A PROPOS

Je suis de gauche depuis l'enfance.Je suis membre de la CFDT depuis 2008.


samedi, avril 21, 2012

Alors, souverainisme ou pas souverainisme?

Nous sommes à la croisée des chemins: le Bloc québécois a fortement baissé dans sa représentativité parlementaire après les élections fédérales en mai 2011, Thomas Mulcair un Québécois a été élu chef du NPD face à un autre Québécois, Brian Topp, Jean Charest n'en finit pas de s'enfoncer (en ces temps, à cause de la grève étudiante) et le Parti Québécois est en mesure de gagner les prochaines élections nationales.

On est donc face à un contexte inédit au Québec et au Canada. Les Québécois se rendent compte que ça pourrait être intéressant de rejoindre la Constitution, en échange bien évidemment des 5 points requis par le Québec du Lac Meech. Les autres provinces,notamment de l'ouest pourraient réclamer plus de pouvoir. On aurait alors un fédéralisme plus décentralisé. Ce serait une nouveauté au Canada depuis 1867.
Toutefois, gardons bien en tête que le Québec reste le Québec et on peut dire la même chose de l'Acadie. Il existe une fierté irrépressible des Québécois et des Acadiens de leur identité. Bien-sûr, ça ne vit peut-être pas au quotidien. On ne se lève pas tous les matins en disant "je veux un pays", mais il suffit de voir le nombre de drapeaux fleurdelisés à Montréal, y compris sur les façades des maisons ou français à étoile jaune brandis par les Acadiens. Si certains Britanniques conquérants de l'Acadie en 1713 ou du Canada français en 1759-1760 croyaient en avoir fini avec les Français, pensant pouvoir les convertir au protestantisme, les assimiler à la langue anglaise et à une vision britannique, c'est raté. Et tant mieux!
Non, la fierté nationale des Canadiens français ne se vit pas quotidiennement, sauf bien-sûr dans le fait de parler français, une fois par an lors de la Saint-Jean Baptiste et la Sainte Marie, mais plus par à-coups. Par à-coups? En effet, les Canadiens français se réveillent quand on veut leur imposer une constitution sans garanties, quand on bafoue la loi des langues officielles alors que les services devraient être strictement bilingues intégraux. Là, la moutarde monte au nez et d'un coup resurgissent les tristes moments des Canadiens français (le Grand Dérangement, la défaite, le rapport Durham, l'exécution de Louis Riel...).
 Le Québec particulièrement, parce qu'il est l'endroit de la plus forte concentration canadienne française est à la croisée des chemins. En effet les perspectives électorales futures vont décider pour longtemps de l'avenir du Québec, de l'Acadie et de tout le Canada français.Il va y avoir les élections nationales au Québec. Il se peut que Pauline Marois devienne Première-Ministre et elle a compris que pour assurer l'avenir du Parti Québécois que l'essence de son parti, c'est amener la souveraineté. Donc sauf changement de dernière minute, le Québec aura à se prononcer, pour la 3e fois en près de 40 ans sur son avenir et le fait de savoir si l'Option Québec, l'indépendance est à proclamer, par référendum, d'ici 2020.
Il existe actuellement dans les sondages un taux de près de 43 à 45% en faveur de l'indépendance, ce qui est important. En même temps, on ne peut cacher une chose que démontre bien Mathieu Bock-Côté dans son ouvrage "Fin de cycle" sorti en février 2012: le cycle de la Révolution Tranquille se referme sans avoir abouti à l'indépendance, les Québécois se demandent pourquoi faire l'indépendance et sont très hésitants entre rester au Canada ou devenir indépendants. On peut dire que dans le coeur les Québécois sont d'abord Québécois, mais pour des raisons de contingence historique, économique, ils sont plus pragmatiques et sont Canadiens de raison. Si le Québec décide de voter oui, les choses seront réglées.  

Quel est "l'avantage comparatif" qui ferait qu'il soit mieux d'être indépendant? Tout simplement la fierté retrouvée, celle d'être ouvertement sans se justifier d'être Canadien français, dépositaire de l'héritage la Nouvelle France. En cela , je suis totalement d'accord avec Mathieu Bock-Côté: l'identité canadienne française et québécoise, ce n'est pas la Révolution Tranquille, mais c'est les 400 ans d'histoire du Canada français depuis la fondation de la ville de Québec par Champlain et même le premier voyage de Jacques Cartier au Canada en 1534. Et je rajouterais, il s'agit bien d'une identité plurielle canadienne française et pas uniquement québécoise. Je n'ai jamais compris cet égoïsme qu'ont certains souverainistes québécois à s'en ficher des Acadiens, des Franco-Manitobains... Toutes ces composantes sont dans le même bateau et toutes sont issues de l'héritage de la Nouvelle France.

En revanche,si le 3e référendum vient à échouer , près de 150 ans après la naissance de la Fédération canadienne en 1867, on peut dire que l'indépendance ne sera plus un sujet politique au Québec
.
Et du point de vue fédéral? Une bonne partie des gens de l'ouest rocheux et prairial est en colère permanente et pavlovienne contre le Québec et ses "profiteurs", mais ils ne peuvent pas comprendre, ne VEULENT pas comprendre qu'eux, ils sont majoritaires et les Canadiens français minoritaires. Et qu'un minoritaire n'a pas les mêmes réactions qu'un majoritaire. Ces personnes conservatrices ou libérales ne comprennent pas que jamais les Canadiens français ne céderont et qu'ils se sentent telle une diaspora , dépositaire d'une culture, à la manière des juifs, des Arméniens ou des Chinois du monde. Etre français en France, c'est confortable; être français au Canada c'est juste une déclaration existentielle. C'est la même chose pour les anglophones d'Afrique du sud ou les russophones d'Estonie. Ca, ça ne changera jamais. Autant les prévenir.  

Le Québec dans le cas d'un non à un 3e référendum devra se poser la question et la poser au fédéral, de l'autonomie (dans les domaines fiscaux, les ressources, peut-être la santé et bien-sûr l'indépendance linguistique: en clair, seule la Cour supérieure du Québec pourra statuer sur la Loi 101 et plus la Cour suprême du Canada, ce sujet-là ne regarde que le Québec). Bien évidemment les autres provinces ont le droit de demander plus de pouvoirs et que l'on aboutisse à un système fédéral plus décentralisé, à la carte. On dit "ce n'est pas changeable", "il faut 90% du corps électoral"...tout est possible quand quelqu'un demande le divorce, le conjoint peut se montrer magnanime pour garder son conjoint et qu'on se le dise RIEN n'est JAMAIS impossible en politique, tout peut être crée ad occasionem .

 C'est à mon sens, cela que doit défendre le NPD et Thomas Mulcair, dans le cas d'une arrivée au pouvoir à Ottawa.
Je pense que dans un cas ou dans l'autre, il n'est pas horrible qu'un peuple demande son indépendance et il est beau également que deux composantes parmi les plus historiques puissent enfin se comprendre et aboutisse à un fédéralisme apaisé. Cette deuxième solution est aussi possible.

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