A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


dimanche, novembre 13, 2011

"Dix motions pour changer l'Italie", extrait de la tribune de Nicola Zingaretti, pdt de la province de Rome (P.Démocratique), "Il Foglio", 27/10.2011

Nicola Zingaretti est président de la province de Rome depuis 2008 et membre du principal parti d'opposition, de gauche, le Parti Démocratique.
Ces derniers jours s'est ouvert un débat d'idées dans lequel de nouveaux protagonistes veulent se mesurer et prendre la parole. Un débat utile qui saura être populaire et participatif dont l'objectif sera de doter d'un projet, permettre de discuter ouvertement et ensuite arriver à une synthèse et élaborer une vision.
Que cela ne nous serve pas à s'enliser dans un débat abstrait sur les nuances infimes d'un programme qui ne seraient que des amendements au coeur du texte. La clarté des grands choix vaut bien mieux que l'ambiguïté des distinguos. Tout ceci ne sert ,à mon avis, qu'à se rassurer avec un travail bien fait. Au fond, il y a beaucoup de belles idées qui font le tour des congrès ou servent à obtenir une page dans un journal. Qu'en reste t-il au final? Quand on lit certains textes, tout semble à la perfection. "Il faut faire comme cela"...et ensuite? De grandes théories, une petite volonté, un catalogue d'idées sociales qui ne pèse pas.

Il faut que ce projet serve avant-tout la force de penser par soi-même.J'étudie beaucoup pour combattre la paresse des réponses toutes-faites, ainsi qu'un nouveau langage pour ne pas être en recul et repliés sur les mots d'ordre du passé. Nous devons faire ce projet pour échapper à deux écueils, qui ces dernières années, ont trop marqué notre discours et notre action politique: l'écueil d'un certain conservatisme (rester aggripés aux certitudes d'hier) et l'écueil de la subordination (penser que la seule façon d'être novateur est de dire les mêmes choses que la droite).On peut et on doit être novateur sans être subordonné à la droite (et le discours vaut aussi quant au centre-droite qu'au centre-gauche, que ce soit clair). Pour changer, nous devons libérer nos esprits de ces scories, de ces tics de la pensée qui se satisfait de l'habitude,qui emprisonne l'imagination.
Les Japonais ont promeut récemment un nouveau plan de santé. Savez-vous quelle est la principale motion pour obtenir des économies dans les prochaines décennies? Ne pas compter les médicaments ou fermer les hôpitaux, mais au contraire pousser la population à faire au moins une demi-heure quotidienne de gymnastique.

Ce que je vous présente, ici, sont quelques axes que j'aimerais définir comme "Dix motions pour changer l'Italie": des choix stratégiques pour développer un combat politique et d'idées, et que nous pouvons résumer en quelques lignes.
-Premièrement:lancer une campagne pour l'élection directe du président de l'Union européenne, pour répondre à la demande d'un nouvel espace politique et construire un point de repère unique pour porter nos exigences avec plus de force dans toutes les grandes institutions internationales.
-Deuxièmement: combattre les inégalités en promouvant un nouvel équilibre entre le capital et le travail, ainsi que dans le système de l'Etat providence, un nouveau pacte fiscal, un New Deal des Services publics.
-Troisèmement: construire une école et une université plus ouverte, efficace et compétitive dans ce monde.
-Quatrièmement: annuler toute forme de discrimination et donner la citoyenneté à tous les nouveaux Italiens venus d'ailleurs.
-Cinquièmement: Miser sur la créativité en encourageant l'innovation du système productif et les investissements en Recherche et Développement.
-Sixièmement: promouvoir la transparence de la machine publique, la culture de l'évaluation, la rationalisation des compétences, la simplification des collectivités territoriales, réforme de la présidence du Conseil.
-Septièmement: définir un nouvea plan national de développement soutenable en milieu urbain grâce l'adoption des "lois d'intérêt général de la gestion du territoire".
-Huitièmement: augmenter la compétitivité des territoires avec un plan national d'infrastructures pour les régions urbaines, fondé sur les petites et moyennes entreprises et avec la contribution des entités locales.
-Neuvièmement: Amorcer un levier du développement soutenable, avec un plan national d'investissements des projets financiers des secteurs de la Transition écologique.
-Dixièmement: défrendre l'accès universel aux nouvelles technologies comme outil pour générer de la croissance, combattre la fracture numérique et défendre l'Internet grâce au très haut débit et un Wifi libre.

Ce sont donc "Dix motions" sur lequelles vont bientôt s'ouvrir le débat, rapidement, dans les prochaines semaines. En partant de l'idée que ce ne sont pas seulement ces idées qui sont en jeu, mais des thèmes fondamentaux tels que redessiner l'espace politique, repenser le fonctionnement de l'Italie, indiquer au peuple un nouveau modèle de société, construire les conditions pour retrouver la croissance.
Le point de départ comprend l'espace de la politique. C'est évident: la privation et la précarité surtout chez les jeunes, qui occupe ces derniers mois l'Europe nous a projeté dans une autre dimension. Ces questions obligent la politique de mettre le doigt sur le point d'interrogation: Qui décide? De quoi décide t-on? Comment prend t-on des décisions? Et à quel niveau? Le thème d'une conquête d'un nouvel espace de décision perceptible, efficace, contrôlé démocratiquement est en train d'apparaître.
Les erreurs, les divisions, l'absence de respiration ont porté de mauvais coups à la crédiblité à la politique européen, arrivant à faire réapparaître de vieux réflexes de repli sur soi et à réveiller chez beaucoup de gens, l'illusion que tels les nombreux et ingénieux Hobbit, il soit encore possible s'isoler aux confins de la verte Comté, éloigner les inquiétudes et les peurs que suscitent l'Empire du Milieu,
renvoyer aux calendes grecques, la venue d'une nouvelle ère.
Je doute cependant qu'à la table des puissants de la planète, dans ces ministères en temps de crise que l'on puisse défendre l'idée d'être président de la Padanie, de la Catalogne des Flandres ou bien encore de la riche Bavière. La vérité est que assurémznt l'Etat-nation, coeur névralgique de la géopolitique n'est plus en mesure de répondre à lui tout-seul , à la demande nouvelle de démocratie.

La fragmentation des intérêts individuels et la myopie de gouvernants obsédés par le consentement interne risquent au mieux d'alimenter les mouvements rétrogrades
et d'accélérer la désagrégation. Nous, devant ces tensions, nous sommes encore restés trop stoïques devant le problème de la force de l'Europe financière, la faiblesse de l'Europe politique; la paralysie des gouvernements et des échelons technocratiques. Nous avons abdiqué devant la mission pour laquelle nous avions entrepris le chemin de l'unité (et dont le symbole gagnant a sans nul doute été Romano Prodi).
L'Europe économique ne suffit plus, mais l'Europe politique n'existera jamais si elle n'est pas démocratique.A l'heure de la communication globale les gens veulent savoir non sans raison qui décide et qui contrôle le cheminement des décisions
directement. Les Etats et leurs gouvernement ne suffisent plus, mais le pouvoir de ceux-ci ne peut pas faire abstraction des principes de base de la démocratie représentative. Il est donc temps de recueillir un témoignage d'espoir de la génération qui nous a précédés,les géants de la construction européenne qui ont posé les bases de notre unité,l'unification économique avec un pragmatisme visionnaire (des premières formes de coopération à l'arrivée cruciale de l'euro).

Pour répondre au défi qui nous vient tel un enjeu, nous avons avoir le courage de proposer l'objectif le plus radical: une vraie démocratie européenne avec l'élection directe du président des États-Unis de l'Europe et d'un gouvernement européen qui, sur les grands problèmes globaux puisse s'imposer avec autorité sur l'impuissance des négociations exténuantes et les vetos des gouvernements nationaux. Dans cette bataille, il est important naturellement, que nos institutions n'abandonnent pas un instrument précieux comme l'euro aux sorcières de la spéculation. Il faut doter
l'euro des mêmes instruments dont aujourd'hui jouit le dollar.
Il faut éviter que l'absence d'instruments défensifs flexibles dans le système monétaire expose notre monnaie à la spéculation et il faut reconnaître aussi, comme Paul Krugman a non sans raison écrit dans ces jours (et comme vous l'avez rappelé mêmes ces derniers jours dans Il "Foglio")que "sans un organisme prêteur de dernière instance comme le BCE qui fait barrière à l'agressivité des marchés, ceux qui prêtent ou qui jugent le niveau d'endettement voudront de plus en plus d'argent en échange de ces prêts".
Je me demande: est-ce que tout ceci est idéaliste? Est-ce demander la lune? Ne pensez-vous pas que si quelqu'un avait posé la même question à Altiero Spinelli
quand,incarcéré dans la prison de Ventotene, dans l'étau de la barbarie fasciste, il traçait, dans son Affiche, les lignes d'un possible futur. Dans cet horizon idéal, mais nécessaire, va être placé aussi le défi d'avoir une Italie compétitive et plus forte. Une Italie qui fonctionne et un Etat qui fait fonctionner l'Italie.
[...] Finalement il faut changer la direction du pays. Durant ces dernières années, la présidence du Conseil a été chargée de compétences gestionnaires qui ne lui appartiennent pas. Ce choix vient d'une option culturelle précise ("la politique du faire", et il a produit désastres comme le G8 de la Maddalena ou de l'Aquila). .
[...] J'ai mis le doigt sur la question d'un pays plus juste ainsi que la question d'un pays plus compétitif. Ces deux questions ne sont pas en contradiction. Ils font partie d'une même mission. Le modèle dans lequel aujourd'hui nous vivons est dramatique pour les nouvelles générations auxquelles sont niés les fondements mêmes d'une existence: l'obtention d'un travail, la possibilité de les construire une famille. Entre 2009 et aujourd'hui l'âge moyen dans lequel une fille italienne accouche de son fils premier est monté de 26,9 à 30 ans Un jeune qui entre pour la première fois sur le marché du travail a 55% de chances de se voir offrir une place précaire, uniquement.

Quel est en le prix? Il risque d'être encore plus important.
Quelques études montrent qu'en moyenne, la personne qui perd son travail n'a pas de protections sociales, il se retrouve à toucher un salaire plus bas que son ancien salaire pendant 20 ans, à subir une instabilité forte des revenus pendant 10 ans. De plus il y a une plus forte probabilité de divorcer que d'avoir des enfants. C'est une génération entière qui est niée. Les étudiants italiens font face en n'étant pas préparé devant les défis du monde et se retrouvent ensuite sans défense devant ceux-ci. 50% des garçons entre 15 et 18 ans sont illétrés. Le classement de 2011 du "Qs World University ranking", le plus important des classements mondiaux universitaires, aucune université italienne ne se classe dans les 100 premières. Pour trouver en une, il faut descendre à la 183° place, avec celle de Bologne. Une honte pour la ville qui a vu naître la première des grandes universités de l'âge moderne.[...] Pour commencer, il s'agit de rétablir un début de justice dans la distribution et dans l'accès aux fruits de la croissance.En premier lieu, cela passe par la question fiscale. Il s'agit bien évidemment de la lutte contre l'évasion fiscale: il ne faut avoir aucune pitié vis-à-vis de ceux qui spéculent sur le dos des gens honnêtes.[...]Un nouveau pacte fiscal peut donc être réalisé seulement en proposant un donnant-donnant: mettre à contribution les revenus du capital en ce qui concerne les côtisations du travail.[...]Pour le renouvellement, nous avons besoin d'ouvrir un débat vrai, pas dans un parti ou un cadre politique, mais dans le corps vif de la société, en dehors de nos partis.

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