A PROPOS

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vendredi, octobre 12, 2012

L'UE , prix Nobel de la Paix c'est la piqure de rappel de notre destinée européenne

On entend depuis quelques heures des critiques sur la réception du Prix Nobel de la Paix à l'Union Européenne, notamment en Europe...disons-nous que ceux qui le critiquent le plus en leur for intérieur, ce sont les dictateurs de la planète: le premier secrétaire du Parti Communiste Chinois, le "Leader" Kim Jong Un en Corée du nord, le présidents zimbabwéen et rwandais "ubuesque-roi", Robert Mugabe et Paul Kagamé...
L'Europe unie représente tout ce qu'ils rejettent: la démocratie, une société de débat, d'esprit critique, de mouvements de sociétés, qu'ils soient sociaux, culturels,...
Alors je comprends notre esprit européen à vouloir toujours se voir moins bien que ce qui pourrait être "le mieux". Le mieux est l'ennemi du bien, dit-on. C'est typique de nos sociétés.
Autocritique, autodénigrement, déclinisme...ce qui n'empêche pas les pendants positifs de ces défauts souvent létaux et agissant comme des boulets pour nos sociétés: capacité d'introspection,autodérision, savoir poser une autre perspective.
Au XVIII° siècle, tel Diderot et son Supplément au Voyage de Bougainville, c'était justifié, on construsait une société des Lumières et nous n'étions pas capables de supporter les minorités religieuses juives et catholiques/ou protestantes, nous traitions les Américains et les Africains asservis, de manière absolument éhontée au point d'agir sur eux de manière criminelle. Après 1918 et 1945, c'était la même chose, nous avions su monter au zénith culturel, le progrès scientifique, culturel, éducatif, syndical...et pourtant nous nous étions détruits entre nous-mêmes, tout ça à cause de la haine nationaliste, la haine racialiste (génocide juif et génocide tzigane), la haine politique contre ceux qui pensent différement (les 3 totalitarismes: le fascisme mussolinien en Italie, la nazisme hitlérien en Allemagne et le communisme stalinien en URSS).

Tout était à reconstruire. Nous avons enfin au moins pour une fois la jugeotte de nous unir, nous rassembler au-delà des clivages politiques, culturels et surtout de la haine encore vivace. Le "boche" des Français, "the Fritz" ou "the Kraut" des Britanniques, alors que pour les Allemands ou les Autrichiens, quand on parle d' "Erbfeind" (L'Ennemi héréditaire), cela veut forcément dire le "Fransmann" (le françouillon) ou le "Froschfresser" (le dévoreur de grenouilles). C'était en 1957 et depuis, même si nous ne sommes pas forcément d'accord politiquement, nous restons ensemble, nous gardons la Maison commune. Nous nous sommes même élargis en 2004 et en 2007, car il était impensable de ne pas faire venir nos frères d'Europe centrale ayant trimé et monter le Golgotha sous la terreur stalinienne (est-ce qu'un intellectuel anticommuniste roumain qui prend 25 ans de camp, sous la sanglante dictature de Gheorgju-Dej, à creuser et à porter à bout de bras des rails de chemins de fer, de frapper à coup de pioche le sol gelé par -30° n'est pas détruit mentalement et physiquement?) ,
sans compter que ces pays avaient aussi été mortifiés par le régime nazi:
la Tchécoslovaquie rayée de la carte, la Pologne transformée en camp de travail et de la mort (les Nazis ont exterminé les juifs et les Tziganes mais prenaient les Slaves pour des "souillons" plus bas que terre, exécutés ou violés à la moindre occasion). La CEE devenue l'Union Européenne après le Traité de Maastricht a mis fin à tout cela en assurant à nos frères que la porte leur était ouverte en 1989, en acceptant la réunification de l'Allemagne, parce qu'il n'est rien de pire qu'un peuple humilié éternellement et que des familles aient été séparées et déchirées pendant 40 ans entre les deux Allemagnes. Le Mur de Berlin et la volonté de fuir un monde pourri pour rejoindre la Liberté, cela a causé la mort de près de 270 personnes en 28 ans.
Le martyr de Jan Palach ne vaut-il pas tous les tribus royaux pour laisser la République Tchèque et la Slovaquie être avec nous aujourd'hui dans l'Union?

C'est pour cela que quand je vois que certains rayent d'un trait de plume cette histoire récente et très récente, ou en tout cas que d'autres trouvent que le poids de la balance est en défaveur de l'Union Européenne du fait de sa majorité de dirigeants libéraux et conservateurs, manquant singulièrement de volonté et bornés à souhait (il faut le reconnaître), il faut dire STOP immédiatement.

Nous sommes enviés dans le monde entier, l'Amérique du sud qu'on admire tant, passée en 25 ans des dictatures les plus noires à un espoir d'un monde meilleur sous le sceau de la liberté et du progrès social s'est inspiré de ce qu'il faut bien appeler le "modèle européen". L'UNASUR n'est autre que l'adaptation du projet de paix européen par la CEE puis l'UE. Même chose pour l'Union Africaine, la CEDEAO, l'ASEAN, le SAARC (ces 6 pays en tout: Afghanistan, Bangladesh, Bhoutan, Inde, Maldives, Népal, Pakistan, Sri Lanka, ne sont-ils pas de véritables "frères ennemis"?)

Et puis, enfin, au moment où nous pataugeons en Europe, avec nos dirigeants, rappeler que l'Europe doit prendre les bonnes décisions, qu'elle doit montrer la voie socialement, politiquement, qu'elle doit se resaissir économiquement en créeant un nouveau modèle économique soutenable, respectueux des Hommes et de l'environnement mais prospère et maintenant l'Idéal européen, n'est-il pas le plus beau symbole, le plus cadeau qu'on puisse faire à l'Europe?

O toi Europe, main tendue, o vous Peuples frères, sourires donnés, quel signe devons-nous nous faire en cadeau: la discorde ou de faire lever le soleil?

A vrai dire, ce n'est pas Barroso ou autres qui reçoivent le Nobel, ce sont les Européens dans leur diversité, leur richesse culturelle, leur humour, leurs travers attachants qui reçoivent ce Nobel.

A mes soeurs et frères européens.

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