A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


mercredi, février 22, 2012

Le Mécanisme Européen de Stabilité : un texte nécessaire, mais on ne peut s'en arrêter là

Le Mécanisme Européen de Stabilité est un processus qui permet à un gouvernement en forte difficulté financière structurelle de faire appel à la solidarité européenne, et depuis longtemps les partis socialistes européens ont réclamé cela.
Toutefois, c'est trop peu et trop tard, et l'argument du gouvernement «il faut voter cela à tout prix AU NOM de l'Union et la construction européenne» n'est juste que culpabilisateur et ne doit pas nous faire tout accepter. Ainsi le lier au Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) est particulièrement pervers.
En effet, cet autre traité enchassé dans le MES, est un cahier des charges néolibéral, qui ordonne d'agir avec austérité, de se soumettre sa souveraineté budgétaire, qui est un fondement des démocraties modernes à l'autorité des autres Etats membres et de la Commission européenne. En clair, sous le patronage du couple Sarkozy-Merkel, actuellement et sous toute personnalité néolibérale dans le futur.
Ce texte donne l'avantage à celui ou à ceux qui dominerait les droites européennes d'imposer ses vues et de continuer le système spéculatif et ultra-financier, le tout couronné par l'objectif de restrictions budgétaires dans les domaines de la politique étatique et d'investissements publics.

Pourquoi nous, socialistes, nous sommes abstenus lors de ce vote du MES, du 21 février 2012, à l'Assemblée Nationale?

Nous avons tiré leçon de nos erreurs, qui par le passé, nous ont fait accepté des reculs au nom de la construction européenne et parce que cela permettait la mise en place d'outils importants.
C'est le cas du traité d'Amsterdam en 1997, pour la mise en place de l'euro (avec le fameux «pacte de stabilité», négocié par la droite, avant que l'on arrive au pouvoir) ou bien-sûr le traité de Lisbonne, qui n'a rien apporté institutionnellement, en profondeur.
Ce qu'on doit, toutefois, bien comprendre, c'est que c'est une étape, qui nous permet de poser auprès des dirigeants européens notre volonté d'Europe sociale et de l'emploi.Vouloir renverser la table tout de suite et maintenant, c'est certainement séduisant, mais peu efficace. Qu'a apporté le non de gauche au référendum? Les comités anti-libéraux du non ont été bloqués après pour trouver une solution, en raison des rivalités de la gauche radicale, des ambitions contradictoires de chacun et aussi en raison du manque de projet qui suivait le refus et la voie d'une autre construction européenne.
François Hollande a bien affirmé qu'il renégocierait le traité et qu'il ne laisserait jamais les autres Etats européens nous prendre notre souveraineté budgétaire, garante du débat démocratique à l'Assemblée sur le projet qu'on veut donner au pays. En clair le refus de la fameuse et insidieuse «règle d'or» qui se révélerait être une «règle de plomb».
A nous, d'avoir des budgets équilibrés.
Et puis tout simplement, parce que la maîtrise du budget à l'échelle nationale est la garantie de la maîtrise de la politique sociale, éducative et sanitaire. Nous avons compris qu'on ne peut laisser cela à l'Europe, au nom de notre spécificité culturelle française, mais tout bonnement parce qu'une nivellation par le haut-le mieux -disant social- n'apparaît guère possible à 27, bientôt 28. Et parce que nous avons, chacun des cultures sociales différentes.

François Hollande constate le dogmatisme de la Banque Centrale Européenne qui ne pense qu'à la soi disant «orthodoxie libérale» donc la BCE doit intervenir auprès des Etats pour leur prêter à taux très faible et les protéger contre la spéculation mondiale.
S'attaquer aux Etats c'est s'attaquer aux sociétés, c'est un trouble à l'ordre public.
Bien évidemment, la création d'eurobonds permettra aux Etats européens d'aider à financer, par le biais de la BCE, les entreprises européennes pour financer l'investissement en Europe.
Cela veut dire qu'on doit aider, par exemple à continuer d'industrialiser la Grèce, qui pour l'instant a une trop faible capacité de production nationale propre. Ce qui nous donne en outre des marges de manœuvre pour la croissance. C'est aussi exiger de la BCE, qu'elle fasse ces prêts à taux zéro.
Enfin, on se doit de relancer des politiques d'investissements publics industriels à l'échelle européenne, qui portera ses fruits sur la longue durée: c'est recréer les nouveaux Airbus et les nouvelles Ariane, afin de se doter de nouveaux champions européens, contrôlés par les pouvoirs publics.

lundi, février 20, 2012

Fiche de lecture: "Mélenchon le plébéien" de L.Allemagna et S.Alliès

En janvier 2012 est sortie la première biographie sur Jean-Luc Mélenchon, Mélenchon le plébéien , de Lilian Alemagna et Stéphane Alliès.
Il s'agit d'entrer dans la compréhension du personnage, deuxième personnalité de la gauche dans la présidentielle, qui selon les derniers sondages (ce n'est pas un résultat définitif!) pourrait le faire arriver entre 8 et 9%.
C'est un livre intéressant pour la découverte en profondeur du parcours de Jean-Luc Mélenchon: attachement viscéral à l'idée de République et de 1792, entrée en politique à l'OCI (Organisation Communiste Internationale) trotskiste et lambertiste avec les luttes étudiantes dont il se fait radier parce qu'il apparait comme "trop" autonome vis-à-vis du national et enfin entrée au PS en 1975 (dans un contexte de Programme Commun, où le PS a sa carte à jouer).
Le livre montre qu'il tient à former sa "bande de copains" et en être le leader et d'avoir des relations fortes avec ceux pour qui il a une forte estime: "le Vieux" (François Mitterrand) et "le Grand" (Lionel Jospin).
Il arrive à fonder le courant de la Gauche Socialiste,en 1988 avec Julien Dray et Marie-Noëlle Lienemann, son ex-rivale rocardienne, avec qui il a ferraillé quand il représentait début 80, le courant mitterrandien.
Courant qui ne dépassera pas les 14% et les choix stratégiques de Jean-Luc Mélenchon vont le faire s'isoler et aller jusqu'à la rupture du courant en août 2002, à Nantes.
Il va de nouveau s'isoler à partir de 2003 et prefère fonder une association propre, Pour la République Sociale (PRS), où il prépare déjà son départ du PS et sa candidature à l'élection présidentielle.

Il quitte le navire en pleine bataille, selon ses camarades de la gauche du parti,avant la session pleinière du Congrès de Reims, alors que jamais la gauche du parti n'avait un score si élevé, en étant unie: 18,52%
Il fonde alors dans la foulée le Parti de Gauche (PG), qui se révèle, ce que montre l'ouvrage, un parti "personnaliste" autour de Jean-Luc Mélenchon qui laisse peu de place aux minorités, contrairement au PS et à Europe Ecologie Les Verts.
Jean-Luc Mélenchon arrive à négocier l'alliance avec le PCF pour les élections: le Front de Gauche et il est investi candidat lors de la Consultation interne du PCF pour les présidentielles en juin 2011.Le PCF se méfie toutefois que Jean-Luc Mélenchon ne phagocyte pas le PCF, qui tient à une bonne représentation parlementaire, à pouvoir entrer au gouvernement s'il le souhaite et à ne pas fusionner avec le PG.
L'intérêt du PG, comme le souligne ses anciens camarades de la gauche du PS, c'est qu'il maintient relativement haut le PCF qui est tombé à 3,37% en 2002 et surtout 1,93% en 2007; parce que le PCF a toujours été un acteur fort de l'unité de la Gauche (Front Populaire, Programme Commun, Gauche Plurielle).
Le PCF veille aussi à ce que Jean-Luc Mélenchon ne tape pas trop sur le PS, pour ne pas casser la solidarité entre les partis de gauche. Ce livre montre toutefois la personnalité attachante, intègre et sincère de Jean-Luc Mélenchon qui aimerait fonder une nouvelle génération de la radicalité de gauche.

Mélenchon le plébéien de Lilian Allemagna et Stéphane Alliès, éditions Robert Laffont, 371 pages, 20€

lundi, février 06, 2012

François Hollande et l'éducation

François Hollande est donc investi depuis octobre 2011 aux primaires citoyennes du PS et du PRG. Il suscite un espoir pour une alternative auprès des gens de gauche, progressistes, mais aussi des gens de centre-droite humanistes qui n'en peuvent plus de la méthode populiste et à la limite de la droite extrême de Nicolas Sarkozy (comme le discours nauséabond de Grenoble en juillet 2010).

Un des sujets majeurs sur lesquels François Hollande a travaillé depuis sa lancée de son destin présidentiel en juin 2009 est l'éducation.Il a fait à ce sujet un colloque sur le Pacte éducatif en mai 2010. Et ça tombe bien, le PS y a fait une place importante en novembre 2010 avec la Convention de l'Egalité réelle et le Projet du PS en mai 2011! François Hollande et le PS ont travaillé ensemble, en concertation avec les syndicats pour élaborer un projet qui tienne vraiment la route.
Les socialistes et la gauche en général, ont toujours eu comme une de leurs priorités n°1 l'école (avec la santé).
C'est pour cela que le public du personnel de l'Education Nationale de plus en plus regarde ce que propose François Hollande et y porte un grand intérêt.

Sur ce thème, comme sur d'autres, François Hollande maîtrise son sujet et cela fait peur à ses adversaires politiques comme Nicolas Sarkozy et l'UMP, ainsi que François Bayrou et le Modem.
Le gouvernement UMP qui n'a de cesse de dire que l'Etat coûte trop cher a supprimé depuis 2007 près de 80.000 postes , et depuis 2002 plus de 100.000. Certes , il n 'y a pas que les moyens, mais on voit des classes trop chargées à moyens constants. Des réformes de programmes loufoques: mauvaise réforme du lycée pro,suppression de l'histoire en Terminale S,...
->Qu'est-ce propose l'UMP en 2012? Faire des chefs d'établissement des chefs directs des professeurs (qui dépendent normalement de l'Inspection Académique)pour mieux agir à la guise de la volonté thatchérienne du gouvernement. C'est une forme de privatisation des écoles , certaines écoles bien dôtées seraient bien vues, les autres seraient laissées. Sans compter le dénigrement inutile des professeurs qui se donnent beaucoup et qui ne sont pas des "fainéants", contrairement à ce que pense l'UMP.
RESULTAT: on est parmi les pires résultats du classement PISA, on continue l'échec scolaire avec 150.000 élèves laissés sur le carreau (c'est la faute globale des gouvernements français depuis 40 ans, certes, mais l'UMP n'a rien fait pour).Enfin le taux d'encadrement le moins bon des pays de l'OCDE.

Quant à François Bayrou, il veut abandonner le collège unique, qui a ses défauts, mais qui permet à tout le monde d'accéder à une formation reconnue par les employeurs et grandes entreprises en France et de celles du monde entier (c'est pour cela que Toyota est venu en France en 1999 grâce à Martine Aubry et Jean-Louis Borloo), donc il abandonne avec le socle commun. Au passage, cela a demandé beaucoup de préparation des enseignants, et on changerait encore les modalités...Tout ça pour faire des "bacs d'excellence", donc laisser de côté les "bacs poubelle", c'est ce qui est dit implicitement. Parce que l'éducation telle quelle aujourd'hui, coûterait trop cher, que ce serait un trou à dettes supplémentaires...
Tout diplôme doit être à modalité nationale et a vocation la réussite de tous, pas la sélection. Notre système doit porter une société de gens très bien formés au niveau technico-théorique ou au niveau d'encadrement dans les entreprises ou le Service public et/ou d'Etat.

Que proposent finalement François Hollande et le PS?:
60.000 postes sur 5 ans dans toute l'Education Nationale (tous personnels) soit 12.000 par an (donc la fin d'un fonctionnaire sur deux, cf la RGPP)
Renforcer les écoles de la deuxième chance pour que l'échec scolaire soit réduit de moitié en 5 ans
Travail en concertation avec les partenaires sociaux sur les rythmes scolaires, cela permet l'ouverture d'une éducation culturelle, musicale et sportive les vendredi après-midi par exemple, l'étirement des programmes jusqu'à 18 ans et non 16 ans...ce sont des pistes audacieuses pour donner à l'école, l'élan du XXI° siècle