Ces élections québécoises du 4 septembre 2012 ont livré toutes leurs surprises et leurs moments attendus. Que penser de l'état des forces au Québec et au fédéral, après ces élections?
Voici un éditorial de ma facture et mon analyse personnelle de l'élection:
Tout d'abord, il faut se réjouir de la victoire du Parti Québécois, même si c'est un gouvernement minoritaire avec 54 sièges sur 125. Pauline Marois apportera son expérience et son approche différente, plus rassembleuse que pouvait l'être le premier ministre battu, Jean Charest (Parti Libéral du Québec). L'arrivée du PQ représente véritablement l'alternance, après 9 ans de PLQ.
Le PLQ fait tout de même 50 sièges et talonne à moins de 1% (autour de 31%) le PQ, le parti sortant et battu se maintient bien et de nombreux ministres ont été réelus à l'Assemblée Nationale. Clairement ce vote marque un refus d'un nouveau référendum à brève échéance, au moins et met le focus sur l'économie et l'emploi. Le PLQ et Jean Charest a alourdi la dette de près d'un tiers supplémentaire et n'a pu que limiter l'effet de la crise. Certes le bouclier canadien du dollar et de l'économie britanno-colombienne et albertaine ont permis de limiter la casse, mais ce n'est qu'un écran, car ce n'est pas l'économie du Québec, 9e économie du pays sur 10 provinces.
Le défi de l'emploi, notamment pour la jeunesse et pour mettre fin aux contrats précaires sera le cheval de bataille du Québec ces prochaines années.
Québec Solidaire a fait la percée de l'élection, cetes avec seulement près de 6,5% et deux sièges, mais cela consolide la place des deux porte-paroles du parti, Amir Khadir et Françoise David. La clarté du projet social-démocrate, son ambition et son approche différente, plus pragmatique de la question linguistique (professionnelle notamment) a permis un beau score notamment à Montréal (en plus de trois autres candidats qui ont bien joué leurs cartes).
Il est vrai que Québec solidaire et Option Nationale ont une approche beaucoup plus XXI° siècle de la souveraineté, une démarche participative avec une Assemblée constituante et le fait que cette nouvelle gauche, bien marquée comme sociale-démocrate de gauche accepte enfin le fait que les Anglophones du Québec, si indépendance il y a, feront la souveraineté et seront une minorité nationale de la république du Québec.
Ainsi, il apparait logique vu l'importance des personnes anglophones, que Montréal, l'Ungava et le Nunavik (deux territoires autochtones) auront deux langues officielles locales: le français et l'anglais
Pauline Marois devra donc jouer à fond la carte du rassemblement car la balance du pouvoir, c'est bien au PLQ et avec la Coalition Avenir Québec (19 sièges) qu'elle se trouve.
Cette trève , un an ou un an et demi de plus au niveau constitutionnel est la bienvenue, beaucoup de Québécois, en effet se sentent une nation, mais cela ne va forcément jusqu'à demander l'indépendance. Les Ecossais sont très fiers d'eux-même, sont d'abord la nation écossaise au sein de la Grande-Bretagne. Pourquoi cela ne pourrait pas être la même chose au Québec? Je fais le pari qu'après 252 ans de cohabitation avec les Anglophones et bientôt, en 2017, après 150 ans de fédération canadienne, les Québécois chercheront la stabilité, l'identité est déjà là avec le Québec à majorité francophone. La Loi 101 représente bien ce bouclier anti assimilation, même s'il y a certainement encore des choses à faire, ne serait-ce que de mieux appliquer la Loi 101 au niveau professionnel.
De plus, autant en 1995, il y avait le contexte de l'humiliation de l'échec du lac Meech et du refus après coup de Meech par référendum de l'accord de Charlottetown, qui montraient un fort agacement des Québécois envers le pouvoir fédéral qui se moquait de l'accord et de l'implication des Québécois; ainsi qu'une période économique prospère; autant, là le Québec n'est plus aussi robuste par lui-même économiquement comparé au reste du Canada, aux Etats-Unis et bien-sûr les pays d'Asie de l'est en plein boom. Permettre la souveraineté, c'est s'assurer d'abord que le Québec est n°1 au Canada, que Montréal soit plus dynamique que Toronto et qu'elle concurrence New York ou Los Angeles.
Au niveau fédéral, le premier-ministre fédéral conservateur, Stephen Harper devra s'accomoder d'un parti souverainiste, mais les deux acteurs: Stephen Harper et Pauline Marois marcheront sur des oeufs. Mme Marois ne pourra pas "brasser la cage" au niveau constitutionnel car ce sera l'Assemblée qui brassera la sienne et Stephen Harper est impopulaire au Québec, avec seulement 4 députés à la Chambre à Ottawa.
Thomas Mulcair, chef du parti social-démocrate , le Nouveau Parti Démocratique, prépare l'élection fédérale pour 2014-2015 et s'en trouve très bien que le gouvernement soit minoritaire. Thomas Mulcair aura à démontrer qu'il a un projet économique et social pour le Canada, qu'il écoute TOUTES les provinces et qu'il puisse faire le pont, lui le Québécois entre le Québec et Ottawa.
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