationale, Sécurité Sociale,...).