A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


mardi, février 09, 2021

L'Avenir en Commun : mon analyse et mes bémols/oppositions ; 1er épisode: les Institutions


On peut retrouver le texte de l'Avenir en Commun sur le site https://laec.fr/sommaire
C'est un texte qui comporte un certain nombre d'avancées avec lesquelles la majorité de la gauche et de l'écologie sont ou pourraient être d'accord.

Il y a parfois un vocabulaire, celui de la tabula rasa, qui n'est pas le bon , puisque le "populisme de gauche" qui s'entend par l'abolition de la bourgeoisie (même si la gauche peut avoir des nuances sur le capitalisme, il n'en demeure pas moins que l'un des deux piliers principaux et historiques de la gauche et de l'écologie: c'est le marxisme - avec le républicanisme social- et que globalement la gauche et l'écologie recherchent l'amoindrissement fort de la domination de classe; donc on va dire que la gauche est globalement d'accord sur ce sujet) et l'abolition de tout ce qui est caractère ancien et jugé comme négatif (par certains), là c'est la Cancel culture , c'est la tabula rasa de Robespierre et de Lénine et la gauche et l'écologie ne sont pas du tout d'accord à ce sujet: il y en a qui sont pour, d'autres qui sont résolument contre.
Donc cet aspect-là de tabula rasa, doit être écarté.

Je précise que je suis pour une République girondine et non jacobine (hormis évidemment l'aspect Education Nationale et Sécurité Sociale qui eux sont reconnues par la très grande majorité comme un bien commun universel bénéfique et essentiel), la France doit évoluer avec ses Régions vers une République unitaire fortement décentralisée avec des régions partiellement autonomes (notamment la question de l'économie= le Ministère de Bercy pour l'économie transférera ses compétences aux Régions et les services des impôts développeront un service régional pour prélever l'impôt régional arbitré par le Gouvernement avec péréquation, mais aussi la garantie constitutionnelle que l'Etat ne pourra reprendre pour elle, ces subsides-là) , comme en Italie. 
 
Les langues régionales autochtones doivent être reconnues clairement dans la Constitution et publiques pour les échelles territoriales: de la commune à la Région. Le débat sur la co-officialité territoriale devra sûrement être mené, un jour, mais finalement à part la Corse ou le Pays Basque nord où la question est davantage mûrie, pour l'instant , il n'en est pas question. Toutefois, les collectivités territoriales devront avoir une politique de communication bilingue ou plurilingue selon la situation (communication publique, sites)
 
la République Française et les Régions devront financer une radio et une télévision publiques en langue(s) régionale(s), comme cela se fait au Pays de Galles
 
l'enseignement des langues régionales sera obligatoire dans les territoires où il y a déjà un CAPES/une agrégation afférente (de langue régionale) à raison d'une heure par semaine en CM1 et en CM2 (Avant et après, l'enseignement qu'il soit en simple option, 50/50 ou immersif c'est-à-dire à 80% sauf le français,  demeure bien-sûr optionnel). Les CAPES et agrégations de normand, gallo, poitevin-saintongeais, flamand-occidental, picard, bourguignon-morvandiau et d'arpitan seront crées , on adjoindra au CAPES et d'agrégation d'allemand un enseignement d'alsacien et des trois platt lorrains (luxembourgeois, westmoselfränkisch, rheinfränkisch)
 
Enfin il y aura un décrochage régional de programme scolaire sur quelques unités d'enseignement d'histoire locale et régionale (comme cela se faisait en primaire dans les années 50) du CP à la Terminale.
 
Pour l'aspect régime, je suis bien évidemment en faveur d'un régime parlementaire majoritaire bicaméral et uninominal pour l'Assemblée Nationale (maximum: 10% de proportionnelle, pas plus) avec Assemblée constituante de 6 mois AVEC parlementaires puis référendum (comme on a fait en 1945-46 avec la IV°République).
 
Après ces prolégomènes de précisions, revenons au texte de l'Avenir en Commun. Il est composé de sept grandes thématiques
1/l'urgence démocratique et la VI°République, 
2/l'urgence sociale: protéger et partager, 
3/l'urgence écologique: la planification écologique, 
4/l'Europe en question: sortir des Traités européens, 
5/la paix en question: pour l'indépendance de la France,
6/face à la grande régression: le Progrès humain d'abord,
7/face au déclinisme: la France aux frontières de l'Humanité. 
 
L'URGENCE DEMOCRATIQUE ET LA VI°REPUBLIQUE
-Pas mal de points d'accord (mention spéciale pour le congé républicain, excellente idée) mais les points de désaccord total sont:

-L'Assemblée constituante oui mais avec parlementaires, c'est de la tabula rasa mal placée que de ne vouloir de parlementaires élus pour cette assemblée. 
-Contre la fin du monopole de l'administration fiscale pour les poursuites de fraude: c'est son domaine logique, après selon la gravité et changements de lois possibles, cela pourra passer en pénal en 2e étape. 
-Contre la représentation proportionnelle: la représentation des populations et territoires et populations par territoire, ça compte (nuance de 10% de proportionnelle à l'Assemblée nationale mais ça s'arrête là). 
-Donc contre le mandat impératif et la révocation des élus, évidemment.
-Aller plus loin dans le cumul des mandats : non , c'est la liberté des citoyens de se présenter ou se représenter, que les partis s'organisent pour renouveler leurs cadres.
-Non à la suppression du Sénat , le débat parlementaire a besoin de parlementarisme/du caractère bicaméral et heureusement qu'on a eu l'alternance en 2011 à gauche et l'alternance aujourd'hui face à LREM et les bulldozers exécutifs dans le législatif. 
-Non aussi à la suppression du CESE.
-Non à l'interdiction d'ores-et-déjà de la GPA: le débat est vif oui, mais attendons, laissons passer les années pour voir comment on encadrera si on doit l'autoriser. C'est la seule manière pour les couples homosexuels masculins d'avoir des enfants du fait de la raréfaction nationale et internationale de l'adoption (et des limitations à ce sujet).
-On ne remplace pas le Conseil supérieur de la Magistrature: indépendance de la Justice (pouvoir judiciaire) face au Parlement (pouvoir législatif) et bien-sûr le pouvoir exécutif. 
-Contre la création à nouveau d'une Garde Nationale, nous ne sommes pas aux Etats-Unis ni dans la France post-1793 du XIX° siècle révolutionnaire, armer les gens c'est grave.

Nuances/Bémols:
-Il est clair que le Référendum d'Initiative Parlementaire n'est pas du tout souple, le Référendum d'Initiative Citoyenne , encadrons-le: déjà pas de remise en cause possible de droits accordés aux personnes et ayons un débat sur des votations à la suisse.
-Si l'abolition de la prostitution ne veut rien dire en droit effectif et qu'une personne , si elle le souhaite, sans souteneur évidemment a le droit de faire ce qu'elle veut de son corps, il est certain qu'une Motion spéciale de l'Assemblée Nationale pour appeler à l'éradication effective de la prostitution serait importante et donc mettre tous les moyens possibles pour éviter de choisir par défaut ce chemin-là par besoin de se nourrir, survivre ou même par détresse psychique (manque total de confiance et croyance en soi).
-Si je suis favorable à la laïcité et la Loi de 1905 sur tout le territoire : les particularités d'Alsace-Moselle ou de certains territoires ultramarins, relèvent de leur Histoire, du parcours de Nations culturelles et historiques (n'ayant pas vocation , selon moi, à devenir indépendantes), il convient qu'il y ait un grand débat local d'un an à ce sujet et ensuite un référendum local pour savoir si on maintient les mesures légales précédentes ou si on passe à la Loi de 1905 sans exception partout.
-Si le CSA est imparfait, sûrement, sans aller jusqu'à le supprimer (mais en élisant son président à l'Assemblée Nationale), les citoyens auront un droit de regard sur les thématiques/dossiers abordés par le CSA.
-Si en effet les salariés doivent avoir un vrai droit de regard sur les questions stratégiques dans une entreprise, le droit de défiance vis-à-vis du chef d'entreprise m'apparait outrancier. En revanche faire la démocratie d'atelier, favoriser les ESS, les coopératives oui évidemment !
-Si la BAC a mauvaise réputation, sans aller jusqu'à la démanteler, on peut la réformer!
-Si le Service National obligatoire même mixte (la mixité m'apparaîtrait évidente) est à proscrire, le Service civique réformé ou "Service citoyen" comme l'appelle l'Avenir en Commun ne peut devenir obligatoire. Ce Service civique/citoyen est une bonne chose, mais son caractère obligatoire devra faire l'objet de débats, dans le futur et il faudra voir (donc pour l'instant on laisse mûrir le débat). Favoriser ce Service civique/citoyen, ça évidemment!
 
 

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