A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


jeudi, mai 16, 2019

Ma réponse à Jean-François Forest: Point de "trahison", mais de la Réflexion! Pour un nouvel Eco-Socialisme scientifique.

Jean-François Forest a écrit un texte très intéressant. L'ayant lu, je me suis dit que cela nourrirait le Débat d'Idées que de lui répondre.

(Voici son texte: "Jean-Luc, Benoît, Emmanuel, j'ai 56 ans de militantisme au PS et pour moi vous nous avez trahis"

POINT DE "TRAHISON", MAIS DE LA REFLEXION!
Pour un nouvel Eco-Socialisme scientifique

Je ne suis que militant depuis près de 17 ans et n'ai jamais été élu, je ne recherche rien, sinon la Raison, un éclairage le plus précis pour le monde et un porte-voix à la fois politique, syndical et citoyen pour que notre pays, notre continent, notre monde puisse mieux se porter et progresser.
D'autres  élus, issus de l'aile droite et ont pu trahir le Parti, ou agir de manière totalement inconsidérée, alors ne blâmons pas que des camarades élus venus de l'aile gauche et regardons ce qui est un désaccord sur le fond et sur la ligne politique. Toujours la ligne.


Il est vrai et il est certain, surtout aux vues de comment se porte la Gauche, après une défaite la ramenant à la situation législative de 1893, bien avant les expériences gouvernementales de 1924 et 1936, a besoin d'unité ; mais rassurons-nous sur l'état du mal, chacun et je dis bien chacun a voulu jouer en solo pour ces Européennes, y compris les dirigeants actuels de notre Parti. Tous sont à blâmer pour cette raison.


Objectivement, le Parti a connu des hauts et des bas, mais jusqu'en 1997, il n'était pas si mal géré. Lionel Jospin comme Secrétaire, puis comme Premier-Ministre a su mettre à égalité la Première Gauche et la Deuxième Gauche, qui se querellaient depuis l'arrivée de Michel Rocard au Parti Socialiste en 1974. Et ce qu'il faut comprendre d'Epinay, du Parti Socialiste, 2e mouture (mais en fait c'était à peu près pareil au Congrès du Globe en 1905), c'est que notre Parti a été conçu comme un condominium entre Première et Deuxième Gauches. La marxiste et la socialiste-républicaine. Les deux influences. La Première venant de Blanqui, de Marx et du mouvement ouvriériste et mutuelliste ; la Deuxième venant des socialistes utopiques (Fourier, Blanc, Proudhon) et s'étant structurée en deux temps : avec Jaurès, venu des socialistes indépendants (en somme le courant radical de gauche) et après le Congrès de Tours quand Blum a voulu garder la « Vieille Maison ».


L'apogée et la quintessence de la bonne synthèse s'est située et s'est déroulée lors du Gouvernement de Lionel Jospin de 1997 à 2002, Dominique Strauss-Kahn regardait plus Clinton, Martine Aubry elle tenait à un cadre législatif sur les Lois sociales, se rappelant sans doute du bienfait essentiel des Lois Auroux, sur lesquelles elle a travaillé en 1982, comme membre du Cabinet de Jean Auroux. Ils ont fait les 35h. On a eu l'action de Marie-Noëlle Lienemann au logement et de la communiste Marie-Georges Buffet à la Jeunesse et Sports tout en ayant Laurent Fabius à l'Economie et aux Finances. C'était donc possible et ce fut social, sans être libéral sauf pour France Télécom et la signature de l'accord européen de Barcelone sur la libéralisation et donc la privatisation à terme du secteur public de l'énergie.
Et puis Lionel Jospin a voulu mener une campagne de second tour tout de suite, pensant qu'une manière clintonienne conviendrait. Cela n'a pas convaincu notre électorat, manifestement.


Tout s'est déréglé avec notre camarade François Hollande qui a l'ADN centriste, celui de la Troisième Voie, avec une Gauche qui ne ressemble pas à ce qu'est la France : colbertiste, dirigiste, keynésienne, étatiste. Alors que François voyait les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'aile droite du Parti social-démocrate de Suède... Il n'y a eu aucun Travail idéologique.


Dire que seule l'action de Michel Rocard, qu'il faut saluer, là où il est, après la Chute du Mur de Berlin, celle des Etats Généraux de la Gauche en 1993, quand il fut brièvement Secrétaire, a été l'unique pierre à l'édifice post-URSS, post-économies des années 60-80 quand la Division du Travail favorisait à plate couture la Triade... Aujourd'hui et depuis Reagan et Thatcher , le Capitalisme a muté en Capitalisme financier et volatile. Nous, nous n'avons rien écrit. Pas de Capital, pas de recherche sur le Socialisme scientifique pour trouver les armes adaptées contre ce nouveau Capitalisme, rien pour le nouveau Prolétariat précarisé, au chômage de longue durée...


La 3e flèche a perdu de son piquant, durablement pendant ce quart de siècle. Celle des intellectuels.
Il a fallu attendre 2011 et la Troisième Révolution Industrielle de Jeremy Rifkin puis 2013 et le Capital au XXI° siècle de Thomas Piketty pour commencer à avoir de la matière. Mais ne soyons pas trop sévères, en 2000, Jean-Luc Mélenchon et un collectif issus de responsables de la Gauche Socialiste a écrit « Le Nouvel Age du Capitalisme ». Si nous l'avions lu...


Donc on parlerait des chapelles, j'attends de voir les dômes des controverses en sciences humaines et sociales théorico-pratiques. L'aile gauche a fourni du travail, sûrement pas assez. L'aile droite s'est contentée de mimer Clinton, Blair et Schröder...
L'aventure collective, elle se mène aussi en réflexion, pas en cartons de vote de Congrès tous aussi colorés les uns que les autres pour cacher d'une mer d'habits d'Arlequins, l'impuissance du Verbe et de l'Action. Pour partir de l'Idéal pour aller au Réel, il vaut mieux partir d'un existant idéel, cela peut toujours aider !


Bien-sûr qu'un niveau de représentativité tel que celui de la Législative de 1893 requerrait une prise de conscience sur l'unité, que le soufflet était déjà tellement sec qu'il aurait été plus intelligent de partir des Radicaux de Gauche à la France Insoumise. Il est vrai, mais n'oublions pas les cohortes en masse de l'aile droite, que ce soit des dirigeants ou des militants sans mandat partis chez Emmanuel Macron, lacérant la Gauche, comme jamais.


Ce qui prouve que les partis sont mortels et que la Gauche, elle est bien fondée sur l'historicisme de ses idées (marxisme, lutte des classes, dirigisme économique, coopérativisme, mouvement internationaliste et européen; il faut désormais rajouter écologie ), le travail réflexif et théorique qui se doit de devenir concret, pratico-pratique pour répondre aux attentes des ouvriers, des précaires, des chômeurs et des classes moyennes. Nous avons oublié que nous servons en premier les Non-Possédants; de même, comme l'a toujours souligné Pierre-Joseph Proudhon puis Jean Jaurès, il convient aussi de se préoccuper du sort des petits patrons (TPME, PME et PMI), les autres, les grandes patrons peuvent bien se débrouiller, sauf conversion sincère et rarissime, ils n'ont jamais voté et ne voteront jamais pour nous. Nos camarades du PSE en sont fort loin pour beaucoup, de cette réflexion, avec ces termes-là et fondements du débat. Le choix de Frans Timmermans ne correspond pas à ce que nous sommes, en France. Lui serait LREM , dans notre pays; il est de facto au centre-droite.


L'unité est la conséquence des idées (ou autrement dit un programme structuré), pas l'inverse. C'est l'envie de Programme commun qui a poussé le PS et le PC à s'unir en 1972. C'est l'envie de Gauche Plurielle, écologique, très sociale et réformatrice dans le sens mélioratif qui a fait le Gouvernement Rouge-Rose-Vert de Lionel Jospin. Michel Rocard n'en a pas fait moins en unifiant la pensée autogestionnaire du PSU et celle venue de l'aile gauche du Parti social-démocrate de Suède (Tage Erlander, Olof Palme).


L'avenir immédiat et indispensable, ce devra être des Etats Généraux de la Gauche, amenant à des Convergences (FI qui devient plus européenne, le Parti Socialiste redevenant dirigiste économique) et préparant le Programme Commun pour 2022 et 2027. Ensuite, nous verrons bien, mais le 3e parti de l'Histoire de la Gauche, un parti unitaire, qui ne portera pas le nom de parti socialiste, résolument anti-libéral et unifiant socialistes, radicaux de gauche, communistes, insoumis, écologistes, serait une très bonne chose. Ce serait un nouveau 1905, un nouveau 1920 (à l'envers, il va de soi! Mais remarquons à l'époque, l'exaltation de l'aventure communiste) , un nouveau 1971, un nouveau 1972.

jeudi, mai 09, 2019

Ma réponse à Elisabeth (deux ans après)


Je n'ai jamais compris comment on pouvait voir en positif des anti- Jean Auroux, à ceux qui veulent une logique contraire à Léon Blum, à la vision réformatrice sociale et méliorative de Michel Rocard par des coupes, une vision froide de la gestion budgétaire et donc le choix de l'anglo-saxonisme, le choix d'un thatchérisme, même plus ou moins édulcoré.

C'est ainsi que je ne fais pas entrer de loup ou de renard dans la bergerie. Le Ministre de l'Economie, après Montebourg, Emmanuel Macron, mais non plus le Conseiller élyséen pro-City n'ont pas un ADN de gauche. Je mets donc une barrière, une frontière, certes respectueuse avec ces gens-là. Et je ne vote pas pour eux, les gens de droite. En apprenant dans le film dans le film de Patrick Rotman qu'un tel personnage était au cœur du pouvoir, en 2013, j'en fus perplexe puis paniqué.

Les chiffres étaient là, la Crise qui a commencé en 2008, allait durer jusqu'en 2013. On pouvait voir certaines mesures immédiates de redressement, tel Jospin en 1997, pour faire passer l'euro mais aussi déjà, donner une perspective sociale, une nationale à défaut d'une autoroute : hausse du SMIC, 34 heures payées 35.

Il est important de bien s'entourer. En voyant la mine de mes camarades se tordre d'insatisfaction en disant que ce serait Jean-Marc Ayrault, au lieu de Martine Aubry comme Première-Ministre, il y a eu déjà une forme de scepticisme dans une partie de la gauche; et donc en choisissant Jérôme Cahuzac (donc sans faire d'enquêtes internes préalables), bien-sûr en prenant E.Macron, en mettant plus tard Manuel Valls. Il y a eu une ligne dans ce Quinquennat, celui du mauvais entourage.

Je savais donc déjà au premier tour, qu'E.Macron serait la droite néo-giscardienne et néo-thatchérienne, je me doutais de son monarchisme et le Louvre n'a fait que le confirmer. Je n'oublie pas l'insulte faites aux ouvrières bretonnes de Gad, celle du mépris de classe, inconcevable pour un autre ministre dans un gouvernement de gauche;
Je n'ai donc pas pris le chemin des urnes, à l'instar de  2002, ayant eu l'intuition (fausse) qu'il y aurait à l'époque, un gouvernement d'union nationale (temporaire, de 2 ans) en associant gauche et droite car c'est cela qu'il faut quand on fait barrage à l'extrême-droite, on n'est pas élu pour faire sa politique.

Je souriais des électeurs originellement à bâbord, telle cette dame qui se disait de gauche, directrice d'association théâtrale me faisant la leçon sur Benoît Hamon, sur un marché, je lui parlai franchement et lui dit qu'elle pouvait voter centre-droite en dormant tranquillement sur ses deux oreilles.

J'ai vu la volonté d'E.Macron, de se construire un parcours, dès sa première sortie sur les 35 heures, la visite aux universités d'été du MEDEF, j'ai vu qu'il se voulait en candidat préparant au moins 2022. J'ai vu à Lyon, la construction de son équipe, ce ne pouvait être plus clair. Lui, ayant pris en compte, la rupture qu'il a en partie provoqué, mais bien-sûr par également F.Hollande et M.Valls et le Parti, avec un gros morceau de l'électorat de 1er et 2nd tours.

Ayant suivi la pré-primaire avec François Hollande, allant à ses meetings,réunions de travail. Il y avait un mélange en François Hollande, de Jospin, de Piketty et de social-démocrate suédois mettant en priorité l'amélioration sociale. Parfois quelques accents deloriens et strauss-kahniens, mais davantage pour ancrer sa politique dans la durabilité. Jamais dans le blairisme ou le schröderisme, donc.

Là je dois avouer que je me suis trompé. Et lourdement.
Avait-il déjà en tête cela ? Peut-être . A t-il pris en roue de secours son logiciel centriste-deloriste, en cours de route ? Possible .

Emmanuel Macron, ayant vu F.Hollande et M.Valls laminés politiquement après la Déchéance et la Loi Travail, n'a pu qu'accélérer sa course et confirmer dès 2016-2017 son envie. F.Hollande, trop sûr de lui-même a dû penser qu'il retomberait sur ses pattes, tel un chat leste et acrobate, lui le génial politique en campagne. Oui mais pas avec un bilan aussi symboliquement lourd.

J'ai apprécié grandement l'humanité, la personnalité de François Hollande. Il a su ou a pu faire œuvre de bons points. Que n'a t-il attelé Bernard Cazeneuve plus vite ? Que n'a t-il appelé Martine Aubry ?  ; et tant pis pour les piques, puisque son armure était coriace. L'essentiel était l'allant, la ligne, la manière.

Oui il fallait redresser vite, sans pause à l'été mais il fallait donner tout de suite (SMIC réhaussé fortement, 34h payées 35 donc une hausse de salaire de fait). La crise grave qui continuait le requerrait. Oui il fallait revoir la fiscalité mais trancher probablement sur le maintien au moins un temps de la hausse de la TVA (et voir après).
Ne jamais oublier que la finalité de la gauche, c'est quand même , à la fin changer le monde et que le socialisme n'est que de la révolution en tranches (Léon Blum) et/ou comme disait Olof Palme s'attaquer à deux problèmes seulement par mandat mais les traiter à fond.

Rassembler son camp, toute la gauche, plutôt que de vouloir pinailler. Trouver une ligne tenable, mais sociale et s'y tenir. Ecouter le Parlement et en faire un co-rédacteur des lois, c'était la méthode Jospin, elle ne pouvait qu'être reprise.

Il ne fallait pas penser à soi, mais penser aux autres. Le plus important, ce sont les Idées, ensuite l'Appareil qui est fort et légitime de ces Idées et enfin les personnes dont l'Art personnel sait orchestrer la feuille de route. Avec tout cela, François Hollande se serait représenté. Peut-être n'aurait-il pas gagné, mais la Gauche aurait gardé la tête haute, probablement au second tour face à la droite. Peut-être aurait-il gagné de justesse, donc la Gauche.