A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


lundi, avril 24, 2017

La fin d'une ère, mais le début d'une autre : la gauche et le socialisme

Le dimanche 23 avril 2017 a été un jour, on ne peut plus clair, de défaite de la gauche. Le Parti Socialiste et son candidat, Benoît Hamon, ont été lourdement sanctionnés par le scrutin populaire, avec 6,3%.
La gauche de la gauche, que l'on pourrait désigner par le nom de néo-communiste, soutenue par le Parti Communiste Français, mais aussi le Parti de Gauche, a réalisé, il convient amplement de le reconnaître, un score remarquable avec 19,2%. Ceci représente, si on ne compte pas l'extrême-gauche trotskiste, un total de 25,5%.

POURQUOI Y AVAIT-IL DEUX CANDIDATS ?
Le Parti Socialiste, mais également les Verts et le Parti Radical de Gauche qui soutenaient Benoît Hamon, ont toujours eu des positions pro-européennes ; certes depuis le Référendum de 2005, une partie de la gauche a compris qu'une critique constructive et une étape alternatives devenaient nécessaires. La gauche « non néo-communiste » commence à comprendre qu'on ne peut que sortir du « consensus européen à droite », mais en même temps elle détenait une difficulté légitime à s'unir avec Jean-Luc Mélenchon, eurosceptique et davantage héraut d'un souverainisme modéré.

Le choix personnel de Jean-Luc Mélenchon, au grand dam du Parti Communiste en février 2016, sur une logique de « révolution démocratique » a eu raison des critiques portées par le PCF, qui s'est finalement rallié de peu au tribun de la gauche de la gauche avec 53% en novembre 2016. Jean-Luc Mélenchon avait donc choisi depuis le début la voie de la rupture.

POURQUOI LA GAUCHE A ECHOUE (ET A CE POINT LA) ?
On peut estimer partir du soir du 29 janvier 2017, que la logique social-libérale, d'inspiration schröderienne a été battue en brèche, avec le rejet de Manuel Valls (et donc de François Hollande). De fait, cela a coupé la gauche socialiste des 8 points nécessaires, pour pouvoir espérer être au second tour. Quant bien-même un tout premier sondage avait mis Benoît Hamon entre 17 et 18% pour le premier tour, la réalité pendant longtemps de ce que valait le candidat socialiste tournait autour des 14%.
Cela veut dire que les électeurs socialistes de tendance social-libérale, davantage proches du centre-droite humaniste et modéré d'Emmanuel Macron, devaient représenter ces 8 points, désormais imprenables par Benoît Hamon.
Partons donc de la logique des 14% de Benoît Hamon et donc des 10 à 11% de Jean-Luc Mélenchon, son socle électoral de 2012. Benoît Hamon, si on suit la logique-mais cette élection hors-norme, a cassé la logique habituelle de la V°République depuis 1974-aurait pu atteindre cette ligne de 14%. La dynamique du candidat socialiste/écologiste/radical de gauche a été sacrément ralentie par le lâchage d'une partie des personnalités du PS qui n'ont pas tenu leur engagement de la Primaire et donc le « vote utile » a joué à plein pour Jean-Luc Mélenchon. En outre, l'image globale du Parti Socialiste est désastreuse auprès des électeurs de gauche.

Ainsi, Benoît Hamon a porté, malgré lui, le bilan de François Hollande, pour le moins, contrasté. François Hollande a porté des mesures de fond qui ont porté leurs fruits (éducation, questions sociétales, santé, défense) mais d'autres, largement insuffisantes du point de vue socio-économiques (CICE, loi Macron 1, hausses d'impôts très fortes sur les classes moyennes et le haut des classes populaires). Le président sortant a pêché par un fort manque de lisibilité, en franchissant des lignes rouges, normalement infranchissables dans une logique socio-culturelle de la gauche française : la déchéance de nationalité pour les bi-nationaux, heureusement abandonnée, signifiait « on abandonne l'égalité entre citoyens et on discrimine, par rapport à l'origine et une double-nationalité, alors que traditionnellement un criminel français est un criminel français, géré par la justice et le système pénitentiaire français, ce jusqu'à la fin de sa peine, peu importe le fait qu'il ait une double nationalité». La peine qui existe, en cas de trahison à son pays, est celle de l'indignité nationale.

L'autre franchissement de ligne rouge qu'a produit, François Hollande et qu'a dû assumer de facto Benoît Hamon, est la Loi El Khomri. Pour la première fois , depuis la période contemporaine et la naissance du socialisme (vers les années 1820), en France, un dirigeant socialiste a émis une position libérale-économique concernant la question du Code du Travail et finalement du rapport entre l'employé et le patron. La gauche a toujours porté l'idée qu'un jour, l'égalité employé/patron doit advenir, or avec cette loi d'inspiration schröderienne (qui n'est pas partie prenante de la socio-culture majoritaire de la gauche française), François Hollande a tranché du côté du patronat et du MEDEF.
On peut ajouter que demeuraient de manière indélébile les nombreux cafouillages gouvernementaux et l'affaire Cahuzac, dans la balance de ce bilan du quinquennat Hollande.

L'image du Parti Socialiste, quant à lui, a desservi fortement Benoît Hamon. Ce parti a montré depuis une vingtaine d'années, une image de parti sclérosé (technocratisation hors-sol d'une partie des élus nationaux, baisse record des adhésions dans un parti censé représenter le peuple et représentant ainsi de moins en moins les Français,...). Le Parti s'est éloigné des préoccupations des classes moyennes et populaires. Enfin, le Parti Socialiste n'a pas daigné élaborer de la pensée philosophique et idéologique nouvelle et cohérente, depuis la Chute du Mur en 1989, or c'est le rôle d'un parti intellectuel de gauche tel qu'est le Parti Socialiste. Ce parti tournait donc à vide depuis près de 25/30 ans. Il a fallu attendre le frémissement de la Primaire, pour revoir une idée nouvelle et forte quant à l'organisation sociale, le Revenu Universel, mais peut-être pas suffisamment cadrée à temps pour marquer la majorité des esprits des gens de gauche.

POURQUOI Y A T-IL MATIERE A ESPOIR ?
Reconnaissons que les 19,2% de Jean-Luc Mélenchon et l'arrivée en 4e position, limite 3e position, démontre que la gauche claire et nette, attire du monde et n'est pas du tout un signe d' « archaïsme ». Il est vrai que notre pays, pays de la Révolution Française, des Ateliers Nationaux de 1848, de la Commune et des Congés Payés de 1936, ne peut se résigner à un paysage politique partagé entre les 3 droites : la modérée et libérale, la réactionnaire, l'extrême-droite nationaliste. Il existe définitivement de la place pour la gauche dans une assemblée et un gouvernement.

QUELLES PEUVENT ETRE ET DOIVENT ETRE LES PERSPECTIVES POUR LA GAUCHE, DESORMAIS, APRES CE 23 AVRIL 2017 ?
L'ère du 2e Parti Socialiste, celui d'Epinay depuis 1971, semble à jamais révolue et les citoyens ont acté qu'il convenait de tourner une page, dans l'histoire de la gauche française. Qu'en sera t-il d'une future formation à gauche ? Une page blanche est à écrire.
Les communistes, les écologistes et les socialistes vont pouvoir, et ce sera préférable, discuter ensemble pour refonder la gauche, en se mettant d'accord sur les questions sociales, économiques, écologiques mais aussi sur l'Europe, car la gauche historiquement est internationaliste. La gauche a bien souvent mis en avant la paix et le mieux-disant social, pour le monde entier et recherché des constructions continentales et internationales. La période qui s'ouvre, va être passionnante politiquement.

mercredi, mars 29, 2017

Nouvelles perspectives, nouvelle gauche, pourquoi je soutiens Benoît Hamon et je m'offusque du refus d'une ligne claire

Il y a déjà près de deux ans, après la lassitude, après la tentative de me dire "Bon, il faut savoir faire des compromis, la trésorerie des PME est vraiment dans des états peu enviables" ou "mais bon, nos députés vont trouver la voie médiane et juste, celle de la responsabilisation [comme la proposition de Pierre-Alain Muet, qui a demandé des contreparties au patronat, pour le CICE]", je me suis dit que l'on avait fait le Congrès du Parti Travailliste britannique de 1994, sans nous le dire.
Là, ça n'est pas passé. Ni la position apeurée et non assumée (agaçante, pas crédible et offensante) de laisser la discrimination pour le don du sang, au lieu de stocker 3 mois, après les batteries de test, pour tout le monde, pour éviter tout danger de contamination.
Et encore moins la Loi Travail et la tentative d'introduction de la déchéance pour les bi-nationaux (je suis pour l'indignité nationale sans distinction de ressortissant mono-national, bi-national ou pluri-national, comme la loi le permet déjà).

J'avais mis un trait à mon engagement dans ma maison philosophique, à laquelle j'étais viscéralement attaché, car "la religion de l'Humanité" comme le dit Pierre Leroux, philosophe français du XIX° siècle, du socialisme, sans que je le vois comme une chapelle pontificale dotée d'une Infaillibilité dogmatique, au grand Dieu, non jamais. Ceci demeure pour moi un Pilier de philosophie fondamental tel qu'un monument livresque: comme un "Eloge de la folie" d'Erasme, un "Discours de la Servitude volontaire" de La Boétie, un "De l'Esprit des Lois" de Montesquieu ou bien encore une "Critique de la Raison pure" d'Emmanuel Kant: une référence philosophique incontournable, telle l'idée de la République l'est également. Sans toutefois s'interdire la critique et à la capacité à reconstruire encore et encore la Maison.

Les Primaires m'ont éveillé, mis loin de mon sommeil engourdi du milieu militant et la victoire de Benoît Hamon, même si j'ai soutenu Arnaud Montebourg, m'a ravi. Pourquoi? Puisque, pour la première fois depuis 1989, et même depuis 1993 et les Etats Généraux de la Gauche en France, on a repensé le socialisme et même le socialisme écologique, pouvons-nous dire désormais.
Le débat peut prendre place à partir de ces dernières semaines, et il n'est pas fini. Les travaux de l'esprit et du concret sont loin d'être achevés! C'est une excellente nouvelle que cette ré-ouverture du Grand Livre de la philosophie socialiste !! ^^ (Analogie à la Bonne Parole, "eu vangelos" ou à la ré-ouverture de l'Ijtihad: interprétation des Ecritures; sauf que là, c'est l'Homme et lui seul qui écrit, pour sa Liberté et son Emancipation).

Je peux comprendre qu'on n'accroche pas à Benoît Hamon. Toutefois l'essentiel est en jeu: la République elle-même (contre les forces obscures de la réaction et du repli nationalistes ou de la réaction hyper-conservatrice), sa rénovation (la VI° République salutaire, avec la V° République plus que maladive) et l'affirmation que la gauche/écologie est de gauche et pour la Transition énergétique et écologique.
Je n'ai jamais été du soutien précoce et massif, ou encore grandiloquent aux Frondeurs. Je préfère le "linge sale lavé en famille" et le compromis clair et juste avant le vote des Lois. Seulement, disons-le franchement, et clairement. Manuel Valls n'a jamais laissé place au moindre jeu entre deux cloisons à un début de compromis avec tous les membres Député-e-s de la Majorité législative. Or c'est son erreur fondamentale de leadership. A gauche, on se soumet volontairement et par Raison à la discussion, quitte à ne pas avoir la main et Ensuite, seulement ensuite, on applique la solidarité à la décision prise par le Parti et conjointement par le Gouvernement/Assemblée. C'est comme cela que ça marche dans tous les Partis Sociaux-Démocrates/Socialistes des démocraties dans le monde, il n'y aucune raison que le PS français, y sursoit. Le caporalisme n'a pas lieu d'être à gauche, tout Citoyen est égal à un/e Député/e, tout/e Député/e est égal/e à un/e Ministre. La Raison fait ordre et classification, c'est suffisant, entre adultes responsables. Seulement avec la Loi Travail, qu'on le veuille ou non, élus, citoyens sympathisants socialistes, François Hollande a singulièrement dévié de son programme et sa ligne de 2012, avalisée par le Parti. Il fallait la Dissolution et tant pis si on perd le pouvoir. On n'a pas le Pouvoir pour le Pouvoir, surtout pour ne pas en faire plus que le minimum correct moins les difficultés. Le bilan est passablement honorable, mais en deçà largement du "très correct". Certes, les résultats sont très difficiles à obtenir, certes il n'y a pas de baguette magique, mais respecter au moins la sincérité.:

-"Bon très bien, je me suis lourdement trompé avant 2012, je pensais que nous étions encore dans un cycle de croissance à venir, dans un modèle néo-industriel de la 2e génération bis [celle d'après 1945]; les finances et l'état économique sont à un point tel qu'il faut voir ce que nous devons faire, sans toutefois s'attaquer au Code du Travail, car les problèmes ne sont pas là; en revanche s'acheminer vers la priorité des PME et TPE qui forment 80% de notre tissu industriel et assumer face à l'Allemagne de faire une pause des Traités. Sauf si l'Allemagne veut prendre en charge la moitié de notre budget militaire, Nous qui sommes la Première Puissance militaire de l'UE et donc l'Egale de l'Allemagne. Je dissous donc l'Assemblée nationale et j'en appelle à une Assemblée bicamérale: une Convention pour préparer une Nouvelle Constitution, que je ferai mettre en place, après référendum (dès l'automne 2012) et une Assemblée des affaires courantes qui s'attardera sur uniquement la Réforme fiscale et bancaire ainsi que sur le Mariage Pour Tous+ PMA, avant la dissolution d'ici un an".

Voilà le discours de Vérité que j'aurais voulu entendre de mon Président et camarade François Hollande. Il a préféré Venise, ses tentations et ses Masques du Mentir Vrai. Comédie réaliste, colorée, mais quelque peu guignolesque. C'est bien dommage. Cela n'enlève rien à la partie de son bilan positif, qui existe, mais qui représente moins de 50% de la valeur de son Quinquennat. Soyons honnêtes et lucides. Sinon, lui-même n'en aurait pas tiré les conséquences, ce jeudi 1er décembre de l'année 2016, après avoir vécu pourtant et tenu face à la guerre au Mali, en Centrafrique et trois tragiques attentats de masse, qui ont endeuillés et fait verser le sang dans notre pays.

La gauche a besoin de se reconstituer, la trahison de Manuel Valls, qui était attendue depuis plusieurs semaines, quitte à se dédire de sa parole "Je serai loyal à mon engagement pris lors des Primaires", montre bien qu'un nouveau Parti à la fois socialiste, écologiste et communiste, peu importe le nom est nécessaire. Et l'on voit bien que la nouvelle droite,la ligne d'Emmanuel Macron, ne peut servir de cœur de ligne à ce Parti. Si les baisses d'impôts sont le cadeau faits aux classes moyennes et populaires comme redistribution du pouvoir d'achat, la rançon de cela c'est la rigueur libérale (austérité à la française, mais comment pouvoir penser cela, alors que nos Services publics nationaux comme territoriaux répondent à de vrais besoins qui sont croissants? Certes, on peut rationnaliser les coûts, on peut trouver des équilibrages, mais on ne peut rogner sur l'essentiel; cela pose la question du fédéralisme en France d'ailleurs, pour ne pas citer une de mes marottes, pourtant , je pense, indispensable à notre pays. La Fédération des Communes ou des Collectivités, associée à un Nouveau Contrat Social démocratique et  est une idée juste, je le pense depuis que j'ai travaillé sur Pierre-Joseph Proudhon).
J'affirme qu'il faut donc la clarté, une Ligne Claire. Non pas Bad Godesberg ou Blackpool (Premier Congrès travailliste en octobre 1994, depuis l'élection de Tony Blair à la tête du Labour en juillet 1994). Mais Glasgow, le retour aux fondamentaux (comme celui de l'Ecossais et syndicaliste Keir Hardie , fondant le Parti Travailliste d'Ecosse en 1888, résolument non-révolutionnaire, radicalement socialiste et parlementaire).
Que l'Europe est une perspective internationaliste nécessaire et juste, que le chemin que suivent Martin Schulz avec le SPD, Jeremy Corbyn avec le Labour, Antonio Costa et le gouvernement de gauche au Portugal, ou même encore Pedro Sanchez au PSOE et Pablo Iglesias avec Podemos et bien-sûr le chemin tracé par Bernie Sanders aux Etats-Unis,  sont les ponts que nous pouvons et que nous devons construire pour un monde plus juste.

Ce sont donc pour ces raisons, que je soutiens Benoît Hamon. Parce que Thomas Piketty, Jean Jouzel et Eric de Montgolfier me semblent d'excellents penseurs (et qu'ils le soutiennent). Parce que je crois sincèrement que Jeremy Rifkin a globalement raison avec la 3e Révolution industrielle qui se voudra écologique. Je soutiens donc Benoît Hamon, dès le premier tour des Présidentielles, pour le 23 avril 2017. Je refais mienne la Maison de mes pensées (le socialisme et son Parti), en attendant qu'elle s'élargisse, après travaux et qu'elle prenne une nouvelle forme.