A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


mercredi, janvier 27, 2016

Lettre à France Rhône-Alpes au sujet de la langue arpitane

Madame, Monsieur le responsable,

Je vous écris car je suis spectateur assidu de France 3, y compris sur internet des programmes régionaux en langues régionales.
Je constate que l'arpitan/francoprovençal est une langue qui n'est pas d'oïl, qui fait partie de la liste officielle reconnue des langues régionales de France.
Je constate en outre que l'arpitan n'est pas représenté sur France 3 Rhône-Alpes. Je demanderais donc à ce que soit crée comme sur les autres chaînes à langue régionale non-oïl une émission culturelle (comme Viure al Pais, Bali Breizh,...) le dimanche matin et un décrochage info en arpitan comme l'Edicion Occitana ou Pais Català, chaque semaine le vendredi ou samedi soir.

Veuillez recevoir, Madame, Monsieur mes salutations respectueuses
(Nota: copie envoyée à France 3 national)

mercredi, janvier 06, 2016

Ma réponse à Roccu Garoby, Président de l'Alliance Libre Européenne Jeune sur « Pourquoi la France n'est ni "une" ni "indivisible" »

Ma réponse à Roccu Garoby, Président de l'Alliance Libre Européenne Jeune sur « Pourquoi la France n'est ni "une" ni "indivisible" »

Je suis de gauche, social-démocrate de gauche et progressiste. Je suis fédéraliste et girondin et certainement pas jacobin. Fédéraliste pour la France, fédéraliste pour l'Europe. Je ne suis pas indépendantiste pour quelque nation culturelle, historique et linguistique que ce soit mais bien fédéraliste, c'est-à-dire l'autonomie pour tous, pour toutes ces nations.
Tout d'abord, il y a bien des nations culturelles, historiques et linguistiques de langues d'oïl, contrairement aux cartes que montrent régulièrement l'Alliance Libre Européenne et non pas une nation française équivalent à une « seule nation d'oïl » et les autres groupes nationaux de langues régionales.
Ensuite je ne discute pas de l'unité de la langue d'oc, même si par ailleurs elle peut être discutée par certains linguistes ou certains groupes culturels et culturalistes, mais même si je reconnais l'unité de la langue d'oc dans sa diversité (auvergnat, limousin, marchois, guyennais, gascon, languedocien, vivarais, dauphinois d'oc, provençal, nissart), il y a bel et bien pour moi 10 nations d'oc en France (je ne compte pas les Aranais et les Occitans d'Italie), parlant la même langue mais avec des formes linguistiques différenciées au sein de la langue d'oc dont au moins une qui est associée au Pays arpitan (la nation dauphinoise d'oc). Je pose la question ouverte d'une double nation languedocienne et catalane, puisque le Languedoc d'Aragon (maritime) a longtemps été associé à la partie catalane du Royaume d'Aragon et de la Couronne d'Aragon et dont les deux langues sont très proches.


Un même constat d'assimilation culturelle et de linguicide

Les rois de France, puis l'Etat moderne français (que ce soit le Premier-Empire et le Second-Empire, la Monarchie restaurée et la Monarchie de Juillet ou bien la République, notamment la I° et la III° République) ont cherché à faire reculer les identités mais aussi les droits et libertés publiques régionales et bien-sûr les langues de France. L'Abbé Grégoire aussi vertueux fut-il dans sa volonté abolitionniste de l'esclavage, fut obtus et funeste dans sa volonté d'éradiquer les langues de France. Ainsi il déclare en 1794, devant la Convention : « Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton [breton]; l'émigration et haine de la République parlent allemand [alsacien et les trois langues mosellanes]... La Contre-révolution parle l'italien [corse] et le fanatisme parle basque. Cassons ces instruments de dommage et d'erreurs»
Les armées républicaines n'ont pas respecté les populations locales et le droit à l'intégrité physique en perpétuant des massacres de masse dans le Nord-ouest de la France, fut-il davantage contre-révolutionnaire (noyades dans la Loire dans la région nantaise, colonnes infernales en Vendée, Anjou,...) mais aussi contre les régions fédéralistes, c'est-à-dire républicaines et pro-révolutionnaires mais soutenant les Girondins opprimés et persécutés politiquement (Lyon, Marseille,...).
La III° République a humilié les jeunes écoliers non-francophones en leur forçant à parler uniquement le français à l'école et en leur donnant le Symbole (équivalent du Bonnet d'âne) et en les punissant de coups ou de punitions plus classiques et surtout en leur donnant honte de parler les langues de France et leur exhortant à les oublier. Cela a duré jusque dans les années 60.
Certains de ces mécanismes ressemblent aux mécanismes de génocide culturel pratiqué contre les Amérindiens au Canada britannique puis souverain et aux Etats-Unis. Cela a causé une énorme dépréciation de soi et de sa culture, des dépressions, de l'alcoolisme et des suicides. Ces linguicides et ces humiliations à portée culturelle (avec l'idée qu'il y avait un standard culturel et même « de civilisation ») ont touché aussi bien les pays d'oïl que les autres langues régionales de Métropole, aussi bien les langues de France Métropolitaine que les langues d'Outremers colonial (puisqu' avant 1946, tout Outremer était colonial, avant la départementalisation des futurs Outremers toujours rattachés à la France).
La question coloniale et de l'esclavagisme se rajoute évidemment à cette question de linguicide.

Un même constat de diversité toujours aujourd'hui dans la France et République Française de 2016

Il existe bel et bien des statuts différents sur la laïcité avec le Concordat d'Alsace-Moselle, des statuts d'autonomie en Polynésie Française et en Nouvelle-Calédonie, des statuts territoriaux dérogatoires particuliers avec la Collectivité Territoriale de Corse et la Collectivité Territoriale de Saint-Pierre et Miquelon, des langues régionales reconnues comme co-langues d'enseignement : le tahitien, le marquisien, le paumotu (îles Tuamotu) et la mangarévien (îles Gambier) avec le français, une reconnaissance publique de l'utilisation du droit coutumier kanak en Nouvelle-Calédonie.

Bien évidemment , il demeure depuis toujours, une richesse exceptionnelle des langues régionales, des langues de France :
-langues d'oïl (j'en compte 15 : angevin, berrichon et bourbonnais, bourguignon-morvandiau, champenois, français en tant que langue régionale du Parisis c'est-a-dire Paris et le 92, 93 et 94, franc-comtois, gallo, lorrain roman, mainiot, normand et percheron, picard, poitevin-saintongeais, solognot-gâtinais-beauceron, tourangeau, wallon) ;
-autres langues régionales de Métropole : arpitan, alsacien, basque, breton, catalan, corse, langues mosellanes (luxembourgeois, palatin et triérois) , langue d'oc dans sa diversité, parlers liguriens (royasque et mentonasque);
-langues régionales des Outremers : langues amérindiennes de Guyane (6), les créoles de Guadeloupe, Guyane, Martinique et de la Réunion, les créoles à base anglo-portugaise de Guyane (5), futunien (Wallis et Futuna), hmong en Guyane, langues kanak (28), mahorais de Mayotte, malgache de Mayotte, langues polynésiennes (4) , wallisien (Wallis et Futuna).
Cela fait en tout 79 langues régionales, ce qui est un patrimoine et une richesse culturelle hors du commun !

L'acadien n'est malheureusement plus parlé à Saint-Pierre et Miquelon, ni Belle-Ile en Mer (Bretagne)


Oui les langues de France, les langues régionales, les langues des nations culturelles, historiques et linguistiques, ces 89 nations culturelles, historiques et linguistiques (en comptant les 9 autres nations de langue d'oc, autre que la nation languedocienne + la nation acadienne à Saint-Pierre et Miquelon, ainsi qu'à Belle-Ile en Mer) ont bien atteint l'Universel, aussi bien que la Nation politique et souveraine française (les Citoyennes et Citoyens français de la République Française), aussi bien que la langue française et les autres langues du monde !!

Louis Delgrès et Toussaint Louverture , de même que Solitude (et d'autres femmes anciennes esclaves) ont magnifié les peuples de nations créolophones en s'opposant à l'esclavage à la fin du XVIII° siècle et au tout début du XIX° siècle, en pleine Révolution Française qui n'a pas daigné abolir l'esclavage avant 1794 (puis rétabli en 1802 et aboli définitivement en 1848 par Louis Schölcher). Christiane Taubira nous le raconte magnifiquement dans son livre « L'esclavage raconté à ma fille » , oui Pascal Paoli , le corse a bien accepté la Constitution pour la Corse de Jean-Jacques Rousseau, le genevois , oui des milliers de Bretons, Alsaciens et Occitans,... se sont battus pour la Liberté et donc la République à Valmy en 1792,...

Il est vrai aussi que la France a annexé plusieurs Etats ou des morceaux d'Etats, qui avaient leur propre équilibre politique et leur usage de leurs langues : le royaume de Provence en 1481, le duché de Bretagne en 1532, le royaume de Basse-Navarre (dont le Béarn) en 1589 , la République de la Décapole (en Alsace, dont Strasbourg) en 1648, la Corse (Gênes) en 1768, la Savoie et le Comté de Nice (Piémont-Sardaigne) en 1860 , Tende et Brigue (Italie) en 1947, …

Ma différence majeure d'approche

Je suis Français , mais aussi Berrichon et Breton, et bien d'autres choses encore. Je parle français, berrichon et bourbonnais, anglais, allemand, espagnol et italien, je ne parle malheureusement pas breton mais je comprends assez bien la langue d'oc et le catalan, je lis un peu l'alsacien. Je suis de mes régions, je suis de France, donc citoyen français, citoyen européen et citoyen du monde, tout à la fois et sans exclusive.
Je pense que la République ne doit pas se morceler, je pense que la Liberté et l'Egalité sont notre socle révolutionnaire et républicain, je suis en faveur du fédéralisme, de l'autonomie pour tous car je suis girondin. Je souhaite bien évidemment la reconnaissance des Langues de France, par la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, ainsi que la co-officialité dans les collectivités territoriales des langues régionales. Au niveau national, de l'Etat, le français doit demeurer la seule langue officielle. Pour moi la Nation française n'est ni ethnique, ni historique, ni culturelle, ni linguistique, elle est Souveraine, c'est le Peuple Souverain français. Elle est donc politique. (Je mets un N majuscule pour souligner le caractère politique et souverain, comme on met un E majuscule à Etat et pour signifier que ce n'est pas ethnique ou historico-culturel). Ce qui n'empêche pas, par exemple le peuple et la nation corses d'exister et d'être un peuple et une nation.
L'uti possidetis juris à savoir le droit à l'intégrité territoriale pour les Etats est tout aussi important que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes en droit international, si ce n'est un peu plus dans la pratique.
Ainsi, il me semble que le chemin pour les nations minoritaires en Europe à suivre, c'est celui de la nation suédoise des îles Aland appartenant à la République de Finlande (Statut d'autonomie de 1920), celui de l'autonomie mais aussi du fédéralisme.
Je suis en outre pour un fédéralisme européen.

Comment je vois le fédéralisme français et européen
(ce qui me permet de parler d'une vision plus harmonieuse pour moi pour une vraie Réforme territoriale et non ce qui a été fait avec les restrictions budgétaires depuis les lois Raffarin de 2003, la Loi Territoriale Sarkozy de 2010 et la loi NOTRe du gouvernement Valls, votée en juillet 2015 et évidemment cela suppose qu'on ait pu faire les évolutions constitutionnelles permettant cela)

-Les communes gardent leurs compétences mais certaines (voire un certain nombre) vont fusionner
-Les communautés de communes, d'agglomération, urbaines et les Métropoles (hormis l'exception de la Métropole de Lyon à la fois «communauté urbaine et département ») sont élargies territorialement aux Pays d'aménagement (il faudra voir les modalités techniques) et prennent en plus de leurs compétences actuelles les offices HLM, la prévention de la délinquance, mais aussi pour les cinq collectivités ci-dessous, la compétence des langues régionales conjointement avec la Région.

La Collectivité Territoriale basque rassemble le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule.
La Collectivité Territoriale savoyarde rassemble les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie.
La Collectivité Territoriale de Catalogne-nord correspond au département des Pyrénées-Orientales.
La Collectivité Territoriale nissarde correspond au département des Alpes-Maritimes.
La Collectivité Territoriale flamande correspond à l'arrondissement de Dunkerque (département du Nord).

LES DEPARTEMENTS SONT SUPPRIMES mais les Services Départementaux Incendie Secours (SDIS) sont maintenus en l'état.

-Les régions ne gardent pas les tracés votés lors de la loi de novembre 2014 mais deviennent des entités fédérées , prennent en charge les compétences actuelles des départements (hormis les offices HLM, la prévention de la délinquance et les SDIS), gardent en outre leurs compétences actuelles et obtiennent en outre comme compétences fédérées les compétences actuelles du Ministère de l'Economie, l'autorité sur Pôle Emploi (qui devient des Pôles Emplois régionaux), l'autorité sur tous les types de ports y compris ceux d'intérêt national, la compétence des langues régionales et la possibilité de pouvoir lever un impôt régional propre, calculé par elles

Il faut noter que les différentes collectivités territoriales ont le droit de faire d'une ou de plusieurs langues régionales des langues co-officielles à leur niveau de compétence, sans que toutefois cela donne obligation aux fonctionnaires territoriaux de devoir parler (et ou d'apprendre) telle ou telle langue régionale ou de devoir répondre obligatoirement en langue régionale quand on s'adresse à eux en langue régionale , car on a le droit de muter d'une région à une autre, sans discrimination concernant la non-connaissance d'une ou plusieurs langues régionales.

Il y a un enseignement obligatoire de langue régionale d'au moins 3h/semaine en école primaire pour les régions non concernées actuellement par l'enseignement 50/50, sans empêcher ceux qui le veulent d'aller dans les écoles publiques bilingues à parité horaire ou des écoles d'immersion (Diwan,...) reconnues publiques, gratuites, laïques et financées par les Régions. On peut suivre en option, en collège-lycée bilingue 50/50 ou en enseignement immersif, les langues régionales dans le secondaire. Ces lieux d'apprentissage bilingues 50/50 et d'immersion linguistique, de même que l'option LVR (Langue Vivante Régionale) en école classique, doivent être davantage développés et mailler le territoire.

Saint-Pierre et Miquelon reconnait et promeut l'acadien comme co-langue officielle régionale.

Les 19 régions métropolitaines fédérées (Source du fond de carte: Daniel Dalet)
[Les régions fédérées des Outremers ne sont pas représentées: Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, Saint-Pierre et Miquelon]


-L'Etat garde la plupart de ses compétences sauf celle du Ministère de l'Economie mais prend la coordination des politiques économiques régionales, vérifie l'harmonisation et la péréquation pour les impôts régionaux (afin d'assurer l'égalité sur tout le Territoire)


-L'Union Européenne conserve ses compétences actuelles.


-On crée un niveau fédéral au sein de l'Union Européenne, à savoir la Fédération Européenne, qui est formé de 8 Etats (les 6 Etats fondateurs de la CEE : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas + l'Espagne et le Portugal ; cette Fédération européenne a vocation à s'étendre dans le futur, sur l'Union Européenne). La Fédération Européenne obtient les compétences suivantes : coordination des politiques économiques, coordination des politiques diplomatiques, environnement.

La Fédération Européenne a signé en outre le Traité de l'Europe sociale qui vise à l'harmonisation des lois et conditions sociales sur le mieux-disant (et jamais sur des conditions moins favorables)
et les postes politiques suivants : -le (/a) Premier(e)-Ministre européen(ne), dirigeant de la Fédération européenne préside le Gouvernement Européen formé d'un(e) Ministre européen(ne) de l'Economie et des Finances, d'un(e) Ministre européen(ne) des Affaires Etrangères et d'un(e) Ministre européen(ne) de l'Environnement. Le Gouvernement Européen travaille en concertation avec les gouvernements de la Fédération Européenne, le Premier-Ministre est issu de l'élection de l'Assemblée de la Fédération Européenne , au scrutin de listes européennes proportionnelles mixte le même jour dans les 8 pays pour un mandat de 5 ans, le (/a) Premier(e)-Ministre est responsable, de même que le Gouvernement Européen devant l'Assemblée de la Fédération européenne. On ne peut être élu (e) qu'une seule fois (mandat unique dans le temps et sans cumul) à l'Assemblée de la Fédération Européenne, de même comme Premier(e)-Ministre ou Ministres de la Fédération Européenne. Le siège du Gouvernement européen et l'Assemblée de la Fédération Européenne est à Turin, en Italie.

 La Fédération Européenne au sein de l'Union Européenne (Source du fond de carte: Daniel Dalet)
En bleu foncé: les 8 Etats membres de la Fédération Européenne et aussi membres de l'UE, en bleu clair les autres membres de l'UE, en jaune doré: le siège de la Fédération Européenne à  Turin (Italie)

mardi, janvier 05, 2016

Il y a déjà plus de sept ans... depuis un immense gâchis

Il y a plus de sept ans, à la fin novembre 2008 ... l'organisation dans laquelle j'avais porté un espoir se déchirait.
A l'époque, j'avais signé la contribution de Reconquêtes puis la motion Un Monde d'Avance, portée par le jeune Benoît Hamon, ancien dirigeant, sous Balladur, du MJS. Le Parti avait été défait, mais dans l'honneur, Ségolène avait été sa candidate, mal comprise.

https://www.youtube.com/watch?v=BDLbrqSl4o8

(Magnifique discours de Ségolène Royal, le soir du second tour des présidentielles, mai 2007)

Moi-même, à l'époque, sa stratégie de jouer l'opinion contre le parti me dérangeait. Certains de Désirs d'avenir (pas tout le monde) pouvaient avoir un style de groupies de Ségolène, et ce n'était pas (ce n'est pas) ma conception de la politique, mais c'est vrai qu'elle avait (qu'elle a) du charisme. Sa défaite m'avait déçue. Mais son sourire, face à Strauss-Kahn qui n'en pouvait plus de la voir radieuse, m'a consolé. Plus que la défaite en rase campagne de Lionel, cinq auparavant. Lui qui avait fait les 35 heures, la CMU, l'APA, le PACS, avait travaillé sur le thème du logement, ... il avait réalisé de grandes choses. Pas assez pour les électeurs, manifestement, mais probablement avait-il sous-estimé la fracture sociale et territoriale, la précarité qui ne reculait pas et avait produit une campagne désastreuse...
même que François Hollande, son conseiller et premier-secrétaire du PS depuis 1997, s'était fâché tout rouge, engueulant Lionel "parce qu'il ne fendait pas l'armure"...

Donc après avoir pu avoir l'opportunité d'aller à Reims même, de retour dans la région où j'ai débuté mon militantisme au MJS (l'Aisne), je vis le soir du second tour, le ciel prendre des tournures noires... veillant devant la télévision pour avoir les résultats du premier tour, téléphonant à des camarades pour avoir leur ressenti... pour constater que le vote était contesté, car on parlait de tricheries...

Je n'avais pas voté, car Martine Aubry, malgré toute l'admiration que j'avais pour elle, ne me disait rien
comme candidate et j'ai déjà expliqué la réserve que j'avais pour Ségolène Royal. Comme si je pressentais l'orage en préparation.

https://www.youtube.com/watch?v=pmfkYogf0Ns

(Aurélie Filipetti, soutien de Ségolène Royal, contestant la victoire de Martine Aubry au 12/13 de France 3, novembre 2008)


Cela faisait 6 ans que je militais au PS, j'ai eu envie de faire une longue pause de militantisme au PS. Je me suis investi dans le militantisme au MJS. D'abord membre de TAG (la majorité tendance socialiste démocratique), je me suis rapproché des hollandais d'ERASME, pour militer. J'ai redécouvert, celui qui avait été mon premier-secrétaire, comme blanchi par l'épreuve, ayant compris, là où il avait commis des erreurs (c'est toujours ce qu'on se dit quand on commence à soutenir quelqu'un en politique). Il a travaillé beaucoup sur la question de la fiscalité. Comme un echo de ce que disait Piketty. Je me rappelle même être allé le voir en 2010, depuis Lyon, à Limoges, traversant le Massif Central et sa Haute-Corrèze d'adoption pour une conférence de presse pour le quotidien local Le Populaire.
François Hollande était encore en retard... (son habitude). On l'a attendu deux heures, 2 ou 3 élus locaux le soutenant étaient là. J'ai discuté avec les journalistes, étonnés de voir un jeune militant venu de si loin pour écouter un ancien premier-secrétaire atteignant à peine 3% d'intentions de vote!!
Un exposé brillant, comme bien souvent avec François Hollande.

J'étais redevenu actif au PS après la veste cinglante de Martine Aubry aux européennes en mai 2009, un an et demi après la "nécessaire pause d'après Reims".

J'ai milité dans son groupe de soutien "Répondre à Gauche", j'ai pris souvent le train pour aller le voir en meeting et puis un jour de mars 2011, le 31 mars 2011, François Hollande a déclaré, enfin sa candidature (ce qui était une évidence) à la primaire socialiste pour la présidentielle

https://www.youtube.com/watch?v=rGaILXeMR6c

(Discours de candidature de François Hollande à la primaire socialiste, 31 mars 2011) 

Je me souviens des camarades du MJS, de la majorité qui me charriaient, à la Convention ouverte du MJS (les Conseils nationaux étaient ouverts aux militants sous Laurianne Deniaud), présidée par Laurianne, dirigeante d'alors du MJS : "heureusement qu'il ne s'est pas présenté un 1er avril!" mais c'était bon enfant, on s'entendait bien et quand finalement en octobre 2011, François Hollande a gagné les primaires, j'avais la conviction que sa ligne, pas si éloignée que cela que celle d'Aubry, portant une social-démocratie de type scandinave mais adaptée à la France pouvait être la solution.

J'étais là ce dimanche de janvier au Bourget en janvier 2012, mon coeur a battu fort sous les paroles enflammées du tribun socialiste, portant l'alternative (c'est ce que je croyais), avec le célèbre "Mon véritable adversaire, il n'a pas de nom, [...] il ne se présentera jamais sa candidature... mon adversaire c'est le monde de la finance!"

https://www.youtube.com/watch?v=bb9cKK9kn0A 

(Extrait du discours du Bourget, 23 janvier 2012)

Après la victoire claire de François Hollande face à Nicolas Sarkozy, nous avons célébré avec les camarades en liesse, le retour de la gauche, après 10 ans d'absence. C'était sûr, on allait voir ce qu'on allait voir, même si certains camarades étaient dubitatifs: "oh non, il ne va pas mettre Ayrault, premier-ministre??!" . La crise depuis 2008, ne passait pas et 2012, ainsi que 2013 furent des années difficiles pour l'économie française. Le gouvernement fraichement nommé commençait à faire couac sur couac.
Ayrault ne semblait pas annoncer le plan d'investissement de 20 milliards que j'attendais, que beaucoup d'entre nous attendaient, pour faire pendant au "redressement budgétaire" . Et toujours pas de réforme fiscale... on l'a attendue celle-là...

Entre temps, François Hollande n'avait pas renégocié le Traité de Stabilité Européen (le fameux "Merkozy") , n'a pas fait la grande réforme fiscale, arrivait l' insupportable affaire Cahuzac, la désastreuse affaire Léonarda et le jeu de méli-mélo de François Hollande entre Ayrault et Montebourg sur le sort d'Arcelor à Florange... que des réjouissances...
Jean-Marc Ayrault, dans un reportage diffusé en 2015 a expliqué comment François Hollande n'a pas été clair et aurait du ordonner à Arnaud Montebourg de ne pas faire cavalier seul, sans avoir l'aval de Jean-Marc Ayrault, son premier-ministre.

2013, c'est la première grande avancée du quinquennat de François Hollande, le Mariage pour tous, superbement défendu par la brillante et attachante Christiane Taubira (une de mes chouchous envers et contre tout !! ^^) et aussi Erwann Binet contre les très conservateurs de la Manif pour tous!!!

(mais pas d'avancées sur la PMA, la FIV pour les femmes homosexuelles,alors que c'était un engagement de François Hollande)

https://www.youtube.com/watch?v=N56EKzis1DM


(Discours final de Christiane Taubira, après le vote de la loi du Mariage pour tous, avril 2013)
 

31 décembre 2013, comme la courbe du chômage "ne s'infléchit" toujours pas, François Hollande propose son "Pacte de Responsabilité", je reste dubitatif, mais je me dis "pourquoi pas, si c'est équilibré et qu'il y a des contreparties" . Après la défaite claire et nette aux départementales, Manuel Valls devient Premier-Ministre et ...Emmanuel Macron, ministre de l'Economie... un libéral aux affaires... chic!  [ironique]

https://www.youtube.com/watch?v=qrvKeGs6neI

(Emmanuel Macron parlant des "rigidités" du monde du travail en octobre 2014)

Tout ce qu'il faut pour un gouvernement socialiste, même social-démocrate... enfin comme le CICE (aides aux entreprises) de 40 milliards est sans contreparties aucunes, on est en train de faire face à un gouvernement social-libéral, inspiré par le centre-droit et non par la Suède social-démocrate.
Martine Aubry, Anne Hidalgo, Valérie Rabault, Yann Galut,... protestent, disent qu'il faut au moins des contreparties. Et toujours près de 170.000 chômeurs de plus en 2014-2015... au total, on est à plus de 500.000 chômeurs de plus depuis mai 2012 ... on est loin des 400.000 emplois directs crées par les 35 h + les 600.000 indirects ...

si François Hollande avait écouté Thomas Piketty et Pierre Larrouturou qui propose avec Michel Rocard les 32h (que Rocard proposait du temps du PSU) , dès le début, peut-être l'amélioration aurait été plus visible, plus vivace, plus durable? 2014, autre défaite cinglante aux européennes, menée par Martin Schulz en qui je voyais un centre du SPD, mais qui pendant la Crise grecque de juillet 2015 s'est révélé tout autant ordolibéral que le CDU Wolfgang Schäuble... tu parles!

N'oublions pas la "réforme n'importe quoi" territoriale NOTRE, qui ne fait pas avancer l'autonomie des régions qui n'ont aucun budget propre et n'obtiennent pas l'emploi comme prérogatives, sans compter le découpage ubuesque qui ne consacre pas la Bretagne à 5 départements, Poitou-Charentes avec la Vendée et qui dilue l'Alsace dans le Grand-Est. Et la Charte des langues, qui n'intéresse plus tellement François Hollande (pourtant l'Engagement 56).

J'essaye quelques mois le militantisme à Nouvelle Donne courant 2014, mais cela ne me dit rien. Je me réamarre au PS en 2015 pour faire avancer la motion de la Fabrique portée par Karine Berger, Valérie Rabault, Yann Galut et Alexis Bachelay, au Congrès de Poitiers. Le score est honorable, 10%, mais le désormais premier-secrétaire Jean-Christophe Cambadélis (ah oui, j'allais oublier le congrès de Toulouse en 2012, un non-congrès avec le premier-secrétaire Harlem Désir!) n'écoute pas les recommandations de la Fabrique du PS (CICE ciblé, contreparties, réforme fiscale, transparence financière, ...) et encore moins le gouvernement de Manuel Valls. 
2015: c'est le bouquet ...,
la loi Macron adopté de force avec le 49-3 pour que Manu montre ses muscles au groupe socialiste, 
la non franchise de Marisol Touraine sur le don du sang pour les homosexuels (à qui on demande pour les homosexuels masculins une abstinence de 12 mois...) 
et la goutte d'eau qui fait déborder le vase, l'acceptation de la déchéance de nationalité pour les binationaux issus du droit du sol le 24 décembre, c'est pour moi le déni du droit du sol et de la position contre cela, prise en 2010 face à Sarkozy... tout ça face à seulement le bon résultat de la COP 21, c'est trop peu.

Donc depuis plus de sept ans, quelles leçons n'avons-nous pas retenue? (et même depuis 2002?):

-Que le socialisme scientifique est toujours  à construire et à renouveler, si on veut que le socialisme fonctionne comme changement de la société, il faut penser la mondialisation, l'Europe, l'internationalisme, contrer la dérégulation et pas juste des mots...  
-Que la V° République est malade du centralisme et de la verticalité, de la non-exemplarité, du "ne faîtes pas ce que je dis" et que nous socialistes, globalement n'en tirons pas la leçon...
-Qui'il y ait la cohérence face à des principes, mais aussi face à une réalité économique, sociale, sociologique du terrain est à prendre en compte: PME, précarité, sentiment de déclassement, fracture sociale et territoriale

Depuis 20 ans et plus, le PS n'a pas réfléchi à tout cela, on s'est laissé porter en croyant que l'élection suffit ou que le modèle industriel du XX° n'aurait besoin que de quelques rustines, au lieu de s'engager pleinement dans la social-écologie (même si la loi Royal de Transition écologique est un bon début, il faut le dire). Alors continuer au PS avec tout ça... non "partir quand même" comme disait Françoise Hardy.