A PROPOS

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mardi, décembre 20, 2011

Une autre Russie?

Les dernières élections législatives russes qui ont eu lieu le 4 décembre ont eu un résultat qui a déjoué les pronostics. En effet le parti présidentiel, "Russie unie" de Dmitri Medvedvev qui va laisser la présidence en 2012 au profit de Vladimir Poutine, ancien président et actuel premier-ministre, n'a plus la majorité absolue.
Rappelons que V.Poutine et D.Medvedev sont issus du groupe de Saint-Pétersbourg, groupe d'influence issu de l'équipe du cabinet du maire de Saint-Pétersbourg en 1991, Anatoly Sobtchak maire de 1991 à 1996.
Le parti "Russie unie" ne dispose que 49,32% des voix, ce qui ferait rêver tout parti inscrit dans une démocratie installée. 49,32% qui se transforment avec la prime majoritaire en 52,9% des sièges à la Douma. Le Parti Communiste arrive à faire plus de 19% et 92 sièges, tandis qu'une nouvelle coalition Russie Juste social-démocrate fait plus de 13% et 64 sièges. Cette dernière coalition a sensiblement augmenté sa présence au Parlement puisqu'en 2003 la coalition Rodina (ancêtre de Russie juste) faisait 9% et 37 sièges et en 2007 presque 8% et 38 sièges.
Ce qui a été surprenant cette fois c'est que des fraudes ont été dénoncées et perçues pour cette élection , alors que cela n'avait pas été le cas pour les élections précédentes. La Russie de 1990 à 1999 a été une démocratie insécure où le pouvoir ne tenait pas la sécurité publique. Depuis 1999, c'est un régime semi-autoritaire mené par Vladimir Poutine qui fait penser à une sorte de nouveau Brejnev. Il y a plus de prospérité, en particulier à Moscou et Saint-Pétersbourg (grâce au gaz notamment, premières réserves mondiales et premier producteur mondial).Elle n'en demeure pas moins assez peu redistribuée. On n'en est plus à l'extrême crise de 1992 ou de 1999, certes mais c'est très disparate selon les régions urbaines ou minières prospères d'un côté, en crise prononcée de l'autre (campagnes, régions industrielles en crise). C'est dans ce contexte où les manifestations pro-libérales sont interdites que plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestent à Moscou depuis ce mois de décembre. Le 24 décembre est prévue une autre manifestation. Est-on en face d'un "hiver russe", type "printemps arabe"? Il est trop tôt pour le dire, en tout cas, il existe bel et bien une conscience civique en Russie et qui souhaite un débat libre sans avoir une autorisation "exceptionnelle" pour manifester, revendiquer des droits sociaux, une liberté d'expression critique...Après 20 ans de post-communisme cahin caha, les Russes se rendent compte que la transition a apporté peu de changements et que finalement la perestroïka était plus libératrice. On se demande presque si les vieux poncifs ne réapparaissent pas: l'opposition entre panslavistes conservateurs et occidentalistes libéraux. La Russie se cherche toujours, même si elle a pu réaffirmer son identité impériale ces dernières années, en réaffermissant ses relations avec l'Asie centrale, en crispant ses relations avec l'Ukraine et la Biélorussie, en piratant les réseaux stratégiques internet estoniens et en envahissant la Géorgie pour protéger les minorités ossète et abkhaze (traditionnellement pro-russes). Sans compter le développement de mouvements nationalistes d'inspiration fasciste ou pour le moins nostalgiques de l'autoritarisme soviétique.
Il semble que les Russes délaissés des banlieues, des zones rurales, de la Sibérie en crise et des milieux intellectuels en aient ras le bol d'un perpétuel non-changement. La Russie est à un carrefour, elle pourrait permettre plus de débat démocratique et normaliser ses relations avec ses pays voisins: Ukraine, Biélorussie, pays baltes et même la Géorgie en comprenant que ces pays veulent garder des liens avec la Russie sans pour autant s'empêcher une ouverture à l'ouest. La Russie pourrait développer une industrie plus moderne et moins polluante, prendre plus en compte l'environnement (comme avec Mikhaïl Gorbatchev et la Croix Verte). La Russie a la capacité de développer une alliance privilégiée avec les pays scandinaves. Comme elle l'a commencé avec la Pologne et le fait avec l'Allemagne depuis 1990. Personne dans le monde n'a envie de voir une Russie faible, ni repliée sur elle-même. Il semblerait qu'un peu plus de la moitié des Russes le 4 décembre ait eu cette réflexion. A suivre...

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