A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


dimanche, octobre 13, 2013

Québec et la laïcité, tout un programme.

Depuis le début du mois de septembre, le Québec, mais aussi par procuration le Canada, vit un débat intense sur l'instauration de la laïcité et davantage encore des modalités d'application de cette laïcité.
Le ministre des institutions démocratiques, Bernard Drainville (Parti Québécois) a présenté publiquement, alors une "Charte des valeurs québécoises". Elle devait s'intituler "Charte de la laïcité" mais il n'en a pas été ainsi. Pourquoi ce terme vague de "valeurs" qui veut tout dire et pas dire grand chose en même temps?
Peut-être en raison du refus du retrait du crucifix de l'Assemblée Nationale, placé par le Premier-Ministre de l'époque, à l'occasion de son premier gouvernement en 1936, Maurice Duplessis (Union Nationale) en raison de son alliance avec l'Eglise catholique.
Ce texte s'appuye sur plusieurs principes: la neutralité religieuse des fonctionnaires (pas de signes dits "ostensibles"), moins de souplesse pour les accommodements religieux, se faire servir par le Service public le visage découvert (pas de niqab dans ce cas-là; il ne s'agit pas d'une interdiction à proprement parler du niqab), non-neutralité religieuse des élus et permet une clause d'exception pour les municipalités (on a annoncé vendredi 11 octobre qu'elle n'existerait qu'une seule fois sur cinq ans). Il y aura aussi des exceptions pour les universités (notons qu'en France, la loi sur les signes religieux de 2004, ne concerne pas l'université).

Québec Solidaire a présenté ces derniers jours, sa version de la Charte, qu'elle a intitulée "Charte de la laïcité" qui ne demande la neutralité religieuse que pour les juges et les policiers provinciaux et le Service à visage découvert.
La CAQ, depuis le début a toujours eu cette position similaire à Québec Solidaire, mais en y rajoutant les enseignants du primaire et du secondaire, qui possèdent une autorité mais non coercitive auprès des élèves.

Ce débat est issu d'un processus commencé en 2007, par le Premier-Ministre québécois de l'époque , Jean Charest (Parti Libéral du Québec) avec la "Commission de consultation sur les accommodements reliées aux différences culturelles" dite Bouchard-Taylor du nom des deux présidents: Gérard Bouchard et Charles Taylor, puisqu'en 2006, il y avait eu une polémique sur la demande par certaines personnes juives orthodoxes d'accommodements jugés "irraisonables"  Le débat était lancé:
Est-ce que le Québec est un territoire comme les autres en Amérique du nord, qui laisse faire tout ce que le droit peut laisser faire, en ce qui concerne l'expression religieuse, donc est-ce que le Québec suit le modèle nord-américain et ainsi anglo-saxon du communautarisme?
Ou bien est-ce que la spécificité francophone et française du Québec n'a pas aussi à s'exprimer dans ce cadre-là: que le Québec a vocation à intégrer les immigrants et les différences en son sein et ce que ces personnes-là s'adaptent au mode de vie majoritaire des gens? Par mode de vie majoritaire, il faut entendre, une société davantage athéisée et agnosticisée que le reste du Canada et de l'Amérique du nord.
En effet le droit criminel, la Charte des droits et libertés canadiennes sont d'influence contractuelle britannique. L'esprit anglo-saxon fait primer la liberté sur tout, car c'est le socle et l'assurance pour la société démocratique de ne pas être brimée par quelque autoritarisme que ce soit.
L'esprit britannique et anglo-saxon est donc beaucoup plus jurisprudentiel. Tandis que le droit civil au Québec est inspiré de celui de la France (rappelons que le Code Civil français est une compilation de la tradition juridique française depuis le XII° siècle, avec un aspect jacobin-centraliste issu de la Monarchie de droit divin) et la tradition au Québec suit davantage l'appel à la Nation libre et indépendante, universelle qui assure à la fois liberté et égalité devant la loi (finalement ce que dit Rousseau dans son "Contrat social"), la preuve en est, la révolte des Patriotes était appuyée sur ce type d'idées (globalement celles des Lumières).

Et ce débat sur la Charte, finalement, continue ce questionnement. Il est tout à fait compréhensible que beaucoup de Québécois estiment que par leur localisation et l'influence environnante, ils se réclament davantage du modèle nord-américain. Après tout, cela fait 250 ans que le Québec a évolué dans ce moule et il en ressort différent de ce qu'il était avec la gestion directe de la Monarchie française (la Nouvelle-France était une province française à part entière, telle la Normandie dans la Métropole) et c'est pour cela, que le droit social n'est pas le même, qu'il existe le lock-out, alors qu'en Europe et en France cela est interdit. Après tout, le Québec vit bien ce système-là, les Québécois de fraîche date s'intègrent plutôt bien dans le Québec et le Canada. Reste le problème de la langue, mais les enfants de ces personnes seront francophones, il n'y a aucun doute là-dessus.
           On peut dire en revanche qu'il est normal que le Québec spécifie son caractère distinct car je le rappelle le droit civil français n'est pas le même que dans le reste du Canada, il est beaucoup moins jurisprudentiel et les juges et les citoyens du Québec ne veulent pas que la Cour Suprême intervienne dedans. Ce serait une remise en cause du "Quebec Act" de 1774 qui reconnaissait déjà la double culture du Québec. Or, même si ces idées-là disparaissent peu à peu, le Québec est bien une société à part en Amérique du nord, car seul Etat fédéré autonome dont la seule langue officielle est le français.
Rappelons qu'une langue, c'est aussi une culture et une mentalité qui s'expriment à travers le langage.
Il existe donc bel et bien un esprit "francophone" ou "français" (c'est-à-dire "de langue française") qui est commun au Canada français, à la Suisse romande, au Sénégal, à la Belgique wallonne, à la France,... qui se fonde sur l'universalisme, que l'égalité est aussi importante que la liberté (il y a pondération entre les deux), que les citoyens doivent connaître le même traitement et sont soumis à la même loi, aux mêmes droits et aux mêmes devoirs, quelle que soient leurs convictions, confession ou origine. Qu'ainsi le vivre ensemble demande un petit peu d'uniformisation, dans certains domaines au moins.

Ce que je trouve insupportable,conjointement à ce débat qui est légitime, ce sont les excès et les actes xénophobes que l'on a pu rencontrer. Ce n'est pas la Charte qui a provoqué cela, mais une minorité de personnes s'est crue autorisée à se laisser aller et à trouver des boucs-émissaire Quand on voit que des centres communautaires culturels indiens sont taggués, que l'on agresse verbalement une citoyenne canadienne dans le bus à Montréal parce qu'elle porte le voile, qu'on taggue et insulte des candidats aux municipales parce qu'ils ont une religion différente ou qu'ils sont anglophones (Projet Montréal notamment), force est de constater que le dégoût et l'amertume nous viennent à la bouche.
Sans parler du caractère loufoque et discriminatoire de la décision de bannir le turban sikh des terrains de football amateurs au Québec, parce qu'un enfant canadien et québécois de confession sikh et initié (qui porte le turban) voulait simplement jouer au football (soccer au Québec).
Il est insupportable de confondre laïcité et refus de la différence. La laïcité, qui est une notion qui vient de France qui s'est forgée depuis 1881 et "l'école publique, laïque et obligatoire" (les enseignant(e)s religieux ont dû soit renoncer à leur vocation religieuse pour continuer à enseigner, soit laisser la place aux maîtres et professeurs laïcs devant être neutres religieusement et bien-sûr politiquement), la loi de Séparation des Eglises et de l'Etat de 1905, initiée par le radical-socialiste Emile Combes en réaction au militantisme actif de la congrégation des Assomptionnistes et rapportée par Aristide Briand, socialiste indépendant et travaillée entr'autres par Jean Jaurès, socialiste. Cette loi prévoyait la fin du Concordat qui faisait des prêtres, pasteurs et rabbins des fonctionnaires, l'interdiction de financement des cultes par l'Etat, l'Etat qui devient laïc et qui ne doit afficher une option religieuse, mais aussi permet aux religions de s'exprimer tout comme les athées qui sont mis au même niveau. Un règlement de 1936 rappelle la loyauté des fonctionnaires à l'Etat et en 1983 la neutralité religieuse ou politique des fonctionnaires. Cette loi a été soutenue par le coeur des partis démocratiques et parlementaristes de l'époque: les socialistes, les radicaux-socialistes et les républicains modérés (centre-droite), tandis que l'extrême-droite souhaitait le lien avec l'Eglise catholique. La loi de 1905 n'interdit pas le port dans la rue d'habits ou de signes religieux, Aristide Briand disait à l'Assemblée "On ne va pas interdire la soutane!" La liberté d'apparence étant une forme de la liberté d'expression, elle est constitutionnelle.
Cependant la loi civile est bien supérieure à la loi religieuse.
C'est pour cela que les tenants d'une fausse laïcité cachant en fait l'intolérance sont à condamner et que ceux qui pensent que la laïcité est "raciste" sont à admonester, si on s'en tient à la définition stricte de la laïcité:
"Caractère des institutions, publiques ou privées, qui, selon ce principe, sont indépendantes du clergé et des Églises; impartialité, neutralité de l'État à l'égard des Églises et de toute confession religieuse." (Trésor de la Langue Française, CNRS)
"1.Caractère de ce qui est laïque, indépendant des conceptions religieuses ou partisanes.
  2.Système qui exclut les Eglises de l'exercice du pouvoir politique ou administratif, et en particulier de l'organisation de l'enseignement public." (Dictionnaire Larousse)

Libres aux Québécois de décider comme ils l'entendent. Ce choix leur appartient en propre. Je tenais simplement à apporter des précisions sur des choses fausses que j'ai vu, entendu ou lu dans ce débat et aussi m'insurger des actes xénophobes, certes minoritaires mais tellement désagréables dans ce beau pays qu'est le Canada et le Québec.

lundi, juin 24, 2013

Villeneuve sur Lot: Remises en cause, réajustements et nécessité d'un rassemblement à gauche

Le second tour des législatives partielles à Villeneuve sur Lot est passée, l'UMP a gagné à 53%, le FN a obtenu 47% et l'abstention a été forte.
Les électeurs ont évidemment sanctionné le comportement de Jérôme Cahuzac, mais ce n'est évidemment pas la seule raison. Cela fait 9 partielles que la majorité de gauche perd. 9 fois qu'on aurait dû se poser la question du pourquoi.
Les gens ne font plus confiance ou pas réellement dans le personnel politique, même si bien-sûr la majorité travaille beaucoup, ne commet aucun acte répréhensible et qu'il y a une propension facile à la critique quand on n'est pas aux manettes. Il y a toujours eu un différence entre la théorie et la pratique: voir comment c'est de gouverner et gérer, c'est toujours autre chose...

Tout de même, il y a pas mal de choses à dire sur l'action du gouvernement, un certain nombre de critiques peuvent être énumérées: la contradiction sur la TVA, peut-être qu'il fallait la mettre en place (et encore...) , mais à ce moment-là comment justifier le fait qu'on l'a combattu ardemment, on l'a annulée au Parlement et 6 mois après on la remet en place, même si bien-sûr, il y a eu quelques jalons pour l'équité. Il n'empêche, c'est un flagrant déli de contradiction pure et simple.
Deuxième point noir : Florange. Le moins que l'on puisse dire est qu'il y a eu un problème de ligne :
François Hollande était plutôt du côté d'Arnaud Montebourg pour la nationalisation temporaire, en tout cas, il n'a rien fait contre lui. Cependant Jean-Marc Ayrault n'a pas suffisament consulté Arnaud Montebourg pour se mettre d'accord sur la ligne à adopter, le laissant annoncer qu'une nationalisation était possible et deux jours après, le Premier-Ministre qui parle juste d'aménagement du plan social et d'un hypothétique plan d'innovation Ulcos.
Sur ce point précis, Arnaud Montebourg avait raison et Jean-Marc Ayrault aurait dû se rendre à la conclusion que le ministre du Redressement Productif était sur la bonne voie et accepter de supporter l'intérêt général: celui du caractère stratégique de l'innovation dans la sidérurugie.
Enfin , 3e point noir et le plus important, à mon avis, celui qui est le plus symptomatique du recul, c'est le fait que l'on ait décidé de ne pas faire la «révolution fiscale».
En effet, c'était le point central de François Hollande depuis 2010, François Hollande a en partie gagné les Primaires socialistes et radicales sur ce point (en plus de la jeunesse). François Hollande étant certainement l'un des meilleurs fiscalistes de France, c'était clarissime comme démonstration.
On pouvait amender un peu avec les propositions de Thomas Piketty et de Philippe Aghion, mais la «révolution fiscale», c'est du solide et c'est le grand levier pour permettre un vrai changement. La ligne de François Hollande 2010-2011 est toujours aussi bonne.
Très logiquement, il fallait davantage préciser les modalités de la révolution, au-delà de la fusion IRPP/CSG, du caractère progressif, de la disparition en partie des niches fiscales (pour qui ? Comment?), mais il n'en demeure pas moins que c'est L'idée pertinente et adéquate. Idée qui permet d'investir dans le Logement passif, secteur qui permettra de créer 600.000, ce n'est pas une paille quand on est à plus de 10% de chômage et 0% de croissance.
C'est très bien que le député Bruno Le Roux souhaite qu'on la mette en place .

Ce que les gens attendent, ce sont des résultats économiques. Oui, cela demande du temps, mais il semble que certains choix vont vers l'attentisme et cela est insupportable pour de plus en plus de Français.

Autre point véritablement nécessaire et que l'on laisse de côté, c'est l'importance du rassemblement de la gauche : radicaux, verts et communistes. Même si le PS possède la majorité absolue, elle ne sera pas éternelle et il semble qu'elle ne tiendra plus longtemps. La majorité absolue est tout à fait conjoncturelle et une élection ne ressemble pas à une autre. Ainsi, il eut été nécessaire devant la situation particulière à Villeneuve sur Lot de présenter un candidat commun, quitte à ce que le PS laisse la place. Que le PS ne prenne pas peur, ce n'est pas demain que le PRG, EELV ou le Parti Communiste sera le premier parti de gauche, donc le PS n'avait et n'a rien à craindre de l'union de la gauche. Nous sommes en effet différents, nous avons des desaccords, mais nous pouvons tous les dépasser. Un effort à produire semble nécessaire. C'est peut-être difficile, mais c'est impératif.

Le gouvernement, même si ce n'est pas complètement partagé, a produit de très bons textes ou lois : première introduction de la pénibilité pour les longues carrières (retraite à 60 ans pour les longues carrières, pour les personnes nées de 1950 à 1952) en juin 2012, le texte sur le Mariage pour tous et l'Accord National Interprofessionnel qui est, oui, est contesté en partie, mais qui donne le droit à la mutuelle complémentaire pour tous, l'accès des représentants du personnel dans les C.A et le renforcement de la formation tout au long de la vie qui appelle à l'élaboration future d'une Sécurité Sociale Professionnelle.

jeudi, juin 20, 2013

Contribution d'ERASME

ERASME (Évolution, Réforme, Avenir, Socialisme, Mouvement, Europe) est un courant du Mouvement des Jeunes Socialistes depuis décembre 2003. Le courant ERASME a publié une contribution, intitulée  "Les jeunes, fer de lance du socialisme du 21ème siècle"  à l'occasion du Conseil National du Mouvement des Jeunes Socialistes du 22 juin 2013:

           « Les jeunes, fer de lance du socialisme du 21ème siècle »

La gauche est au pouvoir. Les jeunes n’avaient jamais connu cette situation, quand nos rêves, nos idéaux, nos valeurs, transforment la société et le pays en profondeur, pour longtemps. Il ne s’agit pas tant de comprendre le réel mais d’agir, pour plus de croissance, plus de justice, plus d’emplois, plus de droits, plus de solidarité, plus de démocratie, plus de liberté, au quotidien, pour notre avenir. Depuis un an le gouvernement socialiste a réformé, mais l’heure n’est pas encore au bilan. Il faut pourtant déjà réinventer un projet pour la suite du quinquennat. Dans un contexte de montée de l’extrême droite, de radicalisation de la droite et de l’extrême gauche, mais aussi d’attentes fortes de nos concitoyens, il faut prioriser nos politiques.
I- L’Europe : le combat socialiste
Le 17 juin 2012 Jérôme Cahuzac était élu député avec 61% des voix, un an après le FN est seul face à l’UMP. Le FN est le seul parti, malgré l’abstention record, à augmenter son nombre de voix. Cette situation dépasse le simple cas Cahuzac, et est le symbole d’une poussée anti-européenne. Dans tous les pays touchés par la crise, les partis anti-européens gagnent des voix. La seule réponse doit être une démarche d’union des socialistes pour les prochaines élections européennes. Ne reproduisons pas le triste spectacle du PS avec sa convention Europe. Le Congrès du MJS doit être celui d’une vision européenne, pour plus de démocratie, plus de justice, tout en allant vers un fédéralisme européen.

Le fédéralisme peut et doit être pensé comme une perspective de long terme dans l'UE, il ne faut pas oublier l'immédiat et une politique alternative européenne pour endiguer la perte du sentiment optimiste européen qui est réel et profond. Cela passe par un rééquilibrage du couple franco-allemand en élargissant à d'autres pays (Italie, Espagne, Belgique,...), et en fondant un vrai gouvernement économique (pilotage et décisions de la zone euro par les gouvernements) avec une réforme des statuts de la BCE et une mutualisation en partie des dettes nationales dans une dette européenne. De même que la structuration européenne passe par un approfondissement de l'Europe de la Défense avec la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, mais aussi la Pologne beaucoup plus sensibilisée désormais à ces questions (cela renforcera le poids de l'Europe dans l'OTAN).





II- Repenser l’Éducation 
La réforme des rythmes scolaires est le symbole de l’ouverture de l’école sur la société (nouveaux rythmes de vie, pédagogie adaptée, etc.). Nous devons avoir une vision socialiste de l’utilisation de ces heures libérées. Le programme du PS en 2011 prévoyait des interventions en milieu scolaire dans le cadre de la lutte contre les discriminations, les maires socialistes peuvent désormais le faire.
Le projet socialiste d’éducation doit désormais se tourner vers une réforme en profondeur de la structure éducative. L’Ecole doit devenir obligatoire de 3 à 18ans. Les cycles scolaires doivent être repensés sans nécessairement coller au découpage actuel (primaire, collège, lycée), en intégrant des enseignements généraux et techniques pour revaloriser ces filières.
Autre point noir, le redoublement provoque aujourd’hui un décrochage scolaire massif. La France est le premier pays de l’OCDE en terme de redoublements. Alors que les élèves de 15ans concernés sont 13% en moyenne, ils sont 38% en France. Le constat sur le redoublement est sans appel, l’ensemble du monde éducatif condamne ce système qui cumule de nombreux défauts. C’est un facteur de très forte démotivation, de perte de repères en plus d’être inefficace et extrêmement coûteux. On l’estime à environ 2 milliards d’euros, une somme qui pourrait permettre d’accompagner les jeunes en difficulté, aider à l’orientation, etc. Au delà du redoublement, le décrochage scolaire devient de plus en plus un décrochage social. Face à se constat, l’Éducation Nationale doit abandonner la politique du chiffre. Absentéisme, taux de réussite, système de notes, … doivent être laissés de coté pour privilégier le lien entre le jeune et la société.
La suppression du redoublement devra s’accompagner d’une refonte profonde du système d’évaluation (suppression des notes, etc.). Dans ce domaine, les jeunes socialistes doivent choisir l’audace, être à l’avant-garde.
- La gauche doit lutter contre la précarisation massive des personnels !
L’Education Nationale compte un nombre conséquent de professeurs contractuels. Ce chiffre s’est fortement accru sous la droite pour compenser la suppression massive de postes. Ces personnels s’investissent avec sérieux et passion dans leur métier alors qu’ils sont mal considérés par certains collègues et l’institution qui abuse de ces contrats précaires. Le gouvernement Fillon a fait voter la loi du 12 mars 2012 qui vise à la titularisation de ces personnels. Le ministère s’est employé à faire appliquer cette mesure par le biais de concours réservés ou examens professionnels. Les critères particulièrement contraignants ont éloignés beaucoup de candidats éligibles et même écartés des admis. Cette situation est inacceptable quand on sait le besoin massif d’enseignants durant ce quinquennat. Cette formule est aussi un moyen de pallier à la crise de vocations qui n’est pas prêt de se résorber malgré des annonces positives sur la formation notamment. La mastérisation a amplifié cette baisse des vocations. On doit faciliter la titularisation de ces contractuels par des commissions composées d’inspecteurs et de professionnels aptes à juger ces enseignants. Certains de ces contractuels sont inspectés et les rapports écrits constituent leur dossier. Il faut accélérer ces titularisations et ne pas accumuler des contraintes qui peuvent décourager.
Les socialistes ont abandonné les réflexions sur l’université et la recherche, il faut reprendre la main sur ces questions. Plus qu’une question de moyens et d’autonomie, nous devons surtout nous intéresser à l’organisation du supérieur et aux méthodes pédagogiques. Il n’est plus question de bricolage, mais de refonte complète. A quand l’intégration des classes préparatoires dans les universités ?

III- République de libertés
La perte des repères citoyens et démocratiques doit être l’occasion de réaffirmer les valeurs républicaines, fondées sur un idéal de liberté et qui ont besoin désormais d’exemplarité.
Alors que le système opaque du sarkozisme s’effondre sous les yeux de citoyens incrédules quand ils ne sont pas révoltés, chaque organisation, chaque détenteur de l’autorité public, chaque citoyen doit être exemplaire. Il y a des brebis galeuses dans toutes les organisations, le cas de Jérôme Cahuzac l’a rappelé. Nous devons être vigilants d’abord envers nous-mêmes et notre organisation : exemplarité et transparence ! Soutenons le Président de la République face des parlementaires parfois trop frileux.
- Non-cumul des mandats : il faut restaurer la confiance
Au moment où les patrons s’engagent à limiter le cumul des mandataires sociaux dans les entreprises quotées, il n’y a plus que la politique où le cumul des pouvoirs est possible. Le non-cumul des mandats faisait partie des promesses de François Hollande lors de son élection. Certes, aujourd’hui la priorité des Français reste, très logiquement, l’emploi, mais nous avons besoin de restaurer la confiance. Le non-cumul des mandats permettra déjà de renouveler nos représentants, cela permettra un vent d’innovation sur la vie politique. De plus, en ce qui concerne le cumul dans le temps, il entraîne souvent une forme de routine. L’élu(e) devient moins efficace, moins innovant, or la politique a toujours besoin d’innovation. Aujourd’hui il faut appliquer le non-cumul dès les municipales, afin de faire de ces élections la première marche vers une vraie rénovation du système politique. Demandons au PS de refuser les investitures de parlementaires pour les présidences de communautés de commune, les mairies et les mairies d’arrondissements.
- Droit de vote des étrangers : soyons moteurs !
Comme nous l’avions promis lors de la campagne présidentielle, nous devons porter aujourd’hui le droit de vote des étrangers aux élections locales. Ils contribuent à la création de richesses, ils contribuent à la vie de la nation, c’est normal qu’ils aient le droit de participer au processus démocratique. Nous ne devons pas nous cacher derrière la peur du vote du Parlement sur ce sujet, nous devons être moteurs, innovants, nous devons forcer le changement. Mais nous devons aussi avoir conscience que si une majorité des 3/5ème n’est pas réunie pendant cette législature, et que cette question est sanctionnée par un vote négatif au Congrès, le droit de vote des étrangers sera alors condamné et pour longtemps. Sur ce terrain, les jeunes de gauche mais aussi souvent de droite sont plus ouverts que les autres. Lançons une pétition nationale transclivages des organisations de jeunesses pour mettre la pression sur les aînés de droite, de l’UMP tentée par l’idéologie frontiste.

- Continuer la modernisation de nos institutions
Il est aujourd’hui nécessaire de réformer en profondeur le Parlement. La succession d’élections partielles montre la limite du scrutin uninominal. En ce qui concerne le Sénat, qui a montré une certaine sérénité dans ses débats, le scrutin indirect doit être conservé, tout en abaissant le seuil d’élection proportionnelle à 3 sièges, et en révisant le corps des grands électeurs. De la même manière, il n’est pas acceptable que le Conseil Constitutionnel ait un tel pouvoir, sans aucune légitimité démocratique.
Notre organisation territoriale doit être revue. L’approfondissement de la carte intercommunale pour mailler entièrement, et avec cohérence, le territoire est une priorité. Les communes doivent déléguer, après concertation, de plus en plus de compétences lourdes financièrement mais essentielles pour les citoyens (social, culture, etc.. Le maillage intercommunal est la première étape vers la suppression des conseils départementaux d’ici 30ans. Le renforcement des régions sur les compétences économiques, de l’emploi et de l’aménagement, parallèlement à un transfert des compétences sociales aux intercommunalités, doivent être programmés. Une réflexion sur la gouvernance des collectivités territoriales doit s’engager dès aujourd’hui pour libérer le débat politique dans les assemblées locales, et redonner du pouvoir aux élus locaux.
- Ruralité :
Les territoires ruraux ne doivent pas être résumés à des territoires agricoles et doivent être aménagés de manière raisonnée et concertée. A ce titre cet aménagement englobe la problématique de la cohérence et de la complémentarité entre les espaces urbains et ruraux.

L’abandon de certains territoires par les services publics doit être contré dans le prolongement de l’engagement présidentiel d’un temps d’accès réduit aux services d’urgence. La désertification médicale n’est plus tolérable, les maisons de santé ne suffisent plus, un plan d’installation dans les territoires abandonnés doit être lancé. Autre service public en souffrance, la gendarmerie : il ne peut y avoir moins de trois représentants des forces de l'ordre en activité dans un canton de 20000 habitants par exemple.

Il faut développer les transports collectifs (urbains et interurbains) en cohérence avec les territoires (inutile de faire une ligne de bus avec 6 voyages/jour entre les pittoresques villages drômois de Piégros-la-Clastre et La Chaudière par exemple.

- Soyons en avance sur les questions de société
La gauche a toujours entendu la sécurité dans un cadre de libertés et de développement des libertés. Aujourd’hui les socialistes doivent poursuivre ce chemin en prenant des sujets très divers, qu’elle ignore.
Dans le prolongement du débat de l’avancée des droits et des libertés, incarnée par la loi sur le mariage pour tous, il est aujourd’hui nécessaire de reconnaître la transphobie et l’homophobie, en reconnaissant plus facilement le caractère aggravant d’un acte violent motivé par ces discriminations. En amont, il est nécessaire de lancer un grand plan de lutte contre toutes les discriminations.
Sur la question du cannabis, la légalisation permettrait de mieux lutter contre les trafics et d’organiser une réelle prévention des risques chez les jeunes.
Sur la question de la prostitution, qui est un fait de société inévitable générateur de violences, quand elle n’en est pas la conséquence, la protection sanitaire et sécuritaire des personnes prostituées est un défi de notre société, plutôt que de nier le problème en l’éloignant pour la faire disparaître.
IV- Une fiscalité et une économie au service de l’emploi
La relance de notre économie ne passera que par un État moteur, ayant les moyens de son action. La réduction de la dette, et le retour à l’équilibre des finances publiques sont nécessaires pour retrouver la solidarité nationale et la puissance économique de l’État.
La révolution fiscale que nous prônons toujours, doit se faire sous le signe de la justice. La base première des impôts doit devenir les revenus. Ils sont le seul critère pour déterminer la richesse d’une personne, pour savoir comment elle doit participer à la solidarité nationale et si elle a besoin d’aides.
Il faut ainsi regrouper les impositions existantes (IRPP, CSG, entre autres) dans un nouvel impôt global, prélevé à la source et fondé sur l'intégralité des revenus perçus (quelle que soit leur origine.) Ce système permettra d'imposer l'ensemble des revenus, supprimant de fait la possibilité de recourir à des niches fiscales, créatrices d'inégalités.
Par ailleurs, il est nécessaire de remodeler le barème des taux d’impôt sur le revenu, afin de le rendre réellement progressif. Au final, l’imposition des revenus les plus faibles sera abaissée, ainsi que celle des revenus du travail, alors que les taux d’imposition moyens des ménages les plus aisés et ceux du revenu du patrimoine seront augmentés. Il ne faut pas avoir peur de multiplier les tranches.
Les socialistes doivent enfin avoir une réflexion et un programme sur l’imposition du patrimoine. Ainsi il convient de regrouper en un seul impôt sur tous les biens, les taxes existantes. Son taux doit être modéré et prendre en compte les évolutions de revenus. Par contre, lors des successions, il convient de créer un réel impôt visant à supprimer les héritages au-delà d’une certaine somme, comme le préconise Bill Gates. Cela aboutirait à ne taxer pleinement qu’une seule foi le patrimoine, au moment de la succession.
- Pour une économie compétitive et sociale à plusieurs échelles : France, Europe, Monde
Les entreprises, au sens d’organisations collectives, avec leurs salariés, leurs dirigeants constituent les moteurs principaux de la croissance et donc de l’emploi. Entreprendre, prendre des risques, travailler, créer sont des valeurs de gauche, quand l’oisiveté, la rente et l’héritage sont des valeurs de droite.
La mondialisation a deux visages: un aspect heureux dont nous avons longtemps bénéficié et dont bénéficie les pays émergents (Asie, Afrique, Amérique latine) et une mondialisation malheureuse: chômage, délocalisations, mauvaises protections du travail amenant à des drames comme au Bangladesh. Pour que la France et l'Europe maintiennent une position économique et même progresse, il faut prendre en compte la compétitivité globale qui comprend une dimension sociale.
Nous devons tout faire pour éviter le déclassement français, alors que logiquement, dans 25 ans, nous serons la 1ère puissance démographique européenne : en trouvant de nouvelles spécialisations industrielles, en établissant un Commissariat au Plan du 21ème siècle, en favorisant le crédit aux PME, en pariant sur l'innovation (avec la BPI, véritable Service public du crédit), en renouvelant la formation pour que les métiers soient adaptés aux mutations professionnelles, en développant davantage les SCOP, c'est comme cela que l'on créera plus d'emplois.
Il faut faire de Pôle Emploi un lieu pour les créateurs d’emploi et plus seulement pour les chômeurs. Le service public de l’emploi doit intervenir auprès des entreprises pour les aider à identifier leurs besoins en main d’œuvre, en développement et en recrutement. Des formations, pour les dirigeants de PME, doivent être aussi prévues.

V- Les jeunes socialistes plus que jamais acteurs du changement
Les jeunes socialistes sont en première ligne de l’action politique. Sur l’Europe, plus encore que sur les autres sujets, ils doivent être investis dans la construction et le développement européen. Nous devons être acteurs de l’émergence d’une identité européenne à travers le pays.

Acteurs nous devons l’être également au sein de la gauche, à travers nos combats, comme récemment lors de notre mobilisation pour la dissolution des groupes d’extrême droite.

Les jeunes socialistes doivent être présents sur le terrain afin d’expliquer et de défendre la politique du gouvernement. Nous avons aujourd’hui un grand besoin de pédagogie et de mobilisation. C’est aussi avec la promotion de la politique nationale que nous ferons barrage à l’extrême droite. Abandonner le terrain entre les élections n’a jamais permis de les gagner.

Nous devons soutenir ouvertement les camarades qui représentent notre organisation au sein des listes municipales. Ils sont les porte-paroles de nos engagements et porteront nos différences au sein des exécutifs locaux.



En politique, il y a ceux qui résistent au changement, les conservateurs, ceux qui veulent changer le monde pour plus de progrès, ceux qui veulent détruire ce que les progressistes ont obtenu, les réactionnaires. Aujourd’hui, une grande partie de la droite est réactionnaire. On trouve des conservateurs dans tous les partis politiques, même dans les organisations de jeunesse. Les conservateurs ont souvent peur, peur du quotidien, peur pour leur avenir. Soyons fiers de ce que nous sommes, des progressistes !