A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


dimanche, novembre 27, 2016

Perspectives européennes, ukrainiennes et russes

Cela fait trois ans, que la révolte de Maïdan (la grande place centrale de Kiev, en Ukraine- maidan, voulant dire "place" en ukrainien, mot emprunté au turc, les langues turques étaient présentes depuis le Moyen-Age sur la côte ukrainienne actuelle et on retrouve des populations turciques dans le Budjak, la région d'Izmail, ancienne Bessarabie du sud, et aussi bien-sûr avec les Tatars de Crimée) a eu lieu en Ukraine, et principalement à Kiev, en novembre 2014.

En novembre 2016, la situation est bloquée, l'Ukraine a perdu la Crimée qui a été annexée en mars 2014, un jour après la proclamation de l'indépendance de la République autonome ukrainienne de Crimée. Rappelons que la Crimée avait 58,3% de Russes, 24,3% d'Ukrainiens et 12,1% de Tatars et en plus la péninsule contenait la zone spéciale militaire de la Marine russe (concession prévue , au moins jusqu'en 2042, alors, après des négociations ukraino-russes sous pression russe, avec l'arme énergétique et l'accès au gaz russe) et en avril 2014, certains groupuscules ukrainiens pro-russes furieux de la destitution du président pro-russe Ianoukovitch ont demandé de l'aide au pouvoir russe et ont fomenté des putschs à Donetsk, Lougansk, Kharkiv, ..., cela a réussi en partie sur les oblasts de Donetsk et Lougansk, l'armée ukrainienne a réagi mais elle n'a pu au mieux que contenir l'avancée pro-russe.

Pendant ce temps, l'Union européenne dont les deux Etats les plus puissants diplomatiquement, l'Allemagne et la France, ainsi que les Etats-Unis se sont trouvés impuissants et n'ont pas voulu d'une seconde guerre de Crimée (l'OTAN n'étant pas loin, en Roumanie, Bulgarie et Turquie), soit un conflit direct incertain (et surtout déstabilisant le monde entier) avec la Russie. L'Union européenne, elle n'a plus su quoi répondre face à la demande du peuple ukrainien sur l'accord de libre-échange entre l'Ukraine, pays souverain et l'UE, désirant même accélérer ceci par une demande d'adhésion à l'Union , objet de la pression et de l'intervention russe. Depuis 2007 et l'avant-dernière entrée de nouveaux pays en date (Bulgarie et Roumanie) dans l'Union européenne, l'UE avait déclaré que mis à part les Etats ex-yougoslaves qui ont vocation à adhérer (Croatie, Bosnie, Serbie, Monténégro, Macédoine; le Kosovo étant un problème diplomatique pour certains membres tels que l'Espagne, car le Kosovo a pris son indépendance de manière unilatérale, sans accord avec la Serbie, est exclu de cette vocation européenne automatique), les autres Etats d'Europe orientale ne pouvaient espérer qu'un partenariat renforcé avec l'UE (Ukraine, Moldavie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan); N'y a t-il pas un léger couac? On parle de tous les Etats sauf de la Russie (et aussi de la Biélorussie), or force est de constater que nos relations euro-russes (ou euro-soviétiques avant 1991) sont plus que contrastées depuis les années 80.

... retour en arrière...
L'arrivée au pouvoir , de Gorbatchev , prenant la tête du Comité Central du Parti Communiste de l'Union Soviétique en 1985 a été une vraie bouffée d'oxygène à l'est. Gorbatchev se met à parler de "glasnost" (transparence) et de "perestroïka" (reconstruction) et libéralise de fait des relations avec les pays d'Europe de l'ouest et le poids de l'URSS sur les pays du bloc de l'est (même si certains demeurent rétifs: Honecker en RDA, Ceaucescu en Roumanie et bien-sûr Hoxha en Albanie); en 1987, Gorbatchev signe avec Reagan, un accord de diminution du stock des armes nucléaires, allant dans la continuité des accords d'Helsinki de 1973. En Europe de l'ouest, Gorbatchev est très populaire et préfère ne pas réagir avec l'armée soviétique quand le Mur de Berlin tombe en 1989...
l'URSS se saborde en décembre 1991 à Minsk...
En 1992, François Mitterrand organise à Prague, une rencontre de tous les pays européens, on peut y voir une carte montrant l'Europe allant de l'Atlantique à l'Oural... les pays d'Europe centrale, tels que la Pologne ou la Tchécoslovaquie n'apprécient et font savoir que la Russie est à isoler...
la Russie tombe dans une crise économique sévère de transition (les babouchkouï étaient obligés de vendre dans la rue à la sauvette les objets de valeur) et politique, car la chute de l'URSS vient de la tentative de putsch d'une partie du PCUS contre la politique libérale de Gorbatchev. Cela a amené Boris Ieltsine à la présidence, qui a laissé gouverner ses proches et ses alliés: les oligarques et n'a pas tenu le pays en matière de sécurité...
Pendant ce temps les pays d'Europe centrale, dont les oppositions démocratiques au système communiste, se sont identifiées depuis longtemps au modèle américain, demandaient le rattachement à l'OTAN. Rattachement/élargissement qui s'est déroulé en 1999, avec l'entrée de la Hongrie, la Pologne et la République Tchèque, en 2004: les trois pays baltes, la Roumanie, la Bulgarie et la Slovénie et même en 2009: la Croatie; à peu près en même temps que l'élargissement de l'UE à l'est : en 2004, 2007 et 2013 (entrée de la Croatie). L'UE n'a pas su différencier la politique militaro-diplomatique pour ne pas avoir à mettre des moyens supplémentaires dans une telle politique et parce qu'il n'existe pas une volonté politique suffisamment forte (mis à part timidement la France, la Grande-Bretagne, voire l'Espagne et l'Allemagne); du côté des pays membres d'Europe centrale, il était hors de question de dissocier la politique européenne de l'OTAN.

A partir de 2000, après le long affaissement personnel de Boris Ieltsine à la présidence (en 1999, la Russie subit de plein fouet la crise financière asiatique), Vladimir Poutine arrive à la présidence de la Fédération russe. Vladimir Poutine rappelle la promesse américaine et européenne de ne pas étendre l'OTAN aux frontières de l'ex Union soviétique. Vladimir Poutine , ayant été formé au KGB, a une bien autre vision de la Russie: la Russie doit retrouver son éclat impérial et si l'Europe et les USA ne veulent pas entendre, on peut utiliser la force. L'indépendance unilatérale du Kosovo, en 2008, face à la Serbie, a divisé les pays européens. Pour la France et l'Allemagne, les Albanais du Kosovo ont trop souffert, ont subi une politique de purification ethnique de la part de Milosevic et donc à ce titre, aucune autonomie large kosovare au sein de la Serbie n'est pas possible (les USA pensent la même chose); pour l'Espagne ou la Roumanie: accepter une indépendance unilatérale, sans négociation, au nom d'un caractère ethnique, même dans un contexte de post-guerre, remet en cause le droit international de l'uti possidetis (le droit des Etats à la stabilité de leurs frontières), ce que pense également la Russie.
Après sa période attentiste, Poutine intervient par surprise , pendant les Jeux Olympiques de Pékin en 2008, dans le conflit osséto-géorgien et en profite pour séparer de fait l'Ossétie du sud de la Géorgie sous protection militaire russe et confirme la sécession abkhaze vis-à-vis de la Géorgie réalisée depuis 1992. Poutine applique ce qu'il avait annoncé "la discussion , sinon la politique du fait accompli par la force", politique soutenue diplomatiquement par la Chine. Ni les USA, ni la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne ne réagissent.

Dans les années 2010, l'Ukraine, et son gouvernement pro-européen dirigée par Ioulia Timochenko essaye le bras de fer, pour se libérer un peu de l'emprise économique russe, la Russie répond par l'arrêt de l'acheminement du gaz , touchant aussi , de manière collatérale, la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie. Poutine a trouvé un nouvel objet de pression: l'instrumentalisation des minorités russes en Europe centrale (notamment dans les pays baltes: 30% en Estonie et en Lettonie, 10% en Lituanie), pour lui, comme russophones, cela les assimile à la Russie et donc peuvent être protégés par Moscou si elles sont inquiétées. On a l'impression de revivre la ré-émergence de la question des Nationalités du XIX° siècle et des années 20-30 au XX° siècle. Ce n'est pas pour rien que Vladimir Poutine instrumentalise les 20% de Russes ukrainiens (ce qui est relatif puisque plein d'Ukrainiens vivent en Russie, ou ont un nom à consonnance ukrainienne et que les colons russes du XIX° siècle sont pleinement intégrés à l'Ukraine et à l'inverse, près de 40% des Ukrainiens d'Ukraine parlent russe) dans le conflit ukraino-russe.

... Pour l'instant , presque tout semble bloquer, cependant la raison et même les opinions publiques russe et ukrainienne commencent à faire entendre que ce conflit est stupide (puisque les deux peuples, même ayant chacun leur souveraineté, sont liés). Ce serait illogique que l'Ukraine coupe les ponts avec la Russie et la Biélorussie, ce serait également étrange que l'Ukraine ne puisse pas être la passerelle entre Europe orientale et Union européenne. Quel(le) Ukrainien(ne) éduqué à l'université ne parle pas (ou ne désire ne pas parler) à la fois ukrainien, russe et anglais, voire avec l'allemand ou le français en plus? Kiev se vit à la fois comme une ancienne grande ville du Grand Royaume de Pologne et comme Origine de la Slavie orientale (on dit de Kiev qu'elle est la "Mat' Rassii", la Mère de la Russie) et bien-sûr une ville moderne en Europe; donc l'ukranité est tout autant empreinte de polonité, d'identité slave orientale, d'influences turques,... Et la question subsidiaire, mais néanmoins cruciale: que faire avec Poutine?
 Il est certain que l'Europe ne peut lui répondre sans lucidité: nous aussi, s'il le faut en vue des circonstances, savoir être ferme (continuer les sanctions si besoin) et en même temps, il semble difficile de ne pas vouloir dialoguer avec la Russie. On peut très bien revivifier la politique d'ouverture à l 'URSS à la De Gaulle ou l'Ost Politik de Willy Brandt, sans devenir impérialiste russe.
Quels sont les jalons de cette politique potentiellement?

-Ne pas faire en sorte que l'Ukraine (et la Géorgie) entre dans l'OTAN (ce serait une provocation et une politique de l'escalade inutile)
-remettre sur l'ouvrage l'entente économique entre Ukraine et UE, mais en y intégrant la Russie, la Biélorussie et la Moldavie et négociant aussi avec Moscou, donc
-à moyen terme, envisager de faire entrer l'Ukraine, la Russie, la Biélorussie et la Moldavie dans la Marché Commun (la partie CEE de l'UE, mais évidemment pas la partie politique)
-proposer un processus d'Union d'Europe centrale (dont les membres sauf l'Ukraine et la Moldavie seraient membres également de l'UE; ceci pour donner satisfaction à l'Ukraine) avec la possibilité d'y introduire également l'oblast de Kaliningrad.

(Fond de carte: d-maps.com)
(LEGENDE: -en bleu: Union européenne élargie à la Serbie, Bosnie, Monténégro et Macédoine ; -en vert: Union d'Europe centrale avec Oblast russe de Kaliningrad, Pologne, République Tchèque, Slovaquie, Hongrie, Ukraine, Moldavie, Roumanie; -en violet: pays ayant bénéficié de l'élargissement du Marché commun: Moldavie, Ukraine, Biélorussie, Russie)



vendredi, août 26, 2016

Réponse à l'article de blog de Thomas Guénolé (L'Obs Plus) sur Elisabeth Badinter

Tout d'abord, je tiens à préciser que je n'ai pas aimé ni apprécié la phrase d'Elisabeth Badinter dite sur France Inter , en tant qu'invitée de 8h20 sur France Inter, le 6 janvier 2016: "Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe" (lien émission et vidéo de France Inter: https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite/l-invite-06-janvier-2016 )
Pourquoi? Tout d'abord , on ne peut pas prendre cette phrase au premier sens et l'accepter dans l'absolu. L'islam est une religion millénaire, qui a le droit de vivre, d'exister, qui a apporté de l'éclat à de nombreuses civilisations: civilisation arabe médiévale, civilisation séfévide et civilisation moghole à l'époque moderne, civilisation ottomane,... , ensuite on diabolise l'islam et lui colle toutes les étiquettes possibles à tort et à travers , alors que le sens étymologique d'islam c'est "salama" en arabe= faire la paix.

Ensuite je ne suis pas "fan" du mot "islamophobie", il est pour moi peu clair et recouvre aussi bien l'anti-islam (le fait de vouloir la disparition pure et simple de l'islam, de lutter contre lui dans tous les cas) et l'anticléricalisme concernant l'islam: la contestation des discours conservateurs, des prélats (cheikhs) voire des discours ultra-conservateurs radicaux. Je préfère utiliser le mot "anti-islam", comme "anti-christianisme", "anti-judaïsme", ... (nota: le mot antisémitisme concernant le racisme antijuif dépasse bien évidemment les considérations religieuses et visent à porter un discours ethniciste hostile et violent, voire des actes contre des personnes juives). Je crois en Dieu, me concernant, de tradition catholique (même si je me pose des questions sur la Trinité, comme beaucoup de "chrétiens culturels" et "libéraux" , de nos jours) et que cela m'amène à avoir une approche œcuménique (bien-sûr avec les protestants et autres chrétiens d'Orient) abrahamique, reliant les trois religions principales du Livre (le lien Bible/Coran, car on retrouve à quelques exceptions près, les mêmes prophètes, les mêmes biographies sur les personnages des Ecritures, si ce n'est sur l'histoire de la tentative du sacrifice du fils d'Abraham, les juifs et les chrétiens parlant d'Isaac, les musulmans parlant d'Ismaël).
Je suis en outre clairement pour la laïcité, la République sécularisée et neutre et opposé aux conservatismes aussi bien religieux que profanes (étant de gauche).

Cette précision faite, j'en viens donc au sujet qui m'intéresse , l'article de Thomas Guénolé sur Elisabeth Badinter (http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1502924-islam-voile-et-mode-islamique-les-6-erreurs-graves-d-elisabeth-badinter.html ) du 05 avril 2016.

La question du voile comme un élément de soumission des femmes aux hommes. Thomas Guénolé dit "faux", je dis "plutôt vrai". Tout d'abord , il existe en islam ce qu'on appelle "l'ijtihad", l'interprétation des textes et tous les théologiens ne sont pas d'accord, certains en effet s'appuient sur le Coran et notamment le mot polysémique "qamar" qui peut vouloir dire en arabe antique tardif et ensuite médiéval aussi bien "voile de tête" que "manteau", "étole", "cape", etc..., d'ailleurs comme le précise Youssef Seddik (dans ses interviews, et il me semble dans "Nous n'avons pas lu le Coran"), il n'y a jamais l'expression "cheveux couverts" dans le Coran et c'est vrai, il n'y est jamais fait référence dans le Coran.
Mais en quoi je me fonde sur le "plutôt vrai", et bien je me fonde sur l'argument historique des socio-historiens  qui parlent de pratique patriarcale. Le roi de Babylone Hammourabi avait obligé les femmes non prostituées à se voiler dans son Code. D'ailleurs pendant très longtemps, le voile était socialement de rigueur: Marie n'est-elle pas représentée tout le temps avec son voile? Et même en Occident le voile des femmes grecques ou romaines quand elles sortaient dans la rue, ou même le fichu paysan des femmes européennes depuis le Moyen-Age jusque dans les années 50 environ montre bien le poids et le symbole de la chevelure féminine dans nos sociétés et l'enjeu que cela suppose en termes de contrôle et de "décence" liée à cela.

Le port du voile serait-il une violation du principe de laïcité. Thomas Guénolé dit "faux" et il a  raison. La Constitution reconnaît la liberté des citoyens et citoyennes en général et n'interdit que la nudité totale (également pour les seins des femmes dans la rue) et le tout couvert (c'est-à-dire le visage couvert) avec la loi d'interdiction de la burqa, votée en 2010, acceptée par la Cour européenne. Sinon un fonctionnaire ne peut porter de signes religieux distinctifs ostentatoires et doit la neutralité, dans le cadre de son travail (également concernant les idées politiques). Il en va de même pour les élèves jusqu'à la fin du lycée.

Est-que l'islam serait une religion qui demanderait aux femmes de rester à la maison? Thomas Guénolé est évidemment dans le vrai en disant que non. Il n'est pas fait référence de ce point dans le Coran et cela est lié aux sociétés et à leur degré d'émancipation individuelle et d'avancées pour le droit des femmes. Si quelques rares personnes pourraient justifier cela "au nom de la religion", elles confondent comme trop souvent pensée patriarcale et ultra-conservatrice et religion. Car la très grande majorité des religions dans le monde, en tout cas pour les trois religions monothéistes principales ont ou ont eu un commandement à 100% masculin. Les Eglises et autres Synagogue (dans le sens du leadership religieux juif) et Mosquées (idem pour le leadership religieux musulman) ont tendance à quelques exceptions près (et rares) à être régentées par des personnes de sexe masculin, certainement un atavisme des sociétés patriarcales, là où il y a/avait pouvoir, il y a/avait pouvoir masculin.

J'ai déjà répondu quant au mot "islamophobie" pour le 4e point "Le mot islamophobie sert à diaboliser la critique de l'islam?". Je suis anti-conservateur et je suis pour que les démocraties avancent dans le monde et qu'à terme les démocraties deviennent sécularisées et que les femmes puissent vivre comme les hommes, avoir les mêmes droits et puissent ne pas faire de leur corps un tabou (ou que des hommes en fassent un, de tabou); après j'accepte que d'autres personnes aient des idées différentes des miennes, tant que le respect, les principes démocratiques et/ou républicaines soient appliqués. Dans mon approche classique de gauche, c'est juste une "bataille culturelle" (terme gramscien) entre Anciens et Modernes. Le Modernisme étant pour ma part, démocratique, positiviste, anti-réactionnaire et socialiste. Chacun est libre de voir le modernisme comme il l'entend (ou d'être "Ancien"!)!

Concernant le 5e point : "Les "islamo-gauchistes" sont ils une minorité influente?". Tout d'abord, je ne sais pas ce que veut dire "islamo-gauchisme", que cela recoupe t-il? Cela me semble subjectif. Ensuite, par le passé, il est arrivé que l'on n'a pas voulu voir la montée des ultra-conservatismes dans toutes les religions en France, de même que cela a été parallèle avec la droitisation de la France (phénomène décrit par Gaël Brustier), notamment avec l'augmentation de la part des personnes de plus de 65 ans , dans la population nationale (selon le principe avéré en politologie, qu'un population dans les pays occidentaux a tendance à devenir de plus en plus conservateur, au sens de la droite). Pour ma part, je dirais simplement que la gauche et qu'être de gauche, c'est être laïc et pro-laïcité, soutenir la loi de 1905 (dans son juste équilibre) et être sur une ligne anti-conservatrice.

Enfin, "être en désaccord avec elle [Elizabeth Badinter], c'est soutenir l'islamo-communautarisme", Thomas Guénolé ne que répondre justement "faux". Bien évidemment que Thomas Guénolé a raison. Les gens de gauche et de manière plus générale, les citoyens et électeurs français(es) n'ont besoin de personne pour penser. Ensuite , on a le droit d'émettre, ne serait-ce que des nuances, ou plus (une critique totale) à tout discours; enfin si on répond aux principes généraux de la gauche, mais aussi aux principes du libéralisme politique du centre-droite et bien-sûr aux principes de la République, on ne peut que s'opposer à tout communautarisme et bien-sûr à toute stigmatisation de quelque groupe que ce soit (car les Français de religion ou de tradition musulmane en entendent des vertes et des pas mûres, même chose pour les Français de religion ou de tradition juive). Je dirais juste qu'Elizabeth Badinter est une philosophe qui a eu dans sa vie des positions intéressantes, écrit des livres qui valent le coût et que la récente critique à laquelle elle fait face ne saurait gommer tout son travail, dans la lignée de Simone de Beauvoir et le féminisme universaliste.


samedi, juin 04, 2016

Projet pour un drapeau des Allemands de Pennsylvanie/Project for a Pennsylvania Germans flag/Projekt fer eene Pennsilfaanisch Deitschen Fahne

FRANCAIS:
Ce drapeau reprend les types de symbole géométriques colorés, souvent aux couleurs allemandes que l'on voit dans les fermes et les campagnes allemandes de Pennsylvanie et qui symbolisent ce peuple. Ce symbole est inspiré de l'autocollant du seul journal en allemand de Pennsylvanie "Hiwwe wie Driwwe" qui a pour slogan "Mer schwetze noch . die Mudderschprooch" ("Nous parlons toujours la langue maternelle"), il est aux couleurs allemandes. Il fait écho aux rayons à l'extérieur , aux couleurs américaines et qui fait penser aux cocardes aux couleurs américaines déployées les jours de fêtes aux Etats-Unis. Il signifie l'ingéniosité et la ténacité des Allemands de Pennsylvanie à transmettre leur langue et leur culture, tout en étant intégré aux Etats-Unis.

ENGLISH:
This flag rings the bell with the geometrical and coloured symbols, often with the German colours, which can be seen in the farms and the Pennsylvania Dutch countryside. This symbol is inspired from the sticker of the only paper in Pennsylvania Dutch 'Hiwwe wie Driwwe' and with slogan 'Mer schwetze noch die Mudderschprooch' ('We still speak the mother language'); it is with German colours. This does an echo with the external rays, with the US-colours, and which is recall of the US-colours roundels, which are deployed in celebrations days in the United States. This flag has like meaning the ingeniosity and the tenacity of the Pennsylvanian Germans as they have transmitted their language and ther culture, while being integrated as Americans.

ELSASSISCH:
Dàs Fàhne nammt die geometrische un farbige Symbolen zruck, oft met den Ditschen Farbn. Men kann sehn dàs in den Bauerein un dàs Land der Pennsilfaanischen Ditschen. Dàs Symbol anlehnt sich an den Sticker vun d'eenzige Zeiding in der Pennsilfaanische-Deitsche Schproch  ,,Hiwwe wie Driwwe" un als Slogan ,,Mer schwetze noch die Mudderschprooch", alles met Ditschen Farbn. Dàs macht een Widerhàll met üsswartigen USA-farbige Schtràle . Dàs erinnert sich an die USA-farbige Schleefn, traditionell üssgebreite ver die Faschtn Täge. Dàs Fàhne meent die Eenfallsreichtum un die Hartnäckigkeit den Pennsilfaanischen Ditschn, will sie ihre Schproch un ihre Kultur vergmàcht han, warend sie integriert als Amerikanen sinn.

mercredi, mai 11, 2016

N'ayons plus crainte, le vin aigre est tiré, il faudra le boire jusqu'à la lie.

Je pense, après réflexion que voter la motion de censure de gauche sera profitable pour le pays. C'est déchirant d'en arriver là, mais il y a bel et bien de maintes raisons qui amènent à ce constat lucide et implacable.

Il s'agit d'un signal d'alarme à Valls qui va trop loin dans ses postures caporalistes et libérales. On ne peut accepter le changement de hiérarchie des normes et accepter de précariser plus l'emploi. Hartz IV n'est qu'une impasse, et quand bien même certaines mesures vont moins loin, elles en sont inspirées. Oui il y a le compte temps/pénibilité, qui fusionne les deux comptes existants, mais cela ne va pas assez loin comme avancée "équilibrante", comme compensation. 
Qui plus est à 85%, disons, la gauche a déjà perdu pour 2017. Le président risque de perdre fortement face à la droite au second tour, voire pire, être éliminé dès le premier tour, même avec un candidat de l'aile gauche faible. 

Que l'on voit, la réalité en face, il y a de plus en plus de chances pour que nous atteignons le triste score des législatives de 1993: 50 députés, même en suivant aveuglément Manuel Valls. Alors, soyons lucides, nous ne pourrons nous rabibocher avec les abstentionnistes et nos électeurs qui nous délaissent. Ce qui signifie que l'argument de mettre à bas la gauche, de lui mettre la tête sous l'eau ne tient pas. Le gouvernement se met lui-même des plombs au pieds , en produisant des fautes grossières telles que la déchéance et la présente Loi Travail. 

En tout état de cause, ce sera plus facile pour les député(e)s, militant(e)s, sympathisant(e)s, de se démarquer en disant que l'on a tenu le plus possible. On n'a donc pas à craindre d'être montré du doigt, par la majorité de la gauche, nos électeurs si on s'oppose vertement à la Loi Travail, en ce qu'ils contestent majoritairement cette loi-là. Le gouvernement a littéralement et tout simplement craqué. Il y a le supportable (même pénible) et il y a le rappel des principes, à un moment donné.

Cela est arrivé à d'autres reprises, en d'autres circonstances plus tragiques, lorsque Guy Mollet a voté la Guerre d'Algérie et l'a soutenue, pourtant c'était aller contre la SFIO historique, mais le PSU avait bel et bien raison. Ce sont d'autres contextes, oui, mais le SPD qui traine derrière la droite depuis Hartz IV, constate bien que le suivisme centriste/droitier ne nous correspond pas et n'assure que l'opprobre, en plus de la défaite.

Député(e)s de gauche, sociaux-démocrates, écologistes, le vote pour une censure de gauche n'est qu'un sursaut rationnel face à la confusion la plus manifeste du gouvernement Valls.

vendredi, février 26, 2016

Loi du travail El Khomri, un révélateur "lol", "bof" ou "snif" ?

Cela fait plus d'une semaine que les avant-projets de la loi El Khomri, un texte d'une cent-trentaine de pages que la ministre du Travail a fait passé à la presse pour communiquer sur les types de pistes qu'elle compte aborder pour moderniser les conditions du cadre législatif du travail: Code du travail, condition sociales liées aux entreprises, droits sociaux pour les employés,...

Manifestement, cela a soulevé une bronca générale dans une majeure partie de la gauche, pourquoi?
Madame El Khomri propose de plafonner les indemnités prudhommales pour n'importe quel type de licenciement sauf harcèlement de la part d'un supérieur, les astreintes sont décomptées dans le projet de loi du temps de travail, le Code du travail se voit rajouter de nombreuses exemptions (encore, cf. rapport de la députée PS Barbara Romagnan qui montre que ce Code a été alourdi par les nombreuses exemptions de règles en faveur des employeurs). On peut citer aussi que les apprentis de moins de 18 ans pourront travailler plus de 35 heures.
Quelques avancées mais qui existent déjà sont rassemblées dans un compte-employé: compte pénibilité (loi retraite Ayrault) + droits à la formation (loi Raffarin améliorée sous Ayrault). Les analystes, mais bien-sûr les syndicats et une majeure partie de la gauche estiment que c'est beaucoup trop déséquilibré en faveur des employeurs.
Bien évidemment il faut toiletter certains éléments du Code du travail, voir ce qu'on peut obtenir par la négociation, mais l'inversion des normes: la négociation prioritaire par rapport à la loi égale et minimale pour tous, change totalement le paradigme.

Autre paradigme politique qui a beaucoup changé: le MEDEF et LR soutiennent très largement et avec grand enthousiasme ce projet de loi.

Du point de vue politique, Manuel Valls veut marquer son gouvernement et son action, par l'entremise de sa ministre El Khomri, son alliée face à l'autre "réformateur" du gouvernement : Emmanuel Macron et au social-libéral plus synthétique, le président Hollande (plus favorable à la synthèse entre la droite , le centre et la gauche du PS). Une rivalité entre deux postures "qui est le plus centriste et libéral?" et "qui arrive quand même à rassembler à gauche?"

La pétition lancée par Caroline de Haas et Eliott Lepers notamment, LoiTravail.lol, a étonné par son aspect viral, déjà 600.000 en une semaine. Cela a étonné le gouvernement. Ce qui a autant soufflé Valls, Macron et Hollande a été la tribune dans Le Monde du 24/02/2016 de Martine Aubry et Daniel Cohn-Bendit, plus Yannick Jadot, des députés PS dits "frondeurs" mais au-delà comme Yann Galut, correspondant à la social-démocratie de gauche. Et en effet, on peut se demander si ce souffle est lol, c'est-à-dire une chose bienvenue partagée par les électeurs de gauche, bof, c'est-à-dire quelque chose qui divise la gauche pour rien ou snif, c'est-à-dire quelque chose de dommageable.

Selon moi c'est lol et snif en même temps. Je m'explique: c'est positif, dans le sens où TINA (There Is No Alternative) fait la place à TARA (There Are Real Alternatives), un peu comme aux USA, où la vague Sanders exprime une vraie volonté progressiste de pas mal , peut-être pas tous ou la majorité, d'électeurs démocrates. Cela fait du bien de voir un autre discours, car sinon à quoi sert le fait que l'UDI et le PS existent parallèlement, car après tout si on est centriste et libéral, on peut se retrouver dans ces deux familles politiques. Et le fait que les centristes, donc la droite libérale non conservatrice (le contraire des durs de LR) soutiennent ce projet de loi et l'attitude de Valls montrent bien que la majorité du gouvernement est passé à autre chose. Autre chose que le socialisme, la social-démocratie et le PS.
On peut reconnaître à Valls qu'il a raison sur une chose: la clarification, Valls pourrait être au gouvernement si un parti équivalent à un PRG avec une partie de l'UDI était le premier parti de l'Assemblée. Ou bien Valls serait ministre mais non premier-ministre, car le PRG serait l'allié d'un PS social-démocrate et socialiste-démocratique (nom politologue de l'aile gauche du PS) mais non social-libéral et ce PS-là imposerait sa ligne, une ligne plus sociale au ministre Valls.

Là où ce qui se passe est snif, c'est que les torts sont partagés et que l'on aurait pu faire autrement et ce dès 2012:
-Hollande aurait dû faire la réforme fiscale et tenter au moins de résister vraiment au TSCG, ne serait-ce que résister face à Merkel
-Hollande aurait dû faire un audit montrant que les finances du pays étaient vraiment trop mauvaises et à partir de là demander au PS de faire des Etats Généraux de la gauche, pour discuter avec les autres partis de parler comment faire avec un tel budget, quelle priorité sauver, etc... (le compromis Aubry/Germain/Lamy mais aussi Pierre Alain Muet sur à peu-près 40 milliards dont schématiquement 15 milliards pour l'offre, 15 milliards pour la dette et 15 milliards pour l'investissement proposé dès 2013 et reproposé dans la motion A à Poitiers; proposition non retenue)
-Ayrault mais surtout Valls auraient dû toujours prendre des arbitrages sur des propositions 50/50, 50% des idées du gouvernement, 50% des propositions du groupe socialiste dans son ensemble car la gauche a pour idée un gestion parlementaire et assez collégiale.
-Il fallait essayer le CICE mais avec des contreparties véritables en matière d'emploi et avec un vrai ciblage sur les ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) pour favoriser l'innovation et l'exportation notamment et arranger et amender l'aspect social-libéral quand on a vu que cela ne portait pas ses fruits en termes d'emplois.

Car force est de constater que les 1 million d'emplois de Gattaz se sont envolés comme les promesses fausses et que certaines grandes entreprises faisant du profit et du vrai bénéfice préfèrent ne pas investir et ne pas embaucher alors que leur marge était déjà bonne et même maintenant améliorée. Je ne parle pas des TPME pour qui le moindre effort de trésorerie est très difficile.

En tant que socialiste, c'est-à-dire d'idée socialiste, on n'est pas forcément "non socialiste" si on n'est pas/plus au PS, j'estime comme Roland Cayrol (C dans l'air du 26/01/2016) que le débat d'idées se fonde sur de vraies différences: jauressisme social-démocrate versus radicalisme de gauche social-libéral. Et tant que cédétiste, donc social-démocrate, je me félicite globalement des positions de la CFDT, la dernière et désormais seule organisation social-démocrate du pays. C'est important de conserver le meilleur de la social-démocratie et du corpus fondamental de Jaurès et de Proudhon, parce que je crois au progrès, en l'espoir, en l'amélioration en mieux de la société, donc une vraie transformation de la société, même économie de marché mais régulée et coopérativisée. (Face au 1%, au capitalisme= accumulation du capital que pour certains [donc pas pour tous] et la grande bourgeoisie qui se fiche des moins aisés et des plus démunis; les classes populaires et moyennes, premier électoral normalement du PS).

J'espère donc que le gouvernement infléchisse ses positions centristes, écoute les 70% des Français de gauche qui sont contre ce projet de loi El Khomri et fasse un retour à la social-démocratie. Car oui, actuellement, il n'y a pas d'autre représentation de la gauche en terme de sensibilité gouvernementale.
(Car évidemment , même la gauche social-démocrate et socialiste-démocratique doivent garder l'ambition de gouverner pour aider et améliorer le cadre de vie)

mercredi, janvier 27, 2016

Lettre à France Rhône-Alpes au sujet de la langue arpitane

Madame, Monsieur le responsable,

Je vous écris car je suis spectateur assidu de France 3, y compris sur internet des programmes régionaux en langues régionales.
Je constate que l'arpitan/francoprovençal est une langue qui n'est pas d'oïl, qui fait partie de la liste officielle reconnue des langues régionales de France.
Je constate en outre que l'arpitan n'est pas représenté sur France 3 Rhône-Alpes. Je demanderais donc à ce que soit crée comme sur les autres chaînes à langue régionale non-oïl une émission culturelle (comme Viure al Pais, Bali Breizh,...) le dimanche matin et un décrochage info en arpitan comme l'Edicion Occitana ou Pais Català, chaque semaine le vendredi ou samedi soir.

Veuillez recevoir, Madame, Monsieur mes salutations respectueuses
(Nota: copie envoyée à France 3 national)

mercredi, janvier 06, 2016

Ma réponse à Roccu Garoby, Président de l'Alliance Libre Européenne Jeune sur « Pourquoi la France n'est ni "une" ni "indivisible" »

Ma réponse à Roccu Garoby, Président de l'Alliance Libre Européenne Jeune sur « Pourquoi la France n'est ni "une" ni "indivisible" »

Je suis de gauche, social-démocrate de gauche et progressiste. Je suis fédéraliste et girondin et certainement pas jacobin. Fédéraliste pour la France, fédéraliste pour l'Europe. Je ne suis pas indépendantiste pour quelque nation culturelle, historique et linguistique que ce soit mais bien fédéraliste, c'est-à-dire l'autonomie pour tous, pour toutes ces nations.
Tout d'abord, il y a bien des nations culturelles, historiques et linguistiques de langues d'oïl, contrairement aux cartes que montrent régulièrement l'Alliance Libre Européenne et non pas une nation française équivalent à une « seule nation d'oïl » et les autres groupes nationaux de langues régionales.
Ensuite je ne discute pas de l'unité de la langue d'oc, même si par ailleurs elle peut être discutée par certains linguistes ou certains groupes culturels et culturalistes, mais même si je reconnais l'unité de la langue d'oc dans sa diversité (auvergnat, limousin, marchois, guyennais, gascon, languedocien, vivarais, dauphinois d'oc, provençal, nissart), il y a bel et bien pour moi 10 nations d'oc en France (je ne compte pas les Aranais et les Occitans d'Italie), parlant la même langue mais avec des formes linguistiques différenciées au sein de la langue d'oc dont au moins une qui est associée au Pays arpitan (la nation dauphinoise d'oc). Je pose la question ouverte d'une double nation languedocienne et catalane, puisque le Languedoc d'Aragon (maritime) a longtemps été associé à la partie catalane du Royaume d'Aragon et de la Couronne d'Aragon et dont les deux langues sont très proches.


Un même constat d'assimilation culturelle et de linguicide

Les rois de France, puis l'Etat moderne français (que ce soit le Premier-Empire et le Second-Empire, la Monarchie restaurée et la Monarchie de Juillet ou bien la République, notamment la I° et la III° République) ont cherché à faire reculer les identités mais aussi les droits et libertés publiques régionales et bien-sûr les langues de France. L'Abbé Grégoire aussi vertueux fut-il dans sa volonté abolitionniste de l'esclavage, fut obtus et funeste dans sa volonté d'éradiquer les langues de France. Ainsi il déclare en 1794, devant la Convention : « Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton [breton]; l'émigration et haine de la République parlent allemand [alsacien et les trois langues mosellanes]... La Contre-révolution parle l'italien [corse] et le fanatisme parle basque. Cassons ces instruments de dommage et d'erreurs»
Les armées républicaines n'ont pas respecté les populations locales et le droit à l'intégrité physique en perpétuant des massacres de masse dans le Nord-ouest de la France, fut-il davantage contre-révolutionnaire (noyades dans la Loire dans la région nantaise, colonnes infernales en Vendée, Anjou,...) mais aussi contre les régions fédéralistes, c'est-à-dire républicaines et pro-révolutionnaires mais soutenant les Girondins opprimés et persécutés politiquement (Lyon, Marseille,...).
La III° République a humilié les jeunes écoliers non-francophones en leur forçant à parler uniquement le français à l'école et en leur donnant le Symbole (équivalent du Bonnet d'âne) et en les punissant de coups ou de punitions plus classiques et surtout en leur donnant honte de parler les langues de France et leur exhortant à les oublier. Cela a duré jusque dans les années 60.
Certains de ces mécanismes ressemblent aux mécanismes de génocide culturel pratiqué contre les Amérindiens au Canada britannique puis souverain et aux Etats-Unis. Cela a causé une énorme dépréciation de soi et de sa culture, des dépressions, de l'alcoolisme et des suicides. Ces linguicides et ces humiliations à portée culturelle (avec l'idée qu'il y avait un standard culturel et même « de civilisation ») ont touché aussi bien les pays d'oïl que les autres langues régionales de Métropole, aussi bien les langues de France Métropolitaine que les langues d'Outremers colonial (puisqu' avant 1946, tout Outremer était colonial, avant la départementalisation des futurs Outremers toujours rattachés à la France).
La question coloniale et de l'esclavagisme se rajoute évidemment à cette question de linguicide.

Un même constat de diversité toujours aujourd'hui dans la France et République Française de 2016

Il existe bel et bien des statuts différents sur la laïcité avec le Concordat d'Alsace-Moselle, des statuts d'autonomie en Polynésie Française et en Nouvelle-Calédonie, des statuts territoriaux dérogatoires particuliers avec la Collectivité Territoriale de Corse et la Collectivité Territoriale de Saint-Pierre et Miquelon, des langues régionales reconnues comme co-langues d'enseignement : le tahitien, le marquisien, le paumotu (îles Tuamotu) et la mangarévien (îles Gambier) avec le français, une reconnaissance publique de l'utilisation du droit coutumier kanak en Nouvelle-Calédonie.

Bien évidemment , il demeure depuis toujours, une richesse exceptionnelle des langues régionales, des langues de France :
-langues d'oïl (j'en compte 15 : angevin, berrichon et bourbonnais, bourguignon-morvandiau, champenois, français en tant que langue régionale du Parisis c'est-a-dire Paris et le 92, 93 et 94, franc-comtois, gallo, lorrain roman, mainiot, normand et percheron, picard, poitevin-saintongeais, solognot-gâtinais-beauceron, tourangeau, wallon) ;
-autres langues régionales de Métropole : arpitan, alsacien, basque, breton, catalan, corse, langues mosellanes (luxembourgeois, palatin et triérois) , langue d'oc dans sa diversité, parlers liguriens (royasque et mentonasque);
-langues régionales des Outremers : langues amérindiennes de Guyane (6), les créoles de Guadeloupe, Guyane, Martinique et de la Réunion, les créoles à base anglo-portugaise de Guyane (5), futunien (Wallis et Futuna), hmong en Guyane, langues kanak (28), mahorais de Mayotte, malgache de Mayotte, langues polynésiennes (4) , wallisien (Wallis et Futuna).
Cela fait en tout 79 langues régionales, ce qui est un patrimoine et une richesse culturelle hors du commun !

L'acadien n'est malheureusement plus parlé à Saint-Pierre et Miquelon, ni Belle-Ile en Mer (Bretagne)


Oui les langues de France, les langues régionales, les langues des nations culturelles, historiques et linguistiques, ces 89 nations culturelles, historiques et linguistiques (en comptant les 9 autres nations de langue d'oc, autre que la nation languedocienne + la nation acadienne à Saint-Pierre et Miquelon, ainsi qu'à Belle-Ile en Mer) ont bien atteint l'Universel, aussi bien que la Nation politique et souveraine française (les Citoyennes et Citoyens français de la République Française), aussi bien que la langue française et les autres langues du monde !!

Louis Delgrès et Toussaint Louverture , de même que Solitude (et d'autres femmes anciennes esclaves) ont magnifié les peuples de nations créolophones en s'opposant à l'esclavage à la fin du XVIII° siècle et au tout début du XIX° siècle, en pleine Révolution Française qui n'a pas daigné abolir l'esclavage avant 1794 (puis rétabli en 1802 et aboli définitivement en 1848 par Louis Schölcher). Christiane Taubira nous le raconte magnifiquement dans son livre « L'esclavage raconté à ma fille » , oui Pascal Paoli , le corse a bien accepté la Constitution pour la Corse de Jean-Jacques Rousseau, le genevois , oui des milliers de Bretons, Alsaciens et Occitans,... se sont battus pour la Liberté et donc la République à Valmy en 1792,...

Il est vrai aussi que la France a annexé plusieurs Etats ou des morceaux d'Etats, qui avaient leur propre équilibre politique et leur usage de leurs langues : le royaume de Provence en 1481, le duché de Bretagne en 1532, le royaume de Basse-Navarre (dont le Béarn) en 1589 , la République de la Décapole (en Alsace, dont Strasbourg) en 1648, la Corse (Gênes) en 1768, la Savoie et le Comté de Nice (Piémont-Sardaigne) en 1860 , Tende et Brigue (Italie) en 1947, …

Ma différence majeure d'approche

Je suis Français , mais aussi Berrichon et Breton, et bien d'autres choses encore. Je parle français, berrichon et bourbonnais, anglais, allemand, espagnol et italien, je ne parle malheureusement pas breton mais je comprends assez bien la langue d'oc et le catalan, je lis un peu l'alsacien. Je suis de mes régions, je suis de France, donc citoyen français, citoyen européen et citoyen du monde, tout à la fois et sans exclusive.
Je pense que la République ne doit pas se morceler, je pense que la Liberté et l'Egalité sont notre socle révolutionnaire et républicain, je suis en faveur du fédéralisme, de l'autonomie pour tous car je suis girondin. Je souhaite bien évidemment la reconnaissance des Langues de France, par la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, ainsi que la co-officialité dans les collectivités territoriales des langues régionales. Au niveau national, de l'Etat, le français doit demeurer la seule langue officielle. Pour moi la Nation française n'est ni ethnique, ni historique, ni culturelle, ni linguistique, elle est Souveraine, c'est le Peuple Souverain français. Elle est donc politique. (Je mets un N majuscule pour souligner le caractère politique et souverain, comme on met un E majuscule à Etat et pour signifier que ce n'est pas ethnique ou historico-culturel). Ce qui n'empêche pas, par exemple le peuple et la nation corses d'exister et d'être un peuple et une nation.
L'uti possidetis juris à savoir le droit à l'intégrité territoriale pour les Etats est tout aussi important que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes en droit international, si ce n'est un peu plus dans la pratique.
Ainsi, il me semble que le chemin pour les nations minoritaires en Europe à suivre, c'est celui de la nation suédoise des îles Aland appartenant à la République de Finlande (Statut d'autonomie de 1920), celui de l'autonomie mais aussi du fédéralisme.
Je suis en outre pour un fédéralisme européen.

Comment je vois le fédéralisme français et européen
(ce qui me permet de parler d'une vision plus harmonieuse pour moi pour une vraie Réforme territoriale et non ce qui a été fait avec les restrictions budgétaires depuis les lois Raffarin de 2003, la Loi Territoriale Sarkozy de 2010 et la loi NOTRe du gouvernement Valls, votée en juillet 2015 et évidemment cela suppose qu'on ait pu faire les évolutions constitutionnelles permettant cela)

-Les communes gardent leurs compétences mais certaines (voire un certain nombre) vont fusionner
-Les communautés de communes, d'agglomération, urbaines et les Métropoles (hormis l'exception de la Métropole de Lyon à la fois «communauté urbaine et département ») sont élargies territorialement aux Pays d'aménagement (il faudra voir les modalités techniques) et prennent en plus de leurs compétences actuelles les offices HLM, la prévention de la délinquance, mais aussi pour les cinq collectivités ci-dessous, la compétence des langues régionales conjointement avec la Région.

La Collectivité Territoriale basque rassemble le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule.
La Collectivité Territoriale savoyarde rassemble les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie.
La Collectivité Territoriale de Catalogne-nord correspond au département des Pyrénées-Orientales.
La Collectivité Territoriale nissarde correspond au département des Alpes-Maritimes.
La Collectivité Territoriale flamande correspond à l'arrondissement de Dunkerque (département du Nord).

LES DEPARTEMENTS SONT SUPPRIMES mais les Services Départementaux Incendie Secours (SDIS) sont maintenus en l'état.

-Les régions ne gardent pas les tracés votés lors de la loi de novembre 2014 mais deviennent des entités fédérées , prennent en charge les compétences actuelles des départements (hormis les offices HLM, la prévention de la délinquance et les SDIS), gardent en outre leurs compétences actuelles et obtiennent en outre comme compétences fédérées les compétences actuelles du Ministère de l'Economie, l'autorité sur Pôle Emploi (qui devient des Pôles Emplois régionaux), l'autorité sur tous les types de ports y compris ceux d'intérêt national, la compétence des langues régionales et la possibilité de pouvoir lever un impôt régional propre, calculé par elles

Il faut noter que les différentes collectivités territoriales ont le droit de faire d'une ou de plusieurs langues régionales des langues co-officielles à leur niveau de compétence, sans que toutefois cela donne obligation aux fonctionnaires territoriaux de devoir parler (et ou d'apprendre) telle ou telle langue régionale ou de devoir répondre obligatoirement en langue régionale quand on s'adresse à eux en langue régionale , car on a le droit de muter d'une région à une autre, sans discrimination concernant la non-connaissance d'une ou plusieurs langues régionales.

Il y a un enseignement obligatoire de langue régionale d'au moins 3h/semaine en école primaire pour les régions non concernées actuellement par l'enseignement 50/50, sans empêcher ceux qui le veulent d'aller dans les écoles publiques bilingues à parité horaire ou des écoles d'immersion (Diwan,...) reconnues publiques, gratuites, laïques et financées par les Régions. On peut suivre en option, en collège-lycée bilingue 50/50 ou en enseignement immersif, les langues régionales dans le secondaire. Ces lieux d'apprentissage bilingues 50/50 et d'immersion linguistique, de même que l'option LVR (Langue Vivante Régionale) en école classique, doivent être davantage développés et mailler le territoire.

Saint-Pierre et Miquelon reconnait et promeut l'acadien comme co-langue officielle régionale.

Les 19 régions métropolitaines fédérées (Source du fond de carte: Daniel Dalet)
[Les régions fédérées des Outremers ne sont pas représentées: Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, Saint-Pierre et Miquelon]


-L'Etat garde la plupart de ses compétences sauf celle du Ministère de l'Economie mais prend la coordination des politiques économiques régionales, vérifie l'harmonisation et la péréquation pour les impôts régionaux (afin d'assurer l'égalité sur tout le Territoire)


-L'Union Européenne conserve ses compétences actuelles.


-On crée un niveau fédéral au sein de l'Union Européenne, à savoir la Fédération Européenne, qui est formé de 8 Etats (les 6 Etats fondateurs de la CEE : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas + l'Espagne et le Portugal ; cette Fédération européenne a vocation à s'étendre dans le futur, sur l'Union Européenne). La Fédération Européenne obtient les compétences suivantes : coordination des politiques économiques, coordination des politiques diplomatiques, environnement.

La Fédération Européenne a signé en outre le Traité de l'Europe sociale qui vise à l'harmonisation des lois et conditions sociales sur le mieux-disant (et jamais sur des conditions moins favorables)
et les postes politiques suivants : -le (/a) Premier(e)-Ministre européen(ne), dirigeant de la Fédération européenne préside le Gouvernement Européen formé d'un(e) Ministre européen(ne) de l'Economie et des Finances, d'un(e) Ministre européen(ne) des Affaires Etrangères et d'un(e) Ministre européen(ne) de l'Environnement. Le Gouvernement Européen travaille en concertation avec les gouvernements de la Fédération Européenne, le Premier-Ministre est issu de l'élection de l'Assemblée de la Fédération Européenne , au scrutin de listes européennes proportionnelles mixte le même jour dans les 8 pays pour un mandat de 5 ans, le (/a) Premier(e)-Ministre est responsable, de même que le Gouvernement Européen devant l'Assemblée de la Fédération européenne. On ne peut être élu (e) qu'une seule fois (mandat unique dans le temps et sans cumul) à l'Assemblée de la Fédération Européenne, de même comme Premier(e)-Ministre ou Ministres de la Fédération Européenne. Le siège du Gouvernement européen et l'Assemblée de la Fédération Européenne est à Turin, en Italie.

 La Fédération Européenne au sein de l'Union Européenne (Source du fond de carte: Daniel Dalet)
En bleu foncé: les 8 Etats membres de la Fédération Européenne et aussi membres de l'UE, en bleu clair les autres membres de l'UE, en jaune doré: le siège de la Fédération Européenne à  Turin (Italie)

mardi, janvier 05, 2016

Il y a déjà plus de sept ans... depuis un immense gâchis

Il y a plus de sept ans, à la fin novembre 2008 ... l'organisation dans laquelle j'avais porté un espoir se déchirait.
A l'époque, j'avais signé la contribution de Reconquêtes puis la motion Un Monde d'Avance, portée par le jeune Benoît Hamon, ancien dirigeant, sous Balladur, du MJS. Le Parti avait été défait, mais dans l'honneur, Ségolène avait été sa candidate, mal comprise.

https://www.youtube.com/watch?v=BDLbrqSl4o8

(Magnifique discours de Ségolène Royal, le soir du second tour des présidentielles, mai 2007)

Moi-même, à l'époque, sa stratégie de jouer l'opinion contre le parti me dérangeait. Certains de Désirs d'avenir (pas tout le monde) pouvaient avoir un style de groupies de Ségolène, et ce n'était pas (ce n'est pas) ma conception de la politique, mais c'est vrai qu'elle avait (qu'elle a) du charisme. Sa défaite m'avait déçue. Mais son sourire, face à Strauss-Kahn qui n'en pouvait plus de la voir radieuse, m'a consolé. Plus que la défaite en rase campagne de Lionel, cinq auparavant. Lui qui avait fait les 35 heures, la CMU, l'APA, le PACS, avait travaillé sur le thème du logement, ... il avait réalisé de grandes choses. Pas assez pour les électeurs, manifestement, mais probablement avait-il sous-estimé la fracture sociale et territoriale, la précarité qui ne reculait pas et avait produit une campagne désastreuse...
même que François Hollande, son conseiller et premier-secrétaire du PS depuis 1997, s'était fâché tout rouge, engueulant Lionel "parce qu'il ne fendait pas l'armure"...

Donc après avoir pu avoir l'opportunité d'aller à Reims même, de retour dans la région où j'ai débuté mon militantisme au MJS (l'Aisne), je vis le soir du second tour, le ciel prendre des tournures noires... veillant devant la télévision pour avoir les résultats du premier tour, téléphonant à des camarades pour avoir leur ressenti... pour constater que le vote était contesté, car on parlait de tricheries...

Je n'avais pas voté, car Martine Aubry, malgré toute l'admiration que j'avais pour elle, ne me disait rien
comme candidate et j'ai déjà expliqué la réserve que j'avais pour Ségolène Royal. Comme si je pressentais l'orage en préparation.

https://www.youtube.com/watch?v=pmfkYogf0Ns

(Aurélie Filipetti, soutien de Ségolène Royal, contestant la victoire de Martine Aubry au 12/13 de France 3, novembre 2008)


Cela faisait 6 ans que je militais au PS, j'ai eu envie de faire une longue pause de militantisme au PS. Je me suis investi dans le militantisme au MJS. D'abord membre de TAG (la majorité tendance socialiste démocratique), je me suis rapproché des hollandais d'ERASME, pour militer. J'ai redécouvert, celui qui avait été mon premier-secrétaire, comme blanchi par l'épreuve, ayant compris, là où il avait commis des erreurs (c'est toujours ce qu'on se dit quand on commence à soutenir quelqu'un en politique). Il a travaillé beaucoup sur la question de la fiscalité. Comme un echo de ce que disait Piketty. Je me rappelle même être allé le voir en 2010, depuis Lyon, à Limoges, traversant le Massif Central et sa Haute-Corrèze d'adoption pour une conférence de presse pour le quotidien local Le Populaire.
François Hollande était encore en retard... (son habitude). On l'a attendu deux heures, 2 ou 3 élus locaux le soutenant étaient là. J'ai discuté avec les journalistes, étonnés de voir un jeune militant venu de si loin pour écouter un ancien premier-secrétaire atteignant à peine 3% d'intentions de vote!!
Un exposé brillant, comme bien souvent avec François Hollande.

J'étais redevenu actif au PS après la veste cinglante de Martine Aubry aux européennes en mai 2009, un an et demi après la "nécessaire pause d'après Reims".

J'ai milité dans son groupe de soutien "Répondre à Gauche", j'ai pris souvent le train pour aller le voir en meeting et puis un jour de mars 2011, le 31 mars 2011, François Hollande a déclaré, enfin sa candidature (ce qui était une évidence) à la primaire socialiste pour la présidentielle

https://www.youtube.com/watch?v=rGaILXeMR6c

(Discours de candidature de François Hollande à la primaire socialiste, 31 mars 2011) 

Je me souviens des camarades du MJS, de la majorité qui me charriaient, à la Convention ouverte du MJS (les Conseils nationaux étaient ouverts aux militants sous Laurianne Deniaud), présidée par Laurianne, dirigeante d'alors du MJS : "heureusement qu'il ne s'est pas présenté un 1er avril!" mais c'était bon enfant, on s'entendait bien et quand finalement en octobre 2011, François Hollande a gagné les primaires, j'avais la conviction que sa ligne, pas si éloignée que cela que celle d'Aubry, portant une social-démocratie de type scandinave mais adaptée à la France pouvait être la solution.

J'étais là ce dimanche de janvier au Bourget en janvier 2012, mon coeur a battu fort sous les paroles enflammées du tribun socialiste, portant l'alternative (c'est ce que je croyais), avec le célèbre "Mon véritable adversaire, il n'a pas de nom, [...] il ne se présentera jamais sa candidature... mon adversaire c'est le monde de la finance!"

https://www.youtube.com/watch?v=bb9cKK9kn0A 

(Extrait du discours du Bourget, 23 janvier 2012)

Après la victoire claire de François Hollande face à Nicolas Sarkozy, nous avons célébré avec les camarades en liesse, le retour de la gauche, après 10 ans d'absence. C'était sûr, on allait voir ce qu'on allait voir, même si certains camarades étaient dubitatifs: "oh non, il ne va pas mettre Ayrault, premier-ministre??!" . La crise depuis 2008, ne passait pas et 2012, ainsi que 2013 furent des années difficiles pour l'économie française. Le gouvernement fraichement nommé commençait à faire couac sur couac.
Ayrault ne semblait pas annoncer le plan d'investissement de 20 milliards que j'attendais, que beaucoup d'entre nous attendaient, pour faire pendant au "redressement budgétaire" . Et toujours pas de réforme fiscale... on l'a attendue celle-là...

Entre temps, François Hollande n'avait pas renégocié le Traité de Stabilité Européen (le fameux "Merkozy") , n'a pas fait la grande réforme fiscale, arrivait l' insupportable affaire Cahuzac, la désastreuse affaire Léonarda et le jeu de méli-mélo de François Hollande entre Ayrault et Montebourg sur le sort d'Arcelor à Florange... que des réjouissances...
Jean-Marc Ayrault, dans un reportage diffusé en 2015 a expliqué comment François Hollande n'a pas été clair et aurait du ordonner à Arnaud Montebourg de ne pas faire cavalier seul, sans avoir l'aval de Jean-Marc Ayrault, son premier-ministre.

2013, c'est la première grande avancée du quinquennat de François Hollande, le Mariage pour tous, superbement défendu par la brillante et attachante Christiane Taubira (une de mes chouchous envers et contre tout !! ^^) et aussi Erwann Binet contre les très conservateurs de la Manif pour tous!!!

(mais pas d'avancées sur la PMA, la FIV pour les femmes homosexuelles,alors que c'était un engagement de François Hollande)

https://www.youtube.com/watch?v=N56EKzis1DM


(Discours final de Christiane Taubira, après le vote de la loi du Mariage pour tous, avril 2013)
 

31 décembre 2013, comme la courbe du chômage "ne s'infléchit" toujours pas, François Hollande propose son "Pacte de Responsabilité", je reste dubitatif, mais je me dis "pourquoi pas, si c'est équilibré et qu'il y a des contreparties" . Après la défaite claire et nette aux départementales, Manuel Valls devient Premier-Ministre et ...Emmanuel Macron, ministre de l'Economie... un libéral aux affaires... chic!  [ironique]

https://www.youtube.com/watch?v=qrvKeGs6neI

(Emmanuel Macron parlant des "rigidités" du monde du travail en octobre 2014)

Tout ce qu'il faut pour un gouvernement socialiste, même social-démocrate... enfin comme le CICE (aides aux entreprises) de 40 milliards est sans contreparties aucunes, on est en train de faire face à un gouvernement social-libéral, inspiré par le centre-droit et non par la Suède social-démocrate.
Martine Aubry, Anne Hidalgo, Valérie Rabault, Yann Galut,... protestent, disent qu'il faut au moins des contreparties. Et toujours près de 170.000 chômeurs de plus en 2014-2015... au total, on est à plus de 500.000 chômeurs de plus depuis mai 2012 ... on est loin des 400.000 emplois directs crées par les 35 h + les 600.000 indirects ...

si François Hollande avait écouté Thomas Piketty et Pierre Larrouturou qui propose avec Michel Rocard les 32h (que Rocard proposait du temps du PSU) , dès le début, peut-être l'amélioration aurait été plus visible, plus vivace, plus durable? 2014, autre défaite cinglante aux européennes, menée par Martin Schulz en qui je voyais un centre du SPD, mais qui pendant la Crise grecque de juillet 2015 s'est révélé tout autant ordolibéral que le CDU Wolfgang Schäuble... tu parles!

N'oublions pas la "réforme n'importe quoi" territoriale NOTRE, qui ne fait pas avancer l'autonomie des régions qui n'ont aucun budget propre et n'obtiennent pas l'emploi comme prérogatives, sans compter le découpage ubuesque qui ne consacre pas la Bretagne à 5 départements, Poitou-Charentes avec la Vendée et qui dilue l'Alsace dans le Grand-Est. Et la Charte des langues, qui n'intéresse plus tellement François Hollande (pourtant l'Engagement 56).

J'essaye quelques mois le militantisme à Nouvelle Donne courant 2014, mais cela ne me dit rien. Je me réamarre au PS en 2015 pour faire avancer la motion de la Fabrique portée par Karine Berger, Valérie Rabault, Yann Galut et Alexis Bachelay, au Congrès de Poitiers. Le score est honorable, 10%, mais le désormais premier-secrétaire Jean-Christophe Cambadélis (ah oui, j'allais oublier le congrès de Toulouse en 2012, un non-congrès avec le premier-secrétaire Harlem Désir!) n'écoute pas les recommandations de la Fabrique du PS (CICE ciblé, contreparties, réforme fiscale, transparence financière, ...) et encore moins le gouvernement de Manuel Valls. 
2015: c'est le bouquet ...,
la loi Macron adopté de force avec le 49-3 pour que Manu montre ses muscles au groupe socialiste, 
la non franchise de Marisol Touraine sur le don du sang pour les homosexuels (à qui on demande pour les homosexuels masculins une abstinence de 12 mois...) 
et la goutte d'eau qui fait déborder le vase, l'acceptation de la déchéance de nationalité pour les binationaux issus du droit du sol le 24 décembre, c'est pour moi le déni du droit du sol et de la position contre cela, prise en 2010 face à Sarkozy... tout ça face à seulement le bon résultat de la COP 21, c'est trop peu.

Donc depuis plus de sept ans, quelles leçons n'avons-nous pas retenue? (et même depuis 2002?):

-Que le socialisme scientifique est toujours  à construire et à renouveler, si on veut que le socialisme fonctionne comme changement de la société, il faut penser la mondialisation, l'Europe, l'internationalisme, contrer la dérégulation et pas juste des mots...  
-Que la V° République est malade du centralisme et de la verticalité, de la non-exemplarité, du "ne faîtes pas ce que je dis" et que nous socialistes, globalement n'en tirons pas la leçon...
-Qui'il y ait la cohérence face à des principes, mais aussi face à une réalité économique, sociale, sociologique du terrain est à prendre en compte: PME, précarité, sentiment de déclassement, fracture sociale et territoriale

Depuis 20 ans et plus, le PS n'a pas réfléchi à tout cela, on s'est laissé porter en croyant que l'élection suffit ou que le modèle industriel du XX° n'aurait besoin que de quelques rustines, au lieu de s'engager pleinement dans la social-écologie (même si la loi Royal de Transition écologique est un bon début, il faut le dire). Alors continuer au PS avec tout ça... non "partir quand même" comme disait Françoise Hardy.