A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


jeudi, novembre 19, 2020

Revue de livre: "Rebâtir le camp du Oui" par Paul Saint-Pierre Plamondon

 


Je viens de terminer l'ouvrage de Paul Saint-Pierre-Plamondon , personnalité politique québécoise, "Rebâtir le camp du Oui", VLB Editeur, 210 pages.

D'ABORD REVENIR BRIEVEMENT POUR MA PASSION SUR LE QUEBEC ET LE CANADA
Je suis depuis 12 ans , avec intensité, parfois des pauses, mais autant de fois que je le peux, plusieurs fois par semaine l'actualité québécoise et canadienne. Fasciné par ces deux pays, pleinement nord-américains mais un peu miroir de la vieille France pour le Québec (et l'Acadie) et quelque chose de plus européen et British pour le Canada, par rapport aux Etats-Unis voisins. J'ai toujours été attiré par ces deux pays, leur histoire m'intéressaient mais 2008 a été un saut dans le grand fleuve: lecture de "la brève Histoire du Québec" de Jean Hamelin et Jean Provencher, j'ai suivi la campagne fédérale de 2008 et même si j'avais des vieux souvenirs du référendum de 1995 (j'avais 12 ans) et que je me souviens que j'étais pour l'indépendance, je m'étais dit qu'il fallait peut-être essayer le "beau risque" dont a parlé René Levesque, Premier-Ministre du Québec (1976-1985), fondateur du Parti Québécois , j'ai frissonné et pleuré pour Jack Layton , candidat néo-démocrate (social-démocrate) mort tragiquement du cancer en 2011, 3 mois après la Vague orange aux élections fédérales...

Mais toujours avec le sentiment que j'étais plus proche en tant que Français, du Québec (et de l'Acadie)... et puis chemin faisant, en continuant de suivre l'actualité de ce qui est pour moi deux pays frères (mais deux pays quand même), une fois passé ce "moment Jack Layton", je me suis rendu compte que le Québec n'avançait toujours pas, que les gouvernements libéraux Charest et Couillard engluaient le Québec, au sein du Canada, dans de la médiocrité et que le Canada majoritairement anglo-saxon et pro-pétrole (en lien avec la production phare de l'Alberta) n'écoutait pas les aspirations profondément pionnières et ancrées des Québecois pour l'écologie, je suis redevenu indépendantiste. Le fait d'apprendre qu'il y a eu des tricheries de la part du camp fédéraliste en 1995, lors du référendum n'a fait que confirmer cette position retrouvée.

QUI EST PIERRE SAINT-PAUL-PLAMONDON?
C'est un avocat québécois né en 1977 (43 ans) , investi dans la politique en commençant d'abord par un groupe de réflexion "Génération d'idées" se questionnant notamment sur les scandales de corruption ayant court au Québec sous le règne du Parti Libéral du Québec -PLQ- (centre-droite et fédéraliste) de 2003 à 2018 (sauf 2012-2014) et comme chroniqueur à une émission sur Radio Canada : Bazzo.Tv. Je l'ai connu pour la première fois, pour ma part, en 2016 quand il s'est lancé dans la Course à la Chefferie du Parti Québécois (PQ) en 2016. Je soutenais à l'époque Alexandre Cloutier, un homme politique sincère et charismatique, mais j'avais noté les qualités oratoires de Paul. En 2018, Paul Saint-Pierre-Plamondon se présente pour les élections québécoises dans le comté électoral de Prévost (dans les Laurentides, au nord de Montréal), il a mené une campagne très imprimante avec des vidéos clin d'oeil et une forte implication, il a malheureusement échoué face à une tête de pont du parti qui a gagné , la Coalition Avenir Québec -CAQ- (conservateur). Et puis récemment j'ai à nouveau entendu parler de lui pour la nouvelle Course à la Chefferie de cette année 2020, du parti indépendantiste, le Parti Québécois. J'ai tout de suite vu que ses qualités oratoires, sa persuasion et aussi sa fraîcheur allaient être décisifs. J'ai un peu discuté par le biais des réseaux sociaux avec lui et je lui ai apporté mon modeste soutien.Le 9 octobre 2020, après un arrêt plusieurs mois de la Course du fait de la Covid, Paul Saint-Pierre-Plamondon remporte la Course avec 56% des voix au 3e tour, avec un programme résolument indépendantiste.

LE LIVRE
sa composition
Cet ouvrage est composé d'un préambule et d'une conclusion et le coeur du livre se décompose en huit chapitres: 1."D'orphelin politique à péquiste engagé", 2."Le retour en force de l'indépendance", 3. "Rebâtir le camp du Oui", 4."La démondialisation: un plan pour la sécurité et l'autonomie du Québec", 5."Déjouer les pièges du multiculturalisme canadien", 6."Gagner la bataille du discours économique", 7."L'environnement et notre indépendance", 8."Vaincre la peur de perdre"

son contenu
Paul Saint-Pierre Plamondon dit "PSPP" revient d'abord sur sa politisation comme jeune homme et jeune avocat au sein de Génération d'idées puis de sa décision de se lancer dans la Course de 2016 au Parti Québécois, pour lui, l'idée de l'indépendance avec laquelle il renoue , reprend foncièrement de son importance, après une vingtaine d'années dans une sinistrose au Québec: corruption, recul de la force économique du Québec comme économie décisionnaire avec des sièges sociaux ou des fleurons industriels et devenant une succursale de l'économie ontarienne et canadienne en général, lui donnant la motivation de se battre pour son pays, pour qu'il devienne vraiment un Etat indépendant. Il réalise un honorable 6,84% à la Course de 2016 puis décide de s'impliquer aux élections québécoises à Prévost, sa défaite lourde : 24,47% contre 47,03% , score de son adversaire, fait qu'il pense faire une pause en politique. Entre temps, il a fait le tour du Québec pour un rapport sur le renouvellement du Parti Québécois en très grande perte de vitesse depuis 2003, "Oser repenser le PQ" entre 2016 et 2017.

Il revient ensuite longuement sur pourquoi le Québec s'est endormi, après le référendum de 1995, perdu d'un cheveu, 49,92% pour l'indépendance, 50,58% pour le maintien dans le Canada du Québec, du fait des tricheries du camp fédéraliste et du Premier-Ministre fédéral de l'époque Jean Chrétien, du pacte (qui date du XX°siècle) entre classe politique fédérale canadienne et classe politique québécoise pro-Canada, qui en outre est tombée dans la corruption très large (le rôle du PLQ y est épinglé) et dans les faux-semblants nationalistes (au Québec , le nationalisme est la volonté que le Québec soit une nation) de François Legault et la CAQ.

Toutefois,  PSPP souligne que cette victoire en 2018 de François Legault a mis fin à ce règne libéral engluant, que les Québécois, jeunes notamment, qui n'ont pas connu le référendum de 1995, à qui on a dit pendant 25 ans que le Québec était à la traîne du Canada et des Etats-Unis, à qui on a fait croire que l'économie de la Belle Province faible, n'était pas faite pour devenir celle d'un Etat. Pour PSPP, ce changement et la crise sanitaire , c'est l'occasion de faire le bilan de ce que c'est que de rester au Canada, pour le Québec, que le pays n'est pas maître de son destin vis-à-vis du libre-échangisme et de traités commerciaux tels que le CETA (avec l'UE), du fait de la politique de l'Etat pétrolier du Canada qui préfère supporter l'Alberta ou d'autres provinces que de réajuster et donner sa part au Québec: Québec qui donne quand même 19% du budget fédéral du Canada. Le recul du français aussi, la période libérale a préféré faire que l'immigration choisisse l'anglais (baisse énorme pour les programmes de francisation des immigrants), et tout l'Etat providence du Québec a été en partie abimé par les Libéraux. Le Canada lui pendant ce temps de 25 ans, a concurrencé les compétences provinciales du Québec en matière de santé et social, alors que pendant la crise de la Covid, l'Etat fédéral canadien n'a que peu donné et aidé.

Cette ambiance morose a dépeint dans toute la société québécoise et finalement l'étalon anglo-saxon est devenu la règle, toute velléité indépendantiste a été fustigée par les fédéralistes comme "raciste et suprémaciste", préférant importer le communautarisme à l'américaine, un Etat moins profondément social (les Québécois diraient "social-démocrate").

La deuxième partie du livre vise à montrer que cette construction fédéraliste depuis 1995 peut être battue en brèche: que oui, le Québec a d'abord un modèle plus universaliste et laïque à la française et l'européenne continentale qui permet à chacun de s'exprimer dans sa diversité sans toutefois être séparés les uns des autres, que non le Québec n'est pas destiné ad vitam aeternam à dépendre de l'économie canadienne, qu'il y a du terrain à prendre en économie sur l'énergie, l'agriculture biologique, la réindustrialisation. Enfin que le Québec peut devenir un modèle d'Etat écologique dans le monde avec l'idée de diplomatie verte québécoise. L'idée motrice de PSPP pendant la Course à la Chefferie de 2020, c'est outre tout cela, que le Parti Québécois, qui s'est renouvelé, rajeuni depuis 2017, doit dans un premier mandat , probablement lors de la 3e ou 4e année (il y a 4 ans de mandat parlementaire au Québec), faire un référendum. PSPP finit sur une touche très optimiste, "il ne faut plus avoir peur", l'indépendance, c'est une question de temps, pas de sens pour le Québec.

MON AVIS
C'est un livre qui se dévore, se lit très facilement. Paul Saint-Pierre-Plamondon y a mis beaucoup de lui et son émotivité dynamique et hyperactive se ressentent dans cet ouvrage. C'est un ouvrage passionnant qui décrit son parcours, avec la fougue et la rigueur d'un avocat plaidant à la Cour pour défendre sa cause. Les arguments y sont étayés et c'est l'occasion, puisque c'était son livre programme pour la Course de 2020, d'y apprendre qu'en tant que Chef du PQ, il va lancer les opérations pour un Budget de l'An I, pour montrer que l'indépendance c'est possible, ça n'est pas une chimère , ni une utopie antiéconomique. Bien au contraire, il y esquisse sans nous noyer de chiffres, les potentialités économiques et écologiques liées à la Transition écologique et industrielle possibles pour le futur Etat du Québec. C'est dommage que l'on ne parle que peu de l'actualité québécoise (et canadienne) en France, ni que son livre soit accessible en France, format papier sur les différentes plateformes. Toutefois, on peut l'obtenir sous format audio. J'ai quand même tenu , malgré la cherté des frais de port à l'acquérir en format papier.


L’email a bien été copié
L’email a bien été copié
L’email a bien été copié