A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


jeudi, février 11, 2021

L'Avenir en Commun : mon analyse et mes bémols/oppositions ; 2e épisode: la politique économique et sociale

 

Cet article sera consacré à la partie 2 sur les 7 parties totales de l'avenir en commun, à savoir "L'urgence sociale: protéger et partager", c'est donc la question sociale qui arrive très vite après la question institutionnelle. Si j'ai eu un certain nombre de désaccords sur la partie VI°République (j'y suis favorable, mais je n'y mets pas nécessairement les mêmes choses ou je n'utilise pas tout à fait les mêmes méthodes), là mis à part trois points notables , je me retrouve complètement dans ce qui est dit. Il faut dire que ce programme L'Avenir en Commun, s'appuie énormément sur les approches et travaux de l'économiste de gauche, pro-étatiste et social, Jacques Généreux et que ses idées, ces idées-là font consensus dans la majorité de la gauche: à savoir bien-sûr la France Insoumise, mais aussi le Parti Communiste, la GRS, Générations, l'aile gauche d'EELV, l'aile gauche du Parti Socialiste et avec des nuances , le PRG et les RDG peuvent se retrouver avec ce programme certes gauchisé, mais on peut dire que François Hollande nous a vaccinés avec sa politique de 2013 à 2017! Et même si le Ministre Emmanuel Macron, lui a échappé, clairement sa logique thatchérienne devait être un un objet de blocus pour intégrer une personnalité à l'idéologie de droite libérale, sans parler de Manuel Valls qui a cherché à imiter et à concurrencer Emmanuel Macron au lieu de s'occuper d'affaires économiques et sociales à la façon de la gauche. La vision de cette partie montre bien que la gauche a compris l'entreprise en particulier la PME et la PMI. S'il fallait sûrement restaurer la trésorerie des petites entreprises, il ne fallait pas en rester là et agir sur le plan social: comme s'il n'y avait pas urgence sociale avec près de 5 millions de pauvres et 10 millions de précaires en France! 

Cette partie de programme met donc par ses thématiques sur la fin du pillage de l'économie, sur le protectionnisme solidaire, le plan de relance de l'activité pour une Transition écologique, l'introduction de règles plus strictes sur la finance dont la Taxe Tobin: taxe sur les transactions financières, ... rappelle le rôle de l'Etat comme acteur direct de l'économie, que les PME et les PMI sont au coeur de l'économie française, que la priorité c'est l'investissement à long terme, la généralisation de l'économie type ESS, que la lutte contre la précarité au travail : le trop de CDD mais aussi et surtout réhausser les salaires féminins sont des priorités importantes. Evidemment abolir la Loi Travail (2015) et la Loi Pénicaud (2017) , ça va de soi.

Cette partie veut une Sécurité Sociale intégrale et un droit opposable à l'emploi, au sujet de de la formation, d'un revenu garanti... Ce qui peut se compléter avec le Revenu Universel d'Existence qui est le Revenu garanti mais avec un autre nom. Oui il faudra préciser ce lien Revenu Universel/Garanti de Base et le droit à l'emploi car en effet la valeur travail si elle a une face souffrance, possède aussi une face sociabilité de soi et des autres. J'approuve évidemment la 6e semaine de congés et le retour à la retraite à 60 ans avec 40 ans de cotisations. Ce qui veut dire que quelqu'un qui finit ses études à 23 ans, et arrive à trouver un emploi dans la foulée (chose pas évidente depuis 40 ans...) partira à la retraite à 63 ans, ce qui déjà pas mal, mais le jeune apprenti qui a commencé à 18 ans comme apprenti-ouvrier lui pourra partir à 58 ans au titre des carrières longues ou s'il veut 60 ans, il y aura une vraie majoration de la retraite (et pas juste 100 ou 110 euros de plus-pour deux ans- mais plutôt, moins de 300 euros/mois). Cette partie de programme parle d'une allocation pour les moins de 25 ans car il n'est pas normal, au nom de l'égalité qu'il y ait des obligations sociales à partir de 18 ans ans les droits sociaux qui vont avec.

Je suis en désaccord avec deux mesures et je nuancerais une 3e:

Désaccord avec "Mettre fin au quotient conjugal, système patriarcal favorisant les inégalités salariales entre les femmes et les hommes et "Remplacer l'injuste quotient familial fiscal actuel par un crédit d'impôt par enfant" : je suis pour un droit universel et égal et donc au quotient familial, c'est comme la Sécurité Sociale, on ne reverse pas moins aux bourgeois, chacun reçoit la part de remboursement intégral. En outre, cela favorise notre dynamisme démographique, essentiel (retraites, main d'oeuvre)

Désaccord avec "Créer un héritage maximum pour les fortunes les plus importantes (égal au patrimoine des 0,01 % les plus riches, soit 33 millions d'euros en 2012)"  = pas d'héritage maximum, ce qui est de la Propriété et acquis est inaliénable, l'écosocialisme rééquilibre les inégalités et s'occupe de l'avenir, mais ne spolie pas a priori,  en revanche évidemment on augmente fortement les droits de succession des plus riches

Nuance avec "Instaurer un revenu maximum autorisé : 100 % d'impôt pour la tranche au-dessus de 20 fois le revenu médian, soit 400 000 euros de revenus annuels (33 000 euros par mois)" : je suis pour un impôt progressif, y compris pour les bourgeois, simplement en créant de facto et de jure ces nouvelles tranche au-delà de 50%, eh bien elles iront progressivement de 51% à 90% en fonction des revenus. Evidemment je taxe aussi dans l'ISF, la possession d'objets d'art.

Prochain épisode: la Planification écologique ! 

mardi, février 09, 2021

L'Avenir en Commun : mon analyse et mes bémols/oppositions ; 1er épisode: les Institutions


On peut retrouver le texte de l'Avenir en Commun sur le site https://laec.fr/sommaire
C'est un texte qui comporte un certain nombre d'avancées avec lesquelles la majorité de la gauche et de l'écologie sont ou pourraient être d'accord.

Il y a parfois un vocabulaire, celui de la tabula rasa, qui n'est pas le bon , puisque le "populisme de gauche" qui s'entend par l'abolition de la bourgeoisie (même si la gauche peut avoir des nuances sur le capitalisme, il n'en demeure pas moins que l'un des deux piliers principaux et historiques de la gauche et de l'écologie: c'est le marxisme - avec le républicanisme social- et que globalement la gauche et l'écologie recherchent l'amoindrissement fort de la domination de classe; donc on va dire que la gauche est globalement d'accord sur ce sujet) et l'abolition de tout ce qui est caractère ancien et jugé comme négatif (par certains), là c'est la Cancel culture , c'est la tabula rasa de Robespierre et de Lénine et la gauche et l'écologie ne sont pas du tout d'accord à ce sujet: il y en a qui sont pour, d'autres qui sont résolument contre.
Donc cet aspect-là de tabula rasa, doit être écarté.

Je précise que je suis pour une République girondine et non jacobine (hormis évidemment l'aspect Education Nationale et Sécurité Sociale qui eux sont reconnues par la très grande majorité comme un bien commun universel bénéfique et essentiel), la France doit évoluer avec ses Régions vers une République unitaire fortement décentralisée avec des régions partiellement autonomes (notamment la question de l'économie= le Ministère de Bercy pour l'économie transférera ses compétences aux Régions et les services des impôts développeront un service régional pour prélever l'impôt régional arbitré par le Gouvernement avec péréquation, mais aussi la garantie constitutionnelle que l'Etat ne pourra reprendre pour elle, ces subsides-là) , comme en Italie. 
 
Les langues régionales autochtones doivent être reconnues clairement dans la Constitution et publiques pour les échelles territoriales: de la commune à la Région. Le débat sur la co-officialité territoriale devra sûrement être mené, un jour, mais finalement à part la Corse ou le Pays Basque nord où la question est davantage mûrie, pour l'instant , il n'en est pas question. Toutefois, les collectivités territoriales devront avoir une politique de communication bilingue ou plurilingue selon la situation (communication publique, sites)
 
la République Française et les Régions devront financer une radio et une télévision publiques en langue(s) régionale(s), comme cela se fait au Pays de Galles
 
l'enseignement des langues régionales sera obligatoire dans les territoires où il y a déjà un CAPES/une agrégation afférente (de langue régionale) à raison d'une heure par semaine en CM1 et en CM2 (Avant et après, l'enseignement qu'il soit en simple option, 50/50 ou immersif c'est-à-dire à 80% sauf le français,  demeure bien-sûr optionnel). Les CAPES et agrégations de normand, gallo, poitevin-saintongeais, flamand-occidental, picard, bourguignon-morvandiau et d'arpitan seront crées , on adjoindra au CAPES et d'agrégation d'allemand un enseignement d'alsacien et des trois platt lorrains (luxembourgeois, westmoselfränkisch, rheinfränkisch)
 
Enfin il y aura un décrochage régional de programme scolaire sur quelques unités d'enseignement d'histoire locale et régionale (comme cela se faisait en primaire dans les années 50) du CP à la Terminale.
 
Pour l'aspect régime, je suis bien évidemment en faveur d'un régime parlementaire majoritaire bicaméral et uninominal pour l'Assemblée Nationale (maximum: 10% de proportionnelle, pas plus) avec Assemblée constituante de 6 mois AVEC parlementaires puis référendum (comme on a fait en 1945-46 avec la IV°République).
 
Après ces prolégomènes de précisions, revenons au texte de l'Avenir en Commun. Il est composé de sept grandes thématiques
1/l'urgence démocratique et la VI°République, 
2/l'urgence sociale: protéger et partager, 
3/l'urgence écologique: la planification écologique, 
4/l'Europe en question: sortir des Traités européens, 
5/la paix en question: pour l'indépendance de la France,
6/face à la grande régression: le Progrès humain d'abord,
7/face au déclinisme: la France aux frontières de l'Humanité. 
 
L'URGENCE DEMOCRATIQUE ET LA VI°REPUBLIQUE
-Pas mal de points d'accord (mention spéciale pour le congé républicain, excellente idée) mais les points de désaccord total sont:

-L'Assemblée constituante oui mais avec parlementaires, c'est de la tabula rasa mal placée que de ne vouloir de parlementaires élus pour cette assemblée. 
-Contre la fin du monopole de l'administration fiscale pour les poursuites de fraude: c'est son domaine logique, après selon la gravité et changements de lois possibles, cela pourra passer en pénal en 2e étape. 
-Contre la représentation proportionnelle: la représentation des populations et territoires et populations par territoire, ça compte (nuance de 10% de proportionnelle à l'Assemblée nationale mais ça s'arrête là). 
-Donc contre le mandat impératif et la révocation des élus, évidemment.
-Aller plus loin dans le cumul des mandats : non , c'est la liberté des citoyens de se présenter ou se représenter, que les partis s'organisent pour renouveler leurs cadres.
-Non à la suppression du Sénat , le débat parlementaire a besoin de parlementarisme/du caractère bicaméral et heureusement qu'on a eu l'alternance en 2011 à gauche et l'alternance aujourd'hui face à LREM et les bulldozers exécutifs dans le législatif. 
-Non aussi à la suppression du CESE.
-Non à l'interdiction d'ores-et-déjà de la GPA: le débat est vif oui, mais attendons, laissons passer les années pour voir comment on encadrera si on doit l'autoriser. C'est la seule manière pour les couples homosexuels masculins d'avoir des enfants du fait de la raréfaction nationale et internationale de l'adoption (et des limitations à ce sujet).
-On ne remplace pas le Conseil supérieur de la Magistrature: indépendance de la Justice (pouvoir judiciaire) face au Parlement (pouvoir législatif) et bien-sûr le pouvoir exécutif. 
-Contre la création à nouveau d'une Garde Nationale, nous ne sommes pas aux Etats-Unis ni dans la France post-1793 du XIX° siècle révolutionnaire, armer les gens c'est grave.

Nuances/Bémols:
-Il est clair que le Référendum d'Initiative Parlementaire n'est pas du tout souple, le Référendum d'Initiative Citoyenne , encadrons-le: déjà pas de remise en cause possible de droits accordés aux personnes et ayons un débat sur des votations à la suisse.
-Si l'abolition de la prostitution ne veut rien dire en droit effectif et qu'une personne , si elle le souhaite, sans souteneur évidemment a le droit de faire ce qu'elle veut de son corps, il est certain qu'une Motion spéciale de l'Assemblée Nationale pour appeler à l'éradication effective de la prostitution serait importante et donc mettre tous les moyens possibles pour éviter de choisir par défaut ce chemin-là par besoin de se nourrir, survivre ou même par détresse psychique (manque total de confiance et croyance en soi).
-Si je suis favorable à la laïcité et la Loi de 1905 sur tout le territoire : les particularités d'Alsace-Moselle ou de certains territoires ultramarins, relèvent de leur Histoire, du parcours de Nations culturelles et historiques (n'ayant pas vocation , selon moi, à devenir indépendantes), il convient qu'il y ait un grand débat local d'un an à ce sujet et ensuite un référendum local pour savoir si on maintient les mesures légales précédentes ou si on passe à la Loi de 1905 sans exception partout.
-Si le CSA est imparfait, sûrement, sans aller jusqu'à le supprimer (mais en élisant son président à l'Assemblée Nationale), les citoyens auront un droit de regard sur les thématiques/dossiers abordés par le CSA.
-Si en effet les salariés doivent avoir un vrai droit de regard sur les questions stratégiques dans une entreprise, le droit de défiance vis-à-vis du chef d'entreprise m'apparait outrancier. En revanche faire la démocratie d'atelier, favoriser les ESS, les coopératives oui évidemment !
-Si la BAC a mauvaise réputation, sans aller jusqu'à la démanteler, on peut la réformer!
-Si le Service National obligatoire même mixte (la mixité m'apparaîtrait évidente) est à proscrire, le Service civique réformé ou "Service citoyen" comme l'appelle l'Avenir en Commun ne peut devenir obligatoire. Ce Service civique/citoyen est une bonne chose, mais son caractère obligatoire devra faire l'objet de débats, dans le futur et il faudra voir (donc pour l'instant on laisse mûrir le débat). Favoriser ce Service civique/citoyen, ça évidemment!