J'attendais ce Congrès, depuis des mois. Le Congrès de Toronto pour la course à la chefferie du NPD. Quand j'ai vu le délai de plus de 6 mois, j'ai trouvé ça long. Cela l'a été un peu, mais cela a permis au NPD de passer de 90.000 à 130.000 membres. Les neuf puis huit puis sept candidats ont fait le tour du Canada.
Ils ont fait connaître davantage le parti à travers le pays, ils ont débattu publiquement, à différentes reprises dans différentes villes dont une fois à Québec et une fois à Montréal. Une des questions qui a été au coeur, hormis de remplacer l'irremplaçable, Jack Layton, disparu tragiquement à cause du cancer, le 22 août 2011, a été le niveau de francophonie des candidats.
En effet sur 102 députés acquis de haute lutte, en une superbe "vague orange", 56 députés sont Québécois; il faut garder ce qui a fait le succès du parti en mai 2011, la représentation du Québec et des Québécois. Ce parti, qui c'est vrai est fédéraliste, longtemps eu le prisme anglo-saxon, comme tous les partis fédéralistes fédéraux, a passé un cap en mai 2011: affirmer la fierté française. Cela a embêté le Bloc Québécois qui est passé à 4 députés.
Donc vendredi soir, j'ai pu regarder sur les chaînes retransmises les discours. Cela était concentré sur la personnalité, les candidats après 6 mois de course (dans les deux sens!) étaient fatigués. Nathan Cullen avait la voix enrouée, par exemple. Toutefois, les candidats nous ont présenté le meilleur d'eux-mêmes, de manière originale (Charlie Angus qui chante sur une musique rap, pour son candidat Paul Dewar, Martin Singh qui nous présente une vidéo animée type South Park...!)
Encore une excellente pub pour le parti.
Mon coup de coeur , c'était logique, a été pour mon candidat: Brian Topp, qui fait un bon discours et qui a eu l'excellent goût de mettre du Arcade Fire! Le soir, était présenté un hommage très émouvant à Jack , par ses enfants, sa soeur et bien-sûr son épouse Olivia Chow, députée d'un quartier de Toronto. Le but était de montrer qu'on était la relève de Jack ,qu'on était ses propres enfants et que son cadeau, ça a été de renforcer le parti prêt pour gagner en 2015.
Le samedi, arrive enfin les votes: cela a duré toute la journée, ça a été très long, de surcroît, il y a eu une attaque pirate qui a ralenti le système internet pour le vote. Il a fallu 12h et tout le monde à la limite de l'aplopexie pour savoir qui était le leader!
Il y a eu 4 tours, alors que l'on prévoyait davantage 3 tours. Paul Dewar, a été mis en mauvaise position dès le début (il était 5e sur 7, alors qu'il avait des appuis forts); au 2e tour, Peggy Nash, militante très appréciée, défenderesse aguerrie au niveau syndical n'a pas pu aller au troisième tour.
Arrive le 3e tour avec Nathan Cullen, le britanno-colombien, surprise du Congrès, on le pensait loin du compte, un peu décalé (très écologiste et surtout défendeur d'un accord préférentiel avec le Parti Libéral, lui laissant des places pour les investitures), mais son style très décontracte, très chaleureux, lui a valu de nombreux crédits. Lui et Niki Ashton (quadrilingue de 29 ans, députée du Manitoba) ont détonné et ont montré que le parti avait des jeunes pousses vigoureuses. Un espoir fantastique pour l'avenir du parti!
Nathan n'a pas pu atteindre le 4e tour. Restait les deux favoris: Brian Topp et Thomas Mulcair, les deux québécois, francophones, se ressemblant mais ayant axé un peu différement leur campagne.
Thomas Mulcair sur la stratégie d'élection: s'adapter pragmatiquement au terrain: faire saskois dans la Saskatchewan, québécois au Québec, ontarien en Ontario... et Brian Topp qui a focalisé sur l'égalité et notamment la fiscalité plus forte, s'inspirant de François Hollande, en France.
Thomas Mulcair avait le désavantage de paraître "trop bagarreur", on le surnomme le "grizzli": pouvait-il faire peur aux Canadiens?! Avec toutefois le gros avantage d'être l'un des députés les plus aguerris du caucus.
Brian Topp avait le désavantage de ne pas être député, donc perçu comme un peu éloigné et tout simplement pas assez connu.
Brian a été militant et cadre du parti pendant 25 ans. Toutefois ceci lui donnait un avantage considérable, savoir manoeuvrer, c'est lui qui a aidé Jack à prendre mieux racine au Québec, à faire venir Thomas Mulcair et Françoise Boivin au parti.
Au final,plus se passait le temps et plus on sentait que Thomas allait gagner, parce que l'avantage parlementaire est devenu prioritaire: Thomas en Chambre, est directement opposant d'Harper, coupant ainsi l'herbe à Pauline Marois qui le fait à l'Assemblée Nationale de Québec.
J'ai bien-sûr été extrêmement déçu sur le moment, je m'étais investi moralement pour Brian et j'en ai été fier, mais on apprend des défaites. De plus l'unité et un parti prêt à la victoire est le plus important. C'est l'esprit de Jack qui vole au dessus de nous, celui de parler aux gens pour battre le Premier Ministre conservateur Stephen Harper, qui a eu la majorité absolue. C'est vrai qu'il faut faire des gains à l'ouest, ayant tendance à s'américaniser, tandis que le vieux Canada de la Nouvelle-France (Québec, Acadie) ou le Canada victorien européen (Ontario) comprennent de moins en moins l'Alberta.
Thomas Mulcair a plusieurs défis, cependant il a réussi l'essentiel, celui de rassembler, il a fait immédiatement ses adjoints: Brian, Peggy, Nathan, Niki, Paul et Martin; il a gardé Libby Davies comme vice-leader en Chambre, alors qu'elle avait soutenu vaillamment Brian Topp. Thomas a 3,5 ans pour préparer la victoire, c'est à la fois beaucoup et peu, car c'est le défi de constituer le premier gouvernement NPD de l'histoire , après 145 ans de la fondation de la fédération à Charlottetown. Allez Thomas!
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